L'ECONOMIE POLITIQUE CLASSIQUE Introduction → nomos (la règle/norme/loi)

publicité
L'ECONOMIE POLITIQUE CLASSIQUE
Introduction
- Économie (Hésiode) → oikos (maisonnée, grpe domestique, domaine agricole géré par l'H libre)
→ nomos (la règle/norme/loi)
=> règles de bonne gestion du domaine agricole
- Économie politique (Antoine de Montchrestien, Traité d'économie politique, 1615) → polis (la
cité comme organisation politique) → paradoxe (oikos = domaine de la nécessité = dévalorisé ≠
polis = vie citoyenne = valorisé)
- Chute féodalité → état moderne centralisé → économie politique classique = transposition de la
bonne gestion au royaume tt entier (volonté de rupture ac la philosophie morale) => mercantilisme
qui se divise en 2 groupes sociaux : commis de l'état (Colbert) et marchands, industriels, banquiers.
Diversité des préceptes (étatistes ou libéraux) mais raisonnement dans un cadre commun.
1. Au niveau de l'économie tte entière 2. Commerce entre les pays 3. Commerce international = jeu
à somme nulle (valorisation métaux précieux)
- Grande rupture = Adam Smith : pensée de l'économie en terme de marchés, s'inspirant des
physiocrates (seule agriculture crée richesse → richesse = production) et prôner la libéralisation du
commerce, la suppression des corporations et des monopoles (= barrières à l'entrée sur le marché du
travail et des biens)
I. Adam Smith et le programme de recherche classique
A) La division du travail est source de croissance
1°) La nature de la richesse des nations (+ nation = ensemble des agents qui sont sur un même
territoire [entreprises, ménages, etc.])
circuit fermé => Y = C + I (Y = yield, revenu national production, offre globale, C+I = demande
globale)
économie ouverte => Y + M = C + I + X
richesse = produits, biens, services, vendus sur le marché (on s'intéresse au volume de la production
et au pouvoir d'achat du consommateur)
Rmq : salaire nominal = w (wage) ≠ salaire réel = w/p (=> INSEE crée indicateur le panier de la
ménagère dont le prix est appelé niveau général des prix)
Au niveau de la nation, richesse = somme des productions des entreprises et administrations
(mesurée avec le PIB = somme des valeurs ajoutées [valeur créée lors du processus de production]
par les entreprises et les administrations)
ex: entreprise A→1$ B →2$ Consommateur => éco internationale = 2$
L'entreprise crée de la valeur en combinant L et K (détruit en + d'1an) mais détruit des produits
nécessaires à la production → consommation intermédiaire (détruit en – d'1an)
VA = pQ – CI (Valeur Ajoutée = prix du Produit – Consommation Intermédiaire)
∏(bénéfice entreprise) = pQ – CI – wL – rK
Convention : ds le secteur marchand valeur production = coût de production et VA = wL – rK, ce
qui => ∏ = 0
Rmq : PIB = production réalisée sur le territoire, PNB = production réalisée par les actifs détenus
par les français
Croissance éco = Y2009 – Y2008, λ= (Y2009 – Y2008)/ Y2008
Selon Smith, le commerce international est source de croissance car il permet une grande DT.
2°) Les causes de la croissance
Prquoi les sct modernes sont + riches que les sct de chasseurs-cueilleurs? (cf. tribus natives
d'Amérique du Nord où chacun se livre au même activités que les autres et dont le revenu par tête <
Angleterre au début de la révolution industrielle). Quand chacun se spécialise dans une activité
(groupes socioprofessionnels différenciés) chacun est plus efficace et la production globale
augmente. La DT est donc source de croissance, elle augmente le revenu national, mais génère aussi
des inégalités (cependant, le revenu des pauvres augmente).
+ Division du Travail = décomposition du processus de production entre les individus au sein
d'une même organisation et entre les groupes sociaux au sein de la même société.
Rmq : il s'agit d'un raisonnement sur des situations théoriques
=> On dit qu'il existe des gains de spécialisation
La hausse de la production globale est attribuable à une hausse de la production par ouvrier cad la
productivité = Y/L. Dans la société le L est divisé entre groupes sociopro comme au sein de
l'entreprise (cf. métaphore de la manufacture d'épingles en ouverture du livre)
Dans la société moderne, chacun dispose d'un surplus défini comme la différence entre le produit de
son travail et ses besoin dans le bien produit, ce surplus est ensuite vendu sur le marché. Le lien
richesse/pouvoir n'est pas direct, la richesse c'est le pouvoir d'acheter le produit d'autrui sur le
marché.
B) Le marché est l'opérateur de la division du travail
1°) Deux concepts fondamentaux : capital et marché
a. Le capital
Les philosophes grecs anciens comme Aristote condamnent la cupidité (désir d'enrichissement
illimité → vice destructeur pour la société). Société posée en opposition entre riches(ceux qui ont
les moyens d'effectuer des dépenses de luxe) et pauvres(ceux qui n'ont que les moyens d'acheter des
biens de subsistance) et non entre salariés/possesseurs de capitaux => grand débat XVIIIe siècle =
querelle du luxe. Querelle tranchée par les physiocrates (en particulier François Quesnay, chef de
file) qui posent les dépenses des riches non pas seulement au prisme de la consommation mais aussi
à celui de l'investissement → rapport K/investissement.
+ Capital = stock qui permet de produire, il est lié à un flux : l'investissement.
Les possesseurs de Kx vont devoir faire des avance (= l'investissement) pour permettre à l'entreprise
de produire. Le désir d'enrichissement est la condition de l'accumulation du K nécessaire à la
production. Les revenus de la société sont tributaires de cette accumulation, elle n'est pas détruite
mais enrichie => ce désir = épargne = vertu. Quesnay n'applique ce concept qu'à l'agriculture, Smith
aussi à l'industrie et les services.
b. Le marché
# Richard Cantillon (1755) (Smith reprend son analyse du marché)
Banquier irlandais du début du XVIIIe, fortune dans la banque, décès en 1734, manuscrit sur L'essai
de la nature du commerce en général perdu, traduction française retrouvée par les physiocrates qui
la publient, le1er à raisonner en terme de marché et non en terme de circuit international. Cotillon
distingue 2 notions : le coût de production et le prix du marché (les 2 pas nécessairement égaux) ; il
montre qu'un mécanisme fait tendre le prix du marché vers le coût de production : la confrontation
de l'offre et de la demande.
(1) Supposons que pα> c^t → profit → entrepreneurs produisent + → ↑ offre → ↓prix
(2) pα< c^t → arrêt de production → ↓ offre → ↑prix
=> mécanisme régulateur qui fait que pα et coût et ne peuvent pas être différents
équilibre = pα=c^t, théorie de la gravitation des prix
Prix
Prix de marché
Cout de production
Représentation schématique de la théorie de gravitation des prix.
temps
# Apports de Smith
coût = prix naturel, cad la valeur du prix à long terme
mécanisme régulateur du marché = concurrence
(1) A court terme, coût stables
(2) Il n'existe pas de barrières à l'entrée (libre entrée des offreurs sur le maché)
(3) A court terme, demande constante
=> C'est l'offre qui va varier sur le marché sous l'effet de la concurrence
• si pα> c^t → profits importants → nouvelles entreprises vont rentrer sur le marché →
↑ offre → ↓prix
• si pα<c^t → profits faibles → entrepreneurs quittent le marché → ↓ offre → ↑prix
Cette nouvelle formulation apporte 2 choses : Smith montre que le mécanisme qui fait tendre le
marché vers l'équilibre est la concurrence et que le taux de profit Π/K égal sur tous les marchés.
