ALLEZ SAVOIR! / N°31 FÉVRIER 200556
MÉDECINE
Faut-il avoir peur de la menace bioterroriste?
CHARBON
(ANTHRAX)
La bactérie Bacillus anthracis vit
dans le sol sous forme de spores
qui, après avoir pénétré dans un
organisme animal (mouton et
cheval notamment) ou humain,
libèrent des bacilles toxiques.
Protégés par une coque rigide,
ces spores sont extrêmement
stables: ils résistent aux rayons
ultraviolets, à la chaleur et aux
désinfectants usuels.
Une personne infectée après
avoir inhalé des spores développe
la maladie du charbon pulmo-
naire, aussi appelée «maladie des
trieurs de laine». Après une incu-
bation de deux à quatre jours, le
malade présente d’abord des
symptômes ressemblant à ceux
d’une forte grippe puis il souffre
d’oppression respiratoire et de
grosseurs sombres sur la poitrine
et le cou. La maladie n’est pas
contagieuse, mais sa mortalité
est très élevée.
Il est relativement aisé de se pro-
curer la bactérie: quelque 1500
laboratoires dans le monde en
possèdent une ou plusieurs
souches. Le charbon est facile à
cultiver, mais plus difficile à
conditionner, surtout sous sa
forme lyophilisée qui permet une
dispersion massive.
Huit agents biologiques dangereux
BOTULISME
L’agent pathogène est constitué
par la toxine produite par la bac-
térie Clostridium botulinum. Il
reste intact pendant des
semaines dans l’eau ou la nour-
riture, mais il est détruit à haute
température.
La contamination peut se faire par
le biais de nourriture contaminée
- ce qui est rare - ou par inhala-
tion de toxines cristallisées. Elle
conduit au botulisme, maladie qui
se manifeste par une vision
brouillée, des difficultés à avaler,
une faiblesse puis une paralysie
musculaire. La maladie n’est pas
contagieuse mais l’ingestion de
quelques nanogrammes de
toxines suffisent à provoquer la
mort. Elle peut être traitée par des
antitoxines mais, faute de tests,
il est difficile d’identifier le botu-
lisme à temps.
On peut se procurer aisément la
bactérie dans le sol ou la nourri-
ture avariée. La toxine est facile
à produire en grandes quantités,
mais difficile à utiliser à des fins
militaires.
CHOLÉRA
Le Vibrio cholerae est une bacté-
rie produisant une toxine dange-
reuse, qui est très stable dans
l’eau.
On peut contracter le choléra
après avoir consommé de l’eau ou
de la nourriture contaminées.
Après une incubation de un à trois
jours, cette infection de l’intes-
tin grêle se traduit par des diar-
rhées fulgurantes, des vomisse-
ments et une déshydratation
générale. La maladie est conta-
gieuse, mais elle n’est pas mor-
telle à condition que l’on puisse
réhydrater le malade par voie
orale ou intraveineuse, et lui
administrer des antibiotiques. En
outre, il existe désormais un vac-
cin contre le choléra.
Le choléra étant très répandu
dans le monde - il est notamment
endémique dans les zones tropi-
cales humides de l’Afrique et de
l’Asie - il est facile de se procu-
rer la bactérie. Celle-ci se cultive
aisément. Mais il est plus diffi-
cile de l’utiliser dans les pays où
l’eau est contrôlée.
EBOLA
Extrêmement virulent, le virus
d’Ebola sévit notamment dans les
forêts africaines. Transmis par
des animaux dont on ignore la
nature, il provoque régulièrement
des épidémies chez les grands
singes et les antilopes notam-
ment. Ces derniers peuvent à leur
tour contaminer les êtres humains
par contact direct.
La maladie d’Ebola, très conta-
gieuse, se déclare après environ
une semaine d’incubation. Elle se
traduit par des symptômes grip-
paux, puis par des fièvres hémor-
ragiques qui, selon la nature de
la souche virale, sont mortelles
dans 70 ou 90% des cas. Des
médicaments et des vaccins sont
en cours d’étude et certains
paraissent prometteurs, mais il
n’existe actuellement aucun trai-
tement contre cette maladie.
La secte japonaise Aum a tenté
d’obtenir des virus d’Ebola. Mais
il est très difficile de se procurer
ces microorganismes et de les
conserver; leur manipulation est
en outre très dangereuse.
L’AGENT
EFFETS SUR L’ÊTRE HUMAIN
FACILITÉ D’ACCÈS ET DE DISSÉMINATION
ALLEZ SAVOIR! / N°31 FÉVRIER 2005 57
PESTE
La bactérie Yersinia pestis peut
subsister longtemps, mais elle est
détruite par la chaleur, les rayons
ultraviolets et les désinfectants.
La peste pulmonaire est habi-
tuellement transmise du rat à
l’être humain par l’intermédiaire
de piqûres de puces. L’URSS a
toutefois fabriqué des aérosols à
partir de ces bactéries. Après des
premiers symptômes compa-
rables à ceux de la grippe, la
maladie provoque des pneumo-
nies. Très contagieuse, la peste
pulmonaire peut être traitée à
l’aide d’antibiotiques, à condition
d’administrer ces derniers très
tôt. Si tel n’est pas le cas, la mor-
talité est élevée.
Il est avéré que la peste a été uti-
lisée par les Tatars lors du siège
de Kaffa en 1346 et par les Japo-
nais en Chine dans les années
1930-40. Aujourd’hui, il semble
très difficile d’obtenir un stock de
souches virulentes, mais lorsque
l’on en possède un, la bactérie est
facile à cultiver. Cependant, sa
dissémination n’est pas aisée.
SALMONELLE
L’entérobactérie Salmonella
enterica typhimurium est un
microbe instable qui se trouve
dans la nourriture avariée.
Contractée par ingestion de nour-
riture contaminée, la salmonel-
lose se traduit par des diarrhées
et des nausées soudaines, des
prostrations et de la fièvre. La
maladie n’est pas contagieuse et
elle est très rarement mortelle; la
plupart du temps, elle se guérit
spontanément.
Il est très facile de se procurer des
salmonelles et de les utiliser. Ces
entérobactéries ont été
employées en tant qu’armes bio-
logiques par les Etats-Unis avant
1970 et par l’Afrique du Sud. Elles
ont aussi déjà servi dans le cadre
d’une action bioterroriste: en
1984, la secte américaine du
temple de Waco a mis des
germes dans les salades et dans
les sauces servies par plusieurs
restaurants de l’Oregon.
TULARÉMIE
La bactérie Francisella tularensis
peut survivre pendant des mois
dans les cadavres d’animaux en
décomposition. Elle résiste au
froid mais elle peut être détruite
par la chaleur et par des désin-
fectants.
La tularémie s’attrape par inha-
lation ou ingestion de nourriture
ou d’eau contaminées, mais
aussi par contact avec un animal
infecté. Il suffit d’une centaine de
germes pour contracter cette
maladie, peu contagieuse, qui
provoque divers symptômes: fris-
sons, nausées, migraine et fièvres
pendant deux ou quatre
semaines. On dispose cependant
d’antibiotiques très efficaces
contre la tularémie, qui, si elle
n’est pas traitée, est mortelle
dans environ 30% des cas.
Selon certaines sources, les
Russes ont employé la bactérie
contre les Allemands avant la
bataille de Stalingrad, durant la
Seconde Guerre mondiale. Il est
cependant difficile d’acquérir
une souche virulente de la bac-
térie, qu’il est moyennement
facile d’utiliser.
VARIOLE
Le virus Variola major est très
stable, et il peut se propager à
toutes saisons et sous tous les cli-
mats.
La contamination peut se faire par
inhalation d’aérosols ou par
contact avec les secrétions d’un
malade. La variole provoque des
éruptions de lésions rouges qui se
transforment en pustule. On ne
connaît pas exactement sa conta-
giosité; on estime qu’un malade
infecté pourrait contaminer entre
trois à vingt personnes. Il existe
un vaccin très efficace contre la
variole, mais il présente des
effets secondaires.
En 1763, les Britanniques ont uti-
lisé des couvertures contaminées
avec du virus de la variole pour
décimer les Indiens d’Amérique.
Aujourd’hui, il est extrêmement
difficile de se procurer le microor-
ganisme. Depuis que la maladie
a été éradiquée, seuls deux labo-
ratoires - en Russie et aux Etats-
Unis - conservent des stocks de
virus. Mais nul ne sait si la grande
quantité de virus dont l’Union
soviétique disposait il y a quel-
ques années a bien été détruite
en totalité. E.Go.
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