Audience au Rectorat de Rennes
Sur les conditions de correction des copies de Bac
en philosophie
7 avril 2010
Ci-dessous : un compte-rendu, portant sur quelques points essentiels, extraits d’une
discussion ayant duré près de 2 heures.
La délégation reçue au Rectorat comprenait 4 représentants syndicaux, un représentant de
l’APPEP et un représentant de l’APPEPB.
Pour Les syndicats :
- SNES : Anita Kervadec
- CNT : Jean-Claude Kernin
- SUD Éducation : Charles Maurice
- Force ouvrière : Jacqueline Le Carduner
Pour les associations professionnelles :
- L'APPEPB : Anne-Françoise Évain
- La régionale de Rennes de l'APPEP : Yves Desnos
Et nous avons été reçus par :
- Jacques Guégan, qui dirige la Dexaco au Rectorat de Rennes
-
Henri Élie, IPR de philosophie de l’Académie de Rennes
La délégation comprenait donc les organisations et les associations ayant élaboré et adopté le
texte du 17 mars, et qui avaient demandé audience ensemble au Recteur de l’Académie de Rennes,
sur la base de ce texte, inséré ci-dessous :
« Suite à la réunion du mercredi 17 mars, pour discuter des revendications formulées en juin
2008 et en juin 2009 par les correcteurs des épreuves de philosophie du Baccalauréat, les
syndicats SNFOLC, SUD, CNT et SNES et les associations professionnelles d’enseignants de
philosophie, APPEPB et APPEP, constatent que :
Le Ministre a choisi de reconduire, pour les épreuves du Baccalauréat 2010, un calendrier
du même type qu’en 2008 et 2009.
Ce calendrier aboutit à reculer l’épreuve de philosophie d’approximativement une
semaine, par rapport au type de calendrier qui prévalait jusqu’en 2007 : l’épreuve de
philosophie s’était passée le 9 juin en 2005, le 12 juin en 2006, et le 11 juin en 2007, alors
qu’elle s’est passée le 16 juin en 2008, le 18 juin en 2009, et elle est prévue pour le 17 juin en
2010.
Ce recul se traduit évidemment par une diminution des lais de correction, une diminution
qui ne peut ni ne doit être compensée par un étalement des épreuves sur le mois de juillet.
Les possibilités de diminuer le nombre de copies confiées à chaque correcteur étant
quasi-inexistantes, ce calendrier ne peut aboutir qu’à une baisse de la qualité des corrections,
et c’est une dégradation inacceptable : il en va du sort de nos élèves, de la signification de
l’enseignement donné pendant l’année, et au-delà, de la valeur nationale de l’examen du
baccalauréat. Nous rappelons notre attachement au baccalauréat comme épreuve nationale,
terminale et anonyme.
En conséquence, nous nous adressons au Ministre, pour qu’il donne satisfaction à la
revendication formulée par la grande majorité des correcteurs de philosophie de l’Académie
de Rennes :
Les correcteurs de philosophie exigent le retour à un délai de correction convenable, et
nous exigeons que la date de début des épreuves soit avancée au 10 juin 2010. »
La revendication d'une avancée d'une semaine de l'épreuve de philosophie a donc été posée, en
rappelant son origine : les motions élaborées et adoptées par les correcteurs de philosophie dans
les commissions de Bac en juin 2009, et l'audience du 6 juillet 2009, au cours de laquelle ces
motions ont été déposées, avec le soutien de 5 syndicats _ SNES, FO, CNT, SUD, et CGT _ et le
soutien des associations professionnelles, la régionale de l’APPEP et l’APPEPB.
Et nous avons également redit toutes les raisons qui nous conduisent à formuler
cette revendication, en rappelant notamment l’examen quantifié du temps nécessaire pour
maintenir des conditions de correction convenables.
Ayant posé la revendication, la délégation a demandé que le texte du 17 mars soit transmis au
Ministre. Et demande a été faite que le Ministre nous réponde.
Nous avons aussi posé une série de questions plus particulières, portant sur les modalités prévues
pour l’organisation des corrections dans notre Académie :
- Question sur la date prévue pour le rendu des notes
Réponse : jeudi 1er juillet.