2°) La « main invisible » solution smithienne au problème de la coordination
#Karl Polanyi (1944, économiste hongrois)
Selon lui, la thèse de la main invisible s'inspire d'un ouvrage antérieur, La fable des abeilles
(Bernard de Mandeville, auteur mercantiliste qui au début du XVIIIe publique un pamphlet qui fait
scandale : fable où la société est comparée à une ruche, contribution à la querelle du luxe), est-il
immoral d'agir selon son intérêt égoiste?
Thèse : On ne peut séparer les actions en nobles/viles selon leur motivations → conséquentialisme
(la moralité d'une action se juge à ses résultats et non à ses motifs)
ex : (1) voleur dérobe l'or d'un vieil avare et le dépense en alcool contribue au bien être de la société
parce qu'il évite que l'argent reste oisif et fournit des revenus au tavernier qui va pouvoir
consommer. (2) Le libertin qui dilapide la fortune familiale donne du tavail à son tailleurs et aux
prostituées qui vont à leur tour pouvoir consommer.
=> Les dépenses de luxes des riches sont les revenus des pauvres
=> Une société dans laquelle chacun se laisse entraîner à son intérêt égoïste engendre le bénéfice de
tous (« les vices privés font le bonheur public » = sous titre de la fable)
# Reformulation Smith
Il existe une règle de comportement spécifique qui est que chacun agit selon son intérêt égoïste,
sans le savoir pour le bien être de tous.
Ex : la DT n'est pas la conséquence d'un mouvement altruiste mais augmente Y
Le marché comme moyen de coordination est une réponse économique (comme le contrat de
Hobbes ou Locke est une réponse politique) → chacun est poussé par l'égoïsme à l'équilibre du
marché, à maximiser son revenu individuel → maximiser le revenu de la nation => la main
invisible pousse les individus à agir de manière profitable à tous. Grâce au marché, chacun
règne sur un empire virtuel plus riche que celui d'un chef de tribu de chasseurs-cueilleurs (société
commerçante → économie de marché → organisation de la structure sociale)
3°) La main invisible et le libéralisme économique
a. la DIT
L'extension du marché favorise l'extension de la DT (= lien main invisible/DT) → la DT est une
fonction croissante de la taille du marché, plus le marché est grand plus les agents peuvent se
spécialiser. L'internationalisation des échanges correspond à une augmentation de la taille du
marché. DIT → augmentation de la taille du marché → augmentation de la DT → croissance
→ augmentation du bien-être de tous. Pour Smith la DIT n'est qu'une forme particulière de DT
(on lui applique le même schéma théorique autarcie/commerce libre). Smith réfute les
mercantilistes en démontrant que le commerce international est un jeu à somme positive (et non
nulle).
Rmq : la délocalisation est un phénomène rare
b. L'intervention de l'état
Pour Smith, l'état est la condition du bon fonctionnement du marché, il a 4 fonctions :
– fonctions régaliennes (défense, sécurité, justice)
Rmq : l'état réduit à ses fonctions régaliennes est un État-Gendarme
– Financer les infrastructures nécessaires au bon fonctionnement de l'économie (les
travaux publics ne peuvent être financés que par l'état car une entreprise privée ne retirerait
jamais assez de profit pou couvrir son investissement initial : bénéfices non pas mesurés au
niveau individuel mais à celui de la population toute entière).
+ bien public : bien dont la disponibilité n'est pas affectée par la présence d'un consommateur
supplémentaire (en présence de biens publics l'équilibre du marché n'est pas optimal)
– Établir la concurrence (pas d'inquiétude vis à vis du pouvoir de marché des syndicats car à
on son époque les entrepreneurs ont suffisamment de pouvoir pour le contenir). Le problème
est l'influence des entrepreneurs sur l'état (mercantilisme favorise privilèges de marchés).
+ pouvoir de marché : influence sur la fixation des prix
Ex : UE amendes pour Microsoft
– Garantir l'éducation : Adam Smith craint que la DT ne devienne trop poussée, qu'elle ait
des conséquences trop négatives sur les compétences intellectuelles des ouvrirers et propose
donc que l'était finance l'éducation (par encore réseau d'écoles publiques mais financement
public des écoles)
Ccl : L'état n'est pas réduit à un État-Gendarme. Le fonctionnement du marché n'est pas
spontanément optimal, il existe des défaillances de marché que l'état doit pallier. Sans l'intervention
de l'état l'économie de marché tendrait vers sa propre destruction.
C) La spécialisation des tâches et des professions
# Karl Marx (Le Capital) : distinction division sociale et division technique du travail
DST = division entre les associations productives du processus de production (passe par le marché)
DTT = division du processus de production à l'intérieur de l'entreprise (opérée par la hiérarchie de
l'entreprise). Smith en est conscient mais tient le même schéma pour DTT et DST car elles ont la
même cause (propension des hommes à échanger, travailleurs prêts à louer leur travail contre un
salaire) et la même conséquence (la croissance économique).
1°) La division technique du travail
3 arguments expliquent que la DTT augmente la productivité :
– Chaque ouvrier se consacre à une seule tâche → se spécialise → devient plus compétent
– Diminution des pertes de temps liées au changement de tâche
– existence du progrès technique (le salarié spécialisé dans une tâche va porter sa réflexion
sur cette unique tâche et trouver des moyens de soulager sa peine)
Rmq : les deux 1ers arguments sont compatibles avec le Taylorisme (doctrine de gestion des
entreprises qui cherche à profiter au maximum des gains de spécialité au sein du processus de
production → tâches de conception et de production distinctes et ouvrier spécialisé dans une seule
tache donc non qualifié) mais par le 3e qui suppose que les ouvriers sont assez qualifiés pour
innover. On ne peut donc pas considérer Smith comme une préfiguration du Taylorisme (théorie
économique ≠ doctrine de management).
Le progrès technique est un processus endogène (conséquence de l'activité économique). Smith est
conscient que la DT → travail répétitif et abêtissant = effet négatif sur la développement intellectuel
des ouvriers (remise en cause argument 3), c'est pourquoi il en appelle à un financement public de
l'éducation.
2°) La division sociale du travail
L'objectif est d'expliquer le passage d'une société de chasseurs-cueilleurs à une société
commerçante, la société de chasseurs-cueilleurs est caractérisée par l'absence de DT et de propriété
privée => absence d'inégalité et d'échange. La société commerçante est caractérisée par la DT,
l'accumulation du K, la spécialisation socioprofessionnelle, une économie d'échange. Les activités
intellectuelles supposent l'existence d'un surplus. La société commerçante est assurée d'un surplus
dans les activité de subsistances donc les agents peuvent se spécialiser dans autre chose que le
production alimentaire, elle fonctionne grâce au marché.
