470 UI/l est constatée. Le dosage de la
maltase acide sur papier buvard est né-
gatif. La biologie moléculaire confirme
une forme « non classique » de la mala-
die de Pompe (MP) quand l’enfant a
trois ans.
➜La maladie de Pompe ou glycogénose
de type II est une maladie lysosomiale
causée par un déficit en maltase acide
(alpha-glucosidase). Elle est transmise
de manière autosomique récessive. La
forme « classique » débute pendant les
premiers mois de vie, avec une hypoto-
nie majeure, une faiblesse musculaire,
une macroglossie, une cardiomyopathie
précoce, suivie d’un décès précoce. Il n’y
a aucune activité enzymatique mesu-
rable. La forme infantile se caractérise
par une faiblesse musculaire avec attein-
te des ceintures qui s’installe plus tardi-
vement, une intelligence normale et une
cardiomyopathie absente ou modérée.
Les formes adultes sont moins sévères
en raison de la persistance d’une activité
résiduelle. Le dosage de la maltase acide
sur papier buvard oriente le diagnostic,
qui est confirmé par la biologie molécu-
laire. Un traitement par enzymothéra-
pie, qui permet une amélioration de la
symptomatologie cardiaque et muscu-
laire, peut être proposé [6].
UN PTÔSIS QUI VARIE
DANS LA JOURNÉE
Yanis est le premier enfant de parents
consanguins. Dès la naissance, il pré-
sente un ptôsis fluctuant dans la jour-
née, ainsi qu’une ophtalmoplégie. En
grandissant, il a de nombreuses crises
d’asthme. A l’école, il est plus fatigable
et il court moins vite que ses camarades.
Il fait parfois des fausses routes. L’élec-
tromyogramme détecte un bloc neuro-
musculaire avec décrément, ce qui
oriente vers un syndrome myasthénique
congénital, que confirmera la biologie
moléculaire (anomalie du récepteur
postsynaptique d’acétylcholine).
➜Les syndromes myasthéniques con -
gé nitaux (SMC) constituent un groupe
hétérogène d’affections génétiques res-
ponsables d’un dysfonctionnement de
la transmission neuromusculaire. Il
s’agit de syndromes rares et sans doute
encore sous-diagnostiqués. Les signes
cliniques, fluctuants dans la journée,
sont l’ophtalmoplégie et le ptôsis, des
signes bulbaires (troubles de la dégluti-
tion), une parésie faciale et une faibles-
se musculaire accentuée par l’effort. En
période néonatale, l’hypotonie et l’in-
suffisance respiratoire n’excluent pas
les SMC. L’effet favorable du test à la
prostigmine est un argument en faveur
d’un syndrome myasthénique congéni-
tal, qui est à confirmer par génétique
moléculaire [7].
DES PIEDS CREUX FAMILIAUX
Théo est vu en consultation pour la pre-
mière fois à l’âge de dix ans, pour des
chutes fréquentes et des difficultés pour
courir. La marche, acquise à un an, est
digitigrade depuis l’âge de cinq ans. Son
père, dont le père et la grand-mère pa-
ternelle présentaient des pieds creux, a
été opéré à quatorze ans d’un pied
creux équin. La maladie de Charcot-Ma-
rie-Tooth (CMT) avait été alors évoquée
pour le père. L’examen de Théo montre
l’abolition des ROT en rotulien et en
achilléen, des rétractions des deux che-
villes et une amyotrophie en chaussette.
L’exploration électrophysiologique met
en évidence une neuropathie périphé-
rique myélinique. Le diagnostic de
CMT1A, liée à une duplication du gène
PMP22 et de transmission autosomique
dominante, est confirmé.
➜La maladie de Charcot-Marie-Tooth
ou neuropathie sensitivo-motrice est un
groupe de maladies hétérogènes avec
un polymorphisme génétique et physio-
pathologique. La transmission est pos-
sible de manière dominante, récessive
ou liée à l’X. Les CMT sont fréquentes
avec une prévalence de 7 à 40/100000.
Les premiers signes s’échelonnent entre
trois et dix à quinze ans. La gravité de la
maladie est variable au sein d’une mê-
me famille. La plupart des CMT sont ca-
ractérisées par une abolition des ré-
flexes, une amyotrophie distale aux
membres inférieurs, des pieds creux, un
déficit de la force musculaire en distal
qui se traduit par l’impossibilité de mar-
cher sur les talons, voire un steppage.
L’atteinte des mains, souvent présente,
est discrète (muscles interosseux et ré-
gion thénarienne), mais peut évoluer
vers une « main de singe » embarrassan-
te pour les gestes fins du quotidien.
L’électromyogramme permet le dia-
gnostic et la classification [8].
DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE
Une maladie neuromusculaire peut se
déclarer à tout âge. Chez le nourrisson,
on s’inquiète devant une hypotonie et
une mauvaise tenue de la tête. Dans la
petite enfance, le retard de l’acquisition
de la marche est un motif de consulta-
tion fréquent. Ces signes doivent évo-
quer autant une origine centrale (IMC,
syndrome génétique) qu’une origine pé-
riphérique (MNM). Plus tard, une
marche digitigrade ou en dandinement,
des difficultés pour courir et se relever,
des chutes fréquentes inquiètent les pa-
rents. Chez l’enfant d’âge scolaire, des
douleurs musculaires après l’effort ou
une intolérance à l’effort, une faiblesse
musculaire persistante, un manque de
tonicité, une amyotrophie ou des défor-
mations évolutives des pieds sont au-
tant de motifs de consultation. Une fati-
gabilité, une asthénie, un enfant « pa-
taud » sont des signes moins spéci-
fiques, mais il faut intégrer la possibilité
d’une MNM dans le diagnostic différen-
tiel. Certaines MNM (maladie de Stei-
nert, maladie de Duchenne) sont asso-
ciées à une atteinte des fonctions céré-
brales supérieures (retard psychomo-
teur, troubles des apprentissages, re-
tard de langage, troubles du spectre au-
tistique) qui peut précéder l’apparition
du syndrome myopathique ou être au
premier plan et orienter faussement le
diagnostic vers une origine centrale.
INTERROGATOIRE
ET EXAMEN CLINIQUE
L’histoire clinique, les antécédents néo-
natals et familiaux, l’évaluation du dé-
veloppement psychomoteur donnent
des informations importantes orientant
la recherche de la pathologie sous-ja-
cente. Les exemples cités démontrent
que certaines MNM présentent, selon
l’âge du début de la maladie, des formes
Médecine
& enfance
mai 2014
page 131