Le Rectorat de Rennes a donc mis en place, pour 2010, un calendrier maintenant, entre le jour de
l’épreuve et le jour de rendu des notes, un écart identique à celui de l’an dernier.
Pour mémoire, en 2009 : du jeudi 18 juin au jeudi 2 juillet.
Et donc, pour cette année : du jeudi 17 juin au jeudi 1
er
juillet.
- Question sur le nombre de copies par correcteur
Il avait été annoncé à ce propos, lors de l’audience du 6 juillet 2009, qu’il y aurait augmentation de
ce nombre, la session 2009 ayant été organisée dans des conditions très risquées, sans aucun
correcteur de réserve. L’augmentation nous a été confirmée, même si elle est faible : on passe
d'une moyenne de 125 copies par correcteur, en 2009, à une moyenne de 128 en 2010.
Autre point, lié à la question du nombre de copies : l'abandon du doublement des correcteurs de
philosophie en jurys L, décidé l’an dernier, est reconduit cette année - la réduction des délais de
correction imposant de limiter le nombre de copies dans les paquets des séries générales.
- Question sur la date des commissions d’entente, et donc de réception des copies, pour les séries
technologiques
En 2009, les commissions d’entente des séries technologiques s’étaient tenues le lundi matin, soit
4 jours après l’épreuve. Dans un courrier adressé à Henri Élie, le 2 avril de cette année, la
régionale de l’APPEP demandait que les commissions d’entente des séries technologiques aient lieu
le vendredi après-midi, comme pour les séries générales.
Jacques Guégan a répondu sur ce point, en expliquant la difficulté d’organiser l’acheminement des
copies, et plus précisément, les difficultés inhérentes au travail dans les établissements centres
d’acheminement des copies. Le fait que l’épreuve de philosophie des séries technologiques ait lieu
le jeudi après-midi, et non le jeudi matin comme en séries générales, apparaît donc comme
un obstacle à l’acheminement de ces copies pour le vendredi après-midi. Mais il est prévu,
cette année, que la remise des copies de séries technologiques ait lieu, avec les commissions
d’entente, le samedi matin.
Pour les séries générales, pas de changement : les commissions d’entente sont prévues le
lendemain de l’épreuve, le vendredi après-midi. Nous avons signalé, à ce propos, les problèmes
constatés l’an dernier dans l’acheminement des copies, certains collègues n’ayant perçu, le
vendredi, que des paquets incomplets.
Synthèse rapide
Le dispositif académique est le même que le dispositif adopté l’an dernier, à l’exception de la
modification concernant la date des commissions d’entente en séries technologiques. Quant au
nombre de copies, il y aura bien, même faible, augmentation.
Nos 2 interlocuteurs ont montré qu’ils faisaient ce qu’ils pouvaient, dans un cadre qui ne dépend
évidemment pas d’eux : ils gèrent localement les conséquences d’un calendrier national, qu’ils ne
peuvent contourner, qui a été imposé par le précédent Ministre, que l’actuel à jugé bon de
reconduire, et qui s’est traduit par le recul d’une semaine de la date du début des épreuves.
Quant aux correcteurs, il est clair qu’ils sont promis, dans ces conditions, si le Ministre
maintient ce calendrier national, aux mêmes difficultés qu’en 2008 et 2009.
Quelques extraits de la discussion
Des extraits regroupés par thèmes, qui ne reprennent pas ce qui s’est dit au mot près, mais
rendent compte du contenu des interventions.
Cette partie du compte-rendu a été communiquée, avant publication, à tous les participants à cette
discussion, que ce soit pour la délégation, ou pour ses interlocuteurs, ce qui leur a permis de
valider ou/et d’amender le contenu de leurs interventions.
1. Déclarations liminaires des membres de la délégation, et une
première réponse de Henri Élie, IPR de philosophie de l’Académie de
Rennes
Le compte-rendu reprend l’ordre dans lequel ces déclarations ont été formulées, ordre lié à la
disposition des membres de la délégation autour de la table.
