C ancer de la prostate
Cancer de la prostate
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006
chez les patients à risque élevé de récidive, mais les reculs sont
encore limités. Les données de B.S. Teh (28), même si elles sont
non contrôlées et concernent un effectif limité, suggèrent que le
bénéfice se maintient à long terme. Les rémissions biologiques
étaient de 90,9 % à 5 ans et 10 ans pour les 44 patients traités
par radiothérapie (60 Gy sur la loge prostatique sans irradiation
des aires ganglionnaires) versus respectivement 66,4 % et 54,5 %
(p = 0,0012) pour les 189 patients du groupe témoin.
Radiothérapie de rattrapage lors de la progression biologique.
Création d’un système de score pronostique
L’équipe de la Mayo Clinic (29) a développé et testé, à partir d’une
étude multivariée de 368 patients traités par radiothérapie pour
une récidive biologique isolée, un système de score pronostique
fondé sur le stade pathologique ≤ pT3a et pT3b (atteinte des vési-
cules séminales, p = 0,029), le score pathologique de Gleason ≤ 7
ou ≥ 8 (p < 0,001) et le taux de PSA préradiothérapie (p < 0,001).
Ces facteurs étant cotés de 0 à 2 et additionnés, quatre différents
groupes ont été créés, le taux de rémission biologique étant de
69 % pour un score 0, de 53 % pour un score 1, de 26 % pour
un score 3, et de 6 % pour des scores 4-5.
Nomogramme de prédiction du risque de récidive de la radio-
thérapie de rattrapage
La radiothérapie de sauvetage après prostatectomie peut être
curatrice. À partir des données de 1540 patients traités entre
1987 et 2005 (suivi médian de 53 mois) par une radiothérapie de
sauvetage pour progression biologique (PSA > 0,2 ng/ml) après
prostatectomie, sans hormonothérapie associée, A.J. Stephenson
et al. (30) ont validé un nomogramme de prédiction de récidive
(index de concordance = 0,68). Une rechute est survenue dans
866 cas ; les probabilités de non-progression à 5 et 10 ans étaient
respectivement de 38 % (IC95 : 35-40) et de 19 % (IC95 : 15-23).
Les variables significatives du nomogramme étaient : le taux de
PSA préopératoire (p < 0,001), le score de Gleason sur la pièce
de prostatectomie (p < 0,001), une hormonothérapie néoad-
juvante (p < 0,001), des marges négatives (p < 0,04), le taux de
PSA lors de la rechute (p < 0,01), le TD du PSA (p = 0,029) et
l’atteinte ganglionnaire (p = 0,034). Comparé aux autres modèles
rapportés (Freedland, JAMA 2005 ; Pound, JAMA 1999), il offre
les données prédictives les plus robustes. C’est le premier nomo-
gramme développé pour une thérapeutique de rattrapage.
Prostatectomie de rattrapage. Qualité de vie et contrôle à
long terme
K.M. Sanderson et al. (31) ont rapporté l’expérience califor-
nienne de 51 patients traités en 20 ans par prostatectomie de
sauvetage après radiothérapie. À cinq ans, 47 % des patients
étaient non progressifs sans hormonothérapie (100 % des pT2,
35 % des pT3 N0, mais 0 % des pTX N+, p < 0,01). Un taux de
PSA ≤ 5 ng/ml était prédictif d’une tumeur confinée à la prostate
et fortement corrélé à la survie sans progression et à la survie
globale (respectivement p < 0,001 et p < 0,01).
Les auteurs ont conclu qu’une prostatectomie de rattrapage,
à condition d’être réalisée tôt, peut permettre un excellent
contrôle sans nécessité d’hormonothérapie. L’implantation
d’un sphincter artificiel ou d’une prothèse pénienne peut
améliorer la qualité de vie.
Ecacité du tadalal (Cialis
®
) dans le traitement des troubles
érectiles après radiothérapie 3D
Les résultats d’un essai randomisé, en double aveugle versus
placebo, avec cross-over, durant 12 semaines (32) ont été commu-
niqués. On aurait pu s’interroger sur la faisabilité d’une telle étude
et sur l’intérêt des patients à y participer (à moins de penser béné-
ficier gratuitement du produit…). Toujours est-il que ce projet
néerlandais a inclus 60 patients (âge moyen = 69 ans) sur 358 qui
avaient terminé leur radiothérapie depuis au moins un an et qui
avaient été contactés par e-mail… Ils recevaient à discrétion le
tadafénil à la dose de 20 mg ou un placebo, au moins une fois par
semaine et pas plus d’une fois par jour pendant 6 semaines, avec
un cross-over pour les 6 semaines suivantes. Les données collec-
tées utilisant les questionnaires SEP (Sexual Encounter Profile)
et IIEF (International Index of Erectile Function) ont montré une
amélioration de la fonction érectile dans 67 % des cas (20 % pour
le placebo) et des possibilités de pénétration dans 48 % des cas
(9 % avec le placebo) [p < 0,0001] avec une bonne tolérance.
Carcinomes urothéliaux après radiothérapie externe
Les carcinomes urothéliaux survenant après radiothérapie d’un
cancer de la prostate sont souvent de haut grade. La majorité des
patients présente une progression justifiant une cystectomie,
comme l’a confirmé une étude rétrospective californienne (33).
Il faut aussi relever une incidence élevée de tumeurs urothéliales
de type sarcomatoïde.
En 2005, K. Chrouser et al. (34) n’avaient pas retrouvé, dans leur
large étude (1743 patients, 4 cas), d’augmentation évidente du
risque de cancer de la vessie après radiothérapie externe de la
prostate. Néanmoins, D.J. Brenner et E.J. Hall (35) ont critiqué
cette conclusion, arguant de l’absence de puissance statistique
de cette dernière étude pour détecter une augmentation discrète
du risque qui a été montrée dans de grandes études fondées sur
des données de registre (SEER).
CURIETHÉRAPIE
Curiethérapie par implants permanents. Analyse à long terme
de données multi-institutionnelles dans les tumeurs T1 et T2
Afin d’évaluer les résultats à long terme en termes de progres-
sion biologique de la curiethérapie par implants permanents
et d’identifier les facteurs prédictifs de survie sans récidive des
tumeurs T1 et T2, M.J. Zelefsky et al. (36) ont colligé les données
de 2693 patients provenant de 11 institutions (1831 patients, soit
68 %, traités par I-125 avec une dose médiane de 144 Gy ; 862,
soit 32 %, traités par Pd-103 avec une dose médiane de 130 Gy).
Avec un suivi médian de 63 mois, les patients ayant avec l’I-125,
une dose délivrée à 90 % de la prostate (D90) > 130 Gy avaient
une survie sans récidive biologique à 8 ans de 93 %, versus 76 %
pour une D90 inférieure (p < 0,001). Les paramètres pronostiques
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