
de certaines décisions, mais cela ne constitue pas en soi
une réelle approche construite d’éducation thérapeutique.
Les séances (5-6 séances d’une heure en général) se déroulent
dans la plus stricte confidentialité du secret professionnel : on
doit pouvoir tout dire, sans tabou, sans crainte d'être jugé. On
peut également dire des choses en demandant de ne pas en
parler aux autres soignants, voire à son propre médecin...
L'important c'est d'être pleinement sincère, spontané, pour
pouvoir envisager une prise en charge qui VOUS corresponde,
proche de vous, de vos besoins, de vos désirs, tenant
pleinement compte de vos freins, barrières, contraintes, etc.
De nombreux outils (jeux de cartes, dessins, photos, réglettes,
brochures...) pourront être utilisés au cours de ces séances,
comme base de discussion, d'échange.
Certaines séances "en groupe" pourront également vous être
proposées, afin de profiter de l'expérience et du regard d'autres
patients — on parle d’aide par les pairs. Se dévoiler devant des
inconnus n'est pas toujours chose facile, mais ces moments de
partage d'expériences, de vécus, sont souvent très
enrichissants. L’écoute active et le soutien de personnes vivant
la même maladie est irremplaçable. Le rôle des associations
communautaires dans ce domaine est essentiel.
Quel sera votre interlocuteur en éducation
thérapeutique ?
Cette activité nouvelle est aujourd'hui cadrée par un diplôme.
Une formation d'au moins 40 heures est nécessaire pour
obtenir ce diplôme. La plupart des diplômés sont au départ
médecins, pharmaciens, infirmiers, psychologues, diététiciens,
mais cette formation est accessible aux associatifs et aux
malades eux-mêmes, désireux d'aider d'autres personnes
vivant avec la même maladie.
30
« A ton médecin,
tout tu diras ! »
La question qui fâche…
Réjouissons-nous, ces longs temps d'échanges entre les
professionnels de santé et les patients amènent un peu
d'humanité dans ce monde hospitalier où l'on a parfois
l'impression d'être traité comme un numéro de dossier...
Mais pourquoi ce regain d’humanité ? Le monde aurait-il tout
d’un coup pris conscience que l’écoute et l’empathie
étaient des socles négligés par le passé ? La réalité est sans
doute un peu différente. Les séances d’ETP demandent
du temps, beaucoup de temps, et par là-même, coûtent cher.
A une époque où l’on rogne sur tout, à l’hôpital comme ailleurs,
on pourrait se demander d’où vient cet argent, et pourquoi ?
En réalité, l’ETP est une activité que l’on pourrait qualifier
d’"à la croisée des chemins", un système "où tout le monde
y gagne", bien que pour des raisons très différentes. Si les
personnes malades sont indéniablement les premières
à en bénéficier, des soignants qui retrouvent le sens humain de
leur métier et élargissent leurs compétences à la pédagogie et
à la psychologie du comportement, y sont également très
favorables. De la même façon, les financeurs publics (les
agences régionales de santé (ARS), en France) voient leur argent
mieux utilisé, avec moins de frais liés aux complications d'une
maladie mal prise en charge. L’investissement en consultation
d’ETP devient dès lors "rentable". Enfin, même si cela pourra
agacer certains, les laboratoires sont aussi de ceux qui
soutiennent l’ETP, puisqu’elle permet une meilleure observance
de leurs médicaments et une meilleure gestion des effets
indésirables. Pourtant force est de constater que malgré cet
engouement général et la loi de 2009 qui plaçait l’ETP comme
“priorité nationale“, les moyens financiers et humains
manquent encore cruellement… Pire, de nombreux hôpitaux
ont détourné l’argent initialement prévu pour l’ETP afin
de rembourser une partie de leurs dettes… ! Quant aux
associations de patients, elles sont souvent les plus mal
servies : malgré leur engagement, peu obtiennent les
autorisations exigées par la loi ou des financements pour leur
participation aux programmes d’ETP.
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