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fait ceinture, on engraisse l’aérien…
Pendant que le rail fait ceinture, on engraisse
l’aérien…
vendredi 14 décembre 2012, par Pierre Courbe, Pierre Titeux
La semaine dernière, 193 trains de la SNCB étaient supprimés, privant quelque 2.800 personnes de leur
moyen de transport quotidien pour se rendre au travail ou à l’école. Par manque de moyens, le projet de
plan d’investissement pluriannuel 2013-2025 de la SNCB envisage de « rationnaliser » l’entretien des
lignes régionales au risque de devoir en fermer plusieurs dans les années à venir. C’est dans ce contexte
de rigueur budgétaire où des efforts conséquents sont imposés aux citoyens et aux entreprises que l’État
vient de décider de voler au secours du secteur aérien… en-dehors même d’une demande spécifique de
celui-ci !
La concurrence faussée existant entre les différentes compagnies de ce secteur soumis aux règles de la
libre concurrence doit-elle vraiment être résolue à coup de deniers publics ? N’est-ce pas plutôt dans un
pilotage visant à réguler les excès de certaines compagnies (et notamment leurs politiques sociales) que la
puissance publique se doit d’intervenir ?
Par ailleurs, alors que le récent sommet climatique de Doha s’est clôturé de manière décevante, il importe
de ne pas succomber aux mirages d’une politique court-termiste négligeant la prise en compte des enjeux
globaux. Alors que la réduction massive des émissions de gaz à effet de serre constitue une priorité
absolue, est-il raisonnable de soutenir un secteur qui avec ses 4,4 millions de tonnes de CO2 en 2009,
représente 3,3% des émissions de gaz à effet de serre de la Belgique et affiche une augmentation
constante qui atteint 42,3% depuis 1990 ?
L’Etat fédéral et les Régions ont aujourd’hui le devoir d’arrêter de soutenir des secteurs que l’on sait non
pérennes ; il lui faut prioritairement penser à la reconversion de notre modèle de développement. Ce sont
les emplois durables et non délocalisables qui doivent être soutenus et développés. Des secteurs comme
l’agriculture, l’éducation, la justice ou encore la mobilité durable ont besoin de moyens supplémentaires.
Le budget prévu pour le plan d’aide au secteur aérien de 20 millions d’¤ par an permettrait d’entretenir
200 km de lignes ferroviaires supplémentaires chaque année. Pour Inter-Environnement Wallonie,
permettre à des milliers de citoyens d’aller chaque jour au travail ou à l’école en train, qui est un moyen
de transport sécurisé, économique et écologique, doit être prioritaire par rapport au développement d’un
transport polluant principalement utilisé à des fins de tourisme non durable.