Journées
Nationales du DES
d’Endocrinologie-
Diabète et Maladies
Métaboliques
L
La plupart des endocrinopathies s’accom-
pagnent de manifestations cutanées, des
muqueuses et/ou des phanères. Celles-ci
peuvent révéler l’affection ou apparaître en
cours d’évolution, éventuellement après trai-
tement. Leur physiopathologie est variable :
effet direct sur le tégument de l’excès ou de
l’insuffisance hormonale (myxœdème de l’hy-
pothyroïdie par exemple) ou des processus
tentant de compenser l’insuffisance hormo-
nale (mélanodermie de la maladie d’Addison
par exemple), conséquences indirectes sur la
peau des dysfonctionnements d’organes (dans
le diabète), rôle du processus physiopatholo-
gique lui-même, effets secondaires des médi-
caments...
Affections thyroïdiennes
Hypothyroïdie [1-3]
Les signes cliniques seront d’autant plus
flagrants que la maladie aura longtemps
évolué, ceci étant plus fréquemment le cas lors
des hypothyroïdies primitives.
Signes cutanés
Le myxœdème infiltre diffusément peau
et muqueuses : la peau est capitonnée par un
œdème ne prenant pas le godet. Le visage
cireux, lunaire, donne un aspect d’hébétude :
paupières infiltrées, joues tombantes, nez élargi,
lèvres gonflées et entrouvertes, froides et parfois
cyanosées tout comme les pommettes. Cette
infiltration myxœdémateuse est également
manifeste dans les creux sus-claviculaires et aux
extrémités (doigts boudinés, froids voire cyano-
sés). Sur les muqueuses, le myxœdème induit
macroglossie, raucicité de la voix, ronflements,
Signes cutanés des pathologies
endocriniennes
Christophe J.
Le Coz
Cabinet de
Dermatologie,
19 rue de l’Observatoire
67000 Strasbourg
& Laboratoire
de Dermatochimie,
4 rue Blaise Pascal BP
1032 67070 Strasbourg
Cedex
Tél : 33 3 88 60 13 12
Fax : 33 3 88 60 82 99
E-mail : christophe.
Mots clés :
syndrome de Cushing,
maladie d’Addison,
myxœdème,
hyperthyroïdie,
diabète
4Médecine Clinique endocrinologie & diabète • n° 44, Janvier-Février 2010
Article
surdité et bourdonnement d’oreilles. Le myxœ-
dème résulte d’une accumulation dermique et
chorionique de mucopolysaccharides dont la
chondroïtine sulfate et l’acide hyaluronique,
hydrophiles, dont la dégradation est diminuée ;
d’une baisse du drainage lymphatique et d’une
extravasation protéique ; il épargne les hypothy-
roïdies d’origine hypophysaire.
La peau est sèche, par hyperkératose
épidermique et diminution des sécrétions séba-
cée et sudorale. Ceci peut se traduire par un
eczéma craquelé astéatotique, une kératoder-
mie palmo-plantaire. On note encore fragilité
cutanée, ecchymoses et retards de cicatrisation.
On observe une caroténodermie (qui parti-
cipe à la couleur cireuse) par défaut de conver-
sion du carotène en vitamine A, qui se traduit
par une coloration orange des paumes et des
plantes.
Les poils tombent : la queue du sourcil est
dépilée (ce signe de Hertoghe est peu spéci-
fique, fréquent chez les sujets âgés et lors du
prurit de la dermatite atopique), les cheveux
secs et cassants. On note une diminution de la
pilosité axillaire et pubienne. Les ongles sont
cassants et poussent lentement.
Accompagnant l’infiltration de la face,
des mains et des pieds, la macroglossie, l’her-
nie ombilicale et l’hypotonie musculaire, les
troubles psychomoteurs du crétinisme (idio-
tie myxoedémateuse de Bournevile) sont
l’apanage de l’hypothyroïdie congénitale. Le
nanisme dysharmonieux survient en cas d’hy-
pothyroïdie juvénile non traitée.
