cours mutations de la france depuis 1945

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Thème 3 histoire – Les mutations de la France depuis 1945
Question obligatoire – La Ve République : cadre
institutionnel, vie politique, défis européens
Introduction : un régime fondé par Charles De Gaulle (1890-1970)
A la Libération en 1944, le régime de Vichy dirigé par Pétain
s’effondre. C’est le général De Gaulle, chef de la Résistance
pendant la guerre, qui prend la direction du pays à la tête d’un
gouvernement provisoire. En 1945, une Assemblée est élue pour
élaborer une nouvelle Constitution (texte définissant la forme et le
fonctionnement d’un régime), celle de la IVe République. Mais De
Gaulle est en désaccord avec cette Constitution et il démissionne
dès 1946. Pendant quelques années, il va diriger un parti qui
réclame la révision de la Constitution mais faute de succès
électoral il se retire de la vie politique en 1953.
Comme le craignait De Gaulle, la IVe République qui dirige la
France de 1946 à 1958 est confrontée à une forte instabilité
ministérielle, c’est-à-dire que les gouvernements sont souvent
renversés par l’Assemblée nationale, en particulier dans le
contexte de la guerre d’Algérie, qui va conduire à la chute de la IVe
République et au retour au pouvoir de De Gaulle.
I)
Organisation et fonctionnement des pouvoirs : la
Constitution de 1958
1) Naissance de la Ve République
En mai 1958, la nomination d’un Président du Conseil (chef du
gouvernement) favorable au dialogue avec le FLN déclenche une
manifestation à Alger des pieds noirs attachés à l'Algérie française.
Ils s'emparent du gouvernement général d’Algérie et forment un
Comité de salut public avec le soutien de l’armée. Ils appellent De
Gaulle à revenir au pouvoir, ce à quoi il se déclare prêt. L’opinion
française ne s’y oppose pas car elle n’a plus confiance en la IVe
République et considère De Gaulle comme le seul homme politique
capable de résoudre la crise algérienne.
Les députés de gauche sont hostiles au retour de De Gaulle mais
les partis de droite y sont favorables, de même que le Président de
la République René Coty, qui nomme De Gaulle Président du
Conseil. Celui-ci accepte à condition d’obtenir les pleins pouvoirs
pour rédiger une nouvelle Constitution. Malgré l’opposition des
députés de gauche, l’Assemblée nationale lui confie le pouvoir le
1er juin 1958. La Ve République naît officiellement le 28 septembre
1958 lorsque les Français acceptent la nouvelle Constitution par
référendum. De Gaulle est élu Président de la République le 21
décembre 1958.
2) Un nouvel équilibre des pouvoirs
La Constitution de la Ve République est conforme à la conception
gaullienne du pouvoir : un pouvoir exécutif (Président de la
République et gouvernement) renforcé par rapport au pouvoir
législatif (Assemblée et Sénat).
Fiche « La Constitution de la Ve République »
1) La Ve République présente plusieurs éléments de continuité avec
la IVe République. Le Président de la République est toujours élu
pour 7 ans au suffrage indirect par de « grands électeurs ». Il
désigne le chef du gouvernement, lequel doit avoir le soutien de
l’Assemblée nationale au risque d’être renversé. Le pouvoir
législatif (Parlement) est composé de deux chambres, l’Assemblée
nationale élue au suffrage universel et le Sénat élu au suffrage
indirect. Les deux assemblées concourent à la formation de la loi.
2) Mais sous la Ve République, le pouvoir du Président de la
République est considérablement renforcé : il peut dissoudre
l’Assemblée et consulter directement les Français par référendum.
Par l’article 49-3, son gouvernement peut imposer l’adoption
d’une loi sans vote et par l’article 16 le Président peut prendre les
pleins pouvoirs en cas de crise grave.
