L la vie après un cancer du sein : contraception et ménopause

14 | La Lettre du Sénologue 47 - janvier-février-mars 2010
Penser sa féminité après un cancer du sein
DOSSIER THÉMATIQUE
la vie après un cancer du sein :
contraception et ménopause
Life after breast cancer: contraception and menopause
S. Brugère*
* Gynécologue-endocrinologue,
ancien chef de clinique assistant du
CHU de Bordeaux, 35, rue Turenne,
33000 Bordeaux.
L’incidence du cancer du sein a considérablement
augmenté ces dernières années pour atteindre
presque 50 000 nouveaux cas par an.
Le cancer du sein reste la première cause de mortalité
par cancer chez la femme, mais les progrès notables
des traitements permettent à un nombre croissant de
patientes une survie sans rechute. Dix pour cent des
cancers touchent des femmes de moins de 40 ans. Aps
un certain délai post-rémission du cancer, la grossesse
peut maintenant être envisae ; de ce fait, la recherche
d’une contraception réversible, fiable et adaptée est
une situation clinique fréquente.
La contraception non hormonale aura toujours la préfé-
rence du clinicien, mais, dans certains cas très ciblés, la
contraception progestative pourra rendre des services.
De nombreuses femmes subissent des séquelles théra-
peutiques, dont la ménopause induite par la chimio-
thérapie est l’une des plus pénible.
Quant aux femmes déjà ménopausées au moment
du diagnostic, elles recevaient parfois un traitement
hormonal de la ménopause (THM) pour pallier leurs
sympmes nants.
Trouver des solutions alternatives pour s’opposer aux
effets de la carence hormonale à court terme (bouffées
vasomotrices, etc.) et à long terme, particulièrement à
l’ostéoporose majorée par certains traitements (anti-
aromatases) est un enjeu majeur de la qualité de la
survie de ces patientes.
Prise en charge de la demande
contraceptive
En France, environ 25 % des nouveaux cas de cancers du
sein se déclarent avant 50 ans. Environ 10 % de ces cas
concerneront des femmes de moins de 40 ans.
Pour elles, la fonction ovarienne sera souvent préservée.
L’insuffisance ovarienne induite par la chimiothérapie
pend du type d’agent cytotoxique, de la dose utilisée
et de l’âge des patientes (1).
Plus la femme est jeune, moins l’insuffisance ovarienne
sera sévère et plus elle sera versible. Les protocoles
comportant de fortes doses de cyclophosphamide indui-
sent en général une insuffisance ovarienne sévère, en
particulier si la patiente a 40 ans ou plus. Les protocoles
à bases d’anthracyclines sont moins ovariotoxiques.
Les données sur les conséquences des nouvelles molé-
cules (taxanes) et sur l’adjonction d’anticorps mono-
clonaux (trastuzumab) sont contradictoires ou non
connues. Le traitement par tamoxifène n’induit pas
d’alration de la fertilité, mais le caractère tératone
de cette molécule chez l’animal impose des mesures
contraceptives pendant son administration.
Dans certains cas, la patiente ou son compagnon vont
souhaiter avoir recours à une méthode de srilisation
finitive. Cependant, comme l’âge moyen des femmes
au moment de la première grossesse (30 ans actuelle-
ment) avance, de plus en plus de femmes et de couples
vont souhaiter conserver leur potentiel de procréation.
Et en dehors de toute pathologie, les femmes de plus de
35 ans constituent globalement 20 % des utilisatrices
de contraception en France (2).
La grossesse après un cancer du sein était interdite
jusqu’aux années 1970 ; actuellement, elle n’est plus
contre-indiquée, mais elle doit être programmée “au
bon moment” : ni trop tôt par rapport au traitement
du cancer et à l’évaluation du risque de rechute, ni
trop tard pour ne pas compromettre les chances de
grossesse par l’effet du temps qui passe et qui altère
les capacités de reproduction.
La contraception doit donc être fiable, au maximum
nuée d’effets indésirables, et surtout ne pas ajouter
de facteur aggravant pour le risque de rechute du cancer.
