Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle GenèveGland-Saint Cergue). 186 504 exemplaires certifiés REMP/FRP. Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick Gravante Maquette: Imagic Sàrl Carouge, Daniel Hostettler, Sophie Hostettler Flashage et impression: Courvoisier-Attinger Arts Graphiques SA Distribution: Epsilon SA 13 juin 2011 – No 502 © Plurality Presse S.A., 2011 Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected] www.toutemploi.ch La myopie des banquiers vue par un ophtalmo Le Salon de la voyance et le Congrès d’ophtalmo se sont tenus dans notre ville à peu de temps l’un de l’autre. Belle occasion d’examiner la bonne ou mauvaise vue de certains métiers: un médecin a consacré tout son exposé à la myopie des banquiers. G rosse surprise face au journaliste, au guichet du Congrès européen d’ophtalmologie à Palexpo: en quoi cette spécialité médicale peut-elle intéresser le grand public? Pourtant, ça saute aux yeux, et on ne dit pas sans raison «j'y tiens comme à ma prunelle»: de la myopie au glaucome… du strabisme à la cécité… il faut soigner ses yeux. Parfois à l'œil: Genève est un centre d’excellence en la matière, depuis qu’Adolphe de Rothschild le malvoyant a offert un hôpital ophtalmique à notre ville il y a un siècle et demi. Et quand le public ne va pas chez l’ophtalmologue, il fréquente l’opticien: entre ces deux métiers de la vue, celui de haute volée et celui des rues basses, le territoire est contesté, et des tâches réservées jusqu’ici au médecin sont toujours plus assurés par des optométristes, voire par des opticiens. Ce n’est pas une mauvaise chose pour le coût de la santé, si p o u r e n s av o i r p l u s Les yeux voient et sont vus: les cosmétiques L'Occitane ont donné un prix au congrès d'ophtalmologie. La famille Rothschild a longtemps couvert une part notable des dépenses sociales des villes qui l'hébergeaient, en particulier Francfort; à Genève, l'hôpital ophtalmique Rothschild est devenu Auberge de Jeunesse, dans la rue du même nom. Ce n'est donc pas eux que visait Carlo Bianchetti, l'orateur vedette de l'article. Gérard Le Roux a écrit «Fumée verte» sur le dollar et «Fumée rouge» sur le rouble. La vision a une grande valeur, mais une petite solidité: attention aux boules de neige dure dans les yeux! Voir aussi soe2011.org, swissglaucome.ch, glaucoma.ch, mises.org (sans www), bancspublics.ch, ldqr.org, et les articles «Iconoclasme» et «David Blunkett» sur Wikipedia, ainsi que les mots clefs «dinosaur auction». to ut on pense que la clinique d’ophtalmologie fait venir le patient une douzaine de fois, quand le contrôle gratuit à la Journée du glaucome se fait en deux minutes. Certes, pour les médecins, mieux vaut trop que trop peu d’examens, car le public est souvent aveugle face à ses taches... aveugles. Le glaucome se découvre souvent trop tard: «Faites-leur peur!», s’écria un professeur genevois au congrès, en parlant des patients insouciants. L’œil fixé sur le vide Pourtant, l’alarme la plus sonore du congrès fut sonnée par un expert suisse, dont le discours fut une longue métaphore sur... l’aveuglement de la finance. Ayant sa propre clinique, il est bien placé pour voir les liens entre la crise de sa trésorerie et les mutations de la médecine. Il pense que – comme décrit plus haut – l’opticien revu et corrigé par des formations complémentaires va mettre l’ophtalmologue au rancart. Mais il attribue l’étranglement financier des services de santé au grand mensonge de l’économie: l’émission sans frein de monnaie comme source illusoire de richesse. Adepte d’une économie alternative libérale, il croit que le papier-monnaie et les bons du trésor masquent une énorme inflation – 10% au lieu des 2% officiels – qui explique la montée de la pauvreté, et la hausse des actifs solides. On peut partager ou non les analyses de l’orateur et de l’école de pensée économique dont il s’inspire (voir annexe), mais une chose ne peut être niée: les banques (y compris les l’ e m p lo i & for matio n • n o 502 • 13 j u i n banques nationales) changent la pierre et l'or en papier autant que l'inverse, faisant de la croissance une opération blanche. Les excès de la finance privée ne sont d'ailleurs que la pointe émergée du problème, car de tous les jeux de l’avion, le plus grand est le budget public. Cette métaphore ophtalmologique sur la crise financière est certes tirée par les cheveux: cécité des banquiers, illusions d’optique des statistiques, et poudre aux yeux des finances publiques. Pourtant, elle vient à point nommé: qu’un ophtalmologue risque sa réputation sur ce parallèle audacieux montre combien la situation économique est désespérée. Le trésor et la carte Et s’il fallait encore une preuve que la finance est chose trop sérieuse pour être laissée aux financiers, on la trouverait par l’absurde au Salon de la voyance, qui s’est tenu le mois précédent, aussi à Palexpo: un voyant a dû annuler sa conférence au dernier moment, pour cause de maladie. Si un voyant ne peut prévoir sa maladie, un financier peut-il gérer le trésor? Il a en tout cas un avantage sur le voyant, et même sur le prophète: l'erreur du voyant se voit tôt ou tard, et Dieu est par nature celui qu'on ne voit pas. Mais si le chiffre sur une pièce est visible, il est son propre étalon: une thune vaut cinq francs, mais que vaut un franc? Pas étonnant que, de nos jours, un os de dinosaure pèse plus que de l'or... même s'il est encore caché à mille pieds sous terre. n Boris Engelson 2011