3°) Le cercle vertueux de la croissance économique
Limites de la DT : - taille du marché (débouchés) : marché étroit → peu de débouchés → DT
limitée → peu de gain de spécialisation ≠ marché grand → beaucoup de débouchés → grands gains
de spécialisation
- accumulation du K (chez Smith, sert principalement à avancer le salaire des
ouvriers) faible K → petit nombre de pers → faible DT ≠ forte DT → grand nombre d'ouvriers. La
croissance dépend donc de ces deux facteurs.
La croissance économique semble être un cercle auto entretenu.
II. Débats autour d'Adam Smith
A) Valeur objective ou valeur subjective?
1°) Valeur d'échange et valeur d'usage
# Aristote, La Politique : 1ere distinction valeur d'usage/ valeur d'échange
# Smith pense qu'il n'existe pas de lien valeur d'échange/ valeur d'usage (cf. paradoxe de l'eau et du
diamant)
# Ricardo prolonge ses travaux et met à jour deux problèmes :
– le fondement de la valeur
Si un bien n'a aucune utilité il n'est jamais acheté par qui que ce soit => la valeur d'usage est donc la
condition nécessaire de la valeur.
– La mesure de la valeur
Gravitation des prix → pas de lien prix/utilité d'un bien mais prix/coût de production => il faut
déterminer les coûts de production. Selon Ricardo ce déterminant est la quantité de travail
nécessaire pour produire le bien => théorie de la valeur-travail qui domine jusqu'à la fin du XIXe
aussi appelée théorie objective de la valeur (déterminée par des paramètres objectifs = la quantitié
de facteurs nécessaires à la production). Abandonnée à la fin du XIXe au profit des théories
subjectives de la valeur (utilité qu'un bien procure à un consommateur selon lui)
2°) Les conceptions objectives de la valeur
a. Le problème de la valeur chez Smith
Les commentateurs ne s'accordent pas sur le fait qu'il existe une théorie smithienne de la valeur.
Réfutation des conceptions mercantilistes de la mesure de la valeur d'échange (selon la quantité d'or
= valeur nominale) : la valeur de l'or connait d'importantes fluctuations dans le temps liées au
variations de l'offre d'or (cf. or rapporté d'Amérique latine) → inflation → la valeur monétaire des
biens produits n'est pas constante donc la variation de la valeur du stock de métaux précieux ne
reflète pas celle de la richesse de la nation. Comment mesurer la valeur d'un bien?
(1) Société de chasseurs-cueilleurs → pas de propriété privée, pas de K → seul facteur de
production = le travail
(2) Société commerçante → 2 facteurs de production = K et L → valeur d'un bien > travail
incorporé
# Joseph Schumpeter (1954, Histoire de l'analyse économique, économiste et historien de la pensée
économique autrichien de la 1ere moitié du XXe)
Smith propose de prendre le travail comme numéraire pour comparer la valeur des différents biens,
d'exprimer le prix des biens selon le nombre d'heures de travail que chaque bien pourrait acheter sur
le marché des biens. (ex : 1qtal de blé = 100$, 1h de L = 10$, 1qtal de blé= 10h). Selon
J.Schumpeter on fait une erreur en affirmant que Smith développe une théorie de la valeur-travail
(le travail n'est pris que comme numéraire « s'il avait choisi d'exprimer la valeur des biens en
nombre de bœufs, Smith n'aurait pas énoncé la théorie de la valeur-bœuf) et le responsable de cette
confusion serait Ricardo.
b. La valeur du travail incorporé chez Ricardo
Dans Les principes de l'économie politique et de l'impôt (1877) Ricardo attribue à Smith une théorie
de la valeur travail et a la volonté de se situer dans la lignée des travaux de Smith. Il critique le
choix du travail comme numéraire dans les sociétés commerçantes car cette valeur est selon lui
confuse. Il propose de mesurer la valeur à l'aide du travail incorporé car celui ci est beaucoup plus
stable (dépend principalement de facteurs techniques et peu des fluctuation de salaire).En théorie on
peut ramener le K a du travail puisqu'il peut être considéré comme du travail indirect, cette
incorporation entraîne peu de variations (à l'époque où il écrit l'économie est peu capitalisée 7% K).
3°) Les conceptions subjectives de la valeur
# Schumpeter (1954) : avant Smith et Ricardo, les théories subjectives dominaient notamment chez
les physiocrates (Turgot, Condillac) transmises aux économistes classiques français (JB Say) et
anglais (RT Malthus)
→ Condillac, Le commerce et le gouvernement (1776)
« une chose n'a pas une valeur parce qu'elle coûte, comme on le suppose ; mais elle coûte
parce qu'elle a une valeur », le prix mesure les désir des hommes pour le bien.
(1) Un bien n'est pas utile ou intuile dan sl'aboslu (cf. accessoire de mode). Pour Condillac l'utilité
est une notion subjective cad qu'elle repose sur le jugement de l'individu qui estime qu'un bien est
capable ou n'est pas capable de le satisfaire (utile = qui apporte de la satisfaction subjective)
(2) bien n'est pas rare ou abondant dans l'absolu mais parce que nous considérons les quantités
suffisantes ou non pour nous satisfaire
=> les deux paramètres son liés pour expliquer la valeur subjective d'un bien : on ressent d'autant
plus fortement l'utilité d'un bien qu'il est rare. On ne ressent pas le besoin de d'un bien abondant
donc subjectivement il est inutile résolution du paradoxe eau/diamant qui disparaît. Smith et
Ricardo voient le paradoxe uniquement car ils pensent l'utilité comme une propriété objective des
biens et non pas comme une relation subjective bien/individu
→ Jean-Baptiste Say, Traité d' économie politique classique en 1803, cours au collège de France
publié en 1828 = refus de la théorie ricardienne de la valeur et reprise de la théorie subjective. Selon
Say la distinction entre prix de marché n'a pas lieu d'être, la valeur n'est que la résultante de l'offre
et de la demande.
B) La division internationale du travail
# Adam Smith (1776) réfute la conception mercantiliste du commerce international pour 2 raisons :
– Il ne faut pas l'expliquer au niveau des nations mais au niveau des agents économiques
individuels (entreprises et ménages ≠ être collectif national), la politique publique ne fait
qu'influencer les comportements individuels.
– Le commercer international est un jeu à somme positive du fait des gains de spécialisation
liés à la DT
=> Comment s'opère la spécialisation internationale?
Orientés par la main invisible, les agents de chaque pays se spécialisent dans l'activité dans laquelle
ils sont le plus productif (bien produits là où ça coûte le – cher) → le commerce est mutuellement
avantageux car chaque pays dispose d'une quantité supérieure de bien à un prix inférieur.
