« Paranormal activity »
de Céline et Marianne
« - Votre mère est à l’hôpital, elle est dans un profond coma. »
Je ressentis alors une violente douleur dans la poitrine m’empêchant d’avancer. Je
m’écroulai. « - Monsieur Grey ? Monsieur vous allez bien ?! » Je ne pus répondre, je ne vis
qu’un homme, grimaçant comme si j’étais sur le point de mourir. Je voulais lui répondre
que j’allais bien, que j’étais juste sous le choc, mais les mots ne sortaient pas, j’étais comme
paralysé. Une fois mon calme repris, je me relevai pour me joindre à ma mère. J’arrivai
dans sa chambre. Quand je vis ma mère au milieu de ces murs blanc écaillés et de ces
machines qui bipaient chaque seconde, je ne reconnus pas la femme jeune et pétillante qui
s’était occupée de moi durant toute mon enfance. Elle avait le teint livide, comme si elle
attendait la mort, paisible avec impatience. A son chevet, était posée une tasse de café. Je
voulus la saisir, mais il me sembla qu’elle recula à l’approche de ma main et vint se briser
au sol en mille morceaux. « Etrange … J’ai dû donner un coup de pied à la table de nuit. ».
J’appuyais mon front contre la baie vitrée qui donnait sur Central Park. De la buée se
dessinait sur le verre pendant que je regardais la neige tomber. Et si pour la première fois,
je passais Noël tout seul ?
J’étais appuyé contre son lit quand je pris sa main. Elle était glacée. Je vis encore sur
son cou le collier que mon père lui avait offert. C’était une pierre en émeraude bleue qui
représentait une étoile. Je me souvins de ce jour, le 14 décembre 2000 où il lui avait offert,
son visage rayonnait de bonheur, c’était lors de leur anniversaire de mariage.
« Maman, je ne sais pas si tu m’entends, si tu m’écoutes, si tu sens ma présence.
Ma main tenant la tienne, je pourrais donner ma vie pour que tu te réveilles et que tu
passes ce Noël avec moi. Je ferais tout pour entendre ta voix, pour revoir ton sourire, et
l’éclat de tes yeux bleus. Tu te souviens de ce jour où tu m’avais emmené pour la première
fois dans ce petit parc de jeux à Chino ? On avait vu des écureuils, c’était le jour de mon
anniversaire, le 27 Novembre. Je me rappellerai ce jour toute ma vie. Le jour de l’automne.
Je sautais dans les tas de feuilles orange et marron. Tu m’ordonnais d’arrêter mais tu avais
fini par te joindre à moi ! Tu sais, tous ces moments, je ne les oublierai jamais, même avec
tout ce qu’il s’est passé avec papa. Je prie pour que tu restes même si tu dois te battre. Je
t’aime, à bientôt. Si tu restes… » Je déposai un baiser sur son front. « Nathan? » J’allais
partir, ma main posée sur la poignée, je me retournais. Elle était comme je venais de la
voir, tel un mort. Alors je crus rêver. Je franchis la porte. « Rappelle toi l’été 1989 ».
C’était encore sa voix, je ne compris pas. Alors je partis, refermai la porte derrière moi
quand soudain …
…tout me parut irréel. Je fus pris d’un malaise, je ne tenais plus sur mes pieds. Le
couloir commença à tourbillonner autour de moi. Je ne pouvais revenir en arrière, il n’y
avait qu’une solution, avancer dans ce couloir sans fin. Ce couloir qui tout à l’heure
semblait bondé de personnes souffrantes était totalement vide.
Je courais dans Central Park, tellement vite que j’en oubliais ma colère, je voyais à
peine les feuilles secouées par le vent. Je ressentis la même douleur dans la poitrine que ce
matin. Je m’assis sur un banc, regardant les enfants jouer avec leur mère. J’étais allé dans le
couloir pour oublier mon hallucination, j’ai devenir fou. « - Nathan ? » Je tournais la
tête. Je vis une femme que je ne connaissais pas, comment pouvait-elle savoir mon
prénom ? « - Grace Castello » dit-elle en me tendant la main. Je l’ignorais. A quoi bon
parler à une inconnue ? Au bout de quelques secondes, je me levai. « -Nathan. Je suis
pour t’annoncer une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne est que ta mère ne
mourra pas maintenant. Mais vous dites n’importe quoi, je ne vous connais, vous ne me
connaissez pas et vous osez me parler de ma mère ?! Elle a un cancer, c’est une maladie
dont on ne connaît pas les limites, vous n’avez aucune idée de quand et comment elle
mourra. » Sur ces paroles, je partis. Mais pris d’un doute, je me retournai. « - Et quelle est
la mauvaise nouvelle ? Haha, je savais bien que vous reviendriez… La mauvaise nouvelle
est qu’il ne vous reste plus très longtemps à vivre. » Cette femme était complètement folle.
Alors je repartis courir de plus belle, en espérant que ma douleur au cœur s’estomperait.