3) L’instabilité ministérielle qui caractérisait la IVe République est
évitée sous la Ve grâce à deux mesures : pour renverser le
gouvernement, l’Assemblée doit voter une motion de censure à la
majorité absolue des députés et non plus à la majorité simple
comme sous la IVe République. Or le gouvernement dispose
généralement d’une majorité plus solide que sous la IVe
République car les députés ne sont plus élus au scrutin
proportionnel (qui facilitait la représentation des petits partis)
mais au scrutin uninominal majoritaire qui favorise les grands
partis.
4) La Ve République est un régime semi-présidentiel : c’est un régime
parlementaire dans la mesure où le gouvernement peut être
renversé par le Parlement mais le Président dispose néanmoins de
pouvoirs étendus.
II) Vie politique
1) La République gaullienne (1958-1969)
a) Le triomphe de la République gaullienne (1958-1965)
De 1958 à 1962, De Gaulle parvient tout d’abord à mettre fin à la
guerre d’Algérie. Convaincu que la décolonisation est inévitable, il
propose aux Algériens l’autodétermination, ouvrant la porte à
l’indépendance. Cette politique est violemment rejetée par les
partisans de l’Algérie française, dont certains extrémistes forment
l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) à l’origine de
manifestations et d’attentats. Mais De Gaulle n’hésite pas à faire
réprimer ces opposants car il s’est assuré par référendum qu’il
avait le soutien de l’opinion : 75 % des Français ont approuvé
l’autodétermination en 1961 et 90 % ont approuvé l’indépendance
de l’Algérie en 1962.
Un de ces attentats le vise directement en 1962 (vidéo PetitClamart + annonce TV référendum). Il saisit l’occasion pour lancer
une réforme de la Constitution, l’élection du Président au suffrage
universel. Il explique aux Français que son successeur serait plus
légitime ainsi, et annonce qu’il va consulter les citoyens par
référendum. Mais ce projet de réforme est rejeté par tous les
partis sauf le parti gaulliste (UNR). Une motion de censure obtient
la majorité à l’Assemblée et renverse le gouvernement. Mais De
Gaulle riposte par la dissolution de l'Assemblée et remporte
finalement une double victoire : le référendum donne 62 % de oui
à la réforme constitutionnelle et les élections législatives donnent
une majorité solide au parti gaulliste.
Une fois établi solidement au pouvoir, De Gaulle s’emploie à
renforcer son prestige en restaurant « le rang de la France » dans
le monde. Cette politique de grandeur passe d’abord par la
dissuasion nucléaire : la première bombe atomique française
explose en 1960. La France étant désormais capable d’assurer ellemême sa défense, De Gaulle n’hésite pas à prendre ses distances
avec les USA en se retirant de l’OTAN en 1966 et amorce un
rapprochement avec des pays du bloc de l’Est.
Pourtant, les premières élections présidentielles en 1965
montrent que l’opinion française n’est plus entièrement derrière
De Gaulle.
b) L’usure du pouvoir (1965-1969)
Les élections de 1965 sont une déception pour De Gaulle : il n’est
pas réélu au 1er tour comme il l’attendait. Il est certes largement
réélu au second tour (55,2 %) face à François Mitterrand, mais son
prestige est atteint. Les élections législatives de 1967 confirment le
recul du parti gaulliste, qui conserve tout juste la majorité. En
effet, l'opposition s'est peu à peu réorganisée au centre et surtout
à gauche sous l’impulsion de François Mitterrand qui parvient à
fédérer toute la gauche non communiste. L'opposition reproche à
De Gaulle sa pratique personnelle du pouvoir, sa politique
étrangère jugée aventureuse et sa politique sociale conservatrice.
Mais c'est la crise de mai 1968 qui révèle l'ampleur des oppositions
à la République gaullienne.
Vidéo : mai 68, la contestation, Gulliver, 2006 (16 min)
Comment débute la crise de mai 68 ? Quelles en sont les 3 étapes ?
