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Pour conceptualiser la fonction de soutien de l’IPO et préciser les
interventions concrètes permettant de répondre aux besoins, le cadre
des soins de soutien de Fitch (1994) est retenu. Ce cadre préconise
une approche holistique où l’attention doit être portée à l’ensemble
des besoins de la personne atteinte de cancer et ses proches durant
toute la trajectoire de la maladie. Le cadre emprunte également les
concepts d’évaluation cognitive et de stratégies d’adaptation (coping)
à la théorie intermédiaire du stress de Lazarus et Folkman (1984).
Selon ce cadre, la fonction de soutien correspond à la détection des
besoins et à la mise en place de stratégies efficaces pour y répondre,
soit par les interventions directes soit par la référence.
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Le diagnostic de cancer se répercute sur plusieurs facettes de la
vie quotidienne de la personne atteinte de cancer et peut occasion-
ner plusieurs types de besoins. Les besoins varient d’une personne
à l’autre (Kerr, Harrison & Medves, 2004; Liao, Chen, Chen & Chen,
2007) et sont influencés par différents facteurs psychosociaux inclu-
ant l’âge, la personnalité, l’éducation, le soutien social et les straté-
gies d’adaptation (coping) (Fitch, 2008; Kerr et al., 2004). Ils diffèrent
également selon des facteurs d’ordre biologique dont le type de
cancer, sa sévérité et les traitements médicaux associés (Griffiths,
Willard, Burgess, Amir & Luker, 2007; Kerr, Harrison, Medves, Tranner
& Fitch, 2007; Steele & Fitch, 2008; Voogt, van Leeuven, Visser, van
der Heide & van der Maas, 2005) et évoluent en intensité et en impor-
tance tout au long de la trajectoire de la maladie (Kerr et al., 2007).
Dans cette étude, les besoins de soutien sont présentés ici selon
les catégories utilisées par Fitch (1994) dans son modèle, c’est-à-dire
les domaines physique, informationnel, émotionnel, psychosocial,
spirituel et pratique. Dans le domaine des besoins physiques, la lit-
térature fait ressortir la présence des symptômes physiques de diffé-
rentes natures associées aux traitements et à la maladie auxquels la
majorité des personnes atteintes de cancer font face régulièrement à
travers le continuum de soins. Par exemple, l’étude de Snyder, Garrett-
Mayer, Brahmer, Carducci, Pili, Stearns et collaborateurs (2008) pré-
cise que les symptômes de fatigue, douleur et perte d’appétit sont
associés négativement au fonctionnement général (physique, dans les
rôles, émotionnel, social et cognitif); que plusieurs besoins physiques
et quotidiens non satisfaits sont associés à un mauvais fonctionne-
ment physique, de rôle et cognitif et que les problèmes de sommeil
sont étroitement reliés à plusieurs besoins non satisfaits.
Il n’est d’ailleurs pas étonnant que la gestion des symptômes
soit une composante majeure et un défi quotidien pour les infir-
mières en oncologie en général et pour les IPO en particulier. Elles
doivent reconnaître et faire l’évaluation de ces signes et symptô-
mes et en faire une gestion adéquate pour permettre une stratégie
d’intervention rapide et efficace.
En plus des besoins physiques, de nombreuses études mettent
en évidence la présence des besoins d’information durant toute la
trajectoire de soins. Par exemple, des études précisent que certaines
personnes désirent recevoir des explications détaillées sur les symp-
tômes physiques, les examens, les procédures et les effets secon-
daires des traitements liés à leur type de cancer pour diminuer la
confusion et l’anxiété et pour avoir un sentiment de contrôle sur
leur situation (Ahlberg, Ekman & Gaston-Johansson, 2005; Liu, Mok
& Wong, 2005). L’évaluation rapide des besoins informationnels est
donc recommandée afin d’adapter la nature de l’information aux
besoins individuels de la personne atteinte (Nikoletti, Kristjanson,
Tataryn, McPhee & Burt, 2003).