Signes extra-cutanés
Les autres signes cliniques traduisent le
ralentissement global du fonctionnement
de l’organisme : asthénie, ralentissement
JNDES-Le Coz.indd 4 05/01/10 16:35
Médecine Clinique endocrinologie & diabète • n° 44, Janvier-Février 2010 5
psychique et physique, frilosité, prise de
poids malgré la perte d’appétit, brady-
cardie, crampes et fatigabilité muscu-
laires, constipation.
Confirmation diagnostique
Elle se fait par l’élévation-précoce- de
la TSH (en cas d’hypothyroïdie périphé-
rique) et la baisse de la fT4 (et de la fT3).
Traitement
L’opothérapie substitutive permet
une disparition des symptômes surve-
nant chez l’adulte.
Hyperthyroïdie [1-6]
Le patient consulte parfois le derma-
tologue en raison d’un prurit, d’un
dermographisme urticarien ou d’une
urticaire.
Signes cutanés
L’hyperactivité du système sympa-
thique entraîne vasodilatation et hyper-
sudation. La peau est chaude, érythé-
mateuse. Le patient se plaint de bouffées
de chaleur et de poussées d’érythrose du
visage (flush). On rencontre une hype-
ridrose surtout palmo-plantaire, détec-
table en serrant la main du patient. Le
prurit est fréquent, majoré par la nervo-
sité du patient. Un dermographisme
urticarien ou une urticaire peut révé-
ler la dysthyroïdie. Une pigmentation
addisonienne est possible par augmen-
tation des concentraions d’ACTH, en cas
de maladie d’Addison associée, de même
qu’une hyperpigmentation palpébrale.
Des érythrodermies dues à une hyper-
calcitoninémie, par hypersécrétion de
thyrocalcitonine par les cellules C de la
thyroïde, ont été décrites.
L’atteinte phanérienne se manifeste
par des cheveux fins et soyeux ou une
alopécie diffuse, classiquement aggravée
par les prises des traitements (carbima-
zole, propylthiouracile ou benzythioura-
cile), ongles fins, brillants à pousse rapide,
hippocratisme digital, onycholyse.
Le myxœdème prétibial touche
moins de 10% des patients : il s’agit
d’une infiltration de la partie inférieure
des crêtes tibiales, ferme, en nodules ou
en plaque réalisant un aspect de peau
d’orange ou ayant une allure bosselée,
survenant le plus souvent après traite-
ment chirurgical ou radio-isotopique
d’une maladie de Basedow, rarement
comme signe annonciateur de la mala-
die. Son équivalent antébrachial réalise
une mucinose préradiale. Il résulte d’une
synthèse accrue et d’une accumulation
de glycosaminoglycanes produits par les
fibroblastes, peut-être stimulés par un
facteur sérique.
Dans la maladie de Basedow, se
rajoutent un goitre et une atteinte
oculaire. L’exophtalmie peut être précé-
dée d’un œdème palpébral qui est
souvent pris à tort pour une manifesta-
tion allergique. L’imagerie (scannogra-
phie ou mieux IRM) permet de visuali-
ser l’hypertrophie des muscles orbitaires
responsable de cette ophtalmopa-
thie basedowienne. Le syndrome de
Diamond associe un myxœdème préti-
bial, une exophtalmie et un hippocra-
tisme digital ou une ostéoarthropathie
de Pierre-Marie, encore nommée acro-
pathie thyroïdienne. Cette dernière est
due à une néoformation osseuse à partir
du périoste des doigts et des os longs.
Signes extra-cutanés
Ce sont des signes de thyréotoxi-
cose : nervosité, labilité émotionnelle
avec asthénie, tremblement distal, tachy-
cardie, amaigrissement malgré la poly-
phagie, polydipsie, diarrhées motrices.
Confirmation diagnostique
On note un abaissement de la
concentration de TSH et une augmen-
tation de celle des hormones thyroï-
diennes.
Traitement
Les signes cutanés disparaissent avec
le traitement de l’hyperthyroïdie. Le
myxœdème prétibial est toutefois diffi-
cile à soigner, requérant le plus souvent
une corticothérapie locale à forte dose.
Affections
parathyroïdiennes [1, 3, 7]
Hyperparathyroïdie
Le prurit est classiquement fréquent,
généralisé, sine materia (sans signes
autres que des lésions de grattage).