La crise de mai 68 débute par un mouvement des étudiants parisiens qui dénoncent l'insuffisance des moyens de l'université dont
la fréquentation a explosé dans les années 1960. Mais ces étudiants issus du baby-boom dénoncent aussi l'immobilisme de la
société, toujours fondée sur les valeurs d'ordre et d'autorité, qu'ils
jugent dépassées ; ils réclament une libération des mœurs ; ils dénoncent aussi le capitalisme et la société de consommation.
Au début du mois de mai, des meetings sont organisés dans les
facultés de Nanterre et de la Sorbonne. Mais ce blocage des facultés entraîne une intervention de la police qui procède à des arrestations. Cela déclenche des manifestations, dont la répression
conduit à de nouvelles émeutes. Les plus violentes ont lieu dans le
quartier latin (où se trouve la Sorbonne) dans la nuit du 10 au 11
mai : c'est la « nuit des barricades ».
La crise étudiante devient une crise sociale à partir du 13 mai car
des grèves éclatent dans tout le pays. Les ouvriers, influencés par
les étudiants, veulent une transformation des conditions de travail. Le Premier Ministre Georges Pompidou organise alors des né-
gociations entre patronat, syndicats et gouvernement qui débouchent sur les accords de Grenelle le 27 mai : le SMIG est augmenté
de 35 %, les autres salaires de 10 %. Mais ces accords ne mettent
pas fin aux grèves car les ouvriers ont d'autres revendications.
La crise étudiante et la crise sociale débouchent alors sur une
crise politique : la gauche dénonce l'incapacité du gouvernement
face à la crise et Mitterrand se déclare prêt à prendre la tête d'un
gouvernement provisoire. Mais De Gaulle, après s’être assuré du
soutien de l’armée, annonce qu'il ne se retirera pas et qu'il va dissoudre l'Assemblée.
La stratégie de De Gaulle est un succès : en juin, la campagne législative occupe toute la scène médiatique et les grèves
s’essoufflent. Aux élections, les gaullistes, qui se présentent
comme le parti du retour à l'ordre, remportent une large majorité
car les évènements de mai ont inquiété une grande partie de
l’opinion. Mais De Gaulle, âgé de 78 ans est conscient que son
pouvoir a été fragilisé, envisage de se retirer du pouvoir. En avril
1969, il consulte une dernière fois les Français par référendum
pour une réforme constitutionnelle portant sur la régionalisation
et la réforme du Sénat, et annonce qu'il démissionnera si le vote
est négatif. La gauche et une partie de la droite font campagne
pour le non, qui l'emporte à 52 %. De Gaulle démissionne.
2) La République entre continuité et rupture (1969-1981)
a) Georges Pompidou, l’héritier de De Gaulle (1969-1974)
Pompidou, Premier ministre de 1962 à 1968, est largement élu en
1969. Il s’est présenté comme l’héritier de De Gaulle tout en
annonçant une « ouverture dans la continuité » pour répondre aux
aspirations de mai 68. Il laisse donc son Premier ministre Jacques
Chaban-Delmas mener une politique intitulée la « nouvelle
société », qui commence à libéraliser l'audiovisuel (suppression du
Ministère de l'information) et à favoriser le dialogue entre
syndicats et patronat dans le but de mieux répartir les bénéfices de
la croissance.
Mais cette politique de réformes inquiète une partie de
l'électorat gaulliste donc en 1972 Pompidou choisit, en vue des
législatives de 1973, de remplacer Chaban-Delmas par Pierre
Messmer qui mène une politique beaucoup plus conservatrice. A la
fin de 1973, le premier choc pétrolier déclenche la crise
économique alors que Pompidou, malade, meurt en avril 1974.
