72 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012
Résumé
L’année 2011, comme les précédentes, a connu des évolutions des soins de support au niveau international.
Plusieurs recommandations ont été présentées, notamment dans le domaine des nausées et vomissements,
de la douleur, mais également sur les toxicités cutanées des thérapies ciblées. Un point fondamental des
2 dernières années est l’évolution de la vision des soins de support, qui doivent aujourd’hui s’intégrer,
en parfaite complémentarité, aux soins prodigués par les équipes en charge des traitements spécifiques.
L’objectif poursuivi est celui d'une prise en charge globale et optimale des patients atteints de cancer.
Mots-clés
Cancer
Douleur
Nausées
Soins de support
Soins palliatifs
Vomissements
Highlights
2011 has seen international
developments in supportive
care. Several recommendations
were presented, particularly
for the treatment of nausea
and vomiting, pain, but also
for the cutaneous toxicities
of targeted therapies. A key
point of the last two years is
the evolution of the supportive
care representation, which has
now to be given as a necessary
complement by medical teams
in charge of the specific treat-
ments. What we aim at is a
comprehensive and optimal
care for cancer patients.
Keywords
Cancer
Nausea
Pain
Palliative care
Supportive care
Vomiting
de la compréhension de la maladie par le patient.
Une étude est à présent en cours avec adaptation
d’une échelle utilisée en pédiatrie (3, 4). En dehors
de quelques biais méthodologiques minimes, on
pourra malgré tout mettre en avant que le travail de
cette équipe de Boston se rapproche du travail mené
dans le sens du soin de support en Europe et que leur
mode de fonctionnement n’est pas aujourd’hui révé-
lateur des pratiques habituelles en prise en charge
palliative sur le continent américain.
Un nouvel éditorial écrit par J. Klastersky, fondateur
et premier président de la MASCC (Multi national
Association for Supportive Care in Cancer), a abordé
l'évolution sémantique qui a conduit du terme “best
supportive care” (“meilleurs soins de support”) à
celui d’“early palliative care” (“soins palliatifs
précoces”), en réaction à l’étude de l’équipe dirigée
par J. Temel (2, 5). Après avoir donné la première
définition des soins de support en 1990, J. Klastersky
a fait évoluer son message, initialement en réaction
aux nombreux décès par neutropénie fébrile, animé
par la volonté de créer un groupe de réflexion multi-
disciplinaire autour de l’accompagnement du patient
atteint d’un cancer. La notion de “best supportive
care”, initialement forgée par R.L. Woods et al. dans
le cadre du cancer du poumon avancé, consistait
à proposer une prise en charge symptomatique
pure, en la comparant dans le cadre d'une étude à
une CT associant cisplatine + vindésine (6). Cette
étude, développée en 1990, montrait une supério-
rité en survie dans le bras CT. Pourtant, les auteurs,
à l’époque, ne recommandaient pas le traitement
par CT comme traitement de routine pour favoriser
la prise en charge des symptômes. Plusieurs études
ont par la suite été menées et la définition des soins
de support a évolué. Vers la fin des années 1980,
le National Cancer Institute du Canada donnait une
définition des soins palliatifs correspondant exac-
tement à celle du best supportive care, en incluant
une gestion des symptômes tels que les infections,
autant qu’une radiothérapie sur un syndrome cave
supérieur (5).
C’est ainsi que J. Klastersky a défini les soins de
support comme étant des soins complémen-
taires au traitement de la maladie cancéreuse afin
d’améliorer la qualité de vie des patients, qu’ils
soient ou non en cours de traitement spécifique.
Une liste non exhaustive, correspondant à celle
proposée dans la circulaire française de la Direction
de l'hospitalisation et de l'organisation des soins
(DHOS) du 22 février 2005, énonce les symptômes
et les prises en charge proposés dans ce contexte,
à savoir : infection, anémie, hémorragies, nausées
et vomissements, diarrhée, support nutritionnel,
gestion de la douleur, soins palliatifs, syndromes
obstructifs, épanchements néoplasiques, mucite,
stomathérapie, abords veineux, soins intensifs,
métastases du système nerveux central, métastases
osseuses, maladie veineuse thromboembolique.
La publication de J. Temel et al. (2) amène donc
J. Klastersky à proposer de faire évoluer le terme
en “early palliative care” pour les patients dont la
maladie a atteint un stade avancé, afin de proposer
l'approche symptomatique mais également psycho-
sociale la plus précoce possible après le diagnostic.
On insistera sur la prise en charge particulière
proposée par l’équipe de J. Temel et la notion de
prise en charge de l’ensemble des patients, y compris
de ceux qui sont en stade adjuvant dans le cadre de
la définition française des soins de support.
Pour finir sur la sémantique, il est intéressant de citer
l’étude du MD Anderson Cancer Center (États-Unis).
L’équipe de E. Bruera, une des sommités du milieu
des soins de support aux États-Unis, a transformé
l'appellation “équipe palliative” en celle d'“équipe
de soins de support” (7). L’enjeu était de modifier la
perception du travail de l’équipe, afin de permettre
l'accès le plus précoce possible des patients à leur
accompagnement, le nom “palliatif” étant considéré
comme une barrière au travail de complémentarité
précoce entre les équipes par le milieu oncologique.
Les données de 4 701 patients consécutifs pris en
charge par l’équipe ont été évaluées en comparant
2 périodes : la première allait de janvier 2006 à
août 2007, lorsque les consultations étaient iden-
tifiées “palliative care” ; la seconde, de janvier 2008
à août 2009, après changement du nom en “suppor-
tive care”.
Le changement du nom a permis :
➤
une augmentation de 41 % du recours aux
consultations auprès de l’équipe (p < 0,001) ;
➤une majoration des demandes de conseils pour
les patients hospitalisés (p < 0,001) ;