Je courais dans Central Park, tellement vite que j’en oubliais ma colère, je voyais à
peine les feuilles secouées par le vent. Je ressentis la même douleur dans la poitrine que ce
matin. Je m’assis sur un banc, regardant les enfants jouer avec leur mère. J’étais allé dans le
couloir pour oublier mon hallucination, j’ai dû devenir fou. « - Nathan ? » Je tournais la
tête. Je vis une femme que je ne connaissais pas, comment pouvait-elle savoir mon
prénom ? « - Grace Castello » dit-elle en me tendant la main. Je l’ignorais. A quoi bon
parler à une inconnue ? Au bout de quelques secondes, je me levai. « -Nathan. Je suis là
pour t’annoncer une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne est que ta mère ne
mourra pas maintenant. – Mais vous dites n’importe quoi, je ne vous connais, vous ne me
connaissez pas et vous osez me parler de ma mère ?! Elle a un cancer, c’est une maladie
dont on ne connaît pas les limites, vous n’avez aucune idée de quand et comment elle
mourra. » Sur ces paroles, je partis. Mais pris d’un doute, je me retournai. « - Et quelle est
la mauvaise nouvelle ? – Haha, je savais bien que vous reviendriez… La mauvaise nouvelle
est qu’il ne vous reste plus très longtemps à vivre. » Cette femme était complètement folle.
Alors je repartis courir de plus belle, en espérant que ma douleur au cœur s’estomperait.
Mon réveil sonna. J’avais mal dormi. Mon réveil sonnait à huit heures pour aller
voir ma maman. Mais avant, j’envisageais d’aller au commissariat, cette Grace Castello
m’intriguait beaucoup. Après une bonne douche, je mis la chemise que ma mère m’avait
offerte à mon dernier anniversaire, il y a moins d’un mois.
Arrivé au commissariat, je ne sus où me rendre alors je demandai à l’accueil. Une espèce
de grande asperge me répondit l’air béat : « -Vous voulez quoi ? – Je cherche à avoir des
renseignements sur une certaine personne. – Suivez-moi dans la bibliothèque, quelqu’un
va vous aider. – Merci. » Cette bibliothèque était sinistre, quand je pense que des
personnes y passaient des nuits entières pour rechercher des suspects… Le métier de la
police me sidérerait toujours. « - Bonjour Monsieur, puis-je faire quelque chose pour
vous ? » Après avoir fini de lui expliquer ce que je recherchais sur Grace Castello, il partit
dans une salle faire des recherches sur ordinateur. Je ne le suivis pas. Cinq minutes plus
tard, l’agent revint avec des papiers à la main, en me regardant d’un air étrange. « - Il y a
un problème ? – Grace Castello est décédée d’un cancer il y a dix ans. Je ne peux rien vous
dire d’autre, si vous pouviez quitter les lieux merci. - Vous vous foutez de moi Monsieur ?!
Je lui ai parlé hier soir. C’est exactement la même qu’il y a sur votre photo. – Ecoutez,
Monsieur, vous avez dû avoir une hallucination, alors maintenant quittez les lieux avant
que j’appelle la sécurité. – Mais je l’ai vue, elle m’a parlé ! De toute façon, quoi que je dirai,
personne ne me croira. Sur ce, au revoir. »
Quand j’allai à l’hôpital, tout le monde ma regardait et me parlait de ma mère,
c’était assez gênant. J’entrai dans la chambre de ma mère, elle était dans le même état que
la veille. Je m’assis à son chevet et déposai sur sa table de nuit un bouquet de tulipes, ses
fleurs préférées. Je m’attardai devant elle cinq minutes. Elle était si belle. Au moment de
sortir, je sentis le même malaise que je sentais à chaque fois que je la quittais comme si
c’était la dernière fois que je la voyais. Les murs tournaient encore, cette fois-ci, je fus
emporté par le tourbillon. Je tombais, je me relevais à plusieurs reprises. J’entendis le tic
tac d’une horloge, et je me retournai, je vis alors une femme brune aux yeux verts, au fond
du couloir, allongée sur un lit d’hôpital, me faisant des gestes de salut. Cette image me
hantait. Mes jambes se dérobaient sous moi, je tombai une ultime fois. Une fois par terre,