Michel Van Parijs, o.s.b.
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de fournir utilement au peuple de Dieu l’aliment scripturaire, qui
éclaire les esprits, affermit les volontés et embrase d’amour de
Dieu le cœur des hommes. Le saint Concile encourage fortement
les fils de l’Église qui se consacrent aux sciences bibliques, à pour-
suivre jusqu’au bout le travail heureusement entrepris, avec une
énergie chaque jour rénovée, une ardeur totale, et conformément
au sens de l’Église. La théologie sacrée s’appuie sur la Parole de
Dieu écrite, inséparable de la Sainte Tradition, comme sur un fon-
dement permanent∞∞; en elle aussi elle se fortifie, s’affermit et se
rajeunit toujours, tandis qu’elle scrute, sous la lumière de la foi,
toute la vérité qui se puise cachée dans le mystère du Christ.
Les Saintes Écritures contiennent la Parole de Dieu et, puisqu’elles
sont inspirées, elles sont vraiment cette Parole∞∞; que l’étude de la
Sainte Écriture soit donc pour la sacrée théologie comme son âme.
Que le ministère de la parole, qui comprend la prédication pasto-
rale, la catéchèse et toute l’instruction chrétienne, où l’homélie
liturgique doit avoir une place de choix, trouve, lui aussi, dans
cette même parole de l’Écriture, une saine nourriture et une sainte
vigueur∞∞» (Vatican II, Dei Verbum, §23-24).
La foi du théologien
Permettez-moi de vous proposer maintenant quelques
réflexions modestes sur le rapport entre le mystère de la foi, la
Parole de Dieu dans les Saintes Écritures et l’attente par le Peuple
de Dieu d’un témoignage authentique aujourd’hui. Ne serait-ce
pas un signe des temps présents que le film sur les moines de
Tibhirine, Des hommes et des Dieux, théologie visuelle d’une expé-
rience crucifiante du mystère, fascine des millions de specta-
teurs∞∞? Le logos de la croix (1 Cor 1, 18) pour parler avec saint Paul,
est un cri silencieux qui fait sens aujourd’hui, qui confère le sens.
Nos réflexions tourneront donc davantage autour de la condi-
tion du croyant-théologien, qu’autour des questions directe-
ment théologiques. Par là elles rejoignent et reprennent le ques-
tionnement des Pères de l’Église d’Orient et d’Occident non
seulement sur l’orthodoxie de la foi professée, mais tout autant sur
l’attitude intime du théologien6. N’est-ce pas là rendre hommage
6. Voir l’article «∞∞Théologie∞∞» dans le Dict. Spiritualité XV (1991), col. 463-487 par
A. Solignac. «∞∞Jusqu’au milieu du 12e siècle… theologia se rapporte immédiatement à