chinois à l’égard de son peuple, pour alerter l’opinion mondiale de ce qui se
passait dans leur pays, pour encourager les pays démocratiques à résister aux
sirènes du gain facile en Chine grâce à un prolétariat surexploité et sous-payé.
Certains ont laissé quelques vagues souvenirs dans nos mémoireset ont été
proposés comme éventuels lauréats du Prix Nobel de la paix : citons Harry
Wu, qui dénonce le laogai, frère jumeau du goulag. Il y eut aussi Hu Jia, qui
obtint le Prix Sakharov du Parlement Européen en , mais qui se languit
toujours en prison malgré un état de santé délabré, ainsi que Gao Zhisheng,
un avocat qui, pour avoir défendu des pratiquants de Falungong, a été torturé
pendant des mois en et qui a par la suite tout simplement «disparu» au
printemps , la police armant ne plus savoir où il était! Le laogai a na-
lement lâché sa proie en renvoyant Gao chez lui pendant dix jours, pour le
capturer et le «volatiliser» de nouveau. Sa famille, ses amis sont à nouveau
sans nouvelles de Gao Zhisheng depuis avril … Lorsque Wei Jingsheng,
auteur en du texte «La Cinquième modernisation, la démocratie» se
trouvait encore en prison en , son nom avait été pressenti pour cet hon-
neur, puis celui de Wang Dan, l’un des anciens leaders étudiants du mouve-
ment démocratique de . Et pourtant ce fameux Prix Nobel de la paix
n’avait jamais été attribué à un Chinois.
Le Nobel de est donc une grande première. En Asie, le Prix Nobel
de la paix a honoré les eorts de la Birmane Aung San Suu Kyi, des Timoriens
José Ramos Horta et Monseigneur Belo, du Vietnamien Le Duc o, et bien
sûr du Dalai Lama, en exil en Inde. Comment se fait-il pourtant que, depuis
que cette haute distinction existe, l’on compte neuf lauréats français du Prix
Nobel de la Paix, huit Anglais, vingt Américains, et que l’on n’a jamais pensé
à aucun Chinois? Pourquoi, du temps de la Guerre Froide, l’Occident n’a
cessé de soutenir, de traduire, d’accueillir les dissidents russes, tchèques, polo-
nais, et a réussi à se souvenir de leurs noms sans trop de peine, alors qu’au-
jourd’hui pratiquement personne n’est capable de retenir ou de citer le nom
du moindre militant pour la démocratie en Chine? La question ne restera
désormais plus sans réponse puisque Liu Xiaobo a rejoint cette prestigieuse
cohorte.
Qui est donc ce premier citoyen chinois à avoir obtenu le Prix Nobel de
la Paix, le octobre , alors qu’il se trouvait dans une prison du Liaoning,
à Jinzhou, après avoir été condamné à onze ans de réclusion pour «tentative
de subversion» en décembre ?