DOSSIER THÉMATIQUE
Journée FFCD-PRODIGE
226 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 6 - juin 2013
Prise en charge des cancers digestifs chez les patients obèses
chimiothérapie chez les patients obèses (27).
On note dans les prescriptions de chimiothérapie
lorsque les surfaces corporelles excèdent 2 m2
une variabilité de prescription de la dose de
chimiothérapie. Beaucoup d’équipes limitent la
dose pour une surface de 2 m2. Il existe peu de
données spécifiques aux cancers digestifs, cepen-
dant une analyse a posteriori de plusieurs essais
randomisés testant le 5-fluorouracile (5-FU) en
adjuvant après résection d’un cancer du côlon de
stade II ou III. L’étude a porté sur 3 438 patients
dont 34 % avaient un IMC entre 25 et 30, et 17 %
un IMC supérieur à 30. Le taux de toxicité sévère
n’était pas plus élevé chez les patients avec un
IMC élevé même si l’analyse était restreinte aux
patients ayant reçu 95 % de la dose calculée (28).
Ces données, ainsi que d’autres données obtenues
à partir d’études en gynécologie, suggèrent qu’il
n’y a pas de justification à diminuer la dose de
chimiothérapie par crainte de surtoxicité chez
les patients obèses. Néanmoins, les données sont
insuffisantes en cas d’IMC très élevés. D’autre
part, la diminution de dose expose à un risque
de diminution d’efficacité, la recommandation est
donc d’administrer la pleine dose calculée sur le
poids réel (27). Néanmoins, l’analyse de 2 essais
de chimiothérapie adjuvante dans les cancers du
côlon du NSABP (National Surgical Adjuvant Breast
and Bowel Disease) n’a pas retrouvé d’associa-
tion entre récidive et diminution de dose chez
les patients obèses (29). Des études supplémen-
taires sont nécessaires, notamment en situation
métastatique dans les cancers digestifs pour
évaluer le risque réel de perte d’efficacité d’une
dose diminuée chez les patients obèses. En cas
de toxicité, les règles d’adaptation de dose de la
chimiothérapie doivent être identiques chez les
patients obèses ou non.
Concernant la pharmacocinétique des médica-
ments en cas d’obésité, il existe une relation non
linéaire entre le poids total et la clairance des
médicaments. En revanche, il existe une corréla-
tion entre la masse maigre et la clairance des médi-
caments. D’autres paramètres peuvent intervenir,
comme par exemple une stéatofibrose hépatique
évoluée. Des études de pharmacocinétique spéci-
fiques chez des patients avec IMC élevé seraient
nécessaires.
Le ratio graisse viscérale/graisse sous-cutanée est
un élément important à prendre en compte. Ce
ratio peut être évalué à partir de coupes scanogra-
phiques abdominales. Un ratio élevé est un facteur
associé à la récidive après résection d’un cancer du
côlon (30) et du rectum (31). Enfin, une surface
de graisse viscérale abondante est un facteur
prédictif de mauvaise réponse au bévacizumab
dans les cancers colo rectaux métastatiques (32).
L’analyse de ce facteur est prévue dans les études
PRODIGE 9 et PRODIGE 20.
En conclusion, la prévalence des patients obèses
atteints de cancers digestifs va augmenter. Des
particularités existent concernant la prévention,
le dépistage, la prise en charge chirurgicale et la
chimiothérapie. Des études focalisées, notamment
sur les patients présentant une obésité morbide,
sont nécessaires. ■
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