Aux présidentielles, le candidat à la succession de Pompidou est
Jacques Chaban-Delmas. Mais une partie des gaullistes, menés par
Jacques Chirac, soutient le leader de la droite libérale Valéry
Giscard d'Estaing, qui est élu de justesse face à Mitterrand. Il
nomme Chirac Premier ministre.
b) Valéry Giscard d’Estaing, un style nouveau (1974-1981)
Agé de 48 ans seulement, le premier Président non gaulliste de la
Ve République veut donner une image plus moderne de sa
fonction, plus proche des Français et de leurs préoccupations dans
un contexte de crise. Il lance de nombreuses réformes visant à
moderniser la société (abaissement de la majorité de 21 à 18 ans,
loi Veil légalisant l'avortement) et à renforcer la démocratie (le
contrôle de l'Etat sur la TV diminue avec le remplacement de
l'ORTF par plusieurs sociétés de télévision et de radio ; les
parlementaires peuvent désormais saisir le Conseil
constitutionnel). Face à la crise économique, Giscard choisit une
politique de relance : pour maintenir la consommation malgré la
hausse du chômage, les chômeurs perçoivent des indemnités
équivalentes à leur salaire pendant un an.
Mais cette politique économique entraîne une explosion du
déficit public et se heurte au désaccord des gaullistes : Jacques
Chirac démissionne de son poste de Premier ministre en 1976. Il
est remplacé par l'économiste libéral Raymond Barre, ce qui
provoque un changement brutal de politique : la politique de
relance par la consommation est remplacée par une politique de
rigueur destinée à maîtriser le déficit public et diminuer les charges
des entreprises. Mais ces mesures ne parviennent pas non plus à
réduire le chômage et leur impopularité renforcent l'opposition
face à Giscard :
- après sa démission en 1976, Chirac réorganise le mouvement
gaulliste en créant le RPR (Rassemblement pour la République).
Devenu maire de Paris en 1977, il prône un retour aux pratiques
gaulliennes pour faire face à la crise.
- à gauche, Mitterrand est parvenu en 1971 à rassembler le PS
(qui a remplacé la SFIO en 1969), le PC et le Parti radical de gauche.
Cette alliance permet à la gauche de remporter les municipales de
1977 et seul un désaccord avec le PC l'empêche de s'imposer aux
législatives de 1978.
Au deuxième tour des présidentielles de 1981, l'alliance de la
gauche permet la victoire de Mitterrand face à Giscard, peu
soutenu par le RPR. Pour la première fois depuis 1958, la vie
politique est marquée par l'alternance, c’est-à-dire la succession au
pouvoir de tendances politiques différentes (droite/gauche).
3) Alternances et cohabitations (1981-2007)
a) La gauche au pouvoir (1981-1986)
Une fois élu, Mitterrand dissout l'Assemblée et les législatives de
1981 donnent la majorité absolue au PS. Le gouvernement peut
donc lancer un vaste programme de réformes, destinées à marquer
une rupture symbolique (abolition de la peine de mort,
autorisation des « radios libres » non contrôlées par l'Etat, création
de l’ISF...) et surtout à lutter contre la crise :
- nationalisation d'entreprises industrielles (Thomson, Usinor, ...)
et bancaires (Paribas) pour permettre à l'Etat de contrôler
davantage l'économie et préserver l'emploi.
- retraite à 60 ans au lieu de 65 ans, système de pré-retraite,
réduction du temps de travail de 40 à 39h, 5e semaine de congés
payés pour réduire le chômage et développer le secteur des loisirs.
- création d'emplois dans la fonction publique,
augmentation du SMIC de 10 %, des allocations familiales de 25 %
pour tenter de relancer la consommation.