Mon réveil sonna. J’avais mal dormi. Mon réveil sonnait à huit heures pour aller
voir ma maman. Mais avant, j’envisageais d’aller au commissariat, cette Grace Castello
m’intriguait beaucoup. Après une bonne douche, je mis la chemise que ma mère m’avait
offerte à mon dernier anniversaire, il y a moins d’un mois.
Arrivé au commissariat, je ne sus me rendre alors je demandai à l’accueil. Une espèce
de grande asperge me répondit l’air béat : « -Vous voulez quoi ? Je cherche à avoir des
renseignements sur une certaine personne. Suivez-moi dans la bibliothèque, quelqu’un
va vous aider. Merci. » Cette bibliothèque était sinistre, quand je pense que des
personnes y passaient des nuits entières pour rechercher des suspects… Le métier de la
police me sidérerait toujours. « - Bonjour Monsieur, puis-je faire quelque chose pour
vous ? » Après avoir fini de lui expliquer ce que je recherchais sur Grace Castello, il partit
dans une salle faire des recherches sur ordinateur. Je ne le suivis pas. Cinq minutes plus
tard, l’agent revint avec des papiers à la main, en me regardant d’un air étrange. « - Il y a
un problème ? Grace Castello est décédée d’un cancer il y a dix ans. Je ne peux rien vous
dire d’autre, si vous pouviez quitter les lieux merci. - Vous vous foutez de moi Monsieur ?!
Je lui ai parlé hier soir. C’est exactement la même qu’il y a sur votre photo. Ecoutez,
Monsieur, vous avez avoir une hallucination, alors maintenant quittez les lieux avant
que j’appelle la sécurité. – Mais je l’ai vue, elle m’a parlé ! De toute façon, quoi que je dirai,
personne ne me croira. Sur ce, au revoir. »
Quand j’allai à l’hôpital, tout le monde ma regardait et me parlait de ma mère,
c’était assez gênant. J’entrai dans la chambre de ma mère, elle était dans le même état que
la veille. Je m’assis à son chevet et déposai sur sa table de nuit un bouquet de tulipes, ses
fleurs préférées. Je m’attardai devant elle cinq minutes. Elle était si belle. Au moment de
sortir, je sentis le même malaise que je sentais à chaque fois que je la quittais comme si
c’était la dernière fois que je la voyais. Les murs tournaient encore, cette fois-ci, je fus
emporté par le tourbillon. Je tombais, je me relevais à plusieurs reprises. J’entendis le tic
tac d’une horloge, et je me retournai, je vis alors une femme brune aux yeux verts, au fond
du couloir, allongée sur un lit d’hôpital, me faisant des gestes de salut. Cette image me
hantait. Mes jambes se dérobaient sous moi, je tombai une ultime fois. Une fois par terre,
je revins au monde réel. J’avais fait un malaise. « Monsieur Grey ? Monsieur Grey ? ».
C’était Grace. Elle était là, au-dessus de moi me demandant si j’allais bien. J’ouvris les
yeux. Encore une de mes hallucinations. Mais ce n’était qu’un infirmier.
C’était quand même bizarre : quand j’étais allé au commissariat, on m’avait dit que
Grace était morte d’un cancer. Il y avait des chances que cela arrive aussi à ma mère. Je
rentrai chez moi, exténué. Une bonne douche me ferait du bien. Je remarquai alors sur
mon bras gauche, une cicatrice. Pourtant, je n’avais pas le souvenir d’avoir subi un
accident. La regardant de plus près, je me rendis compte qu’il s’agissait d’une écriture :
«
Eté 1989
». je fus pris de panique, j’entendais de tous les côtés la voix de ma mère. Je
voulais sortir, mais la porte de la douche était fermée, je n’arrivais plus à respirer, je tapais
de tous les côtés, je me tapais moi-même, qu’était-il arrivé le jour de ce fameux été ?
Une fois calmé, je fis des recherches. Je ne trouvai rien. On frappa à la porte. C’était
encore elle, Grace. Je devais rêver ?! « - Tu es allé voir ta mère aujourd’hui ? me dit-elle
d’une voix rauque. Oui, comme tous les jours. Profites-en, c’est bientôt la fin… » Elle
partit. En vitesse, j’enfilai mes chaussures, pris ma veste et partis à l’hôpital. Il y avait des
bouchons, je klaxonnais mais j’étais ignoré de toutes les autres voitures. Je voulais voir ma
mère avant qu’elle meure, je voulais passer ce Noël avec elle.
J’arrivai. C’était trop tard. Tout le monde s’agitait entre les couloirs et la chambre
de ma mère. La chambre était vide, prête à accueillir un autre malade. Les draps étaient
refaits, le bouquet dans la poubelle, ainsi que tous les autres cadeaux que je lui avais
apportés. Elle avait eu moi seul comme visiteur. C’était fini, je n’avais plus que quelques
souvenirs dans ma tête, si je ne devenais pas fou d’ici-là. Elle était morte.
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