Éditorial Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?* N. Leveziel (Service d’ophtalmologie, CHU de Poitiers ; rédacteur en chef d’Images en Ophtalmologie) C ette allitération, que l’on doit à Racine, pourrait viser les myopes forts, tant les complications rétiniennes semblent nombreuses, parfois soudaines, souvent inattendues pour le patient. Pourtant, le myope fort ne se plaint guère, ou, s’il se plaint, c’est lorsque la baisse visuelle devient trop importante et assurément une entrave au quotidien. Le myope fort fait bien souvent acte de résilience, apprend à vivre avec sa malvoyance dans une société qui rejette facilement le handicap hors de ses frontières, un peu comme les léproseries du Moyen Âge, qui étaient souvent localisées en dehors des bassins de vie, à l’abord des villes ou des villages. La différence, finalement, est qu’à l’époque on ne voulait pas voir ou croiser les lépreux, qui se signalaient par la crécelle, alors que notre société d’aujourd’hui ne veut pas entendre les myopes forts. Pourtant, la myopie forte est assurément un mal avec lequel il faudra compter dans ce millénaire, sans doute avec le diabète, si on s’en tient aux études épidémiologiques qui évoquent une vague épidémique. En effet, l’augmentation de la prévalence de la myopie parmi les jeunes était déjà rapportée chez les Inuits en 1975, et, depuis peu, la maculopathie myopique est devenue la première cause de malvoyance en Chine et à Taïwan après la cataracte, devant la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Le spectre des complications maculaires de la myopie forte se décline en un large éventail, allant des différents degrés d’atrophie choriorétinienne aux complications néovasculaires et ruptures de la membrane de Bruch, pour les principales complications médicales, aux anomalies de l’interface vitréomaculaire (tractions, membranes, rétinoschisis et trou maculaire), pour les complications chirurgicales. Dans ce contexte, il m’a semblé utile de créer, il y a quelques années, avec l’aide de patients myopes forts, l’asso ciation Maculopathie myopique (association de patients loi 1901), dotée d’un comité scientifique, afin d’informer davantage les myopes forts sur leur maladie. Cette démarche semble toujours largement justifiée, puisqu’une étude portant en partie sur les membres de l’association, présentée lors du congrès de la Société française d’ophtalmologie (SFO) et de l’Association for Research in Vision and Ophthalmology (ARVO) cette année, a permis de montrer que les myopes forts souhaitent majoritairement être davantage informés des complications potentielles de la myopie forte. Il me paraît également aujourd’hui utile de proposer, dans ce numéro spécial rétine, un panel imagé des complications observées au cours de la myopie forte qui puisse servir de support à des explications fournies à vos patients souffrant de myopie forte. J’en profite d’ailleurs pour remercier le Dr Y. Le Mer et le Dr M. Boissonnot pour sa participation active à ce projet. Dans ce numéro spécial seront également présentés des cas cliniques variés. Je remercie enfin l’ensemble des contributeurs pour leur collaboration à ce numéro. II * Andromaque (acte V, scène 5), Racine. La maculopathie myopique AMAM – Service d’ophtalmologie du centre hospitalier universitaire de Poitiers – 2, rue de la Milétrie – BP 577 – 86021 Poitiers Cedex Tél. : 09 50 78 77 14 – Web : www.amam-chic.fr – E-mail : [email protected] Té AVIS AUX LECTEURS Les revues Edimark sont publiées en toute indépendance et sous l’unique et entière responsabilité du directeur de la publication et du rédacteur en chef. Le comité de rédaction est composé d’une dizaine de praticiens (chercheurs, hospitaliers, universitaires et libéraux), installés partout en France, qui représentent, dans leur diversité (lieu et mode d’exercice, domaine de prédilection, âge, etc.), la pluralité de la discipline. L’équipe se réunit 2 ou 3 fois par an pour débattre des sujets et des auteurs à publier. La qualité des textes est garantie par la sollicitation systématique d’une relecture scientifique en double insu, l’implication d’un service de rédaction/révision in situ et la validation des épreuves par les auteurs et les rédacteurs en chef. Notre publication répond aux critères d’exigence de la presse : · accréditation par la CPPAP (Commission paritaire des publications et agences de presse) réservée aux revues sur abonnement, · adhésion au SPEPS (Syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé), · indexation dans la base de données INIST-CNRS, · déclaration publique des liens d’intérêts demandée à nos auteurs, · identification claire et transparente des espaces publicitaires et des publirédactionnels en marge des articles scientifiques.