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E. Dernis et al. / Revue du rhumatisme 75 (2008) S12-S19 S15
de fond…), en tenant compte du terrain.
Grade D ; Niveau d’accord = 7,44 (n = 79).
Cette recommandation est fondée sur les études comparant les
GC intraveineux (bolus) à un placebo en termes d’efcacité
symptomatique.
Hansen et al. [4] ont étudié 97 PR souffrant depuis
en moyenne 9 ans et ayant reçu pendant 6 mois soit de la
méthylprednisolone (MP) à la dose de 15 mg/kg/mois, soit
un placebo une fois par mois associé à un traitement par D
pénicillamine ou azathioprine. L’évaluation de l’efcacité
était réalisée à semaines (S) 0, S2, S4, S8, puis à 6 mois
et à 12 mois, selon les critères classiques de suivi [nombre
d’articulations douloureuses (NAD), nombre d’articulations
gonées (NAG), EVA globale du patient et du médecin]. Dans
cette étude, l’efcacité est comparable à 6 mois et 1 an dans
les deux groupes en intention de traiter ou per-protocole.
Liebling et al. [5] ont étudié 10 patients polyarthritiques,
en cross over, pendant 6 mois, les patients recevaient soit de
la MP IV 1 g/mois, soit un placebo. Cette étude a montré une
amélioration signicative du NAD, du dérouillage matinal
(DM) ainsi que du test de marche en faveur du groupe MP.
L’effet thérapeutique était maintenu pendant 3,5 mois pour
le nombre d’articulations douloureuses avec un effet clinique
global de 2,9 mois en moyenne.
Williams et al. [6] ont montré, dans une étude en double
aveugle, randomisée, chez 20 patients, recevant pendant
6 mois, soit de la MP 1 g pendant 3 jours consécutifs, soit
un traitement par placebo intraveineux, une amélioration à
6 semaines signicativement supérieure dans le groupe actif
pour le NAD, le DM et l’EVA douleur. La réponse au test
au tétracosactide était normale dans les 2 groupes à la n
de l’étude.
Van der Veen et al. [7] ont mené un essai comparatif
randomisé ouvert chez 30 patients atteints de PR, recevant soit
méthotrexate (MTX) po + placebo (A) soit MTX + predniso-
lone po 100 mg/j x3 pendant 5 jours (B) soit MTX + MP IV
1 000 mg/j x3 pendant 5 jours (C). Cette étude a montré :
- à 10 jours : une amélioration du NAD dans les 3 groupes
et une amélioration du NAG dans les groupes recevant des
GC (po et IV) ;
- à 12 semaines : une amélioration de la VS et de la CRP dans
le groupe A, mais pas d’amélioration dans le groupe B et
une amélioration du NAD et du NAG dans le groupe C. Il
n’existait pas de différence de tolérance entre les groupes.
En terme de toxicité, dans les trois études précédentes,
il n’est pas observé d’augmentation signicative du nombre
d’effets secondaires sévères liés aux GC IV. Cependant,
Hansen et al. [3] ont rapporté les effets secondaires suivants :
un ush (16 patients dans le groupe MP versus placebo), des
céphalées (26 patients versus 7), un goût amer (16 patients
versus 4), un désagrément lié à la perfusion (22 patients
versus 3) et une tachycardie (15 patients versus 6). Liebling
et al. [5] ont également rapporté une hypotension ou une
hypertension artérielle, des œdèmes transitoires, une poussée
inammatoire articulaire, une stimulation de l’appétit dans les
jours suivant le bolus. Par ailleurs, 6 infections non sévères
ont été observées : 4 dans le groupe placebo et 2 dans le
groupe MP pendant les 12 mois de suivi. Williams et al. [6]
ont rapporté des effets secondaires mineurs (ush, céphalées,
goût amer, malaise rapidement résolutif). Par ailleurs, des
poussées inammatoires articulaires dans les 2 à 3 jours
suivants le bolus ont également été rapportées.
Aucune de ces études contrôlées ne rapporte d’augmen-
tation du taux d’infection sévère, ni de mort subite.
La revue de la littérature n’a pas trouvé d’étude prospective
rapportant la tolérance des bolus au cours de la PR. Chibane
et al. [8] ont étudié la tolérance des bolus de corticoïdes (MP
de 250 mg à 1 g/j X 3 jours consécutifs) utilisés pour des
pathologies oculaires : des effets secondaires mineurs ont été
rapportés chez 88 % des patients. Les effets indésirables graves
dans cette étude ouverte étaient les suivants : des accidents
coronariens aigus chez 2,3 % des patients, survenant chez des
patients coronariens connus, diabétiques ou hypertendus et des
troubles neuropsychiatriques graves dans 2 cas (agressivité et
agitation). Une augmentation d’environ 150 % de la glycémie
était observée chez tous les malades, avec un retour rapide aux
valeurs normales chez les non-diabétiques et un déséquilibre
du diabète chez les patients diabétiques.
À propos de la tolérance, l'étude rétrospectives de Baethge
et al. [9] a porté sur 84 patients souffrant de différentes affec-
tions rhumatismales. Dans cette étude, 86 % des patients ont
eu, après administration de bolus de GC, des effets indésirables
classiques (cf. supra) souvent résolutifs. De plus, les effets
secondaires sévères suivants ont été notés : hyperglycémie,
hypertension artérielle, infection, des convulsions survenant
exclusivement chez des patients souffrant de lupus érythémateux
disséminé, un hoquet incoercible et des lésions gastriques.
Il est à souligner que dans l’étude rétrospective de Baethge
et al. [9] ou dans l’étude prospective de Chibane et al. [8],
aucun décès n’a été noté. Mais, environ 16 cas cliniques
(niveau IV) de mort subite ou de collapsus ont été rapportés
dans la littérature, essentiellement chez des patients greffés,
insuffisants rénaux ou souffrant d’hémopathie [10]. Le
mécanisme de ces décès était essentiellement des troubles
du rythme, des infarctus du myocarde, ou des troubles de la
conduction.
Kumari et al. [10] ont effectué une revue des études
publiées concernant la toxicité cardiovasculaire des bolus.
Les facteurs favorisant les complications cardio-vasculaires
sont la pathologie cardiaque sous-jacente, la notion de
troubles électrolytiques, la co-prescription de médicaments
hypokaliémiants, une perfusion trop rapide et une dose de
GC supérieure à 250 mg par jour.
La question de la dose de GC à utiliser lors des bolus a
été soulevée par le comité scientique. L’étude de Ferras et
al. [11] a rapporté 139 patients recevant soit 5 mg/kg, soit
10 mg/kg de GC. L’évaluation à S0 puis à S6 n’a montré
aucune différence signicative en terme d’efcacité entre
les deux groupes.
Iglehard et al. [12] ont comparé les mini-bolus (MP 100 mg
par jour) chez 19 patients à des bolus de 1 g (17 patients).
Cette étude n’a pas montré de différence à 3 mois entre les