# David Ricardo Principes de l'économie politique et de l'impôt (1817) : la spécialisation n'est pas la
conséquence de négociations internationales entre les gouvernements mais vient du comportement
des agents individuels qui veulent profiter des gains à l'échange. Les nations ne 'doivent' pas se
spécialiser, elles le font (pas de l'ordre du normatif mais du positif). Le principe des avantages
comparatifs permet d'expliquer la spécialisation au niveau individuel et pas seulement international.
Ex : (1) Même s'il coûte moins cher à l'Espagne de produire des draps qu'à la GB, elle lui achète
quand même des draps car ce qui lui coûte moins cher est de produire du vin, que la GB lui achète.
(2) Même si l'avocat est plus performant dans les taches de traitement de texte il a quand
même intérêt à se spécialiser dans les taches juridiques
Ricardo propose dans un cadre hypothéticodéductif un schéma simplifié du commerce
international. Pour cela, 3 hypothèses :
- Existence d'un marché international des biens (homogénéité des biens,
- Circulation libre des biens entre les nations, => mobilité des biens.
- Il n'existe pas de marché international des facteurs de production (K et main d'œuvre fixés aux
pays) => immobilité des facteurs (hypothèse acceptable pour L car peu de migration)
III. La répartition : conséquence de la fixation des coûts et cause de la dynamique économique
+ dynamique économique : étude de l'activité économique (l'évolution de la production = la
croissance) sur le long terme
+ allocation des ressources : la manière dont les facteurs de production sont mobilisés pour produire
(avant la production)
≠ + répartition des revenus : une fois la production vendue comment on distribue les revenus à ceux
qui ont participé à la production.
Lien entre ces deux notions = l'allocation des facteurs se fait grâce au marché, elle détermine la
répartition des revenus. C'est la fixation des prix sur le marché des facteurs qui détermine la fixation
des revenus ( ex : le marché du travail détermine le revenu des salariés)
# Ricardo, Essai sur les profits (1815) : l'objet central de l'économie est la répartition, 1ere théorie
de la répartition mais pas de théorie de la valeur. La répartition se caractérise de 3 manières :
(1) Chaque facteur de production correspond à une classe sociale (travail/ouvrier,
K/entrepreneurs, terre/propriétaires)
(2) Le marché fixe le revenu de chacune de ses classes (salaire, profit, rente). S'intéresser à la
répartition c'est chercher les déterminants du prix naturel/coût de production des facteurs.
(3) Chaque classe possède un et un seul revenu (ouvrier n'ont aucune capacité d'épargne → pas
d'accumulation de K, seuls les entrepreneurs possèdent du K qu'ils mettent en valeur euxmême (cad que chaque entrepreneur possède la totalité du K de son entreprise), on épargne
uniquement dans le but d'investir dans son entreprise)
A) Les salaires et le marché du travail
Dans la théorie classique du marché du travail, le travail est considéré comme un bien qui
s’échange sur le marché : théorie du travail-marchandise. On applique au travail un système
d’offre et de demande : les ouvriers sont offreurs ; les entrepreneurs sont demandeurs. Une « offre »
d’emploi est en fait une demande de travail.
1°)
L’offre de travail et le principe de population.
Deux horizons temporels :
Court terme (périodes < 15 ans) : offre de travail fixe, inélastique (elle ne varie pas en
fonction du salaire). Tous les ouvriers vivant à une date T ont besoin de travailler pour vivre : ils
offrent leur travail quelque soit le salaire proposé.
-
A long terme : offre de travail fonction croissante du salaire du fait de la croissance
démographique. Les salaires élevés, les naissances sont plus nombreuses et les enfants arrivent sur
le marché du travail 15 ans plus tard. L’offre de travail s’ajuste à la démographie.
Comment ? cet ajustement par la démographie a été théorisé par Malthus dans L’essai sur le
principe de population (1798). Pasteur anglican qui va s’intéresser à la démographie. Son essai
connait un immense succès. Malthus s’oppose beaucoup à Ricardo. Malthus donne une formulation
mathématique à une idée en vogue, qui est que la population tend à croitre plus vite que les
ressources disponibles è principe de population : si les ressources ne sont pas limitées, la
population suit une progression géométrique. P(n+1)=q*P(n), q représentant la taille des familles.
Les ressources disponibles croissent selon une progression arithmétique : R(n+1)=R(n)+r. Sur le
long terme, la croissance est beaucoup plus lente que l’évolution démographique, qui se trouve
fortement ralentie, de fait. Il existe donc des freins à l’évolution spontanée de la population :
Le frein positif : les ressources sont insuffisantes pour nourrir la population è sous
alimentation, famine è ↘ population. Frein ex-post : intervient après les naissances.
Le frein préventif (ex-ante) : contrôle des naissances, proposé par Malthus comme solution
au problème de population : malthusianisme, par retardement de l’âge au mariage, et non par
contraception (vice moral inhérent à une société où le frein positif est développé).
Le principe de population est le grand argument des classiques pour s’opposer aux Poor Laws
(1795 à Speenhamland). La paroisse finance un complément de revenu pour les pauvres et très
pauvres. Législation sociale. Trois ans après, Malthus publie son essai. Les classiques s’opposent
aux Poor Laws è abolition en 1834. Selon Malthus, si on accorde un revenu supplémentaire
aux ouvriers ils ne vont pas avoir un meilleur niveau de vie mais faire plus d’enfants : les
aides aux pauvres maintiennent les pauvres dans la pauvreté. Malthus illustre son argumentation par
la métaphore du « banquet de la Nature » (texte fait scandale, sera retiré des éditions postérieures).
Dame nature organise un banquet, mais le nombre de places est limité par la limitation des
ressources disponibles. Les convives se demandent s’il faut faire de la place à ceux qui n’ont pas
été invités. Selon Malthus, si les convives acceptent de se serrer à table et de partager, les intrus
vont se multiplier et l’abondance va se transformer en disette. Les actions généreuses envers les
pauvres ne peuvent pas les aider.
Quelle est la validité du principe de population ? Le succès de l’essai de Malthus vient de la
formulation mathématique de son idée. Mais il ne s’appuie sur aucune donnée statistique. Le
principe ne décrit pas la croissance de la population, mais ce qu’elle serait sans limitation de
ressources. Malthus postule que les hommes font autant d’enfants qu’ils le peuvent. Quand la
richesse nationale augmente, la prédiction de Malthus est que le niveau de vie individuel est
stable et que la fécondité augmente. C’est exactement l’inverse qui s’est passé depuis 200 ans !
Malthus n’a pas vu la transition démographique.
La transition démographique est une période d’ajustement entre un régime d’équilibre haut
(ancien) et un régime moderne d’équilibre bas. La mortalité diminue en premier (progrès de la santé
et de l’hygiène), et la natalité reste stable : croissance de la population. Puis, la fécondité s’ajuste.
Le premier pays à entrer en transition est la France. La mortalité et la fécondité diminuent en
même temps (contraception rudimentaire, lois sur l’héritages) è France terre d’immigration.
2°) La demande de travail et le fonds des salaires.
