joutent ceux de l’anastomose urétéro-iléale (fistule urinaire, nécro-
se partielle ou totale du conduit intestinal).
Ala lumière de l’expérience acquise actuellement, il nous a semblé
intéressant de faire le point sur ce procédé de dérivation urinaire.
Nous rapportons donc, de façon rétrospective, notre expérience des
UCTI selon la technique de BRICKER,réalisées dans notre centre
entre janvier 1990 et décembre 2002. Nos résultats seront ensuite
comparés aux principales séries de la littérature.
PATIENTS ET METHODES
La technique originale d’UCTI décrite par BRICKER était d’anasto-
moser directement l’extrémité de chaque uretère dans le greffon
iléal sur le bord anti-mésentérique par une série de points séparés
extra-muqueux [4]. Nous avons utilisé les techniques d’anastomo-
ses urétéro-digestives décrites par WALLACE,le principe étant de
spatuler les deux uretères pour élargir les anastomoses urétéro-
digestives et ainsi éviter les sténoses anastomotiques. Les anasto-
moses urétéro-iléales étaient systématiquement intubées par des
sondes urétérales extériorisées par la stomie et laissées en place jus-
qu’à cicatrisation (une dizaine de jours).
Nous avons étudié rétrospectivement sur une période de 12 ans (du
1er janvier 1990 au 31 décembre 2002), les dossiers de l’ensemble
des patients ayant été opérés dans notre centre d’une dérivation uri-
naire selon BRICKER. Pour chaque patient ont été détaillées l’indi-
cation de la dérivation urinaire, les complications précoces (appa-
rues pendant la période d’hospitalisation et durant le premier mois
post-opératoire) et les complications tardives (survenues durant la
surveillance). Nous n’avons pas rapporté les troubles métaboliques,
les éventuelles difficultés d’appareillage de la stomie, ni apprécié
l’évolution de la fonction rénale et la qualité de vie de ces patients
porteurs de ce mode de dérivation urinaire.
RESULTATS
Pendant la période étudiée, 254 UCTI selon Bricker ont été réali-
sées consécutivement dans notre service. Les dossiers cliniques de
246 patients ont pu être exploités et inclus dans cette étude (Tableau
I). Il s’agissait de 164 hommes (66,7% de la population) et de 82
femmes (33,3%). L’âge moyen des patients était de 64,2 ± 14,6 ans
(de 9 à 90 ans). Une UCTI a été réalisée dans 73,6% des cas pour
une pathologie tumorale sous-jacente (cancers de vessie, prostate,
col utérin et colon sigmoïde), et dans 26,4% des cas dans un contex-
te non tumoral (vessie neurologique, vessie radique, exstrophie
vésicale et cystite incrustante).
Une cystectomie totale a été associée à l’UCTI chez 153 patients
(62,2% des cas), alors qu’une simple dérivation urinaire sans cys-
tectomie a été décidée pour 93 patients (37,8%). Une radiothérapie
externe pré-opératoire a été réalisée chez 33 patients (13,4% de la
population), et une radiothérapie adjuvante à la chirurgie de dériva-
tion urinaire dans 2 cas (0,8%).
Nous avons observé 17 décès dans les 30 jours suivant l’interven-
tion, soit une mortalité post-opératoire toute indication confondue
de 6,9% (Tableau II). La mortalité post-opératoire était de 8,8% (16
décès) dans le groupe des patients ayant nécessité une UCTI pour
une pathologie tumorale, contre 1,6% (1 décès) dans le groupe des
patients chez qui la dérivation urinaire était indiquée dans un
contexte non tumoral (Tableau III). Dans 60% des cas, la mortalité
post-opératoire était d’origine multifactorielle ou en rapport avec
une complication médicale (10 des 17 décès). Dans 40% des cas, la
mortalité post-opératoire était directement en rapport avec une
complication chirurgicale de mauvais pronostic (5 fistules digesti-
ves et 2 fistules urinaires). La mortalité globale de la série, toute
indication confondue, était de 25,6% (63 décès), pour un recul
moyen de 24 ± 33 mois (de 1 à 151 mois) (Tableau II).
Une occlusion intestinale a compliqué les suites post-opératoires de
31 patients (12,6%). Dans 21 cas (8,5%) il s’agissait d’un iléus
paralytique ou d’une reprise tardive du transit intestinal ayant cédé
sous simple aspiration digestive, alors que dans 10 autres cas
(4,1%), l’évolution vers l’occlusion aiguë vraie du grêle a nécessi-
té une reprise chirurgicale. Les autres complications chirurgicales
précoces regroupaient : 7 fistules urinaires (2,8%), 8 fistules diges-
tives (3,3%), 7 éviscérations (2,8%) et 21 désunions de la cicatrice
ou abcès de paroi (8,5%).
Les UCTI compliquées de fistule urinaire étaient indiquées pour
une pathologie tumorale dans 5 cas (4 tumeurs vésicales et 1 cancer
de prostate) et dans 2 cas dans un contexte non tumoral (vessie
neurologique). Des 7 fistules urinaires, seul le patient dérivé dans
un contexte de tumeur prostatique avait eu une radiothérapie pré-
opératoire. La survenue d’une fistule urinaire était une complication
de mauvais pronostic car responsable de 2 décès sur 7 patients (soit
J.F. Hétet et coll., Progrès en Urologie (2005), 15, 23-29
24
Tableau I. Caractéristiques générales de la population étudiée.
Période d’étude 1990 - 2002
Nombre de patients 246
Hommes 164 66 ,7%
Femmes 82 33,3%
Age moyen (années) 64,2 ± 14,6 9 - 90
Cancer de vessie 156 63,4%
Vessie neurologique 48 19,5%
Cancer de prostate 15 6,1%
Indications Vessie radique 13 5,3%
Cancer du col utérin 8 3,3%
Exstrophie vésicale 3 1,2%
Cystite incrustante 2 0,8%
Cancer colique 1 0,4%
Cystectomie associée 153 62,2%
Dérivation urinaire isolée 93 37,8%
Radiothérapie Pré-opératoire 33 13,4%
Post-opératoire 2 0,8%
Recul moyen (mois) 24 ± 33 1 - 151
Tableau II. Complications précoces et tardives des urétérostomies
cutanées trans-iléales.
Complications précoces Iléus paralytique 21 8,5%
Occlusion intestinale opérée 10 4,1%
Fistule urinaire 7 2,8%
Fistule digestive 8 3,3%
Abcès de paroi 21 8,5%
Eviscération 7 2,8%
Fièvre > 38,5° 22 8,9%
Ulcère gastro-duodénal 6 2,4%
Phlébite/Embolie pulmonaire 5 2%
Autres complications médicales 8 3,3%
Mortalité post-opératoire 17 6,9%
Complications tardives Dilatation pyélo-urétérale 28 11,4%
Pyélonéphrite aiguë 27 11%
Sténose urétéro-iléale 12 4,9%
Eventration 17 6,9%
Hernie péri-stomiale 19 7,7%
Lithiase urinaire 12 4,9%
Sténose de la stomie 9 3,7%
Mortalité globale 63 25,6%