© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Modalités pratiques d’utilisation des glucocorticoïdes
chez les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde :
élaboration de recommandations pour la pratique clinique, à partir
d’une analyse systématique de la littérature et de l’opinion d'experts.
Use of glucocorticoids in rheumatoid arthritis: recommendations for
clinical practice based on data from the literature and experts opinion.
Emmanuelle Dernisa, Adeline Ruyssen-Witrandb, Gaël Mouterdec, Jean-Francis Maillefertd,
Jacques Tebibe, Alain Cantagrelf, Pascal Claudepierreg, Bruno Fautrelh, Philippe Gaudini,
Thao Phamj, Thierry Schaeverbekek, Daniel Wendlingl, Alain Sarauxm et Xavier Le Loëtn*
aService de Rhumatologie, CH Le Mans, Le Mans, France ; bService de Rhumatologie, CHU Cochin, AP-HP, Paris, France ;
cService d’Immuno-rhumatologie, CHU Lapeyronie, Montpellier, France ; dService de Rhumatologie, CHU Dijon, Dijon, France ;
eService de Rhumatologie, CHU Lyon, Lyon, France ; fService de Rhumatologie, CHU Toulouse, Toulouse, France ; gService de Rhumatologie,
CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil, France ; hService de Rhumatologie, CHU Pitié Salpétrière, AP-HP, Paris, France ; iService de Rhumatologie,
CHU Grenoble Hôpital Sud, Echirolles, France ; jService de Rhumatologie, CHU Conception APHM, Marseille, France ; kService de Rhumatologie,
CHU Pellegrin, Bordeaux, France ; lService de Rhumatologie, CHU Jean Minjoz, Besançon, France ; mService de Rhumatologie,
CHU La Cavale Blanche, Brest, France ; nService de Rhumatologie, CHU-Hôpitaux de Rouen, Rouen, France.
Financement : Le projet a été nancé par une subvention de Abbott France.
*Auteur correspondant.
Adresse e-mail : Xavier[email protected]
Revue du rhumatisme 75 (2008) S12-S19
Résumé
Objectif. - Proposer des recommandations concernant l’utilisation, en pratique quotidienne, des glucocorticoïdes (GC) au
cours de la polyarthrite Rhumatoïde (PR) en phase d’état selon une méthodologie basée sur la médecine fondée sur les preuves
(EBM évidence based medecine) et l’opinion d’experts.
Méthode. - En suivant trois étapes : - choix de 5 questions, base de la rédaction des recommandations, par le comité
scientique selon la méthode Delphi ; – revue systématique de la littérature, à partir des bases de données Medline, Embase,
des abstracts des congrès de la Société Française de Rhumatologie (SFR), américain (ACR) et européen de Rhumatologie
(EULAR) ; rédaction puis validation de recommandations par un comité d’experts rhumatologues, à partir des éléments EBM
présentés et de leur expérience, en précisant le niveau de preuve et le degré d’accord pour chacune des recommandations.
Résultats. - Les questions sélectionnées portaient sur les modalités pratiques d’utilisation de la corticothérapie : place des
bolus intraveineux de GC, place des injections intra-articulaires, modalités pratiques d’utilisation et de sevrage des GC au cours de
la PR. La revue de la littérature a sélectionné 93 articles sur titres et résumés. Au nal, 50 articles ont été inclus dans l’analyse
bibliographique. Huit recommandations relatives à l’utilisation en pratique courante des GC au cours de la PR ont été validées
par un vote nal de l’ensemble des participants : réserver l’utilisation des bolus de GC à des situations exceptionnelles ; préférer
l’utilisation de l’hexacetonide de triamcinolone pour les injections intra-articulaires et mettre l’articulation au repos pendant
une durée de l’ordre de 24 heures ; préférer l’utilisation d’un produit de demi-vie courte, en prise unique lors de l'utilisation
per os ; lors du sevrage des GC, informer le malade et le médecin traitant du risque d’insufsance surrénalienne.
Conclusion. - Des recommandations relatives à l’utilisation en pratique quotidienne de la corticothérapie au cours de la polyarthrite
rhumatoïde ont été établies. Elles apportent un élément objectif et consensuel de réponse à des questions cliniques pour la pratique quotidienne.
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Mots-clés : Polyarthrite rhumatoïde ; Glucocorticoïdes ; Recommandations
E. Dernis et al. / Revue du rhumatisme 75 (2008) S12-S19 S13
freiner l’atteinte structurale au cours de la polyarthrite rhuma-
toïde et, si oui, quelles en sont les conséquences pratiques ?