Dans l’économie politique classique, le capital sert surtout à avancer les salaires ouvriers. Le
capital constitue le fonds des salaires. La demande de travail dépend de l’accumulation du
capital.
3°) L’équilibre du marché du travail et le salaire de subsistance.
-
Court terme : offre de travail fixe, les ouvriers étant obligés de travailler. Les entrepreneurs
préfèrent faire travailler leur capital plutôt que de le laisser oisif. L’offre et la demande sont donc
fixes. L’équilibre est déterminé par l’égalisation de l’offre et de la demande. Le paramètre qui va
varier est donc le salaire, égal à K/Nombre d’ouvriers. A court terme, le capital accumulé détermine
le montant des salaires.
-
Long terme : pour les classiques, c’est le principe de population qui détermine le niveau
tendanciel des salaires, i.e. le prix naturel du travail.
ð
Le salaire réel est donc bloqué à un salaire de subsistance, minimum
pour assurer la survie d’ouvrier et de leur descendance, principalement
composé de blé.
Le salaire de subsistance est vu comme un minimum vital prévu par la biologie ; et Ricardo
insiste sur le caractère erroné de cette interprétation. Selon Ricardo, le prix naturel du travail n’est
pas constant au cours de l’histoire ; le niveau de subsistance ayant tendance à augmenter au cours
du temps parce que les choses qui paraissaient superflues à d’autres époques sont devenues
nécessaires à la vie. Le niveau de subsistance n’est pas déterminé par la biologie mais par les
habitudes sociales.
B) Les profits et la concurrence entre les entreprises
Dans la théorie ricardienne, il n’existe pas de marché du capital : le niveau des profits est
fixé par la concurrence des entreprises sur le marché des biens.
Les classiques anglais donnent trois fonctions au patron, le profit rémunère trois fonctions
économiques de l’entrepreneur :
-
L’entrepreneur avance le capital nécessaire à la production :
o
Salaires
o
Machines, locaux (capital immobilisé)
o
Consommations intermédiaires, i.e. capital circulant.
L’entrepreneur organise la production : il répartit les tâches, choisit les techniques de
production.
Il assume le risque sur le marché des biens. Le prix courant se règle selon les variations de
l’offre et de la demande. Il peut être temporairement inférieur au prix naturel : la production court
un risque, assumé par l’entrepreneur.
ð
Chez les classiques anglais, il n’existe pas de marché des capitaux : l’entrepreneurs
possède l’intégralité des capitaux de son entreprise et investit sur ses fonds propres.
L’entreprise est autofinancée.
Qu’est ce qui régule la rémunération de l’entrepreneur ? Comment se fixe le profit ?
Les classiques anglais définissent le profit comme ce qui reste à l’entrepreneur après avoir
payé les salaires : valeur marchande de la production moins les salaires. Le profit est un résidu, et
ce qui motive l’entrepreneur est le taux de profit, i.e. le rapport entre profit total et capital
avancé.
Supposons deux marchés A et B. les salaires sont égaux dans toute l’économie. On pose par
hypothèse que la demande est constante. Soit Tx le taux de profits. Supposons que Tx A > Tx B. les
entrepreneurs ont intérêt à investir dans la production de A. Certains entrepreneurs quittent B pour
A. L’offre de A augmente, la demande étant constante. Le prix de A ↘. Tx baisse.
La concurrence entre les entrepreneurs égalise les taux de profits.
C)
La rente différentielle
• Malthus et Ricardo refusent la théorie smithienne de la rente.
Dans une région donnée, on a plusieurs demandeurs de terre, les fermiers, et un seul offreur
de terre, le noble de la région, propriétaire foncier. Situation de monopole. Les principes
concurrentiels de régulation des prix ne s’applique pas : pas de libre entrée. La théorie classique du
marché ne s’applique pas è le noble va louer sa terre le plus cher possible. Px monopole > px
concurrentiel. Si il existait un marché, la terre ne serait qu’une forme de capital : le propriétaire doit
faire des investissements pour mettre en culture la terre : il doit la défricher, construire des
infrastructures, etc è le propriétaire toucherait donc un profit, i.e. l’intérêt de son capital. Smith ne
dit pas comment se fixe le prix, mais comment il ne se fixe pas.
Ricardo et Malthus abandonnent la théorie smithienne de la terre car elle est « en creux ».
Ricardo et Malthus considèrent que la terre n’est pas un facteur de production comme les autres.
• James Anderson (1777). Landlord écossais. En France les nobles résident le plus souvent à
Versailles, pour éviter des forces centrifuges en occupant les nobles aux dépenses de luxe. Les
nobles anglais habitent sur leurs terres et ont eu un rôle important pendant la révolution
industrielle : ils ont cherché à ↗ la productivité de leurs terres par l’introduction de progrès
technique. Engrais, machines agricoles… anderson, formation de chimiste, a inventé des machines
et s’intéresse au débat intellectuel de l’agriculture. Il s’intéresse à un paradoxe, en comparant la cote
est (plaines) et ouest(montagnes) de l’époque. A l’ouest, le prix du blé est > au prix de l’est, et la
rente plus faible ! Si la rente était un cout de production comme les autres, le prix devrait être
fonction croissante de la rente, à salaire égal et taux de profit égal.
Pour résoudre ce paradoxe, il introduit la théorie de la rente différentielle : elle n’est pas
un cout de production mais un résidu obtenu par le propriétaire une fois payés les couts de
production (salaires et profits pour les fermiers). Les terres sont inégalement productives, et le
prix de production du blé s’en ressent. Sur le marché, un quintal de blé a toujours le même prix,
qui doit couvrir au minimum les salaires et les profits. Dans ce cas, la rente est nulle. Pour les terres
productives, il ya une différence positive entre le prix et le cout de production : c’est la rente,
appropriée par les propriétaires. Cette rente rémunère la qualité de la terre.
Exemple numérique :
-
Le prix de la balle de gruau est fixé
Il existe différentes qualités de terre, de la plus productive à la moins productive A, B, C, D,
E, F.
Cout de production des terres.
F
Prix du Blé
E
Rente différentielle :
D
C
B
A
o
Débat sur les CornLaws : Malthus/Ricardo, Ricardo opposé à ces mesures protectionnistes,
font augmenter prix des subsistances ouvrières. Fait valoir les gains du commerce international qui
permettraient d’avoir une nourriture moins chère en Grande-Bretagne. Malthus favorable au
protectionnisme agricole, argument : importations de blés font baisser prix, font baisser revenus des
propriétaires terriens (nobles), craint que cela n’aie des répercussions négatives sur la demande
nationale et que ça génère crise.
D)
Répartition des revenus et croissance économique
Le salaires, les profits et la rente ne se fixent pas indépendamment les uns des autres. Une
proportion du revenu national va à chaque classe sociale. Ricardo (1815) essaie de comprendre la
fixation de ces trois prix. Il pense que les trois se fixent en même temps, résultat d’une interaction
entre deux mécanismes : principe de population et rente différentielle. Selon Ricardo, cette
répartition a un impact sur la dyna.
