8Médecine Clinique endocrinologie & diabète • n° 44, Janvier-Février 2010
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Streptococcies et staphylococcies
sont fréquentes, pouvant conduire à la
formation d’abcès d’évolution torpide.
Les infections à Peudomonas aeruginosa,
ou à germes anaérobies peuvent avoir un
proniostic catastrophique.
Les candidoses cutanées et
muqueuses sont plus fréquentes en cas
d’obésité (candidose buccale, interdi-
gitale, atteinte des plis, balanite avec
phimosis chez l’homme), récidivant
en cas de déséquilibre du diabète. Elles
occasionnent un érythème rouge vif,
prurigineux, accompagné de pustules
avec une collerette desquamative péri-
phérique en cas d’atteinte cutanée.
Les dermatophytoses des pieds (inter-
trigo et onyxis) sont des portes d’entrées
pour les infections bactériennes potentiel-
lement graves (érysipèle, cellulite).
Manifestations cutanées variées
Nécrobiose lipoïdique
Quoique rare chez le diabétique
(environ 1%), elle est classiquement
évocatrice de cette affection. Il s’agit
de placards pré-tibiaux ovalaires à
grand axe vertical, d’évolution sclé-
roatrophique. Les bords polycycliques
sont nets, surélevés, télangiectasiques,
alors que le centre cicatriciel est lisse et
brillant, souvent jaunâtre.
Etats scléreux et sclérodermiformes
La sclérose des extrémités digitales et
des mains, s’accompagne parfois d’un
enraidissement articulaire avec tendi-
nopathie et impossibilité d’extension
totale des mains. La forme cutanéo-arti-
culaire affecte surtout les diabètes de
type 1 mal contrôlés.
Le sclérœdème diabétique infiltre
initialement en pèlerine la peau de
la partie haute du tronc et du cou des
diabétiques de type 2. Il peut se géné-
raliser mais habituellement sans consé-
quence grave. Sa physiopathologie est
mal connue.
Bullose des diabétiques
Il s’agit de bulles non inflammatoires,
apparaissant en cas de diabète compliqué.
Elles surviennent préférentiellement aux
zones traumatisées (mains, pieds, jambes
et avant-bras) et cicatrisent en quelques
jours ou semaines.
Dermopathie diabétique
Ce sont de petites lésions infra-
centimétriques des crêtes tibiales ou des
avant-bras, initialement papuleuses,
devenant atrophiques et pigmentées.
Peu spécifiques, plus fréquentes chez
l’homme, elles semblent induites par
les microtraumatismes.
Vitiligo
Il est plus fréquent chez les diabé-
tiques, en faveur (mais non systémati-
quement) d’une origine autoimmune du
diabète.
Xanthomes éruptifs
Ce sont des papules rouges, jaunâtres
ou brunes. Ils apparaissent brutalement
sur les fesses et les cuisses en cas d’hy-
perlipémie portant sur les triglycérides.
Molluscum pendulums
Ces lésions pédiculées apparaissent
dans les régions axillaires, cervicales,
inguinales et aux paupières. Ils semblent
plus fréquents chez les diabétiques obèses.
Acanthosis nigricans
Il s’agit d’un épaississement
pigmenté des plis de flexion : cou, plis
axillaires, inguinaux. Il traduit une
insulinorésistance, et s’associe le plus
fréquemment à une surcharge pondé-
rale. Le mécanisme résulterait d’une
fixation de l’insuline sur les récepteurs
des facteurs de croissance kératinocy-
taires et fibroblastiques.
Le pied diabétique
C’est l’une des plus graves consé-
quences du diabète compliqué. En
raison de l’amyotrophie, de la raideur
articulaire, et de l’hypoesthésie profonde
le diabétique est exposé à des troubles de
la statique du pied, responsable de l’ap-
parition de callosités. Durillons et cors,
indolores en cas de neuropathie, sont
responsables de complications qui, sous
l’effet de l’artériopathie et des altéra-
tions des fonctions des polynucléaires
neutrophiles, peuvent conduire à l’am-
putation : décollement cutané sous les
durillons et infarcissement de durillons,
apparition de mal performant plantaire,
surinfections cutanées, sous-cutanées
avec gangrène, osseuses avec ostéomyé-
lite, tendineuses et articulaires.
Outre l’équilibre du diabète, les soins
locaux (chaussage convenable, lavage et
séchage des pieds, traitement des infec-
tions) et de pédicurie sont indispen-
sables. Les consultations spécialisées dans
le traitement du pied diabétique (colla-
boration dermatologue-endocrinologue-
chirurgien orthopédiste) sont utiles.
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Figure 3. Les onychomycoses à dermatophytes
constituent des portes d’entrée infectieuses et
doivent être traitées
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