Mais ces mesures ne réduisent pas le chômage, fragilisent la
compétitivité des entreprises et font exploser le déficit public, ce
qui conduit le gouvernement à adopter une politique de rigueur
dès 1983, pour réduire les dépenses publiques. Cette politique
suscite de nombreuses protestations à gauche et ne donne pas de
résultats suffisants pour éviter la défaite du PS aux législatives de
1986. La victoire de la droite crée alors une situation inédite dans
la Ve République : la cohabitation, c’est-à-dire que le Président de
la République et le Premier ministre, tous deux représentants du
pouvoir exécutif, appartiennent à des courants politiques opposés.
b) Trois cohabitations (1986-2002)
Mitterrand doit choisir Jacques Chirac, leader de la nouvelle
majorité, comme Premier ministre. Celui-ci adopte une politique
libérale, en facilitant les procédures de licenciement et en
privatisant 65 entreprises dont certaines qui avaient été
nationalisées 5 ans auparavant (Paribas) et TF1, qui devient la
première chaîne privée. Mais cette politique est très impopulaire,
ce qui vaut à Chirac d'échouer aux présidentielles de 1988. Et
Mitterrand, qui s'est fait le défenseur des « acquis sociaux » face à
son Premier ministre, est réélu à l'âge de 72 ans.
Il dissout une nouvelle fois l'Assemblée, mais les législatives de
1988 ne sont remportées que de justesse par la gauche et le PS ne
dispose pas de la majorité absolue. Les trois Premiers ministres qui
se succèdent (Michel Rocard jusqu'en 1991, Edith Cresson jusqu'en
1992, Pierre Bérégovoy jusqu'en 1993) sont donc limités dans leur
action et ne remettent pas en cause les mesures libérales du
gouvernement Chirac. Cela conduit à une écrasante victoire de la
droite aux législatives de 1993, entraînant une deuxième
cohabitation avec Edouard Balladur (1993-1995). Alors que le
Président est miné par la maladie, Balladur parvient à mener une
politique de rigueur avec des privatisations (Renault) tout en
restant populaire, ce qui le pousse à se présenter aux
présidentielles de 1995. Mais c'est l'autre candidat de la droite,
Jacques Chirac, qui s'impose face au candidat du PS, Lionel Jospin.
Chirac avait placé au centre de sa campagne la promesse de
réduire la « fracture sociale » et de modérer le libéralisme.
Pourtant il charge son Premier ministre Alain Juppé de mener une
politique de rigueur et de réformer la Sécurité sociale et les
retraites (la durée des cotisations passe de 37,5 ans à 40 ans). Ces
réformes entraînent un énorme mouvement de grèves en
décembre 1995 et poussent le gouvernement à reculer en partie
(la réforme des retraites ne s’appliquera pas aux fonctionnaires).
Dans l'espoir de retrouver une légitimité, Chirac décide alors de
dissoudre l'Assemblée en 1997 mais les législatives donnent la
victoire à la gauche : c'est une troisième cohabitation.
Le gouvernement Jospin (1997-2002) bénéficie d'une embellie
économique jusqu'en 2000, ce qui lui permet de réduire la dette
tout en mettant en œuvre d'importantes réformes sociales : 35
heures, création des emplois-jeunes aidés par l'Etat, de la CMU, du
PACS. Le chômage diminue sensiblement.
c) La République en crise depuis 2002
En 2002, Jospin semblait bien placé pour les présidentielles mais
il échoue dès le premier tour en raison notamment de la division
de la gauche qui a présenté de nombreux candidats et par le fait
qu'il a sous-estimé le thème de l'insécurité exploité par la droite.
La présence au second tour de Jean-Marie Le Pen révèle en fait un
profond malaise de la vie politique française. Le premier tour des
présidentielles de 2002 marque en fait l'apogée de deux tendances
observables depuis les années 1980 :
- la montée de l'abstention : 18,6 % au premier tour des
présidentielles 1988, 21,6 % en 1995, 28,4 % en 2002.
- la montée du vote protestataire (vote exprimant un rejet des
partis politiques modérés de la gauche et de la droite) en faveur de
l'extrême gauche (2,4 % en 1988, 5,3 % en 1995, 10,4 % en 2002) et
surtout de l'extrême-droite (14,4 % en 1988, 15 % en 1995, 19,2 %
en 2002).