Supposons une eco en croissance :
Le prix du blé est plus élevé, il faut donc augmenter le salaire nominal pour parvenir au niveau de
subsistance. Pas d’amélioration du bien être.
Le prix du blé est plus élevé, donc la rente globale a augmenté, notamment sur les terres fertiles. La
croissance engendre une augmentation de la part conjointe salaire/rente dans le revenu national. La
part du profit diminue. Si le taux de profit est trop bas, les entreprises n’auront plus d’incitation à
investir : plus d’accumulation du capital, donc plus de croissance économique. On arrive à l’état
stationnaire, avec une croissance nulle. La population stagne, la croissance démographique est
nulle. La croissance selon Ricardo est un phénomène transitoire dans l’histoire, qui doit bloquer sur
les rendements décroissants de la terre (productivité de F < productivité de A). pour Ricardo, on
finira toujours par voir le taux de profit s’effondrer avec la hausse du prix du blé.
• Selon John-Bates Clarck, Ricardo serait un précurseur du raisonnement à la marge. Il
s’agit de raisonner sur la dernière unité. Ricardo s’est intéressé à la marge intensive (dernière terre
mise en culture qui ne génère pas de rente). Pour Ricardo, plus on met de terres en cultures, et
moins la dernière est productive. La productivité marginale est décroissante (productivité
marginale : augmentation de production liée à l’utilisation d’une unité de facteur supplémentaire). A
la fin du 19e apparait la théorie moderne de la production, fondée sur cette idée de décroissance de
la productivité marginale : quand on utilise une unité supplémentaire la production augmente, mais
de moins en moins vite.
• Il existe des causes qui peuvent s’opposer à la baisse du taux de profit. Ricardo propose
de libéraliser le commerce international pour faire diminuer le prix du blé. Ricardo s’oppose
donc aux mesures protectionnistes. Economie d’échelle : plus on produit, moins chaque unité coute
cher. Si l’entreprise grossit, le cout unitaire diminue. Selon Smith, il y a des économies d’échelle
dans l’industrie du fait du progrès technique : celui-ci vient augmenter la productivité, ce qui
s’oppose à la baisse des profits. Ce qui génère de la croissance génère la hausse du taux de profits.
IV. Représentation globale de l'économie et analyse dichotomique
Analyse dichotomique : type de théorie où il y a une disjonction stricte entre la sphère réelle et la
sphère monétaire, i.e. les phénomènes monétaires n’ont pas d’influence sur les autres marchés. La
monnaire est neutre : la quantité de monnaie en circulation n’a pas d’influence sur le niveau
de la production. Les phénomènes monétaires n’ont que des effets nominaux.
Pour l’analyse dichotomique, le personnage central est Say : premier à avoir posé la
question de l’interdépendance des marchés è comment un déséquilibre sur un marché peut
influer sur les autres marchés ? Réponse : la loi de Say.
Selon Schumpeter, la loi de Say préfigure la théorie de l’équilibre général, de la fin du 19 e,
qui pose l’équilibre simultané de tous les marchés. Tout repose sur l’hypothèse que la monnaie est
neutre.
A) La théorie quantitative de la monnaie
• A l’époque de la première colonisation, on pensait que la richesse se mesurait par la quantité de
métaux précieux détenus par la nation. Première colonisation è grande quantité de métaux affluent
en Europe è première inflation (phénomène inconnu incompris des européens). On parle
d’enrichissement des choses. Ils ont l’impression que ce sont les marchandises qui coutent plus
cher. L’inflation est définie pour la première fois par un conseiller à la cour des comptes, Malestroit,
en 1556. « Paradoxe de Malestroit ». (Rq : un paradoxe en économie est ce qui s’oppose à une
opinion acceptée à un moment donné). Ce ne sont pas les marchandises qui coutent plus cher,
mais la monnaie qui a perdu de sa valeur. L’or et l’argent ont perdu de leur valeur.
L’augmentation des prix n’est qu’apparente : augmentation purement nominale des prix.
• Origine de l’inflation : cf. Jean Bodin, philosophe politique français du 16e,
contradicteur de Machiavel. Il chercher les causes possibles de l’inflation ; et une sera retenue par
les économistes. Selon Bodin, les trésors du nouveau monde font augmenter l’offre d’or et d’argent
de la nation, ce qui fait diminuer la valeur de la monnaie. Explication incomplète, qui oublie la
demande de monnaie. Schumpeter insiste sur le fait que Bodin n’a pas énoncé la théorie quantitative
de la monnaie. C’est Locke qui énoncera la théorie susnommée. Il tente de théoriser la demande de
monnaie. L’argument est que quand la quantité de monnaie sur le marché augmente, les agents sont
toujours prêts à absorber un surplus de monnaie. La demande de monnaie peut toujours absorber
l’offre. Conséquence : valeur de la monnaie déterminée uniquement par l’offre de monnaie. Le
niveau général des prix dépend uniquement de la quantité de monnaie que les autorités monétaires
ont mis en circulation. La seule cause de l’inflation serait le laxisme des autorités monétaires.
• L’apport de David Hume : la monnaie est neutre. Pas d’influence sur l’activité
économique. Une nuit, on élève un mur de plomb qui ceinture l’Angleterre : économie fermée.
Cette même nuit, la quantité de monnaie dans chaque bourse est multipliée par deux. Les agents ne
peuvent pas acheter plus parce qu’il n’y a pas d’échanges. La quantité ne varie pas : les prix
doublent. Aucun autre effet. Les phénomènes monétaires n’ont pas d’effets réels. Cette théorie
préexiste aux classiques.
• les classiques reprennent la théorie quantitative et la formulent littérairement selon
l’équation de Fisher. Soit M la masse monétaire, V la vitesse de circulation de la monnaie (nombre
de fois qu’une unité monétaire est utilisée dans une période donnée). P est le niveau général des prix
(panier de la ménagère) et T le volume des transactions. MV=PT. MV donne la quantité de
monnaie utilisée par les agents. On utilise V fois chaque unité de la quantité M de monnaie. P est le
prix des biens, et T la quantité de biens échangés : on a donc la valeur des transactions. PT
représente tout ce qui est acheté au cours d’une période. L’équation de Fisher montre donc que tout
ce qui est dépensé est égal à tout ce qui est acheté.
• Deux niveaux de lectures :
L’équation est une identité comptable. Dans une économie monétaire, tous les biens sont
achetés avec de la monnaie. Donc l’équation est nécessairement vraie : la somme des dépenses
est égale à la somme des achats.
-
On peut adjoindre des hypothèses (cf. la théorie quantitative) à cette équation pour en faire
une théorie économique :
o
V constante à court terme. Déterminée par deux choses : facteurs techniques (modes de
paiement) et habitudes des consommateurs.
o
T est déterminé uniquement par des facteurs réels. Les phénomènes monétaires n’ont pas
d’influence sur le volume des transactions. Monnaie neutre : pas d’influence sur la production.
Donc T est constant à court terme car déterminé par la production.
Remarque : dans une économie fermée, le volume des transactions est égal au volume de la
production.
L’équation de Fisher représente l’équilibre du marché monétaire.
