Thème 3 histoire Les mutations de la France depuis 1945
Question obligatoire La Ve République : cadre
institutionnel, vie politique, défis européens
Introduction : un régime fondé par Charles De Gaulle (1890-1970)
A la Libération en 1944, le régime de Vichy dirigé par Pétain
s’effondre. C’est le général De Gaulle, chef de la Résistance
pendant la guerre, qui prend la direction du pays à la tête d’un
gouvernement provisoire. En 1945, une Assemblée est élue pour
élaborer une nouvelle Constitution (texte définissant la forme et le
fonctionnement d’un régime), celle de la IVe République. Mais De
Gaulle est en désaccord avec cette Constitution et il démissionne
dès 1946. Pendant quelques années, il va diriger un parti qui
réclame la révision de la Constitution mais faute de succès
électoral il se retire de la vie politique en 1953.
Comme le craignait De Gaulle, la IVe République qui dirige la
France de 1946 à 1958 est confrontée à une forte instabilité
ministérielle, c’est-à-dire que les gouvernements sont souvent
renversés par l’Assemblée nationale, en particulier dans le
contexte de la guerre d’Algérie, qui va conduire à la chute de la IVe
République et au retour au pouvoir de De Gaulle.
I) Organisation et fonctionnement des pouvoirs : la
Constitution de 1958
1) Naissance de la Ve République
En mai 1958, la nomination d’un Président du Conseil (chef du
gouvernement) favorable au dialogue avec le FLN déclenche une
manifestation à Alger des pieds noirs attachés à l'Algérie française.
Ils s'emparent du gouvernement général d’Algérie et forment un
Comité de salut public avec le soutien de l’armée. Ils appellent De
Gaulle à revenir au pouvoir, ce à quoi il se déclare prêt. L’opinion
française ne s’y oppose pas car elle n’a plus confiance en la IVe
République et considère De Gaulle comme le seul homme politique
capable de résoudre la crise algérienne.
Les députés de gauche sont hostiles au retour de De Gaulle mais
les partis de droite y sont favorables, de même que le Président de
la République René Coty, qui nomme De Gaulle Président du
Conseil. Celui-ci accepte à condition d’obtenir les pleins pouvoirs
pour rédiger une nouvelle Constitution. Malgré l’opposition des
députés de gauche, l’Assemblée nationale lui confie le pouvoir le
1er juin 1958. La Ve République naît officiellement le 28 septembre
1958 lorsque les Français acceptent la nouvelle Constitution par
référendum. De Gaulle est élu Président de la République le 21
décembre 1958.
2) Un nouvel équilibre des pouvoirs
La Constitution de la Ve République est conforme à la conception
gaullienne du pouvoir : un pouvoir exécutif (Président de la
République et gouvernement) renforcé par rapport au pouvoir
législatif (Assemblée et Sénat).
Fiche « La Constitution de la Ve République »
1) La Ve République présente plusieurs éléments de continuité avec
la IVe République. Le Président de la République est toujours élu
pour 7 ans au suffrage indirect par de « grands électeurs ». Il
désigne le chef du gouvernement, lequel doit avoir le soutien de
l’Assemblée nationale au risque d’être renversé. Le pouvoir
législatif (Parlement) est composé de deux chambres, l’Assemblée
nationale élue au suffrage universel et le Sénat élu au suffrage
indirect. Les deux assemblées concourent à la formation de la loi.
2) Mais sous la Ve République, le pouvoir du Président de la
République est considérablement renforcé : il peut dissoudre
l’Assemblée et consulter directement les Français par référendum.
Par l’article 49-3, son gouvernement peut imposer l’adoption
d’une loi sans vote et par l’article 16 le Président peut prendre les
pleins pouvoirs en cas de crise grave.
3) L’instabilité ministérielle qui caractérisait la IVe République est
évitée sous la Ve grâce à deux mesures : pour renverser le
gouvernement, l’Assemblée doit voter une motion de censure à la
majorité absolue des députés et non plus à la majorité simple
comme sous la IVe République. Or le gouvernement dispose
généralement d’une majorité plus solide que sous la IVe
République car les députés ne sont plus élus au scrutin
proportionnel (qui facilitait la représentation des petits partis)
mais au scrutin uninominal majoritaire qui favorise les grands
partis.
4) La Ve République est un régime semi-présidentiel : c’est un régime
parlementaire dans la mesure où le gouvernement peut être
renversé par le Parlement mais le Président dispose néanmoins de
pouvoirs étendus.
II) Vie politique
1) La République gaullienne (1958-1969)
a) Le triomphe de la République gaullienne (1958-1965)
De 1958 à 1962, De Gaulle parvient tout d’abord à mettre fin à la
guerre d’Algérie. Convaincu que la décolonisation est inévitable, il
propose aux Algériens l’autodétermination, ouvrant la porte à
l’indépendance. Cette politique est violemment rejetée par les
partisans de l’Algérie française, dont certains extrémistes forment
l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) à l’origine de
manifestations et d’attentats. Mais De Gaulle n’hésite pas à faire
réprimer ces opposants car il s’est assuré par référendum qu’il
avait le soutien de l’opinion : 75 % des Français ont approuvé
l’autodétermination en 1961 et 90 % ont approuvé l’indépendance
de l’Algérie en 1962.
Un de ces attentats le vise directement en 1962 (vidéo Petit-
Clamart + annonce TV référendum). Il saisit l’occasion pour lancer
une réforme de la Constitution, l’élection du Président au suffrage
universel. Il explique aux Français que son successeur serait plus
légitime ainsi, et annonce qu’il va consulter les citoyens par
référendum. Mais ce projet de réforme est rejeté par tous les
partis sauf le parti gaulliste (UNR). Une motion de censure obtient
la majorité à l’Assemblée et renverse le gouvernement. Mais De
Gaulle riposte par la dissolution de l'Assemblée et remporte
finalement une double victoire : le référendum donne 62 % de oui
à la réforme constitutionnelle et les élections législatives donnent
une majorité solide au parti gaulliste.
Une fois établi solidement au pouvoir, De Gaulle s’emploie à
renforcer son prestige en restaurant « le rang de la France » dans
le monde. Cette politique de grandeur passe d’abord par la
dissuasion nucléaire : la première bombe atomique française
explose en 1960. La France étant désormais capable d’assurer elle-
même sa défense, De Gaulle n’hésite pas à prendre ses distances
avec les USA en se retirant de l’OTAN en 1966 et amorce un
rapprochement avec des pays du bloc de l’Est.
Pourtant, les premières élections présidentielles en 1965
montrent que l’opinion française n’est plus entièrement derrière
De Gaulle.
b) L’usure du pouvoir (1965-1969)
Les élections de 1965 sont une déception pour De Gaulle : il n’est
pas réélu au 1er tour comme il l’attendait. Il est certes largement
réélu au second tour (55,2 %) face à François Mitterrand, mais son
prestige est atteint. Les élections législatives de 1967 confirment le
recul du parti gaulliste, qui conserve tout juste la majorité. En
effet, l'opposition s'est peu à peu réorganisée au centre et surtout
à gauche sous l’impulsion de François Mitterrand qui parvient à
fédérer toute la gauche non communiste. L'opposition reproche à
De Gaulle sa pratique personnelle du pouvoir, sa politique
étrangère jugée aventureuse et sa politique sociale conservatrice.
Mais c'est la crise de mai 1968 qui révèle l'ampleur des oppositions
à la République gaullienne.
Vidéo : mai 68, la contestation, Gulliver, 2006 (16 min)
Comment débute la crise de mai 68 ? Quelles en sont les 3 étapes ?
La crise de mai 68 débute par un mouvement des étudiants pari-
siens qui dénoncent l'insuffisance des moyens de l'université dont
la fréquentation a explosé dans les années 1960. Mais ces étu-
diants issus du baby-boom dénoncent aussi l'immobilisme de la
société, toujours fondée sur les valeurs d'ordre et d'autorité, qu'ils
jugent dépassées ; ils réclament une libération des mœurs ; ils dé-
noncent aussi le capitalisme et la société de consommation.
Au début du mois de mai, des meetings sont organisés dans les
facultés de Nanterre et de la Sorbonne. Mais ce blocage des facul-
tés entraîne une intervention de la police qui procède à des arres-
tations. Cela déclenche des manifestations, dont la répression
conduit à de nouvelles émeutes. Les plus violentes ont lieu dans le
quartier latin (où se trouve la Sorbonne) dans la nuit du 10 au 11
mai : c'est la « nuit des barricades ».
La crise étudiante devient une crise sociale à partir du 13 mai car
des grèves éclatent dans tout le pays. Les ouvriers, influencés par
les étudiants, veulent une transformation des conditions de tra-
vail. Le Premier Ministre Georges Pompidou organise alors des né-
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