L’OMS distingue quatre catégories de situation en
fonction de l’état de la patiente comprenant ses
caractéristiques individuelles ou une pathologie
préexistante connue :
catégorie 1 : état l’utilisation de la méthode n’ap-
pelle aucune restriction ;
– catégorie 2 : état où les avantages de la méthode
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Résumé
contraceptive l’emportent ralement sur les risques
théoriques ou avérés ;
catégorie 3 : état les risques théoriques ou avérés
l’emportent généralement sur les avantages procurés
par l’utilisation de la méthode ;
– catégorie 4 : état équivalent à un risque inaccep-
table pour la santé en cas d’utilisation de la méthode
contraceptive.
En cas de cancer du sein traité, la première méthode
envisae sera une contraception non hormonale. La
contraception dite “barrière” est considérée comme
insuffisante du point de vue de l’efficacité. Lefficaci
d’une contraception est habituellement mesurée par
l’indice de Pearl (rapport du nombre de grossesses sur
le nombre total de cycles observés pour l’ensemble
des femmes étudiées rapporté à 1 an, soit nombre de
grossesses x 1 200/nombre de mois de létude) ; plus ce
chiffre est proche de 0, plus la contraception est efficace.
Pour les préservatifs, l’indice de Pearl est à 3 en utili-
sation optimale et à 14 en pratique courante. Quant
aux spermicides, cet indice de 6 en utilisation optimale
s’élève à 20 en pratique courante. Lefficaci optimale
est celle obtenue lors des essais thérapeutiques, par
opposition à ce qui est réellement observé en clinique.
Ces faibles taux d’efficacité sont peu satisfaisants
et la contraception de barrière est fréquemment
mal acceptée au long cours, créant des contraintes
supplémentaires pour une sexualité déjà mise à mal
par l’épreuve de la maladie et de ses traitements.
Certains couples préféreront une thode ditenatu-
relle” fondée sur létude de la courbe thermique et de la
glaire cervicale, mais l’indice de Pearl est favorable : 1
à 9 en utilisation optimale et 20 en pratique courante.
Le stérilet au cuivre est souvent le recours choisi,
grâce à son efficacité satisfaisante (indice de Pearl
entre 0,6 et 0,8).
Les restrictions d’utilisation concernant les nullipares
étaient fondées sur les risques infectieux supposés ; il
semble en fait que les complications infectieuses soient
rares : le moment de la pose est une période critique et
la présence du stérilet augmente la gravité des infections
sexuellement transmises, mais dans des proportions
moindres que ce que l’on craignait.
Les stérilets de petite taille, dont le dispositif d’insertion
est plus fin et plus souple, rendent la pose plus facile
chez la patiente qui n’a jamais été enceinte.
La pose peut cependant être encore mal vécue, doulou-
reuse, voire avec un malaise vagal atteignant 3,5 % des
cas chez les nullipares, nécessitant parfois le recours à
une anesthésie locale, voire nérale.
Le stérilet au cuivre chez la nullipare est classé en caté-
gorie 2 par l’OMS, ce qui signifie que cette thode est
utilisable de manière rale, les fices l’emportant
la plupart du temps sur les risques théoriques ou avérés.
Une fois posé, le stérilet au cuivre est parfois mal
toléré du fait de douleurs ou de ménorragies qui sont
responsables d’une anémie, facteur supplémentaire
de fatigue chez une patiente déjà bousculée et affai-
blie par la maladie et les traitements, obligeant alors
à retirer le stérilet. Une contraception hormonale
pourrait être utile dans ce cas.
La pilule contraceptive estroprogestative est contre-
indiquée formellement du fait du le clairement admis
des estrogènes dans la carcinogese mammaire.
Compte tenu de ce présupposé, aucune étude directe ne
montre que l’association éthynilestradiol et progestatif
soit délétère. Les arguments justifiant cette contre-
indication sont indirects (3).
Les études portent sur le risque de survenue ducancer
du sein en fonction du type de contraception utilisée
dans la population générale, ou sur le risque de cancer
du sein dans les populations à risque porteuses d’une
mutation BRCA1 ou BRCA2, ou sur l’effet de l’adminis-
tration d’une contraception à une femme dont la mère
ou la sœur a eu un cancer du sein. Tous ces arguments
vont dans le sens d’une discte augmentation du risque
relatif (RR : 1,07 à 1,11) selon la dose d’éthynilestradiol
utilisé et la durée de prise. Cela n’incite évidemment
pas à administrer des estroprogestatifs à une femme
traitée pour un cancer du sein.