MV est l’offre de monnaie déterminée par les autorités monétaires (qui fixe M). PT est la
demande en monnaie.
Dans ces conditions, P ne dépend que de facteurs monétaires. P = MV/T. V et T constant, donc
P=aM : les prix sont proportionnels à la masse monétaire. P=f(M) ; f’>0. Marx formule
l’équation de manière littéraire mais refuse la théorie quantitative de la monnaie
B) Une économie constituée de marchés
• J.-B. Say (1828). Say remarque que dans le processus de production, ce ne sont pas directement
des hommes, du capital et de la terre qui rentrent dans le processus mais que les hommes, capitaux,
terres, rendent des services détruits dans le processus de production. Il introduit la notion de
services producteurs, équivalent des « facteurs de production ». le travail des hommes rend des
« services industriels », le travail du capital rend des « services capitaux », et la terre rend des
« services fonciers ». Say introduit un nouveau squelette logique où l’économie est un modèle
constitué de quatre marchés, sur lequel toute la science économique moderne va se construire.
-
Marché des biens et services. Demande de biens des ménages, offre de biens des entreprises
-
Marché du travail. chez les classiques, le travail est une marchandise comme une autre. Offre de
travail des ménages et demande de travail des entreprises.
-
Marché des fonds prêtables (=marché des capitaux). L’offre de capitaux émane des ménages (via
l’épargne, différente de la thésaurisation.) et les entreprises demandent du capital pour pouvoir
produire. Pour Say, la terre est un facteur de production. Elle peut se ramener à du capital.
-
le marché monétaire présente peu d’intérêt car on suppose que la monnaie est neutre.
Say distingue l’entrepreneur du capitaliste, contrairement à Smith et Ricardo. Pour eux, c’est le
propriétaire des capitaux qui organise la production. L’entrepreneur n’existe pas de manière
indépendante. Chez Smith et Ricardo, les ouvriers n’ont aucune capacité d’épargne : seuls les
entrepreneurs sont épargnants. Il n’y a donc pas de marché des capitaux : on épargne uniquement
pour investir dans sa propre entreprise. Pas de distinction entre intérêt et profit.
Say, en 1828 introduit deux fonctions indépendantes :
-
propriétaire des capitaux. Loue son capital aux entreprises et en échange obtient des intérêts.
-
L’entrepreneur combine les facteurs de production. Il est rémunéré par le profit. L’entrepreneur
est offreur sur le marché des biens, et demandeur sur le marché du travail et du capital.
l’entrepreneur doit mettre en relation les trois marchés de la sphère réelle, il est l’agent de
l’équilibre économique. L’entrepreneur assume les risques liés à la production. Le profit est défini
comme un résidu π=pQ-wL-rK (p Prix, Q quantité vendue, w salaires, L quantité de travail, r
intérêt et K capital). Différence entre le prix des biens (recette) et le cout des facteurs. Définition
canonique de l’entrepreneur, reprise à la fin du 19e par Léon Walras, père de la théorie de l’équilibre
général.
Say ne raisonne plus comme Ricardo et Smith en termes de classe sociale, mais en fonctions
économiques. Il est très soucieux de la concordance entre la théorie et l’observation : dans
la réalité, le petit entrepreneur est à la fois chef d’entreprise, propriétaire des capitaux et
travailleur. Il reçoit un revenu composite rémunérant ces trois fonctions.
C)
La loi de Say
1°) La loi de Say et l'interdépendance des marchés
Cf. traité d’économie politique de 1803.
Loi des débouchés, law of markets.
L’idée fondamentale est qu’il peut exister des déséquilibres sur un marché mais pas sur tous les
marchés en même temps.
Hypothèses :
-
Tous les revenus sont dépensés. Pas de thésaurisation. Toute épargne est nécessairement
investie.
-
Pas de décalage temporel entre production et revenu. L’entrepreneur achète le travail et le
capital avant d’avoir vendu la production. Il assume le risque de surproduction.
Démonstration :
ProductionèRevenu è Consommation è production achetée
RevenuèEpargne=Investissementèproduction achetée.
L’intégralité des revenus crée par la production sont utilisés pour acheter la production.
Keynes donne une formulation simple : toute offre crée sa propre demande. La demande
est toujours suffisante pour acheter la production puisque les revenus dépensés émanent de
l’offre. Il ne peut pas exister de crise généralisée de surproduction, sur tous les marchés, parce
que tout le revenu est dépensé.
Cette loi prend en compte un fait important, l’interdépendance des marchés. Les ménages
sont offreurs sur le marché du travail, et demandeurs sur le marché des biens. « Double face du
salaire » : rémunération du travail et pouvoir d’achat des consommateurs. La loi de Say affirme
que les déséquilibres sur les différents marchés tendent à se compenser.
2°) Les lois de Say
L’expression « loi de Say » est extrêmement floue. W. Baumol (1977) montre que dans les écrits de
Say on peut trouver huit formulation différente de la loi des débouchés. Baumol et Becker (1952)
distinguent deux formulations de la loi de Say, une faible et une forte.
-
La version faible est l’hypothèse selon laquelle les marchés sont en général à l’équilibre à long
terme. Il ne peut pas y avoir de surproduction permanente. Say insiste sur l’incertitude de
l’entrepreneur à court terme. Hypothèse d’efficacité des marchés.
-
La version forte postule que les marchés sont toujours à l’équilibre, à court ou long terme. Les
agents peuvent avoir l’impression de rechercher de la monnaie. Cependant, dès qu’un agent en
possède il s’en débarasse pour acheter des biens. « La monnaie n’est qu’un voile ». elle n’est que
l’apparence de l’économie. Nous avons l’impression que l’économie est déterminée par des fluxs
monétaires mais les revenus sont déterminés par la production des biens et servent à acheter des
biens. La monnaie n’est qu’une forme d’intermédiaire des échanges. Say fait l’hypothèse qu’on ne
désire pas la monnaie pour elle-même. Il serait irrationnel de ne pas dépenser tout son revenu. Pas
de thésaurisation. Les agents préfèrent toucher un intérêt sur leur épargne et donc n’épargnent pas
sous forme de monnaie. Ils ne disposent que d’une certaine quantité de monnaie pour leurs
transactions. Quantité stable, ce n’est pas une épargne. Si on enlève l’hypothèse d’absence de
thésaurisation, les revenus « fuient » du circuit. Il y a sous consommation.
Remarques :
§
Chez Smith et Ricardo, I=S car on épargne que dans le but d’investir. La loi de Say est
nécessairement vérifiée.
§
Pour Keynes (1936), grand opposant à la loi de Say, en situation de crise, avec une forte
incertitude, les agents peuvent vouloir thésauriser. La monnaie est un actif liquide (en cas de
problème, on peut se débarasser immédiatement de sa monnaie pour acheter des biens),
contrairement aux titres financiers. La monnaie génère une fuite de thésaurisation dans le
circuit et les phénomènes monétaires ont donc une influence sur l’activité économique.