Des calcifications cutanées ou sous-
cutanées peuvent apparaître lorsque
s’élève le produit calcium-phosphore.
Elles sont ainsi plus fréquentes dans les
hyperparathyroïdies secondaires à une
insuffisance rénale chronique. Elles se
manifestent par un livédo, des placards
infiltrés, des papules, des nodules sous-
cutanés. Les atteintes de la graisse hypo-
dermique induisent des placards nécro-
tiques ou une sclérose cutanée.
Hypoparathyroïdie
Les manifestations cutanées asso-
ciées sont peu spécifiques : xérose cuta-
née, éruption eczématiforme, alopécie,
onychopathies diverses (stries et fissure,
onycholyse distale, ongles cassants).
Les candidoses cutanéo-muqueuses
chroniques (ongles et cavité buccale) se
rencontrent en cas de polyendocrinopa-
thie auto-immune type APECED ou de
syndrome de Di George.
Des éruptions pustuleuses amicro-
biennes sont imputées à l’hypocalcé-
mie (due à une hypoparathyroîdie ou
non): psoriasis pustuleux gravidique
(ancien « impétigo herpétiforme »),
pustulose généralisée amicrobienne non
gravidique.
Dans les pseudo-hypoparathyroï-
dies et les pseudo-pseudo-hypopara-
thyroïdies, dues à des anomalies géné-
tiques des récepteurs hormonaux, on
observe un retard mental, des anomalies
du morphotype, et des calcifications ou
ossifiations sous-cutanées (en particulier
dans le syndrome d’Albright).
Affections surrénaliennes
Syndrome de Cushing [1, 3, 8, 9]
Le syndrome de Cushing résulte d’un
excès d’hormones glucocorticoïdes.
Signes cutanés
L’obésité facio-tronculaire résulte
d’une modification de la répartition
des graisses. Le facies bouffi et lunaire
s’accompagne d’une bosse de bison
(buffalo-hump), d’une obésité abdomi-
nale contrastant avec la maigreur amyo-
trophique des membres. Le visage est
rouge, vultueux, avec des télangiectasies.
JNDES-Le Coz.indd 5 05/01/10 16:35
6Médecine Clinique endocrinologie & diabète • n° 44, Janvier-Février 2010
Article
L’atrophie cutanée accentue le
vieillissement photo-induit : peau en
papier à cigarette, réseau veineux visible,
ecchymoses spontanées ou au moindre
traumatisme (purpura de Bateman),
cicatrices stellaires blanchâtres
(Figure 1). Elle s’accompagne de retards
de cicatrisation. Les vergetures sont
souvent impressionnantes : pourpres,
larges et profondes, sur l’abdomen, les
seins et la racine des membres (Figure 2).
L’acné touche principalement le
tronc : les lésions sont monomorphes,
inflammatoires sans comédons, papulo-
pustuleuses.
Les femmes souffrent d’hirsutisme
facial, parfois d’alopécie androgénique
et d’hypertrophie clitoridienne et les
hommes se plaignent d’impuissance.
Une mélanodermie rappelant celle
des addisoniens (par hypersécrétion
de proopiomélanocortine en cas d’at-
teinte pituitaire), un acanthosis nigri-
cans peuvent apparaître. Les infections
cutanées fongiques, à levures et derma-
tophytes, sont plus fréquentes.
Signes extra-cutanés
Hypertension artérielle, asthénie,
insomnie, troubles psychiques avec
dépression, faiblesse musculaire par
amyotrophie, tassements vertébraux par
ostéoporose.
Diagnostic
Hypokaliémie, hyperglycémie et
élévation de la cortisolurie des 24 heures,
test de freination à la dexaméthasone.
Traitement
Le traitement étiologique ne permet
qu’une régression lente et partielle des
symptômes cutanés ; l’acné disparaît,
les vergetures pâlissent mais persistent,
l’atrophie cutanée est longue à s’atténuer.
Maladie d’Addison [1, 3, 10, 11]
Elle associe une mélanodermie et les
signes généraux d’insuffisance en gluco-
corticoïdes et minéralocorticoïdes.
