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désirs à la République par le biais de ses élus, même si ceux-ci affirment ne recevoir aucun
ordre de leur obédience. Les élus francs-maçons sont obligés de respecter la discipline dictée
pas les obédiences. La preuve en est qu'en 1891, la loge la Clémente amitié propose au
Conseil de L'Ordre du Grand Orient de France de demander à certains francs-maçons le motif
de leur vote, de demander à certains francs-maçons le motif de leur absence lors de certains
votes, de dénoncer la conduite de certains frères aux ateliers de toute la France, d'entamer une
action disciplinaire de la franc-maçonnerie contre certains frères pour cause de problèmes
politiques et que toutes ces propositions sont acceptées.
Pour Émile Janvion10, en 1912, le bon républicain anticlérical "consent à se soumettre à des
simagrées, dont le ridicule et l'odieux offense la dignité de l'homme, à des grimaces rituelles
qui feraient rouler tous les singes du jardin d'acclimatation"11 (autrement dit aux rites
maçonniques) parce qu'il sait qu'en entrant dans les loges, il fait une bonne affaire, d'abord
parce que, s'il est socialiste, il comprendra rapidement l'intérêt électoral de son appartenance
maçonnique ensuite parce que les francs-maçons sont partout dans la fonction publique. Émile
Janvion est, sans aucun doute, l'antimaçon le plus atypique de ceux que nous trouvons ici. À
l'origine, il est anarchiste. Il participe en tant que responsable syndical au congrès d'Amiens
de la CGT et à celui de Marseille. En novembre 1909, il fonde le journal Terre libre dont il est
le rédacteur en chef. Ce journal est à la fois antimaçonnique et anticapitaliste. En effet, une
grande partie de la surface rédactionnelle du journal est régulièrement réservée à la
dénonciation de la franc-maçonnerie comme principal auteur de la corruption syndicaliste et
de l'intoxication des organisations ouvrières par le « gouvernement judéo-bourgeois ». Emile
Janvion finit par se rapprocher, tout en continuant à revendiquer son anarchisme, de l'Action
française.
Pour Maurice Talmeyr, journaliste, écrivain et membres actif de la Ligue française
antimaçonnique de Copin-Albancelli, aussi la République, c'est la franc-maçonnerie.
D'ailleurs, il l'écrit dans son ouvrage antimaçonnique Comment on fabrique l'opinion12.
Toutefois, les chemins qu'il emprunte pour arriver à sa conclusion sont passablement sinueux
et complexes. Pour cet auteur, le grand rénovateur, au XVIIIe siècle, des sociétés secrètes, et
9 Copin Albancelli, Le Drame maçonnique Le pouvoir occulte contre la France ; Paris, la Renaissance française, 1908
(10ème édition)
10 Janvion (Emile), La Franc-Maçonnerie et la classe ouvrière ; Paris, Imprimerie spéciale de "Terre Libre", 1912.
11 Janvion (Emile), Opus cité page 8
12Talmeyr (Maurice), Comment on fabrique l'opinion ; Paris, librairie académique Perrin, 1905.