3°) Critiques de la loi de Say et sous-consommation
Controverse sur la loi des débouchés après les guerres napoléoniennes car l’Europe subit une grave
crise éco. Ricardo va s’appuyer sur la loi de Say pour affirmer que la crise est passagère : il ne peut
pas y avoir surproduction sur tous les marchés. Deux auteurs vont essayer de réfuter la loi de Say :
Malthus et Sismondi.
a) Malthus et la sous-consommation de luxe.
Malthus critique l’idée selon laquelle tous les revenus sont automatiquement dépensés. Les ouvriers
sont contraints de dépenser tout leur revenu puisqu’ils sont payés au niveau de subsistance, mais les
riches peuvent ne pas tout dépenser tout de suite. Malthus craint donc que la consommation des
biens de luxe s’effondre. Il est donc favorable aux Corn laws, qui maintiendraient des revenus
élevés pour les propriétaires fonciers.
ð
Marc Blaug, historien de la pensée, considère que la thèse de Malthus est peu crédible, car
elle est contradicatoire avec d’autres écrits de Malthus. Pour que la loi de Say ne fonctionne plus, il
faut que les riches thésaurisent, c’est donc ce que considère Malthus. Or dans toute son œuvre,
Malthus adhère à la théorie quantitative de la monnaie qui postule une analyse dichotomique. Il
refuse donc la possibilité de la thésaurisation, et toute épargne est toujours investie
immédiatement car les agents économiques ont intérêt à faire travailler leur argent. Or la
théorie quantitative implique que la loi de Say soit vérifiée.
b) Jean-Charles Sismondi et la sous consommation ouvrière.
Historien suisse, grand intellectuel très connu qui s’intéresse à l’économie après avoir lu Smith.
Il est le premier à décrire la vraie misère ouvrière de la Révolution Industrielle. Il est souvent
considéré comme un des précurseurs des théories socialistes. Il publie les Nouveaux principes
d’économie politique en 1819, où il veut dénoncer l’économie politique comme une vision idyllique
de l’économie. Les classiques verraient l’économie comme le résultat du fonctionnement optimal
des marchés. Il s’attaque donc à la loi de Say qui théorise le fonctionnement efficace des marchés. Il
veut démontrer qu’il peut exister une sous consommation ouvrière chronique liée au décalage
temporel entre production et vente sur le marché.
La fonction des capitalistes est d’avancer les salaires. Les salaires nécessaires à la production en
t sont issus de la production en t-1. Dans une économie en croissance, la production en t-1 est
inférieure à la production en t. les revenus du travail en t sont issus de la production en t-1 et
donc peuvent ne pas être suffisant pour acheter la production en t. Sismondi essaie de
s’opposer à l’hypothèse selon laquelle les entrepreneurs distribuent les revenus avant la production.
A cause de ce décalage, l’économie connait des dysfonctionnements, des crises, qui se traduisent
par du chômage. Sismondi en appelle à l’état pour garantir les ouvriers contre les pertes de revenus
liées aux crises. Premier à préconiser une couverture des risques du travail.
Marx classe Sismondi dans le socialisme petit-bourgeois, puisqu’il en appelle à l’Etat pour
réguler les excès de l’économie de marché et ne remet pas en cause la propriété privée.
Conclusion
Qu’est-ce que l’économie politique classique ?
o
Le terme « économiste classique » est rétrospectif, il est inventé par Marx dans le
Capital. Pour lui les classiques sont ceux qui adhèrent à la théorie de la valeur travail et qui
étudient la répartition comme le partage du revenu national entre des classes sociales. Le
personnage central pour Marx est Ricardo. La définition marxienne exclut Say et Malthus qui
refusent la théorie de la valeur travail. Pour Marx, Say et Malthus sont des purs idéologues. Marx
part de la théorie ricardienne, et donc on présente souvent Marx comme le dernier des classiques.
o
Keynes (1936) donne une autre définition : les classiques sont tous ceux qui adhèrent
à la loi des débouchés, i.e. ceux qui supposent que l’économie de marché ne peut pas parvenir à
une théorie inefficace des ressources. Le personnage central est donc Say. Keynes n’inclut donc pas
Malthus dans les classiques. Il présente Malthus comme un précurseur de sa propre théorie qui tente
de réfuter la loi de Say. Keynes amène la fin du classicisme à la fin du 19e.
o
Puisque les définitions marxiennes et keynésiennes sont antinomiques, on prend une
définition intermédiaire : les classiques sont les auteurs libéraux de la fin du 18 e et du début du
19e. ce sont les auteurs du débat sur les Poor Laws et les Corn Laws : on a donc Smith, Malthus,
Say, Ricardo. On va jusqu’à Mill et on exclut Marx.
La démarche hypothético-déductive est symptomatique des classiques : on pose des hypothèses et
on les fait travailler. Question épistémologique : quels sont les critères de scientificité. Sous quelles
conditions une théorie est-elle scientifique ?
Karl Popper, lié personnellement avec les économistes de l’école autrichienne, épistémologue,
apporte une réponse.
Doc 18 :
1)
L’induction est l’idée selon laquelle on peut tirer une loi générale à partir de l’observation
des faits. Popper s’oppose donc au positivisme de Comte. L’idée est qu’on peut établir des
propositions scientifiques vérifiées par l’expérience.
2)
L’exemple des cygnes blancs et du cygne noir vient de Hume. Le fait de n’avoir observé
que des cygnes blancs ne m’assure pas que tous les cygnes sont blancs, il peut exister un cygne
noir. Observer un seul cygne noir permet d’infirmer la proposition « les cygnes sont blancs ».
l’expérience ne peut que réfuter une théorie, i.e. la falsifier.
3)
Une théorie ne s’impose pas parce qu’elle est irréfutable. Pour Popper, une telle théorie
n’est pas scientifique, puisque si elle est irréfutable on ne pourra jamais savoir si elle est vraie ou
fausse. On pense au sens commun qu’une science établit des lois, mais ce terme est trompeur. Il
sous entend une description universelle de la réalité. On tend à substituer à ce terme l’idée de
« modèle » ou de « type ». Un modèle est un raisonnement qui repose sur un certain nombre
d’hypothèses qui peuvent être ou pas réunies. Il n’est pas universel et est plus prédictif que
descriptif. Les énoncés sont du type : Si A alors B. la formulation d’un modèle est la formulation
d’un théorème mathématique.
4)
L’énoncé « il pleuvra demain » n’est pas scientifique car il est irréfutable, il ne pose pas les
conditions sous lesquelles la prédiction est censée s’appliquer. Il pleuvra toujours quelque part
demain. La seconde proposition (il pleuvra demain à telle heure, à telle endroit) est réfutable
puisqu’on connait les conditions requises.
5)
La théorie scientifique est une théorie réfutable qui énonce des hypothèses précises. Le
critère de scientificité ne repose pas sur la vérité de la théorie mais sur son mode d’énonciation.
On doit pouvoir la confronter à l’expérience.
6)
Dans l’ensemble des théories scientifiques, on va retenir celle qui n’a pas encore été
réfutée. Le progrès scientifique n’est que la succession des modèles dans le temps.
Téléchargement