Est-il utile d’immobiliser une articulation après une inltration,
en fonction de la molécule, en fonction de l’articulation et si
oui comment et pour quelle durée ?
- Quelles modalités pratiques d’utilisation des GC par
voie orale : quelle molécule, quel fractionnement des prises,
quel horaire de prise ?
- Comment interrompre une corticothérapie utilisée à
faible dose administrée au long cours ?
Revue systématique de la littérature2.3.
La stratégie de recherche, la sélection des articles et la
classication des niveaux de preuve ont été exposées précé-
demment [2]. Les mots clés utilisés pour la revue systématique
de la littérature sont repris dans le Tableau I. Les articles
publiés en anglais, français et espagnol, ont été inclus dans
l’analyse bibliographique après interrogation des bases de
données Medline et Embase. Les résumés des communications
des congrès de la Société Française de Rhumatologie, de
l’European League Against Rheumatism et de l’American
College of Rheumatology, en 2004, 2005, 2006 et 2007 ont
été également consultés. Seules les études ayant le plus haut
niveau de preuves ont été retenues (méta-analyses, essais
contrôlés randomisés…).
Les résultats de la revue systématique de la littérature ont
été présentés au comité scientique à 2 reprises. Après sélection
des études et une présentation commune, les modérateurs du
thème (JFM, AS et JT) ont déni les modalités de présentation
de la revue de la littérature (Tableau 1).
Avis d’experts2.4.
Les experts invités à participer aux 5es RER étaient des
rhumatologues français ayant une expertise particulière dans
la prise en charge de la PR. La moitié de ces experts n’avait
Introduction1.
En 1948, la corticothérapie orale a été utilisée, pour la
première fois, avec un résultat spectaculaire comme traitement
de la polyarthrite rhumatoïde (PR). Ce succès a valu à RS
Hench ainsi qu’au biologiste EC Kendall le prix Nobel de
Médecine deux ans plus tard. Cette amélioration spectaculaire
des patients polyarthritiques sous glucocorticoïdes (GC) fut
suivie d’un enthousiasme immédiat. Mais rapidement les
prescripteurs et les patients ont été confrontés aux effets
secondaires de cette classe médicamenteuse et la déception
a vite succédé à l’enthousiasme initial [1].
Cependant, la plupart des cliniciens et des patients recon-
naissent l’efcacité des GC sur les symptômes articulaires
de la PR. Cette ambiguïté entre les risques et les bénéces
de la corticothérapie nous ont fait choisir ce thème pour ces
5es Rencontres d’Experts en Rhumatologie (RER).
L’objectif de ce travail est donc, en tenant compte des
risques encourus et des bénéces escomptés, de proposer des
recommandations, concernant la prescription des GC au cours
de la PR aux rhumatologues, pour leur pratique quotidienne.
Méthode2.
L’élaboration des recommandations a été réalisée en
plusieurs étapes avec la collaboration d’un comité scienti-
que composé de rhumatologues hospitalo-universitaires,
d’un groupe bibliographique et d’experts rhumatologues.
L’organisation générale de la procédure d’élaboration des
recommandations a été précédemment décrite [2].
Dénition des thèmes par le comité scientique2.1.
Les trois thèmes suivants, relatifs à l’utilisation des GC au
cours de la PR ont été retenus par le comité scientique :
- thème A = Indication des glucocorticoïdes dans la polyarthrite
débutante et la PR établie [2] ;
- thème B = Modalités pratiques d’utilisation des
glucocorticoïdes ;
- thème C = Tolérance des glucocorticoïdes dans la PR [3].
Dénition des questions à traiter au sein de chaque thème2.2.
Au terme du recensement, selon une méthode Delphi, des
interrogations des membres du comité scientique sur les
modalités pratiques d’utilisation des glucocorticoïdes dans la
PR (XLL, AS, JMF, JT, PC, BF, PG, PG, TP, TS et DW), les
4 questions suivantes ont été retenues pour le thème B :
- Quelle est la place des bolus cortisoniques dans la prise
en charge de la PR (en fonction du rapport bénéce/risque) ?
Quelle posologie utiliser ? Quelle fréquence de bolus
utiliser ? ;
- Les injections intra-articulaires de GC peuvent-elles
Tableau 1
Liste des mots clé utilisés pour la revue systématique de la littérature.