Signes cutanés
La mélanodermie, de couleur brun-
rouge ou gris-brunâtre, bronzée, prédo-
mine aux zones normalement les plus
colorées : zones découvertes, plis de
flexion, régions génitales et mamelons,
cicatrices anciennes, surfaces soumises à
la friction ou irritées. Une mélanonychie
en bandes est possible. Les pigmenta-
tions muqueuses affectent joues, lèvres,
langue, gencives et palais. Les cheveux
peuvent foncer, de même que les naevus
anciens ; l’apparition de nouveaux naevus
est possible. Cette pigmentation exagérée
résulte d’une stimulation du fonctionne-
ment mélanocytaire par l’ACTH synthéti-
sée en excès par l’hypophyse en réponse à
l’insuffisance surrénalienne périphérique.
Chez la femme, la privation en
androgènes, dont les surrénales sont les
principales pourvoyeuses, entraîne une
dépilation axillaire et pubienne. Un
vitiligo oriente vers une origine auto-
immune comme dans les polyendocri-
nopathies de type 1 ou 2.
Signes extra-cutanés
Ils associent asthénie croissante
dans la journée, hypotension orthosta-
tique, déshydratation et amaigrissement
par anorexie, instabilité émotionnelle,
douleurs abdominales, douleurs muscu-
laires ou articulaires, aménorrhée.
Diagnostic
On observe une tendance à l’hypo-
natrémie (avec natriurèse élevée) et à
l’hyperkaliémie, une anémie, lympho-
cytose, hypoglycémie, faible réponse au
test au Synacthène, élévation de l’’ACTH
plasmatique en cas d’atteinte périphé-
rique, abaissement des taux de gluco et
minéralo-corticoïdes.
Traitement
Le traitement substitutif fait dispa-
raitre plus ou moins rapidement la méla-
nodermie, qui persiste sur les cicatrices.
Phéochromocytome
La triade classique associe céphalées,
sueurs et palpitation. Ces crises, liées à
la décharge de catécholamines, survien-
nent chez un sujet brutalement pâle,
victime d’une poussée hypertensive.
Le phéochromocytome peut être
associé à une affection génétique :
neurofibromatose de type I (maladie de
von Recklinghausen), maladie de von
Hippel-Lindau (angiomatose rétinienne),
néoplasie endocrinienne multiple de
type 2, le syndrome phéochromocytome-
paragangliome. Le diagnostic est fait par
la mise en évidence de l’élévation des
catécholamines urinaires.
Maladies hypophysaires
[1, 12, 13]
Touchant avec plus ou moins d’in-
tensité les sécrétions antéhypophysaires
stimulant les fonctions gonadiques (FSH,
LH), surrénaliennes (ACTH) et thyroï-
diennes (TSH), ainsi que les productions
d’hormone de croissance (GH), de prolac-
tine, elles induisent divers signes cutanés.
Insuffisance hypophysaire
L’insuffisance hypophysaire peut être
partielle ou globale. Les signes cutanés
concernent pigmentation, structures
dermo-épidermiques et fonction pilo-
sébacée.
La pâleur cutanéo-muqueuse est en
rapport avec l’anémie et l’hypoméla-
nose par baisse de la pigmentation cuta-
née (baisse de la sécrétion d’ACTH),
plus visible sur les zones normalement
Figure 2. Vergetures pourpres, larges et
profondes devant faire rechercher un syndrome de
Cushing, ici iatrogène.
Figure 1. Conséquences cutanées d’un excès de
glucocorticoïdes (ici par application itérative durant
plusieurs mois), avec atrophie cutanée, purpura
ecchymotique de Bateman, cicatrices stellaires et
hypertrichose.
JNDES-Le Coz.indd 6 05/01/10 16:35
Médecine Clinique endocrinologie & diabète • n° 44, Janvier-Février 2010 7
pigmentées. Le sujet devient sensible
au soleil, ne bronze plus ou peu. La
peau s’atrophie, devient sèche et squa-
meuse. Les cheveux sont fins et rêches,
les ongles cassant et poussant peu. La
carence en androgène fait perdre la pilo-
sité axillaire puis pubienne.
Le malade décrit asthénie et frilosité,
avec baisse de la libido chez la femme
ou impuissance chez l’homme.
