Médecine
& enfance
décembre 2016
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une information claire tout en gardant à
l’esprit que peu d’entres elles ont fait l’ob-
jet d’une évaluation et que le bénéfice res-
senti dépend de l’attente du sujet.
Concernant les techniques comporte-
mentales, la distraction (écouter de la
musique, jouer à un jeu vidéo) permet
de diminuer, dans une certaine mesure,
l’intensité de la douleur perçue. Le
froid, les bains de bouche au peroxyde
d’hydrogène, le chewing-gum, la tétine
diminuent de façon transitoire la dou-
leur postopératoire immédiate. Enfin,
l’analyse de la littérature n’a pas permis
de conclure à la nécessité de prescrire
un régime alimentaire à visée antal-
gique. En revanche, les auteurs s’accor-
dent sur la nécessité d’une reprise ali-
mentaire orale rapide.
MÉDICAMENTS
Concernant les procédés pharmacolo-
giques, quatre schémas thérapeutiques
sont proposés pour essayer de résoudre
la difficile équation antalgie/nausées-
vomissements/risque hémorragique.
La prescription repose donc sur un com-
promis optimisé en fonction de la cible
principale et selon le niveau de risque en-
couru par le patient. Il faut considérer le
risque de dépression respiratoire lorsque
l’on utilise des produits antalgiques
opioïdes ou dérivés, notamment chez
des enfants présentant un syndrome
d’apnées obstructives du sommeil
(SAOS), car leur sensibilité à ces effets
dépresseurs est augmentée. Quel que soit
le protocole choisi, il est nécessaire de le
débuter avant la sortie afin de vérifier
son efficacité et ses effets indésirables.
Les quatre schémas thérapeutiques pro-
posés par la SFORL sont décrits ci-des-
sous et résumés dans le tableau.
OPTION AINS
Ibuprofène (20 à 30 mg/kg/j en
3 prises) + paracétamol (60 mg/kg/j en
4 prises ou 30 mg/kg/j en 4 prises si
poids < 10 kg) en association et en sys-
tématique (horaires programmés).
Dans cette option, on ne peut exclure
formellement une majoration du risque
hémorragique. La surveillance sera
donc adaptée, ainsi que l’information
délivrée aux parents. Ce schéma ne sera
pas proposé si l’enfant présente des
risques accrus de saignement.
OPTION AINS MODIFIÉE
Schéma identique au précédent, mais
on n’utilise pas de déxaméthasone en
peropératoire afin d’éviter la majora-
tion du risque hémorragique par l’asso-
ciation au corticoïde d’un AINS en post-
opératoire.
OPTION TRAMADOL
Tramadol (1 à 2 mg/kg toutes les
6 heures, maximum 400 mg/j) + para-
cétamol (60 mg/kg/j en 4 prises ou
30 mg/kg/j en 4 prises si poids < 10 kg),
prises programmées en systématique.
Dans cette option, la survenue de signes
de surdosage de type morphinique est
possible (vomissements, sédation et sur-
tout dépression respiratoire) ; la sur-
veillance sera donc adaptée ainsi que
l’information délivrée aux parents. La
notion d’un SAOS préopératoire fera
préférer l’option AINS. En cas d’insuffi-
sance de l’analgésie, on peut proposer,
après consultation médicale, l’adminis-
tration d’ibuprofène.
OPTION CORTICOÏDES
Corticoïdes par voie orale (par exemple,
prednisolone 1 mg/kg/j) + paracéta-
mol aux doses précédemment citées, se-
lon un schéma programmé. Cette op-
tion, qui n’est pas validée dans la litté-
rature, correspond à la pratique de cer-
tains praticiens, mais doit cependant
faire l’objet d’évaluations.
HAUTE AUTORITÉ
DE SANTÉ : PRÉCISIONS
SUR L’UTILISATION
DES MORPHINIQUES
Plus récemment, en janvier 2016, la
Haute Autorité de santé (HAS), sur sai-
sine de la Direction générale de la san-
té, a publié une recommandation intitu-
lée «Prise en charge médicamenteuse
de la douleur de l’enfant : alternatives à
la codéine» [3]. Ce rapport, très détaillé
et documenté, traite de toutes les situa-
tions cliniques pédiatriques pour les-
quelles la codéine était utilisée et pro-
pose des traitements alternatifs.
Les conclusions de la HAS indiquent :
«pour une douleur post-amygdalectomie
modérée, les publications récentes vont
dans le sens de l’attitude proposée par la
SFORL en faveur des AINS (ibuprofène)
associés au paracétamol en première in-
tention (sauf cas particulier indiquant
des risques hémorragiques spécifiques);
l’utilisation de corticoïdes associés au pa-
racétamol reste à évaluer ». En cas de
douleur intense, les auteurs de ce rapport
proposent le recours au tramadol ou à la
morphine orale en association avec le pa-
racétamol. En cas de SAOS, du fait de
l’hypersensibilité aux effets dépresseurs
respiratoires des morphiniques, l’indica-
tion de ces derniers doit être limitée aux
Les quatre schémas de traitement de la douleur post-amygdalectomie proposés par la Société
française d’ORL [1]
Le traitement oral est à débuter en hospitalisation, avant la sortie
Option AINS Option AINS Option Option
modifiée tramadol corticoïdes
A l’hôpital
첸peropératoire . . . . . Dexaméthasone. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dexaméthasone
첸salle de réveil . . . . . Morphine . . . . . . . . . . Morphine . . . . . . . Morphine . . . . . . . . . . Morphine
첸avant la sortie . . . . . Paracétamol . . . . . . . . Paracétamol . . . . Paracétamol . . . . . . . . Paracétamol
Ibuprofène . . . . . . . . . Ibuprofène . . . . . . Tramadol
A la maison . . . . . . . . . Paracétamol . . . . . . . . Paracétamol . . . . Paracétamol . . . . . . . . Paracétamol
Ibuprofène . . . . . . . . . Ibuprofène . . . . . Tramadol. . . . . . . . . . . Prednisolone
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