Atteinte du nerf périphérique
Il n’y a pas d’atteinte directe du nerf par la radio-
thérapie. L’atteinte périphérique observée se
situe dans le cadre des neuropathies paranéo-
plasiques. La neuropathie sensitive de type
Denny-Brown est la plus classique. Les douleurs
sont au premier plan, le déficit moteur très
modéré ou absent, les réflexes abolis, et… les
troubles sphinctériens exceptionnels. Les neu-
ropathies sensitivomotrices, dont le diagnostic
est parfois difficile avec une infiltration cellulaire
métastatique, peuvent en revanche s’accompa-
gner, comme toute polyneuropathie, de troubles
urinaires, voire anorectaux et génitosexuels.
T
ABLEAUX CLINIQUES
“
NEUROPÉRINÉAUX
”
Les deux versants classiques peuvent s’observer.
• Les fuites urinaires par urgence mictionnelle,
accompagnées de pollakiurie et d’impériosité,
suggèrent d’emblée une instabilité vésicale dont
la cause la plus évidente en cas de radiothérapie
pelvienne préalable est bien évidemment une
atteinte médullaire s’intégrant dans le cadre
d’une myélopathie radique. Une dysurie (miction
en plusieurs jets, poussée abdominale, sensa-
tion de mauvaise vidange vésicale) évoquant une
dyssynergie vésicosphinctérienne est souvent
observée dans ce cadre nosologique.
L’examen neuropérinéal retrouve un tonus anal
augmenté et des réflexes du cône présents ou
même vifs. En revanche, des fuites urinaires plus
ou moins insensibles, sans réel besoin, éven-
tuellement liées à l’effort, évoquent une
défaillance sphinctérienne souvent observée
dans les lésions périphériques pures. L’examen
retrouve un trouble de la commande, une hypo-
tonie anale, une diminution des réflexes sacrés,
parfois une hypoesthésie.
• Dysurie et rétention urinaire constituent le
deuxième versant. Il peut encore s’agir d’une
dyssynergie vésicosphinctérienne secondaire à
une atteinte médullaire suprasacrée par myélite
radique. La sensibilité périnéale est normale, les
réflexes du cône vifs, le tonus augmenté. L’exa-
men neurologique retrouve un syndrome pyra-
midal avec réflexes ostéotendineux vifs et signe
de Babinski. Mais le plus souvent, dysurie et
rétention plus ou moins complète évoluent dans
le cadre d’une atteinte du système nerveux péri-
phérique où la vessie est totalement paralytique,
hypoactive, acontractile. C’est le cas des lésions
plexiques où il est fréquent de mettre en évi-
dence une hypoesthésie périnéale systématisée
de manière uni- ou bilatérale dans les métamères
sacrés S2 S3 S4, une hypotonie anale et une abo-
lition des réflexes du cône médullaire.
T
ABLEAUX URODYNAMIQUES
Ils ne sont pas spécifiques, mais des difficultés
d’interprétation peuvent être présentes en rai-
son des complications mécaniques de la radio-
thérapie pelvienne (cystite radique, urètre rigide
postradique) et de la chirurgie initiale éventuelle
(dénervation périphérique par lésion nerveuse
directe) (2-4). Dans le cadre des mictions impé-
rieuses, une hyperactivité vésicale peut s’ob-
server avec des contractions non inhibées du
détrusor pendant la phase de remplissage. Cette
hyperactivité s’associe donc parfois à un trouble
de compliance secondaire à une lésion de la
muqueuse vésicale induite par la radiothérapie.
Le besoin d’uriner est préservé dans les deux cas.
La synergie vésicosphinctérienne est parfois plus
difficile à apprécier.
La rétention d’urine par lésion plexique s’ac-
compagne d’une vessie hypoactive, hypoesthé-
sique, de grande capacité, aréactive, hypercom-
pliante. Les résistances urétrales sont parfois
effondrées avec diminution des pressions de clo-
ture et positivité du vasalva leak point. Il est vrai-
semblable qu’une altération de la compliance
urétrale mise en évidence par planimétrie uré-
trale puisse s’observer.
D
ONNÉES ÉLECTROPHYSIOLOGIQUES
L’atteinte médullaire centrale ne s’exprimera que
par une altération des potentiels évoqués par sti-
mulation périnéale avec respect des latences
réflexes. En revanche, les atteintes plexiques
sacrées donneront un tracé neurogène périphé-
rique dans les muscles périnéaux, associé à une
augmentation ou à une abolition des latences du
réflexe bulbocaverneux. Les latences distales
sont en règle générale normales. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Derouesné C, Bouche P. Manifesta-
tions neurologiques des néoplasmes
viscéraux. In : Pratique Neurologique.
Paris : Flammarion, 1992 : 1 (53) :
579-83.
2. Lin H, Sheu B, LO M, Huang S.
Abnormal urodynamic findings after
radical hysterectomy or pelvic irra-
diation for cervical cancer. Int J
Gynaecol Obstet 1998 : 169-74.
3. Sakakibara R, Hattori T, Tojo M et
al. Micturitional disturbance in
radiation myelopathy. J Spinal Cord
1993 : 402-5.
4. Bandy L, Clarke Pearson D, Soper J,
Creasman W. Long term effects on blad-
der function following radical hysterec-
tomy with and without postoperative
radiation. Gynecol Oncol 1987 : 160-8.
9
Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 4, vol. III - octobre/novembre/décembre 2003
Complications de la radiothérapie pelvienne