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce malaise :
- les partis de gouvernement ont été touchés par la
médiatisation de multiples scandales dans les années 1980-1990,
exploités par le FN.
- aucun gouvernement depuis les années 1970 n’a été capable
de réduire le chômage ou d’agir sur les tendances de fond de
l'économie (DIT, libéralisation des échanges). Il en résulte une
remise en cause du modèle capitaliste (succès de l'extrêmegauche) et surtout un sentiment d'incompétence de la classe
politique exploité par le FN, dont les idées séduisent un nombre
croissant de Français : rejet de l'intégration européenne,
dénonciation de l'immigration accusée d'être à l'origine du
chômage et de l'insécurité.
- les cohabitations sont accusées de favoriser l'immobilisme et
d'atténuer les différences entre droite et gauche, entraînant un
désintérêt des électeurs. C'est cette idée qui a poussé Chirac à
réformer la constitution en 2000 avec l'adoption du quinquennat
visant à aligner la durée du mandat présidentiel sur celle du
mandat des députés. De plus, une loi de 2001 inverse le calendrier
électoral pour que les présidentielles précèdent les législatives, de
manière là encore à éviter les cohabitations.
Cette réforme, et surtout le choc provoqué par la présence du FN
au second tour des présidentielles en 2002, ont en effet entraîné
un recul de l'abstention aux présidentielles de 2007 (16 %) et un
score plus faible du FN (10,4 %), le candidat Sarkozy ayant il est
vrai repris dans sa campagne des thèmes habituellement
développés par l'extrême-droite.
Depuis 2002, l'UMP né de la fusion du RPR et d'une partie de
l'UDF, est majoritaire à l'Assemblée. En 2003, la réforme des
retraites des fonctionnaires est adoptée malgré d’importants
mouvements de contestation et d’autres réformes vont dans le
sens de la rigueur et de la libéralisation. Cependant, aux
législatives de 2007, la gauche ne parvient pas à s’imposer : le PS
est confronté à des divergences internes et critiqué par l’extrêmegauche pour le fait d’accepter la mondialisation libérale.
Corrigé de la fiche « La vie politique sous la Ve République »
Vue d’ensemble
1) Présidents de la Ve République : De Gaulle 58-65 et 65-69, Pompidou 69-74, Giscard d’Estaing 74-81, Mitterrand
81-88 et 88-95, Chirac 95-2002 et 2002-2007, Sarkozy 2007-2012.
Principaux Premiers ministres : Pompidou (62-69), Chirac (74-76), Chirac (86-88), Balladur (93-95), Jospin (972002)
2) En 1986-1988, 1993-1995 et 1997-2002, la France connaît une cohabitation, c’est-à-dire que le Président de la
République et le Premier ministre appartiennent à des courants politiques opposés. Le Président voit son rôle
réduit pour l’essentiel à la politique étrangère ; il ne peut s’opposer à la politique du Premier ministre qui a
l’appui du Parlement.
3) La droite gouverne depuis 1958 sauf de 1981 à 1986, de 1988 à 1993 et de 1997 à 2002.
Dates-clés
4) En 1958, la Ve République naît avec le retour au pouvoir du général De Gaulle, nommé Président du Conseil et
investi des pleins pouvoirs par le Parlement pour établir une nouvelle Constitution, adoptée par référendum.
5) L’année 1962 marque un tournant dans la vie politique française car, pour renforcer la légitimité du Président
de la République, De Gaulle fait adopter par référendum l’élection présidentielle au suffrage universel direct.
Cette décision renforce la bipolarisation (partage des forces politiques entre un bloc des droites et un bloc des
gauches) car elle impose un 2e tour à deux candidats donc un report des voix derrière l’une ou l’autre des
candidatures. La bipolarisation est également favorisée par le mode de désignation des députés : le scrutin
uninominal majoritaire à deux tours favorise également les grands partis de la gauche ou de la droite.
