
L’administration de morphine pour soulager des dou-
leurs chroniques a eu son heure de gloire, en particulier en
France où la morphine été administrée de façon quasi exclu-
sive pour tenter d’améliorer l’état des malades cancéreux (2).
L’importance de la logistique à mettre en œuvre, les limites de
la technique mais surtout le confort d’utilisation et l’efficacité
qu’apportaient les comprimés de morphine à libération pro-
longée et les patchs a progressivement fait diminuer l’intérêt
que des nombreux médecins avaient pour cette thérapeutique.
Cela allait de pair avec un ‘politiquement correcte’ qui consis-
tait à s’en remettre entièrement au schéma thérapeutique de
l’organisation mondiale de la santéqui recommandait le re-
cours en cas de douleurs d’intensité forte, à la prise de mor-
phine par voie orale selon l’expérience britannique (3). Si des
études l’ont validé, ce protocole, (4) avec le temps, a été par-
tiellement remis en cause (5), que ce soit pour l’utilisation ex-
clusive de la voie orale (voie préférentielle de la morphine), ou
pour la réponse des différents types de douleur à cette molé-
cule. D’où un nouvel intérêt pour la voie spinale, comme al-
ternative aux méthodes destructrices en cancérologie. Après
une ou plusieurs chirurgies de décompression rachidienne,
10 à 15% des patients présentent des douleurs lombaires avec
ou sans irradiation radiculaire.1 à 3% des patients opérés du
rachis qui souffrent toujours ne présentent pas d’indication à
une nouvelle chirurgie et se trouvent en impasse thérapeu-
tique. La douleur sévère entraîne un handicap fonctionnel ma-
jeur (diminution de périmètre de marche et des gestes de la vie
quotidienne) et une dégradation de la qualité de vie. Diverses
études (Anderson.et al.1999 [6] ; Raphaël et al. 2002[7]) dé-
montrent l’efficacité de la thérapie par infusion intrathécale de
morphine (plus de 60% des patients améliorés, augmentation
de niveau d’activité, réhabilitation socioprofessionnelle). Cette
technique permet une meilleure analgésie à des doses infé-
rieures que par voie orale et diminue fortement le risque d’ef-
fets secondaires associés (dépression respiratoire,
nausée,sueurs, ...)
Compte tenu du coût initial,
l’étude épidémiologique menée en
France (NJEE.et al.[8]) révélait seule-
ment 44 patients traités par infusion
de morphine intrathécale pour des
douleurs chroniques bénignes dans
les hôpitaux publics contre 360 en Al-
lemagne ou encore 110 en Angleterre.
Le caractère rétrospectif n’ayant pas permis
d’exploiter les informations cliniques sur la totalité des pa-
tients, une étude multicentrique et prospective de l’efficacité
et la tolérance du traitement des lombosciatiques chroniques
secondaires au traitement chirurgical des discopathies lom-
baires par infusion continue intrathécale de morphine menée
depuis 2005 à la demande du ministère de la santé a abouti en
2009 ( cf. JORF n°0055 du 6 mars 2009 page 4293 texte n°
124 )à la prise en charge des coûts relatifs aux traitements par
voie intrathécale par la sécurité sociale. L’utilisation de la mor-
phine intrathécale pour le traitement des douleurs bénignes
chroniques et cancéreuses fait partie des moyens thérapeu-
tiques utilisés dans bon nombre de centres d’évaluation et de
traitement des douleurs. Il n’est par rare de voir de nos jours
administrer une solution contenant la morphine et le Zicono-
tide mélangé.
Douleurs siégeant au niveau sous ombilical d’origine cancé-
reuse ou douleurs bénignes persistantes depuis plus de deux
ans sans qu’il y ait une lésion pouvant bénéficier d’un traite-
ment chirurgical à visé antalgique où étiologique.
Les critères de jugements de l’efficacité du traitement de la
douleur sont basés sur l’amélioration des scores :
1. EVA de douleur
2. Qualité de vie (SF-12)
3. Echelle de dépression de Beck (13items)
4. Consommation d’antalgiques avant et après le traitement
5. La satisfaction des patients.
6. Score d’OSWESTRY pour les patients souffrant des lombos-
ciatiques
La mise en place du site d’accès pour injection intrathé-
cale s’effectue sous anesthésie générale. Le patient est
placé en décubitus latéral. Le rachis lombaire est main-
tenu en cyphose et horizontal par rapport au plan de la
table opératoire. A l’aide d’une incision ponctiforme, on
introduit une aiguille de Tuohy dans l’espace sous-arach-