Adénome à prolactine
Le syndrome aménorrhée-galactor-
rhée affecte la femme. Il peut s’associer à
une obésité, un hirsutisme, une hypersé-
borrhée. L’homme souffrira de galactor-
rhée avec gynécomastie et signes d’hypo-
gonadisme (fatigue, impuissance).
Acromégalie et gigantisme
Signes cutanés
Le syndrome dysmorphique de l’acro-
mégalie apparaît très progressivement.
Il est dû à l’hypertrophie osseuse et à
celle des parties molles (peau, tissu sous-
cutané et viscères). On note une accu-
mulation de glycosaminoglycanes et une
hyperplasie épidermique et annexielle,
en réponse à l’hypersécrétion d’hor-
mone de croissance et celle, consécutive,
d’IGF-1. Le visage est infiltré, avec proé-
minence des arcades sourcilières, empâ-
tement et protrusion des lèvres, du nez,
des oreilles larges et triangulaires, front
plissé, aspect de cutis verticis gyrata du
cuir chevelu, prognathisme. Le sujet voit
s’épaissir mains et pied, les doigts appa-
raissant courts et boudinés, avec des
ongles épais. Hyperséborrhée, pores dila-
tés, hyperidrose sont habituelles. On peut
observer une hypertrichose, des mollus-
cum pendulum multiples, une mélano-
dermie diffuse ou un acanthosis nigri-
cans. Un syndrome du canal carpien est
fréquent.
Signes extra cutanés
L’organomégalie touche la langue
avec macroglossie, ainsi que les viscères.
Les troubles visuels par compression
surviennent en cas de tumeur hypophy-
saire. Le gigantisme touchera l’enfant
dont les épiphyses osseuses ne se sont
pas soudées.
Diagnostic
Elévation de la GH (souvent de la
prolactine) et de l’IGF-1 ; ceci concerne
les concentrations basales et lors de l’hy-
perglycémie provoquée par voie orale.
Les polyendocrinopathies
[1, 3, 14, 15]
Plusieurs atteintes du système endo-
crinien peuvent affecter le même sujet
Les polyendocrinopathies
auto-immunes
Elles associent au moins deux endo-
crinopathies auito-immunes.
Le rare type 1 est encore dénommé
APECED (autoimmune-poly-endocrinopa-
thy-candidiasis-ectodemal-dystrophy), asso-
cie une candidose cutanéo-muqueuse
dès la petite enfance, une hypopara-
thyroïdie puis une maladie d’Addison.
Diabète insulino-dépendant, hypogona-
disme, maladie thyroïdienne, pelade et
vitiligo, hépatite autoimmune, dyspla-
sie ectodermique (altérations dentaires et
unguéales) peuvent compléter le tableau
clinique. L’atteinte est autosomique
récessive, liée à des mutations du gène
AIRE situé en sur le chromosome 21q22.3
et contrôlant l’auto-immunité.
Le type 2 concerne plus souvent la
femme, associant souvent un diabète de
type 1, une maladie d’Addison et/ou une
thyroïdite auto-immune.
Le syndrome POEMS
L’acronyme (Polyneuropathy,
Organomegaly, Endocrinopathy, Monoclonal
protein, Skin changes) désigne un syndrome
associé à une dyscrasie plasmocytaire
(plasmocytome ou myélome). Les signes
cutanés associent hyperpigmentation
diffuse ou des extrémités, état sclérodermi-
forme, hypertrichose, atrophie des boules
graisseuses de Bichat, angiomes cutanés
tubéreux gloméruloïdes en histologie,
d’apparition brutale et leuconychies.
Les néoplasies endocriniennes
multiples
Ces syndromes malformatifs
complexes très rares se définissent par
la présence de tumeurs d’au moins deux
glandes endocrines. Les signes cutanés
concernent :
– Le syndrome de Gorlin (NEM2B) :
phéochromocytome, carcinome
médullaire de la thyroïde et neuromes
multiples
Le syndrome de Wermer ou NEM1 :
il associe adénome ou hyperplasie des
parathyroïdes, adénome antéhypophy-
saire, hyperplasie ou tumeur du pancréas
endocrine et parfois atteinte cortico-
surrénale. Les manifestations cutanées
sont des angiofibromes, des collagé-
nomes, des macules hypopigmentées,
des lipomes, des papules des gencives
Le syndrome de Carney avec
myxomes cardiaques et (sous-)cutanés,
lésions pigmentées (naevus, lentigos) et
troubles endocriniens (surrénale, testi-
cules, hypophyse)
Le diabète [3, 16, 17, 18]
Le diabète compliqué s’accompagne
d’altérations des fonctions vasculaires,
oculaires, rénales et neurologiques. Sur
la peau, la microangiopathie diabétique
et la macroangiopathie, la neuropathie
et d’autres altérations comme la glycosy-
lation du collagène ou des éléments figu-
rés du sang se combinent dans la physio-
pathologie d’affections diverses.