6) Les événements de mai 1968 constituent un tournant dans la Ve République car ils montrent avec éclat le rejet
de la politique de De Gaulle, et accélèrent son retrait un an plus tard.
7) L’année 1981 marque également un tournant dans l’histoire de la Ve République car pour la première fois la
gauche accède au pouvoir : c’est le début de l’alternance (c’est-à-dire la succession au pouvoir de tendances
politiques différentes).
8) On peut parler d’une crise politique en 2002 car le Front National accède au second tour de l’élection
présidentielle, ce qui peut être interprété comme une crise de confiance en la capacité des partis classiques de
gauche et de droite.
Politique économique
9) Jusqu’en 1973, la France connaît la croissance des Trente Glorieuses. Le choc pétrolier de 1973 marque le début
d’une période de croissance irrégulière et de crises successives.
10) Face à cette conjoncture économique difficile, les gouvernements ont mis en œuvre deux types de politiques :
- des politiques de relance : elles visent à maintenir le pouvoir d’achat par des aides sociales et par
l’intervention de l’Etat dans l’économie (augmentation des indemnités de chômage, des allocations
familiales, création d’emplois publics, nationalisations d’entreprises en 1981).
- des politiques de rigueur (ou d’austérité) : elles visent à réduire le déficit public pour pouvoir réduire
l’imposition des entreprises et maintenir leur compétitivité. Elles s’accompagnent de mesures de
libéralisation (privatisations d’entreprises, recul du contrôle de l’Etat sur l’économie).
Entre 1974 et 1983, les gouvernements ont adopté surtout des politiques de relance, dans l’espoir que la crise
serait de courte durée. Mais depuis 1983, les politiques de rigueur sont les plus pratiquées pour tenter de faire
face aux déficits publics.
III) La France et la construction européenne
1) La France a été un acteur majeur de la construction
européenne…
L’idée d’une Europe unie, née dans l’entre-deux-guerres, apparaît
comme une nécessité au lendemain de 1945 pour éviter tout
nouveau conflit entre les pays européens. La France, confrontée à
la perte de ses colonies, voit dans l’intégration européenne un
moyen de conserver son influence internationale face aux deux
Grands. Elle fait donc partie des membres fondateurs de la CECA
(Communauté européenne du charbon et de l’acier), une
organisation qui avait établi en 1951 un marché unique pour le
charbon et l’acier entre la France, la RFA, l’Italie, la Belgique, les
Pays-Bas et le Luxembourg. Ce sont ces six pays qui forment la CEE
(Communauté économique européenne) en 1957.
De Gaulle est opposé à l’idée d’une Europe supranationale ou
fédérale, dans laquelle les décisions prises par l’Europe
s’imposeraient aux pays membres. Il n’en contribue pas moins à
renforcer la construction européenne par le rapprochement avec
l’Allemagne, qui permettra de multiples avancées dans la
construction européenne.
Les successeurs de De Gaulle sont tous favorables à la poursuite
de la construction européenne. Pompidou est pour l’élargissement
de la CEE vers de nouveaux pays et accepte l’entrée du RoyaumeUni que De Gaulle refusait en raison de l’alliance étroite des
Britanniques avec les Etats-Unis. Giscard fait renforcer les
institutions européennes, avec par exemple l’élection au suffrage
universel du Parlement européen. Mitterrand a soutenu le traité
de Maastricht (1992) qui fait de l’Europe une union non seulement
économique mais aussi politique (monnaie unique, politique
étrangère et de défense commune…).
2) Mais depuis 1992 les Français s’interrogent sur le bien-fondé de
l’UE
Le référendum organisé en 1992 pour l’adoption du traité de
Maastricht (seulement 51 % de oui) montre que l’opinion est loin
d’être entièrement convaincue par l’approfondissement de l’UE.