Certains arguments pourraient en revanche nous faire
réviser l’interdit de toute contraception hormonale chez
une femme traie pour un cancer du sein, en autorisant
l’utilisation des progestatifs sous certaines formes et
dans des circonstances particulres, sous réserve d’une
cision collégiale et d’un consentement éclairé de la
patiente. Sur un plan théorique, les données in vitro
montrent que l’hormone de croissance et le facteur de
croissance insulinomitique de type 1 (IGF1) favorisent
la proliration du tissu mammaire (4).
Une étude a montré que la progestérone pouvait
entraîner la séction de ces facteurs de croissance à
partir d’explants de cancer du sein in vitro, et ce même
en labsence de récepteurs à la progestérone.
Les avancées thérapeutiques en matière de cancer du sein permettent une survie sans rechute à de nombreuses
patientes atteintes de cette pathologie très fréquente.
La qualité de cette survie sera d’autant plus satisfaisante que les problèmes de contraception et de prise
en charge des symptômes de la ménopause trouveront une solution adéquate, l’enjeu étant que le confort
acquis ne vienne bien entendu pas menacer l’évolution de la pathologie cancéreuse.
Mots-clés
Traitements du cancer
du sein
Contraception
Troubles de la
ménopause
Keywords
Breast cancer
Contraception
Menopause
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En revanche, les progestatifs synthétiques ont exercé
des effets variables sur ces facteurs de croissance et
selon le type de récepteurs hormonaux portés par les
lignées cellulaires. Ces effets sont donc complexes
et la compréhension de ces phénomènes est incom-
plète, ce qui explique l’absence de consensus à ce
sujet ; les études réalisées chez l’animal renforcent
cette impression.
En pratique clinique générale, on emploie les micro-
progestatifs (noréthistérone, lévonorgestrel et
désogestrel), le stérilet au lévonorgestrel DIU LNG,
l’implant sous-cutané, les macroprogestatifs à doses
antigonadotropes ou encore l’acétate de médroxy-
progestérone retard par voie injectable.
Les microprogestatifs en utilisation quotidienne
restent peu utilisés dans la population générale, seules
5 à 15 % des femmes rapportant une utilisation au
cours de leur vie en Europe du Nord. Cela est vraisem-
blablement à une tolérance assez médiocre. De ce
fait, peu d’études ont analysé leur impact potentiel
sur le risque de cancer du sein.
La méta-analyse d’Oxford, une étude norvégienne
(NOWAC) [5] et une étude suédoise et norvégienne
(The Swedish Women’s Lifestyle and Health Cohort Study)
montrent des risques comparables à ceux observés avec
les pilules classiques estroprogestatives. L’interprétation
de ces résultats doit être prudente compte tenu des
faibles effectifs étudiés. Cependant, ces conclusions
paraissent logiques car l’absence d’effet antigonado-
trope des doses utilisées explique que ces patientes
présentent souvent des taux d’estradiol plasmatique
supraphysiologiques. Cela est corroboré par la consta-
tation clinique ou échographique de dystrophies
ovariennes avec follicules persistants qui produisent
de l’estradiol. Leur utilisation après un cancer du sein
sera donc déconseillée.
La contraception progestative peut également être
proposée sous forme d’implant sous-cutané.
En France, l’implant commercialisé contient de l’étono-
gestrel (métabolite actif du sogestrel). Aucune étude
épidémiologique n’a analyle risque de cancer du sein
lors de l’exposition à ce produit.Les études concernant
l’implant au vonorgestrel commerciali dans les pays
anglo-saxons étant de très faible puissance statistique
et se lant contradictoires, elles doivent conduire à
la plus grande prudence vis-vis de l’utilisation de ce
type de contraception chez les femmes anrieurement
traitées pour un cancer du sein.
L’utilisation d’un stérilet au lévonorgestrel DIU LNG
est longuement discutée depuis plusieurs années chez
les femmes avec un antécédent de cancer du sein (6).
LOMS classe l’utilisation du DIU LNG en catégorie 4
chez les femmes ayant un cancer du sein en évolution
ou en cours de traitement, et en catégorie 3 chez les
femmes n’ayant plus de cancer depuis plus de 5 ans.
Les recommandations françaises parues en 2004 sous
l’égide de lAfssaps vont également dans ce sens.
Le DIU LNG lire de faibles quantis de progestatif (20
µg de lévonorgestrel par jour) ; les taux plasmatiques
obsers varient selon les individus et croissent avec
le temps, mais ils ne sont pas très différents de ceux
observés avec la micropilule au lévonorgestrel.