Manifestations vasculaires
Ont été décrites diverses situations
pouvant relever de la microangiopathie.
Le pseudo-érysipèle réalise un érythème
bien limité des pieds et des jambes. La
rubéose diabétique se manifeste par
une rougeur ou une roseur de la face.
L’érythème palmo-plantaire peut être
associé à la rubéose faciale.
La macroangiopathie est responsable
d’athérome avec artérite des membres
inférieurs, gangrènes des orteils et risque
majeur d’amputation.
Infections cutanées
Elles sont plus fréquentes chez les
diabétiques, favorisées par le défaut
d’oxygénation tissulaire, l’altération
des fonctions de polynucléaires neutro-
philes.
JNDES-Le Coz.indd 7 05/01/10 16:35
8Médecine Clinique endocrinologie & diabète • n° 44, Janvier-Février 2010
Article
Streptococcies et staphylococcies
sont fréquentes, pouvant conduire à la
formation d’abcès d’évolution torpide.
Les infections à Peudomonas aeruginosa,
ou à germes anaérobies peuvent avoir un
proniostic catastrophique.
Les candidoses cutanées et
muqueuses sont plus fréquentes en cas
d’obésité (candidose buccale, interdi-
gitale, atteinte des plis, balanite avec
phimosis chez l’homme), récidivant
en cas de déséquilibre du diabète. Elles
occasionnent un érythème rouge vif,
prurigineux, accompagné de pustules
avec une collerette desquamative péri-
phérique en cas d’atteinte cutanée.
Les dermatophytoses des pieds (inter-
trigo et onyxis) sont des portes d’entrées
pour les infections bactériennes potentiel-
lement graves (érysipèle, cellulite).
Manifestations cutanées variées
Nécrobiose lipoïdique
Quoique rare chez le diabétique
(environ 1%), elle est classiquement
évocatrice de cette affection. Il s’agit
de placards pré-tibiaux ovalaires à
grand axe vertical, d’évolution sclé-
roatrophique. Les bords polycycliques
sont nets, surélevés, télangiectasiques,
alors que le centre cicatriciel est lisse et
brillant, souvent jaunâtre.
Etats scléreux et sclérodermiformes
La sclérose des extrémités digitales et
des mains, s’accompagne parfois d’un
enraidissement articulaire avec tendi-
nopathie et impossibilité d’extension
totale des mains. La forme cutanéo-arti-
culaire affecte surtout les diabètes de
type 1 mal contrôlés.
Le sclérœdème diabétique infiltre
initialement en pèlerine la peau de
la partie haute du tronc et du cou des
diabétiques de type 2. Il peut se géné-
raliser mais habituellement sans consé-
quence grave. Sa physiopathologie est
mal connue.
Bullose des diabétiques
Il s’agit de bulles non inflammatoires,
apparaissant en cas de diabète compliqué.
Elles surviennent préférentiellement aux
zones traumatisées (mains, pieds, jambes
et avant-bras) et cicatrisent en quelques
jours ou semaines.
Dermopathie diabétique
Ce sont de petites lésions infra-
centimétriques des crêtes tibiales ou des
avant-bras, initialement papuleuses,
devenant atrophiques et pigmentées.
Peu spécifiques, plus fréquentes chez
l’homme, elles semblent induites par
les microtraumatismes.
Vitiligo
Il est plus fréquent chez les diabé-
tiques, en faveur (mais non systémati-
quement) d’une origine autoimmune du
diabète.
