![](//s1.studylibfr.com/store/data-gzf/9296e5262192be9f2822a8f923567d0b/1/008384725.htmlex.zip/bg3.jpg)
22
Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 02 - Avril - mai - juin 2014
Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation
DOSSIER
Lerapport bénéfi ce/risque n’a pas non plus été étudié
précisément, tant pour la toxine botulique que pour les
solutions thérapeutiques alternatives. Aucune d’entre
elles n’est en effet dénuée de risques, et il convient
de rester prudent tant sur l’amélioration fonctionnelle
que peut attendre le patient du traitement réalisé que
sur les bénéfi ces comparatifs d’une technique plutôt
qu’une autre.
Mais limiter l’effet de la toxine dans les membres infé-
rieurs à son effet fonctionnel est très insuffi sant. La
prévention des complications orthopédiques, l’amélio-
ration du confort de marche, la réduction de la douleur,
l’amélioration de l’équilibre et, en particulier, la préven-
tion des chutes, sont autant d’éléments qui, rarement
évalués comme critère principal d’une étude, peuvent
faire l’objet d’un intérêt thérapeutique
(7)
. Très large-
ment employée au membre supérieur, on ne retrouve
pratiquement aucune étude utilisant la
Goal Attain-
ment Scaling
pour défi nir le bénéfi ce des injections
de toxine botulique dans les membres inférieurs
(9)
.
Il est pourtant certain que nos patients retirent un
bénéfi ce des injections de toxine dans les membres
inférieurs. Une meilleure description de ces bénéfi ces
serait opportune, afi n de mieux informer les patients
et les professionnels des réelles améliorations qu’ils
peuvent attendre de ce traitement lorsque celui-ci est
appliqué aux membres inférieurs.
Quel est l’effet de la toxine botulique
surlapréhension ?
Après un accident vasculaire cérébral
Si l’effet fonctionnel sur le membre inférieur reste
discuté, la récente méta-analyse chez les patients
hémiplégiques après AVC
(10)
montre que l’effet sur
l’activité des patients après une injection de toxine botu-
lique au membre supérieur est inconstamment positif.
Elle montre qu’un nombre non négligeable parmi les
1 000patients étudiés voit leur état s’aggraver sur le
plan fonctionnel après une injection de toxine botulique.
Globalement, l’effet sur cette très grosse cohorte est
faiblement positif en termes de restrictions d’activité.
Elle invite donc à rester très prudent sur le bénéfi ce
fonctionnel potentiel des injections de toxine botulique
au membre supérieur chez l’adulte.
La très grande majorité des demandes d’injections
dans cette localisation se fait d’ailleurs principalement
pour une prévention des complications neuro-ortho-
pédiques et non en vue d’un bénéfi ce fonctionnel direct.
Pour nombre de patients ayant un membre supérieur
partiellement fonctionnel, les injections de toxine botu-
lique permettent de petites améliorations ciblées (par
exemple, une meilleure ouverture du pouce) qui leur
seront utiles mais ne changeront pas le score fonc-
tionnel, tant global que spécifi que.
L’une des diffi cultés de l’analyse de bénéfi ces fonc-
tionnels vient de l’utilisation fréquente comme critère
principal de scores non spécifi ques tels le
Disability
Assessment Scale,
ou de scores fonctionnels globaux
comme l’index de Barthel. Peu d’études randomi-
sées contrôlées ont employé un score spécifi que du
membre supérieur comme le
Action Research Arm test
(ARAt)
[11]
. Il est alors possible de défi nir précisément
l’effet fonctionnel de la toxine botulique sur le bras et
la préhension. Il semble d’ailleurs que les groupes
les plus améliorés sont ceux qui ne reçoivent pas les
doses les plus fortes, soit parce que de plus petites
doses ciblées permettent de mieux libérer la motricité
volontaire sous-jacente, soit parce que l’ importance
des doses injectées a un effet négatif direct sur la per-
formance motrice du membre injecté. Mais l’analyse
de la littérature montre surtout la très grande varia-
bilité des évaluations fonctionnelles, des doses admi-
nistrées et des populations (âge moyen, délais depuis
l’AVC). Ainsi certaines recommandations européennes
émettent un niveau A de recommandation pour l’effet
de réduction de la déformation, l’amélioration de la
toilette et de l’habillage du membre supérieur mais
une recommandation de niveauC quant à l’effet fonc-
tionnel
(12)
.
Après une paralysie cérébrale
Chez l’adulte avec paralysie cérébrale (PC), la situa-
tion n’est probablement pas fondamentalement diffé-
rente de celle des AVC. Dans la population de sujets
avec PC, il est en revanche beaucoup plus fréquent
d’observer des déformations majeures chez les sujets
très spastiques, très souvent irréductibles en raison de
troubles orthopédiques associés. Très peu d’études ont
été strictement limitées aux personnes adultes avec
PC, et l’effet fonctionnel est au moins aussi incertain
qu’après AVC.
Chez l’enfant, le recours à la toxine botulique se conçoit
dans un programme thérapeutique complexe où la
prévention des troubles neuro-orthopédiques joue
un rôle majeur. Il semble ainsi peu envisageable de
limiter le traitement aux injections de toxine botulique,
tant au niveau du membre supérieur qu’au niveau du
membre inférieur. Certaines recommandations inter-
nationales
(13)
sont très claires à ce sujet et en accord
avec la revue de la littérature de B.J.Hoare
(14)
. Un
niveauA y est attribué pour la prévention des défor-
mations neuro-orthopédiques, et un niveauB pour
l’amélioration fonctionnelle. Cette recommandation
semble confi rmée par la plus récente des études ran-
domisées contrôlées contre placebo
(15)
, pour laquelle
l’effet fonctionnel évalué dans la population d’enfants
porteurs de PC a été réalisé, avec l’échelle fonction-
nelle unilatérale du membre supérieur de Melbourne
comme critère principal. L’augmentation du score fonc-
tionnel était signifi cativement plus importante parmi
les enfants ayant reçu de la toxine botulique que parmi
ceux ayant reçu du placebo et, quel que soit le niveau
fonctionnel, l’amélioration du score de Melbourne était
signifi cativement plus important dans le groupe traité
par toxine botulique que dans le groupe placebo. Il
semble donc que l’effet fonctionnel de ce traitement soit
plus assuré lorsque celui-ci est appliqué au membre
supérieur de l’enfant avec PC que dans les indications
chez l’adulte, quelle qu’en soit l’étiologie.