Les Français, comme beaucoup d’autres Européens, restent
attachés à leur identité nationale et sont réticents à l’idée que leur
Etat perde une partie de sa souveraineté, par exemple en matière
de monnaie ou de contrôle aux frontières. L’UE est aussi accusée
d’être dirigée par des technocrates, c’est-à-dire par de hauts
fonctionnaires qui ne tiendraient pas compte des conséquences
sociales de leurs décisions, jugées par une partie de l’opinion trop
libérales (ouverture totale à la concurrence internationale).
Cette méfiance à l’égard de l’Europe apparaît clairement en 2005
lorsque les Français rejettent par référendum le traité
constitutionnel qui devait poursuivre l’approfondissement de l’UE
dans le sens du traité de Maastricht. Et le fait que ce traité ait
malgré tout été adopté, malgré son rejet par référendum en
France, aux Pays-Bas et en Irlande, a renforcé la méfiance de
l’opinion vis-à-vis de l’UE, surtout dans un contexte de crise
financière qui remet en question la survie de l’euro.
Sujet d’étude – Les jeunes
a) Une catégorie sociale nouvelle en quête de reconnaissance dans
les années 1960
1) Les jeunes désignent les personnes entre 15 et 25 ans, c’est-à-dire
situées entre la dépendance infantile et l’indépendance de l’âge
adulte.
2) Plusieurs facteurs expliquent le poids croissant de cette catégorie
sociale à partir des années 1960 :
- le baby-boom, période de forte natalité dans les années qui
suivent la Seconde guerre mondiale, a fait augmenter le nombre
de jeunes dans la société des années 1960.
- l’accès à l’enseignement secondaire et à l’enseignement
supérieur se démocratisent, ce qui retarde l’entrée des jeunes
dans la vie active.
3) Dans les années 1960, la culture jeune se caractérise par ses
goûts musicaux (rock) et vestimentaires (jeans, T-shirt…), ses
modes de consommation (radio, disques, électrophone…). Elle
veut se distinguer des gens plus âgés.
4) En mai 1968, les étudiants revendiquent d’abord une réforme de
l’université qu’ils jugent inadaptée à leur époque. Mais les jeunes
souhaitent plus largement une société plus libre, comme le résume
le slogan « il est interdit d’interdire ». Ils veulent une libération des
mœurs et une plus grande liberté d’expression car les médias
étaient encore très contrôlés par l’Etat. Ils rejettent enfin la société
de consommation et le capitalisme.
b) La jeunesse entre reconnaissance et nouvelles inquiétudes
depuis les années 1970
5) Plusieurs réformes montrent que les revendications de mai 68
ont été prises en compte :
- Pompidou commence à libéraliser l'audiovisuel (suppression du
Ministère de l'information) et favorise le dialogue entre syndicats
et patronat dans le but de mieux répartir les bénéfices de la
croissance.
- Giscard lance de nombreuses réformes visant à moderniser la
société (abaissement de la majorité de 21 à 18 ans, loi Veil
légalisant l'avortement) et à renforcer la démocratie (le contrôle
de l'Etat sur la TV diminue avec le remplacement de l'ORTF par
plusieurs sociétés de télévision et de radio ; les parlementaires
peuvent désormais saisir le Conseil constitutionnel).
- Mitterrand lance un vaste programme de réformes destinées à
marquer une rupture symbolique (abolition de la peine de mort,
autorisation des « radios libres » non contrôlées par l'Etat, création
de l’ISF...)
6) La fin de la croissance économique des Trente Glorieuses a
compliqué la situation des jeunes car ils ont beaucoup plus de mal
à trouver un emploi stable depuis les années 1970, même avec un
diplôme.
7) Au début du XXIe siècle, la culture jeune se caractérise entre
autres par ses modes de communication : de manière individuelle,
l’insertion dans les réseaux de communication numériques
(portable, réseaux sociaux sur internet), et de manière collective
par les manifestations.
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