Xanthomes éruptifs
Ce sont des papules rouges, jaunâtres
ou brunes. Ils apparaissent brutalement
sur les fesses et les cuisses en cas d’hy-
perlipémie portant sur les triglycérides.
Molluscum pendulums
Ces lésions pédiculées apparaissent
dans les régions axillaires, cervicales,
inguinales et aux paupières. Ils semblent
plus fréquents chez les diabétiques obèses.
Acanthosis nigricans
Il s’agit d’un épaississement
pigmenté des plis de flexion : cou, plis
axillaires, inguinaux. Il traduit une
insulinorésistance, et s’associe le plus
fréquemment à une surcharge pondé-
rale. Le mécanisme résulterait d’une
fixation de l’insuline sur les récepteurs
des facteurs de croissance kératinocy-
taires et fibroblastiques.
Le pied diabétique
C’est l’une des plus graves consé-
quences du diabète compliqué. En
raison de l’amyotrophie, de la raideur
articulaire, et de l’hypoesthésie profonde
le diabétique est exposé à des troubles de
la statique du pied, responsable de l’ap-
parition de callosités. Durillons et cors,
indolores en cas de neuropathie, sont
responsables de complications qui, sous
l’effet de l’artériopathie et des altéra-
tions des fonctions des polynucléaires
neutrophiles, peuvent conduire à l’am-
putation : décollement cutané sous les
durillons et infarcissement de durillons,
apparition de mal performant plantaire,
surinfections cutanées, sous-cutanées
avec gangrène, osseuses avec ostéomyé-
lite, tendineuses et articulaires.
Outre l’équilibre du diabète, les soins
locaux (chaussage convenable, lavage et
séchage des pieds, traitement des infec-
tions) et de pédicurie sont indispen-
sables. Les consultations spécialisées dans
le traitement du pied diabétique (colla-
boration dermatologue-endocrinologue-
chirurgien orthopédiste) sont utiles.
Bibliographie
1. Graham RM et al, In : Rook’s Textbook of Dermatology,
Burns T, Breathnach S, Cox N, Griffiths C Editors,
Blackwell , Oxford, 2007, p 59.1
2. Burman KD, McKinley-Grant L, Dermatol Clin 2006 ;
24 : 247.
3. Francès C , In : Dermatologie et infections sexuelle-
ment transmissibles, Saurat JH, Lachapelle JM, Lipsker D,
Thomas L, Editeurs, Elsevier Masson, Paris, 2009, p. 943.
4. Scrivener Y et al , Ann Dermatol Venereol 2002 ; 129 : 221.
5. Georgala S et al, J Eur Acad Dermatol Venereol 2002 ;
16 : 380.
6. Wortsman J et al, Arch Dermatol 1981 ; 117 : 635.
7. Schmutz JL et al, Ann Dermatol Venereol 1987 ; 114 :
901.
8. Shibli-Rahhal A et al, Clin Dermatol 2006 ; 24 : 260.
9. Coureau B et al, Ann Pharmacother 2008 ; 42: 1903.
10. Nieman LK, Chanco Turner ML, Dermatol Clin 2006 ;
24 : 276.
11. Burk CJ et al, Pediatr Dermatol 2008 ; 25: 215.
12. Geiler JL, Braunstein GD, Dermatol Clin 2006 ; 24 : 266.
13. Ben Shlomo A, Melmed S, Dermatol Clin 2006 ; 24 :
256.
14. Lankisch TO et al, Semin Liver Dis 2009 ; 29 : 307.
15. Phillips JA, J Am Acad Dermatol 2006 ; 55 : 149.
16. Weisman K, In : Rook’s Textbook of Dermatology, Burns
T, Breathnach S, Cox N, Griffiths C Editors, Blackwell
publishing, 2007, p 57.106
17. Ahmed I, Goldstein B, Dermatol Clin 2006 ; 24 : 237.
18. Ferreira-Maldent N et al, Ann Dermatol Venereol 2005 ;
132 : 797.
Nieman LK et al, Dermatol Clin 2006 ; 24 : 276
.
Figure 3. Les onychomycoses à dermatophytes
constituent des portes d’entrée infectieuses et
doivent être traitées
JNDES-Le Coz.indd 8 05/01/10 16:35
1 / 5 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !