
278 Volume 25, Issue 3, summer 2015 • CanadIan onCology nursIng Journal
reVue CanadIenne de soIns InfIrmIers en onCologIe
FEATURES/RUbRiqUES
retournaient chez elles chaque n de semaine pour être avec
leurs enfants et leur mari. Certaines d’entre elles prenaient
l’avion, tandis que d’autres conduisaient elles-mêmes sur des
trajets d’au moins trois heures rien qu’à l’aller. Trois des parti-
cipantes ont pu se faire accompagner par leurs enfants et leur
mari pour la durée du traitement.
Je me levais le lundi matin, je venais chaque n de semaine
et je me levais et sautais dans la voiture lundi matin pour
aller recevoir mes traitements en soirée toute seule. Puis je
recevais mon traitement le vendredi matin et je revenais pour
la n de semaine toute seule. Donc, je me déplaçais seule et
je restais seule.
Le maintien des routines familiales
Il est très important pour ces mères de maintenir le plus
possible les routines familiales, car cela procure un senti-
ment de normalité et de sécurité émotionnelle pour leurs
enfants et leur famille. Le maintien d’une vie de famille aussi
routinière que possible exigeait cependant des eorts consi-
dérables. Les traitements peuvent perturber les tentatives
de maintien d’une routine familiale. Les mères ayant reçu
un diagnostic de cancer planiaient leur vie de façon à ce
que leurs enfants puissent continuer de mener leurs activi-
tés habituelles. Elles luttaient contre la fatigue, se levaient et
aidaient leurs enfants à se préparer pour l’école, les accompa-
gnaient à des activités sportives, etc. « Je ne sais pas si Dieu
nous donne uniquement ce que nous pouvons endurer...
parce qu’il y avait des jours où je ne pensais pas que j’arri-
verais à me lever, et je me levais quand même, et je prenais
soin des enfants. »
Ces mères faisaient tous les eorts possibles pour s’assu-
rer que leurs enfants avaient ce dont ils avaient besoin. Pour
maintenir les routines familiales, les mères devaient conti-
nuer de jouer activement leur rôle maternel malgré le can-
cer. L’une des mères nous a expliqué que son mari et ses
parents à elle étaient très disposés à l’aider à prendre soin
des enfants et à garder la maison propre et ordonnée, mais
qu’elle voulait continuer de jouer son rôle de mère pendant
son traitement.
Lorsque j’étais capable d’être une mère, je voulais le faire par
moi-même. C’était important pour moi. Mon mari semblait
comprendre, mais mes parents trouvaient ça très dicile...
et ils disaient des choses comme « Écoute, tu peux t’asseoir,
nous allons remplir le lave-vaisselle ». Je leur disais qu’ils
pouvaient revenir dans trois semaines... Quelque part, je me
disais que je n’allais peut-être plus être là, donc je veux rem-
plir mon rôle de mère maintenant, je ne veux pas manquer
une minute avec mes enfants.
Bien qu’elles se sentaient malades, les mères disaient que
le fait de préparer le souper pour leur famille était une routine
importante pour elles, parce qu’elle faisait partie des soins aux
enfants et favorisait le temps passé en famille. Elles voyaient la
préparation du souper comme une façon d’aider leur mari, qui
était également le père des enfants. Les mères voulaient s’im-
pliquer dans les routines familiales parce que cela leur occu-
pait l’esprit et qu’il y avait moins de temps pour les pensées
intrusives.
Malgré la grande fatigue engendrée par les responsabili-
tés maternelles et le traitement, les mères étaient réticentes à
demander de l’aide.
Je suppose qu’un de mes dés était qu’il est parfois di-
cile de demander de l’aide... Je veux dire, elle [enfant] veut
mon attention tout le temps. Donc c’est dicile d’appe-
ler quelqu’un et de lui dire « Je ne vais pas bien, peux-tu
m’aider? ».
Les anniversaires, les jours fériés et les autres moments
spéciaux sont des aspects importants de la vie de famille.
Une des mères a expliqué qu’il était très important pour elle
de respecter son calendrier de traitements parce qu’elle plani-
ait la fête d’anniversaire de sa lle et ne voulait pas avoir une
séance de chimiothérapie ce jour-là. Une autre mère a expli-
qué les mesures qu’elle a prises pour s’assurer que ses enfants
avaient tout ce dont ils avaient besoin pour une activité de Noël
à l’école.
C’est comme, même pendant la période de Noël, la semaine
où j’étais à l’hôpital, ils ont organisé 12 jours de Noël
à l’école pour les deux plus jeunes, au primaire. Un jour
ils devaient porter du rouge et du blanc, puis ils devaient
porter un chapeau de Noël, et vous savez, tous les jours
il y avait une activité. Donc avant de rentrer à l’hôpital,
je m’assurais qu’ils avaient tout, surtout s’il y avait une
activité diérente ou quelque chose du genre. Et les gens
disaient, ton mari, il peut faire toutes ces choses-là, et je
répondais oui, c’est vrai, mais il travaille à temps plein, et
je suis à l’hôpital et nous avons trois enfants, et je veux faire
tout ce que je peux pour l’aider, surtout quand il y a des
activités comme ça tous les jours.
Trouver de nouvelles façons d’être proches
Le cancer suscite tout plein d’émotions. Il y a souvent un
certain sentimentalisme face au fait d’avoir une maladie pos-
siblement mortelle comme le cancer. L’intimité devient très
importante dans un moment aussi chargé émotionnellement.
Le fait de trouver de nouvelles façons de créer de l’intimité est
particulièrement important dans le contexte des traitements
en oncologie. Par exemple, la chirurgie pour le cancer du sein
implique normalement le port de drains chirurgicaux, par-
fois pendant des semaines après l’opération. La chirurgie elle-
même et/ou les drains peuvent empêcher la mère d’être aussi
proche, physiquement, de ses enfants qu’auparavant. Des
gestes comme caresser ou soulever ses enfants, ou encore leur
faire prendre un bain, peuvent devenir diciles. Les mères
décrivaient comment elles et leurs enfants devaient trouver
de nouvelles façons de créer de l’intimité et de manifester leur
aection. Les mères peuvent devoir enseigner à leurs enfants
à les embrasser diéremment (p.ex. sur le front) ou à les ser-
rer dans leurs bras plus doucement pendant que « le sein de
maman est brisé », comme le disaient certains enfants.
La chimiothérapie est souvent associée à des épisodes de
neutropénie. Lorsque les patients reçoivent ce genre de traite-
ment, leurs prestataires de soins oncologiques les avisent habi-
tuellement de prendre des précautions. Il se peut qu’on doive
rappeler aux jeunes enfants de se laver les mains et qu’on doive
les aider à le faire. Dans cette étude, bon nombre des mères