Vingt pour cent des patientes sous DIU LNG sont
porteuses de kystes fonctionnels susceptibles de
sécréter de l’estradiol pouvant réactiver l’évolution
d’un cancer du sein hormonodépendant. Les réserves
vis-à-vis du DIU LNG sont donc semblables à celles
émises envers la contraception microprogestative.
Cependant, une étude puble dans Fertility and Sterility
en septembre 2008 ne montre pas d’augmentation
des récidives de cancer du sein lorsqu’il y a utilisation
d’un DIU LNG (7).
Seul un sous-groupe de patientes utilisant le DIU LNG
au moment du diagnostic et continuant à l’utiliser
ensuite présente une discrète augmentation du risque,
à la limite de la significativité sur le plan statistique,
par rapport à l’autre sous-groupe qui n’a commen à
utiliser le DIU LNG qu’après le traitement du cancer. Le
premier groupe présente cependant un envahissement
ganglionnaire au moment du diagnostic plus fréquent
que le second, ce qui peut constituer un biais. Cette
étude porte sur un assez faible nombre de cas (79 cas
étudiés par rapport à 120 témoins) et les auteurs préci-
sent clairement que d’autres études sont nécessaires
pour confirmer ou infirmer cessultats.
Lenjeu est d’importance car, alors que la contracep-
tion microprogestative est peu utilisée du fait de sa
fréquente mauvaise tolérance, le DIU LNG est un vrai
progrès pour les femmes qui apprécient la diminution
du volume des règles, voire leur disparition complète
avec ce mode de contraception peu contraignant
par ailleurs. De plus, de nombreux auteurs se sont
demandés si l’effet local du lévonorgestrel libéré par
ce DIU ne pourrait pas contre-balancer les effets lé-
tères du tamoxifène sur l’endomètre.
Un seul essai randomi, portant sur un petit nombre de
patientes études sur un an seulement, a montré que
le DIU LNG peut s’opposer aux modifications bénignes
de l’endomètre ; mais aucune étude ne prouve de façon
valie que le DIU au LNG puisse contre-balancer les
effets carcinogènes du tamoxifène sur l’endomètre.
De nombreuses incertitudes persistent sur l’impact
systémique du passage plasmatique du LNG, et l’uti-
lisation du DIU LNG par les patientes ayant présen
un cancer du sein semble devoir être réservée à celles
qui ne tolèrent ellement pas un DIU au cuivre bien
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adapté à la cavité utérine, toujours après concertation
multidisciplinaire et avis éclairé de la patiente.
L’utilisation de progestatifs par voie orale à dose anti-
gonadotrope en contraception est une spécialité bien
française. Cette contraception, souvent bien mieux
torée que les microprogestatifs, en fait une alterna-
tive intéressante dans la population générale lors des
contre-indications, en particulier métaboliques, des
estroprogestatifs. De plus, s’il existe une mastopathie
bénigne, la correction d’un déséquilibre hormonal –
insuffisance en progesrone et hyperestrogénie relative
– impliq dans la genèse de cette pathologie du sein
peut également avoir un intérêt certain.
Dans les années 1970, il était fréquent d’utiliser les
progestatifs, en particulier les dérivés de la nortestos-
rone en prévention du risque de cancer du sein.
Une étude de cohorte, inite à la fin des années 1970
à partir des consultations de sénologie de deux centres
(hôpital Necker et institut Gustave-Roussy), a inclus
1 150 femmes présentant des mastopathies bénignes
ou des mastodynies essentielles (8). Dix ans plus tard,
les premiers résultats montraient que l’utilisation de
ris de la nortestosrone à doses antigonadotropes
était associée à une diminution du risque de cancer du
sein. Lemploi d’autres progestatifs dans les mêmes
conditions nentraîne pas de modification du risque.
Ce suivi se poursuit à 20 ans et l’analyse des premiers
résultats confirme cette tendance.
Il s’agit bien entendu d’une étude épidémiologique d’ob-
servation dont les résultats gagneraient à être confirmés
par des essais randomisés, extrêmement difficiles à
aliser sur d’aussi longues périodes, pourtant néces-
saires du fait du délai de la carcinogenèse mammaire.
Les résultats de l’étude E3N (9) sont en apparente
contradiction avec les résultats précédents. Pendant
9 ans, 73 664 femmes âgées de 40 à 50 ans ont pondu
à des autoquestionnaires sur l’utilisation des théra-
peutiques hormonales et les pathologies associées.
