
[1] La loi 2008.1330 du 17 décembre 2008 de financement de la sécurité sociale pour 2009
(article 64) prévoyait la conduite d’expérimentations relatives aux dépenses de médicaments et à
leur prise en charge financière sur le budget des établissements accueillant des personnes âgées ne
disposant pas de pharmacie à usage intérieur.
[2] La première phase de l’expérimentation a débuté le premier décembre 2009.La complexité
de l’expérimentation et de ses modalités de suivi, l’impossibilité constatée de disposer de
l’ensemble des données nécessaires n’ont pas permis de réunir les éléments suffisants pour préparer
la généralisation de cette mesure dès 2011, comme l’avait prévue la loi de financement de la
sécurité sociale pour 2009.
[3] Une mission d’évaluation de l’IGAS, confiée à Pierre Naves et Muriel Dahan, (Rapport
d’évaluation de l’expérimentation de réintégration des médicaments dans les forfaits soins des
EHPAD sans pharmacie à usage intérieur, septembre 2010) concluait au caractère peu opportun
d’une généralisation, à l’interruption de l’expérimentation, et formulait une série de propositions
alternatives à la généralisation d’un processus d’intégration du médicament dans les dotations
soins. Elle s’appuyait notamment sur des constats relatifs aux lacunes du système d’information
sur les prescriptions, aux difficultés de calibrage des dotations nécessaires, à l’inexistence d’une
« liste en sus » permettant de rembourser hors dotation soins des médicaments afférents à des
thérapies complexes et particulièrement coûteuses, à l’existence d’un surcoût pour l’assurance
maladie lié à la prise en charge à 100 % par les établissements expérimentateurs des médicaments
remboursables. Elle pointait par ailleurs des risques éventuels de biais dans l’admission des
résidents, de goulets d’étranglement dans la gestion de dotations limitatives, en regard de thérapies
couteuses, de déstabilisation des pharmacies d’officine, notamment en milieu rural.
[4] L’impossibilité à l’époque de disposer de données quantitatives comparatives entre les
établissements expérimentateurs et les autres EHPAD avait conduit le Parlement à voter la
prolongation de l’expérience en reportant le terme de l’expérimentation au premier janvier 2013
(article 82 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2011) Il est à noter que les difficultés
relatives aux lacunes du système d’information, notamment en matière de dépense de
médicaments pour les résidents en EHPAD hors expérimentation, se sont fortement atténuées
depuis 2010 et que la CNAMTS dispose aujourd’hui des moyens de connaître les prescriptions de
médicaments aux résidents de ces établissements.
[5] C’est dans ce contexte que les ministres en charge de la cohésion sociale, de la santé et du
budget ont demandé à l’IGAS une mission d’appui au pilotage d’une seconde phase de
l’expérimentation, après plusieurs mois de déshérence, avec des modalités de suivi qui devaient
être nettement allégées.
[6] Conformément à la lettre de mission, jointe au présent rapport, l’IGAS, avec le concours
de la CNAMTS et des administrations et institutions concernées, a piloté trois types d’études qui
seront présentées de façon plus détaillée dans le corps du rapport, et dont les principaux résultats
figurent en annexe :
- l’exploitation par la Direction de la sécurité sociale (DSS) d’un questionnaire adressé
aux établissements expérimentateurs, centré sur les prescriptions et notamment sur un
certain nombre de molécules identifiées comme sensibles, selon des modalités
nettement simplifiées par rapport aux questionnements de la première phase
d’expérimentation, qui s’étaient avérés inexploitables ;
- Le recueil automatique, par la Caisse nationale d’Assurance maladie des travailleurs
salariés (CNAMTS) de données aussi comparables que possible aux précédentes, sur
un échantillon miroir d’établissements non expérimentateurs ne disposant pas d’une
pharmacie à usage interieur (PUI) ;