La Lettre du Pneumologue • Vol. XVII - n° 4 - juillet-août 2014 | 117
ÉDITORIAL
La Lettre du Pneumologue • Vol. XVII - n° 4 - juillet-août 2014 | 117
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➤Les erreurs liées à des diff érences de forme, de goût, de couleur, ont été décrites et sont
légitimement à craindre. Cependant, de nouveaux textes de loi autorisent maintenant
lesgénériques à avoir une similitude de présentation par rapport au princeps.
➤En termes de médecine fondée sur les preuves, il n’y a fi nalement pas grand-chose
desolide concernant une toxicité spécifi que des génériques. La pharmacovigilance
auniveau mondial ne fait pas apparaître de diff érence, et aucun eff et indésirable spécifi que
n’a été rattaché à un générique sans qu’il ait été préalablement décrit avec le princeps.
Finalement, beaucoup de cas cliniques ont été rapportés, des études de pharmacocinétique
ou des travaux in vitro (par exemple pour l’antibiothérapie) ont laissé planer des doutes,
mais dans l’exercice de praticien, au niveau d’une population, aucune étude contrôlée
n’afait apparaître un risque spécifi que.
Mais ne soyons pas angéliques ; des problèmes existent, notamment la nécessité
d’uncontrôle des sites de fabrication et une meilleure organisation de la pharmacovigilance
qui incombent, même pour les génériques, au laboratoire du princeps, ce qui est pour
lemoins paradoxal ! Les problèmes rencontrés avec les génériques ont presque toujours été
induits par des situations où soit le prescripteur, soit le pharmacien, soit le malade, était
récalcitrant. La pression des organismes payeurs induit des utilisations contre la volonté
dumédecin ou du malade, et c’est souvent de là que partent la peur, l’intolérance, puis l’eff et
indésirable. Un générique de Dépakine® n’est pas un plus mauvais antiépileptique, mais
silemalade inquiet de s’être vu contraint à un traitement qui lui fait peur se remet à boire,
n’arrive pas à dormir et regarde la télévision à des heures indues, il risque de refaire une crise
d’épilepsie, non pas en raison d’une moindre activité pharmacologique du générique mais
parce que celui-ci aura généré un comportement délétère… Pour moi, le générique est
d’abord et avant tout une aff aire de confi ance : si le trio médecin-pharmacien-malade est
convaincu de la similitude du rapport bénéfi ce/risque, le générique sera indiff érenciable
duprinceps dans la vie quotidienne ; si l’on force l’un des acteurs, les problèmes surgiront.
Actuellement, la politique des décideurs est de “favoriser” le pharmacien : sa marge est
conservée, voire augmentée, lorsqu’il substitue par un générique. D’où une vision favorable
des génériques par les pharmaciens et une vision défavorable par les médecins qui se sentent
“en perte de pouvoir”. Si les politiques avaient préféré “favoriser” les médecins (parexemple
en payant 1 ou 2 euros de plus la consultation conduisant à la prescription degénériques
eten baissant la marge des pharmaciens), cela aurait été les médecins qui auraient été
favorables et les pharmaciens contre… Mais ce qui compte c’est que le malade soit bien
soigné, et le service rendu par les génériques est identique à celui apporté par le princeps.
À l’inverse de la reine d’Angleterre, qui dit “ne jamais expliquer, ne jamais se plaindre”
(“never explain, never complain”), je pense que, dans le monde du générique, il faut surtout
toujours expliquer pour que le malade n’ait pas à se plaindre. Essayons donc de convaincre,
mais ne forçons pas un malade qui n’est pas convaincu.
Claudie Damour-Terrasson et toute l’équipe Edimark
L’auteur déclare avoir reçu
deshonoraires de Sanofi , Janssen,
GSK, BMS, Amgen, AstraZeneca,
Prioritis, Novartis, Bayer.