Par ailleurs, plusieurs études mettent en évidence les besoins
d’ordre émotionnel et rapportent le choc, le désarroi et les nom-
breux défis souvent associés au diagnostic de cancer. À titre
d’exemple, Lauver, Connolly-Nelson et Vang (2007) documentent les
besoins émotionnels en lien avec les changements corporels, la con-
frontation avec la mort, la difficulté de concentration et les diffi-
cultés de communication avec le partenaire. Ces mêmes auteurs
précisent que l’incertitude en regard des traitements, le suivi et la
nature des symptômes, les problèmes physiques (incluant les effets
secondaires des traitements), le sentiment de perte et d’incertitude
ainsi que les inquiétudes face aux relations avec les autres sont tous
décrits comme des stresseurs majeurs.
Dans cet ordre d’idée, l’étude de Manning-Walsh (2005) révèle
que près de 98 % des femmes éprouvent au moins un symptôme de
détresse. Tiffen, Sharp et O’Toole (2005) rapportent que les person-
nes atteintes de cancer peuvent ne pas exprimer spontanément et
librement leur détresse sans encouragement ou questionnaire.
Les besoins psychosociaux sont décrits et associés dans la litté-
rature aux changements d’activités sociales et de rôles entraînés par
la maladie et nécessitent parfois des soins de soutien plus spécia-
lisés. Selon Steele et Fitch (2008), les interventions psychosociales,
comme la participation à un groupe de soutien par les pairs amé-
liore le bien-être et la qualité de vie de la personne atteinte de can-
cer. De plus, les services de soins de soutien plus spécialisés comme
la psychothérapie sont souvent disponibles, mais trop peu de per-
sonnes y sont référées.
En plus des besoins émotionnels et psychosociaux, on retrouve
les besoins spirituels qui sont davantage décrits en lien avec les
soins palliatifs. Kerr et ses collègues (2004), dans leur recension,
soulignent que les besoins spirituels sont souvent rapportés avec
moins de détails que les autres besoins. Taylor (2003) mentionne
également que les personnes atteintes de cancer recherchent
d’abord le soutien spirituel auprès des membres de la famille
avant de le rechercher auprès des professionnels de la santé. Ceci
est d’ailleurs cohérent avec les propos de femmes atteintes de
cancer qui rapportent avoir reçu du soutien spirituel de certains
professionnels de la santé avec qui elles ont été capables de créer
une relation propice (Gould, Wilson & Grassau, 2008).
Enfin, en ce qui a trait aux besoins pratiques qui réfèrent aux
besoins d’aide directe en vue d’accomplir une tâche ou une activité
pour réduire les exigences placées sur la personne, ils sont peu
décrits dans la littérature. Janda, Steginga, Dunn, Langbecker,
Walker et Eakin, (2008), rapportent un fort pourcentage de besoins
non satisfaits dans le domaine pratique, entre autres, concernant
l’utilisation des services communautaires (34 %), s’occuper des
activités usuelles de la maison, du travail ou des études (71 %) et
réapprendre les habiletés de la vie quotidienne (21 %). Pigott,
Pollard, Thomson et Aranda (2008) ajoutent d’autres besoins tels
que les remboursements de transport (24 %), les déplacements
pour les traitements (21 %), les certificats médicaux (20 %) et les
accommodations quotidiennes (16 %). Dans les deux études de
Kerr et al. (2004, 2007), les participants soulignent que l’adaptation
aux problèmes financiers est le plus difficile et que la maladie de
l’enfant affecte l’ensemble de la vie quotidienne ce qui amène un
surplus de stress dans la conciliation travail-famille-maison.
Les études de besoins présentées sont utiles pour préciser la
nature et la variété des besoins des personnes atteintes de cancer.
Toutefois, elles ne permettent pas de préciser les attentes de sou-
tien de cette population face à l’IPO.
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Le premier objectif de cette étude est d’explorer, selon la pers-
pective des personnes atteintes de cancer, la nature de leurs besoins
et du soutien apporté par l’IPO durant la trajectoire de soins.
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Devis
La présente étude s’inscrit dans un programme de recherche
plus large portant d’une part, sur l’évaluation descriptive du pro-
cessus d’implantation du rôle des infirmières pivots en oncologie
au sein de deux équipes locales en oncologie de la région de Québec
et d’autre part, sur la conceptualisation du rôle professionnel de