Globalement, l’usage de progestatifs nest pas assoc au
risque de cancer du sein, mais plus la durée d’utilisation
est longue, plus le risque augmente pour atteindre 1,13
pour une durée d’utilisation supérieure à 4,5 ans (p =
tendance 0,012).
Pour les femmes déjà sous progestatif au moment
du diagnostic, le risque de cancer du sein est de 1,44
(IC
95
: 1,03-2,00) pour le sous-groupe dont le traitement
progestatif dure plus de 4,5 ans.
Ces deux études sont difficilement comparables, car
les doses et les durées d’utilisation de progestatifs par
cycles ne sont pas connues dans l’essai E3N (pas de
notion d’effet antigonadotrope ou non). De plus, le
niveau de risque de base des deux populations n’est
pas identique et l’histoire antérieure des patientes de
l’étude E3N nest pas connue, pas plus que l’indication
du traitement progestatif, ce qui peut induire un biais
de sélection.
Les hypothèses actuellement discutées pour expliquer
ces différences portent sur les susceptibilités indivi-
duelles au cancer du sein (polymorphismes) ou la ter-
mination génétique de la structure des récepteurs aux
androgènes.
En l’absence d’études randomisées, les progestatifs per
os à dose antigonadotrope ne peuvent cependant pas
être acceps comme contraception en cas d’andent
de cancer du sein.
Paradoxalement, le produit le plus étudest le MPA
retard, un acétate de droxyprogestérone administré
à dose antigonadotrope par voie intramusculaire, le
produit le moins prescrit.
Sur quatre études réalisées, trois études (méta-analyse
d’Oxford, étude de Shapiro portant sur des femmes
sud-africaines, importantes utilisatrices de ce type de
contraception mais à faible risque de cancer du sein, et
étude Care, portant sur des femmes américaines), nont
montré aucune augmentation du risque de cancer du
sein avec ce type de contraception, cependant assez
peu utilisée et indiquée surtout chez des femmes ne
pouvant pas s’astreindre à la prise quotidienne d’un
comprimé, du fait d’une tolérance plutôt médiocre.
Seule la 4 Corners Study, une étude cas-témoins
récente, a montré une discte augmentation du risque
dans un seul sous-groupe de femmes utilisant ce type
de contraception pour la première fois après l’âge de
35 ans (OR : 1,98 ; IC
95
: 1,12-3,52), ce risque disparais-
sant 5 ans après la dernre prise.
Par ailleurs, il semble que le MPA retard entraîne une
diminution de la densimammographique ; cela peut
être intéressant, car la hausse de densité mammogra-
phique complique le dépistage en augmentant le taux
de faux négatifs mais est aussi assoce à une prolifé-
ration mammaire accrue qui peut refléter une hausse
du risque de cancer du sein.
Dans certains cas, les effets du MPA retard pourraient
peuttre lui conférer des avantages qui l’emporteraient
sur les risques potentiels.
En résumé, dans la mesure du possible, une contracep-
tion non hormonale doit être préférée chez la femme
qui a été traitée pour un cancer du sein, le stérilet au
cuivre restant la méthode de choix.
Si cette solution est vraiment mal tolérée, un contra-
ceptif hormonal peut être envisagé, avec une grande
prudence. Les estroprogestatifs restent totalement
contre-indiqués.
En ce qui concerne les progestatifs, les formes orales
ne paraissent pas très intéressantes, encore qu’il faille
distinguer les microprogestatifs, mal tolérés et sans
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els bénéfices cliniques, et les progestatifs donnés à
dose antigonadotrope, auxquels manquent de toute
évidence des essais randomisés pour qu’ils puissent
avoir une place dans cette indication.
L’implant sous-cutané ne bénéficie d’aucune étude
permettant d’affirmer son innocuité.
Le DIU au LNG, pour l’instant contre-indiqué de prin-
cipe sauf cas exceptionnels, a de tels avantages en
termes de tolérance clinique et peut-être de bénéfice
thérapeutique (action sur l’endomètre en cas de prise
de tamoxifène) que les discussions méritent d’être
largement poursuivies afin de savoir si ces indications
ne peuvent pas être élargies.
