Le Courrier de la Transplantation - Volume VI - n
o 3 - juillet-août-septembre 2006
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Apostrophe
Place de l’inrmière d’essai clinique
en transplantation
Depuis ses débuts, le domaine de la
transplantation d’organe a été marqué par
une volonté d’évaluation scientique de
ses résultats, associée à une intense activité de re-
cherche. C’est la raison pour laquelle il s’agit d’une
des activités dont la pratique a été restreinte aux
centres hospitalo-universitaires (CHU) pour, dès le
début, appliquer l’activité clinique ou une activité
d’enseignement et de recherche.
Pendant de nombreuses années, cette activité de
recherche fut conduite exclusivement par les méde-
cins. Cependant, l’absence de normes et de formation
spécique a pu se révéler gênante. Des points majeurs
comme les exigences statistiques ou les bonnes pra-
tiques cliniques n’étaient pas pris en compte. Même
les aspects éthiques étaient laissés à l’appréciation
du médecin investigateur puisque les structures ad
hoc, comités d’éthique ou Comité consultatif de pro-
tection des personnes dans la recherche biomédicale
(CCPPRB), n’existaient pas encore.
En raison du développement des études et de l’ap-
parition de nouveaux acteurs (organes de contrôle,
industrie pharmaceutique, Agence du médicament…),
quelques services émergèrent et commencèrent à
appliquer au moins les principes scientiques à la
recherche clinique. Cette expérience fut menée spé-
ciquement dans le groupe de transplantation de
l’hôpital Necker dès 1977. En revanche, le caractère
éthique et justié de la recherche reposait encore sur
des règles propres à chaque groupe, et le consen-
tement écrit des participants n’était pas toujours
sollicité.
Toutefois, parallèlement, les exigences de la méde-
cine moderne et de l’enseignement ne laissèrent que
peu de temps à la recherche clinique bien menée.
De plus, il devint rapidement clair que la réussite
d’un protocole reposait sur une analyse détaillée
du surcroît de travail pour le personnel paramédi-
S. Lechaton*●
* Assistante de recherche clinique, hôpital Necker, 75015 Paris.
cal. Seule une implication de ce personnel à tou-
tes les étapes permettait de prendre en compte les
contraintes du développement de cette activité.
Une participation active et éclairée du personnel
paramédical, inrmier et de laboratoire était donc
nécessaire. Cette participation imposait à la fois une
formation des inrmières et un contrôle constant
du travail effectué par les médecins, les inrmières
et les laboratoires. La saisie des données dans les
cahiers de suivi des protocoles de recherche devait
être effectuée en temps réel, ce qui entraînait des
contraintes pas toujours compatibles avec les autres
activités des médecins.
La charge de travail devait donc être réorganisée.
Les médecins seuls ne pouvaient pas élaborer et sur-
veiller correctement le déroulement des protocoles de
recherche. L’existence d’une personne responsable de
leur bon déroulement était donc indispensable. Cette
personne, de formation médicale ou paramédicale,
a pour mission :
la participation à l’élaboration des protocoles ;
la formation des inrmières impliquées dans la
réalisation quotidienne de la recherche ;
la liaison avec les laboratoires concernés ;
le suivi quotidien du déroulement des protocoles
et le contrôle de l’absence de déviation ;
la saisie des données en temps réel.
C’est la dénition du rôle de l’assistant(e) de recher-
che clinique (ARC). Exceptionnelle au début des
années quatre-vingt, leur présence est reconnue
comme primordiale dans la médecine moderne pour
le bon déroulement des études cliniques. Cepen-
dant, la réalité montre que ces assistantes sont encore
rares, puisque la notion de recherche clinique, bien
que faisant partie des obligations des CHU, reste
mal comprise et peu assumée par l’administration
hospitalière.
Une législation, dite “loi Huriet”, est venue formali-
ser à la fois les exigences de la recherche clinique et
le besoin de protection des personnes soumises à ces
recherches. L’ARC est également là pour veiller au
respect de cette législation à laquelle, de nos jours,
aucune recherche ne peut se soustraire.
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