suppression de l’étude de certains aspects de la philosophie en Iran ou les fanatismes
religieux…).
Pour ce faire, comme le remarquait Guy de Maupassant, il faudrait, pour les hommes, « qu’ils
se déshabituent à ne se servir de leurs yeux qu’avec le souvenir de ce qui a été pensé avant
eux » ce qui leur permettrait d’avoir un regard nouveau, naïf même selon Bergson, sur ce qui
les entoure afin qu’ils sachent où ils se situent.
Alors, immanquablement, dépouillés des béquilles qui leur ont été fournies, ils devraient être
submergés parce que Romain Rolland qualifiait de « sentiment océanique » (sentiment qui ne
cesse d’ailleurs de me submerger tant est infinie la complexité du cosmos) et qui est cet
émerveillement vertigineux face au cosmos, cette impression au sens propre, cette conscience
aigue, de n’être qu’une partie infime d’une réalité immense et mystérieuse qui engendre un va
et vient, quasiment enivrant, entre eux-mêmes et l’Univers qui les englobe tout en les
pénétrant.
Dans cette conscience du tout, émergera naturellement celle, particulière, de l’autre et avec
elle la naissance de l’altérité non limitée aux plus proches bien sûr (comme déjà évoqué ci-
dessus).
C’est là que se trouve, pour chaque homme, la confluence de sa conscience d’être, c’est-à-dire
l’expression de son individualisme, avec celle des autres, autrement dit du collectif, qui ouvre,
et je me répète, sur l’amour de la Justice et par conséquent du Beau.
La recherche de la « bonne vie » et celle du bonheur apparaissant être partagés par tous les
Hommes, n’est-il pas dès lors évident que la Franc-Maçonnerie en général, et le REAA, en
particulier, offrent, et la méthode, et les outils adéquats à cette fin ?
A ce stade de mes réflexions, j’ai fait une découverte inattendue lors des lectures que j’ai
faites pour rédiger cette planche car, ainsi que je l’ai affirmé à de nombreuses reprises dans ce
Temple, ayant la conviction de ne pas être omniscient, l’expérience d’autres, plus affûtés que
moi, m’est indispensable pour progresser.
Dans notre région en général et dans notre pays en particulier, la religion au sens
conventionnelle du terme, depuis plusieurs siècles, ainsi que des idéologies depuis quelques
décennies, ont occulté cet héritage fabuleux et cette pratique antique (ordinaire à l’époque
chez les érudits) que constituaient les exercices spirituels dont la finalité étaient de privilégier
le bien vivre au quotidien et dont certains aspects ont d’ailleurs profondément marqué le
catholicisme comme par exemple, l’oubli du corps et la souffrance christique.
Pierre HADOT, spécialiste de la philosophie antique et que je vous conseille de découvrir,
remarque : « Affirmer qu’il y a des attitudes universelles, cela suppose quelque chose comme
l’idée d’une nature humaine » (quelle délicatesse de pensée !).
Et de poursuivre en précisant « qu’il y a finalement assez peu d’attitudes possibles vis-à-vis
de l’existence et sans avoir subi d’influence d’ordre historique, les diverses civilisations sont
amenées à avoir, à cet égard, des attitudes analogues ».
Puis de conclure après brièvement évoquer la Grèce, la Chine et l’Inde anciennes : « Cette
idée d’une universalité des attitudes spirituelles (prises ici au sens de la réflexion rationnelle)
peut aussi se situer dans la perspective de l’effort pour dégager de sa gangue mythique et
traditionnelle l’essentiel d’une attitude, d’un choix de vie.» ; celui, en particulier, de
s’affranchir en permanence de la dualité des contraires pour aboutir à la sérénité de
l’harmonie.