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L’avion ne peut rester en dehors des radars de
la transition énergétique !
dimanche 4 août 2013, par Fil d’infos
Un nouveau grand rassemblement a lieu à Notre-Dame-des-Landes contre le projet de nouvel aéroport. Un
projet anachronique, coûteux et totalement inutile. A cette occasion, le Réseau Action Climat et Agir pour
l’environnement interpellent le gouvernement : pour être cohérent avec les intentions affichées, il doit
cesser de privilégier l’avion et s’attaquer à son impact dévastateur sur le climat.
Dans le débat public, rares sont ceux qui s’interrogent sur la place et l’avenir de l’aviation, à l’heure où
notre pays essaie d’avancer vers la transition énergétique et écologique. Ce gouvernement l’a exclue du
champ de la transition et en a fait un secteur privilégié.
Pourtant, l’avion est, de très loin, le moyen de transport le plus polluant. Il rejette aujourd’hui trois fois
plus de CO2 que la voiture par passager et par kilomètre parcouru. Plus inquiétant encore, ses émissions
explosent au niveau mondial. On ne peut donc s’attaquer sérieusement au changement climatique sans
réduire drastiquement la pollution des avions.
Face à cette réalité, les signaux envoyés par le gouvernement depuis son arrivée au pouvoir sont
alarmants : opposition à la législation européenne en place pour réduire les émissions du transport aérien
(système européen de quotas carbone), nouveau plan de compétitivité allégeant davantage les taxes
payées par les avionneurs, défense d’un accord au rabais dans le cadre des négociations internationales
sur la réduction des émissions de CO2 du secteur aérien.
Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est symptomatique de cet état d’esprit du gouvernement :
la tendance à ignorer le changement, à vouloir « faire comme avant » et à croiser les doigts pour que le
modèle de croissance des années 70-80, période de l’essor de l’aviation, refasse son apparition. Un nouvel
aéroport aurait pour conséquence de stimuler le trafic aérien là où il n’est pas nécessaire. En France,
l’aérien connaît la plus forte augmentation d’émissions de gaz à effet de serre, même si à l’échelle de
notre pays des alternatives existent.
Non pas moins obsolète, l’exonération de taxes sur la consommation de kérosène (ex-TIPP) date des
années 40 et ampute le budget de l’Etat de centaines de millions d’euros chaque année ! Cet aveuglement
coûte cher au contribuable : les budgets publics des pays de l’Union européenne sont réduits de 39
milliards d’euros par an à cause de ces cadeaux fiscaux accordés à l’aviation [1]. Ce traitement de faveur
injustifié par rapport à d’autres modes de transport n’est rien d’autre qu’un droit à polluer.
Sur la fin de l’exonération de taxe sur le kérosène, le gouvernement botte en touche et refuse de l’inclure
dans le projet de loi de finances pour 2014.
Ceux qui voient dans l’aviation une opportunité économique font fausse route. Débourser des milliards
d’euros d’argent public pour développer le transport aérien en France est un véritable gaspillage. La
période actuelle de hausse du coût de l’énergie (dans un secteur où le pétrole est irremplaçable [2],
d’urgence climatique et de fragilité croissante des écosystèmes devrait nous pousser à revoir nos modes
de consommation et de mobilité.
La limitation puis la baisse du trafic aérien à l’échelle mondiale demeurent une absolue nécessité. Au
même titre que les autres secteurs et moyens de transport, il est grand temps que l’avion contribue à
l’effort de lutte contre le changement climatique et notamment à l’objectif de réduction de 20% des rejets
de gaz à effet de serre des transports (loi Grenelle 1). Sans quoi, la transition énergétique restera hors de
portée. Nous demandons au gouvernement de briser le tabou national sur le transport aérien.
Tribune signée par Morgane Créach, Directrice du Réseau Action Climat France. Stéphen Kerckhove,
Délégué général d’Agir pour l’Environnement et publiée dans Libération du 3 août 2013.
Notes
[1] Transport et environnement, CE Delft, Estimated revenues of VAT and Fuel Tax on aviation, juillet
2013. http://www.transportenvironment.org/sites/te/files/publications/CE_Delft_
[2] Philippe Boisseau, le patron de la division Energies nouvelles du groupe Total, annonçait
récemment dans 20 minutes : « Vous ne remplacerez jamais les hydrocarbures, mêmes fossiles, dans
l’aviation. On dit toujours que la dernière goutte de pétrole sur Terre ira dans un avion. »)
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