Yves Desnos, représentant la régionale de Rennes de l’APPEP
L’histoire semble se répéter, nous étions les mes, ou presque, ici-même, en juillet 2008, et en
juillet 2009. En juillet 2009, nous avons déposé les motions élaborées ou/et adoptées par 8 des
commissions de correcteurs de l’épreuve de philosophie du Bac, à l’issue d’un mouvement ayant
mobilisé les correcteurs dans 3 départements sur les 4 que compte l’Académie. La demande des
correcteurs était claire, et nous l’avions argumentée sur la base d’une analyse quantifiée du temps
dont les correcteurs ont besoin : l’épreuve de philosophie ne doit pas avoir lieu après le 10 juin.
Nous nous adressons à vous, pour vous demander de transmettre au Ministre, à nouveau, cette
demande des correcteurs de philosophie : nous demandons que l’épreuve de philosophie, prévue le
jeudi 17 juin dans le calendrier actuel, soit avancée d’une semaine, et donc passée le jeudi 10 juin.
Et la délégation demande au Ministre qu’il lui réponde.
Anita Kervadec, représentant le SNES
Ce qui vient d’être dit pour la philosophie peut aussi être dit pour d’autres disciplines, qui ont aussi
affaire à des délais intenables : c’est le cas en lettres, en anglais, en histoire-géographie. On
constate d’ailleurs que l’insuffisance des délais pose des problèmes en chaînes : paquets de copies
arrivant incomplets, et délais non tenus par des correcteurs. Il faut revenir sur le calendrier,
modifier les dates des épreuves. Sinon, des actions sont susceptibles d’être lancées.
Je veux aussi intervenir sur un aspect particulier : la laïcité des locaux d’examen. Du fait que les
locaux des établissements privés sont sollicités pour organiser les épreuves, il est arrivé que des
oraux soient passés dans des salles présentant des signes religieux. Ce n’est pas normal, et ça peut
parfois être très gênant : il y a notamment des textes, en français, pour lesquels la présence
visible d’un crucifix pose problème.
Charles Maurice, représentant SUD Éducation
Il faut être attentif à préserver le Baccalauréat : c’est un diplôme dont la valeur est nationale, et
cette valeur doit être maintenue. Mais le Bac, c’est également un moyen pour maintenir des
exigences pédagogiques, dans les établissements l’enseignement est difficile. Et c’est aussi,
parce qu’il est national et anonyme, un moyen de préserver les professeurs des pressions locales.
Il est évident que son organisation a un coût, mais c’est une question de choix politique.
Je veux aussi rappeler, à propos du calcul des délais dont les correcteurs ont besoin, qu’il faut se
baser sur les jours ouvrables. C’est un droit et un besoin : les correcteurs doivent conserver leurs
jours de congé, le week-end.
Jean-Claude Kernin, représentant la CNT
Je suis d’accord avec tout ce qui a déjà été dit, et il est inutile que je le répète. Mais je voudrais
insister sur un point particulier : la réduction des délais de correction pose problème vis-à-vis du
travail effectué dans les commissions d’entente, qui se tiennent tard dans l’après-midi, pour les
séries générales, et dans les commissions d’harmonisation, qui se tiennent alors que nous sommes
loin d’avoir fini les corrections. Nous n’avons plus, dans ces commissions, des conditions de travail
correctes. Or ces commissions sont importantes, pour limiter au maximum les risques d’erreur. Et
elles sont importantes, notamment, pour les nouveaux collègues.
Jacqueline Le Carduner, représentant le SNFOLC
Il est clair que les conditions d’organisation du Bac placent les correcteurs de philosophie dans une
situation d’anxiété. Ce sont des conditions de travail difficiles. Que le Ministre rende la semaine
de délai retirée au nom de « la reconquête du mois de juin », c’est la revendication des
correcteurs de philosophie, et elle est légitime. Mais cette revendication, avancer la date de
l’épreuve d’une semaine, concerne toutes les disciplines. Le Ministre doit la satisfaire pour la
philosophie, comme il doit le faire pour toutes les disciplines.
Anne-Françoise Évain, représentant l’APPEPB
J’interviens au nom des enseignants de philosophie de l’enseignement privé. Et comme nos
collègues du public, nous constatons que les conditions de correction se sont dégradées. Je
confirme aussi ce qui a été dit à propos des commissions d’harmonisation. On a pu constater,
d’ailleurs, une baisse de la présence dans ces commissions : quand le temps manque pour finir à
temps, on peut être au jour près, et la commission d’harmonisation devient du temps en moins pour
corriger.
Par ailleurs, je m’interroge sur la manière dont la Dexaco s’organise : n’y a-t-il pas moyen de
gagner du temps pour les correcteurs, à la fois en amont, sur la transmission des copies, et en
aval, sur la transmission des notes ?
Une 1
ère
réponse de Henri Élie, IPR de philosophie de l’Académie de Rennes
Je veux, avant que la discussion s’engage, dire que les professeurs de philosophie m’ont toujours
apparu comme des professeurs mettant en avant, jusqu’au bout, le sérieux de leur travail. Et il
n’apparaît, dans le bilan des corrections de philosophie des épreuves de l’an dernier, aucun
mouvement sensible d’évolution des notes.
Quant à la commission d’harmonisation, je considère son travail comme décisif. Mais pour ce qui
concerne la formation des jeunes collègues à la notation des copies, elle ne peut pas tenir
seulement à ce qui se passe en commission d’harmonisation, et c’est pour cette raison que j’ai tenu
à organiser, l’an dernier, des journées de formation sur la notation.
Cette réponse a ensuite donné lieu à une discussion sur la fonction et l’organisation des
commissions d’harmonisation (cf. le 7
ème
point).
2. Calendrier et organisation du Baccalauréat dans l’Académie
Jacques Guegan, représentant le Rectorat, et directeur de la DEXACO
Notre volonté, c’est de perdre le moins de temps possible, pour en donner le plus possible aux
correcteurs.
Les dates des épreuves sont nationales. L’épreuve de philosophie a lieu le jeudi matin, pour les
séries générales, et le jeudi après-midi, pour les séries technologiques.
Pour l’organisation de la transmission des copies, c’est la responsabilité de l’Académie. Pour les
correcteurs des séries générales, nous serons en mesure, comme l’an dernier, de mettre les copies
à leur disposition le vendredi après-midi, au moment des commissions d’entente. Mais on ne peut
pas faire plus vite, du fait des contraintes inhérentes au travail dans les établissements centres
d’acheminement des copies : collation des copies d’un département, contrôle a minima de ces
copies, brassage et tri des copies par correcteur. Pour les correcteurs des séries technologiques,
il est impossible de faire parvenir les copies le vendredi après-midi, du fait de ces mêmes
contraintes. Mais cette année, on va le faire pour le samedi matin, en faisant ouvrir des
établissements pour les commissions d’entente.
Pour la date de transmission des notes par les correcteurs, c’est aussi la responsabilité de
l’Académie, et on l’a fixée au jeudi 1
er
juillet, à 12h. Ce qui laisse ensuite un après-midi à la
DEXACO, pour résoudre d’éventuels problèmes, s’il y a des correcteurs en difficulté. Le vendredi,
on lance les traitements informatiques sur la collecte des résultats, et par la suite l’impression
des documents nécessaires aux jurys : PV, statistiques et relevés de notes des candidats cette
partie impression étant la plus contraignante. Ces documents sont ensuite envoyés le samedi. Le
lundi matin, 5 juillet, ce sont les jurys, et là, c’est à nouveau une date nationale. De même, la date
d’affichage des résultats des candidats est soumise à une règle nationale : affichage au plus tôt le
mardi matin, le 6 juillet. Pour les dates des oraux (le 2
nd
groupe d’épreuves), le Ministère fixe
seulement une date butoir pour la fin des épreuves : le samedi 10 juillet. Dans l’Académie de
Rennes, les oraux auront lieu les mercredi 7 et jeudi 8 juillet.
Anita Kervadec, Représentant le SNES
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