Le MPA retard, quant à lui, semble procurer un fice
clinique sur la densimammaire, sa torance clinique
est aléatoire mais il pourrait être utiliponctuellement
chez les patientes ne pouvant tolérer aucun type de
stérilet, après décision collégiale et information éclairée
de la patiente. Les débats sont loin d’être clos.
Prise en charge des symptômes
résultant de l’insuffisance
ovarienne finitive
Comme nous l’avons vu en abordant le problème de la
prise en charge de la contraception, un certain nombre
de femmes jeunes traitées pour un cancer du sein vont
se trouver confrontées à une ménopause précoce
induite par le traitement chimiothérapique, d’autant
plus ovariotoxique qu’il contient des ris alkylants,
que les doses sont fortes et que la femme est plus âgée
au moment du diagnostic.
De plus, le cancer du sein touche majoritairement des
femmes de plus de 50 ans, dont certaines étaient trai-
es pour les sympmes nants dus à leur nopause
et à la privation estrogénique qui en résulte.
La plupart du temps, il s’agissait d’un traitement
hormonal comprenant des estrogènes et des proges-
tatifs (THS) qui va être interrompu, de même qu’il est
exclu de donner ce type de traitement à une femme
précocement ménopausée du fait du traitement de
son cancer du sein.
Avant même que les grandes études internationales
WHI, MWS et E3N ne viennent jeter le discrédit sur
les prescriptions de THS dans la population générale,
montrant que ce type de traitement augmente le risque
de voir apparaître un cancer du sein en dehors de tout
andent personnel, sa prescription était bannie de
principe chez les femmes ayant été traitées pour un
cancer du sein. Le dictionnaire Vidal contre-indique
également cette prescription en cas d’antécédent
personnel de cancer hormonodépendant.
La tibolone a suscité quelques espoirs, mais plusieurs
études ont prouvé de façon claire qu’elle ne devait
pas être utilisée chez les patientes traitées pour un
cancer du sein (10).
Des solutions alternatives vont devoir être trouvées
pour ces femmes.
Lexpérience de l’insuffisance ovarienne définitive est
d’autant plus mal cue qu’elle est souvent d’instaura-
tion brutale, quelle se surajoute aux autres effets secon-
daires des traitements anticancéreux qui en accentuent
parfois les symptômes (tamoxifène, antiaromatases)
et qu’elle est ressentie comme une agression supplé-
mentaire au schéma corporel et à la mini.
Il a été démontré que les patientes suivies pour un
cancer du sein et en mission ont une probabili 5,3
fois supérieure à celle d’une population contrôle de
ressentir des symptômes ménopausiques et utilisent
7,4 fois plus de traitements alternatifs. Cela semble
d’autant plus vrai que la femme est jeune (11).
Il paraît important d’aborder cet aspect des consé-
quences des traitements assez tôt dans la prise en
charge pour permettre à la patiente d’anticiper et
éventuellement de mettre en place des stratégies
de remplacement.
Il est par ailleurs essentiel de surveiller l’apparition
de la ménopause, toute aménorrhée prolongée ne
correspondant pas forcément à une insuffisance
ovarienne définitive.
Le monitorage des profils hormonaux peut être inté-
ressant, surtout si le risque de ménopause définitive est
faible car la normalisation des taux hormonaux peut
précéder de quelques mois la réapparition de cycles
menstruels.
Lorsque la ménopause est installée, il existe schéma-
tiquement deux types de symptômes, à court terme
(bouffées vasomotrices [BVM], troubles du sommeil
et de l’humeur, sécheresse vaginale et troubles de la
sexualité…) et à long terme (osoporose, problèmes
cardio-vasculaires, troubles neurocognitifs…).
Les BVM constituent la plainte la plus régulièrement
exprimée ; elle est majorée par l’hormonothérapie
adjuvante.
L’incidence des BVM est de l’ordre de 55 à 70 %, le reten-
tissement sur la qualide vie est important : inconfort
majeur, interférence avec la vie sociale, troubles de l’hu-
meur, insomnies. Ce dernier sympme augmente l’état
de fatigue majeur dont se plaignent déjà ts souvent
les femmes traitées pour un cancer du sein.
Le mécanisme des BVM est incertain ; on suppose
que les modifications hormonales (diminution du
taux d’estrogènes) et neuroendocrines (par le biais de
la sérotonine et de la norépinéphrine) au niveau de
l’hypothalamus entraînent une baisse de la gulation
1 / 7 100%

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