Mots clés
Arthritis, Rheumatoid [MeSH] AND
Steroids [MeSH]
Injection, intravenous [MeSH]
Arthritis, Rheumatoid [MeSH] AND
Steroids [MeSH]
Arthritis, Rheumatoid [MeSH] AND
Steroids [MeSH]
Injection, intra articular [MeSH
Arthritis, Rheumatoid [MeSH] AND
Steroids [MeSH]
Substance withdrawal[ MeSH]
S14 E. Dernis et al. / Revue du rhumatisme 75 (2008) S12-S19
jamais participé à l’élaboration de recommandations selon
la méthode des RER.
Les résultats de la revue de la littérature ont été présentés
par le responsable de la bibliographie (ED) au cours de
3 ateliers de 90 minutes regroupant environ 25 rhumatologues
experts, chacun de ces ateliers étant modéré par l’un des
membres du comité scientique (JFM, AS, JT). La présentation
de la littérature a été réalisée question par question, en faisant
apparaître pour chacun des articles présentés, son niveau
de preuve. Au terme de chaque atelier, les experts devaient
élaborer des recommandations en réponse, si possible, aux
4 questions proposées.
Élaboration des recommandations2.5.
La synthèse des propositions des trois groupes d’experts
(ateliers) a été réalisée par les 3 modérateurs et le responsable
de la bibliographie. Pour une recommandation donnée, un seul
libellé était retenu si les propositions issues de chaque atelier
étaient concordantes. Dans le cas contraire, an de respecter la
diversité des propositions formulées, les différents libellés
étaient conservés puis proposés au vote lors de la session plé-
nière. Le choix du libellé dénitif de la recommandation était
ainsi ajusté puis sélectionné par l’ensemble des experts.
Force des recommandations et degré d’accord2.6.
La force des recommandations est fondée non seulement
sur le niveau de preuves, mais également sur l’applicabilité
des recommandations dans la pratique quotidienne selon les
rhumatologues présents. Le degré d’accord des experts avec
le libellé nal était ensuite mesuré, à l’issue de la session
plénière, par un second vote (selon une échelle de Likert de
1 à 10 - de «pas d’accord du tout» à «tout à fait d’accord»).
Résultats3.
Ainsi, les huit recommandations, leur force respective,
le degré d’accord des experts pour chacune d’elles, sont
rapportés dans le tableau 2.
Les 8 recommandations3.1.
Recommandation 1 : Au cours de la polyarthrite
rhumatoïde, il est souhaitable de réserver l’utilisation des
bolus de glucocorticoïdes à des situations exceptionnelles
(notamment échec d’une corticothérapie orale dans des
formes très actives en attente d’efcacité d’un traitement
Tableau 2
Liste des 8 recommandations « Modalités pratiques d’utilisation des glucocorticoïdes chez les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde » avec le
degré d’accord des experts.
Recommandations Degré d’accord
des experts (nombre) Grade
Au cours de la polyarthrite rhumatoïde, il est souhaitable de réserver l’utilisation
des bolus de glucocorticoïdes à des situations exceptionnelles (notamment échec d’une
corticothérapie orale dans des formes très actives en attente d’efcacité d’un traitement
de fond…), en tenant compte du terrain.
7,44 (N=79) D
Au cours de la polyarthrite rhumatoïde, si l’on procède à des inltrations,
il est souhaitable d’utiliser l’hexacétonide de triamcinolone plutôt qu’un autre
glucocorticoïde, à condition d’être certain que l’injection est réalisée en intra-articulaire
strict (épanchement ou imagerie de repérage).
6,34 (N=80) D
Après inltration intra-articulaire par hexacétonide de triamcinolone d’une arthrite
rhumatoïde, il est souhaitable de mettre l’articulation au repos pendant environ 24 h. 8,62 (N=78) D
Après inltration intra-articulaire d’un genou rhumatoïde par hexacétonide de triamcinolone,
il est souhaitable d’immobiliser l’articulation pendant environ 24 h. 5,13 (N=76) D
Au cours de la polyarthrite rhumatoïde, si l’on recourt à une corticothérapie orale,
il est nécessaire d’utiliser un produit de demi-vie courte (prednisone ou prednisolone),
de préférence en prise unique.
7,56 (N=79) D
Au cours de la polyarthrite rhumatoïde, en cas de raideur matinale persistante et
importante, il peut être indiqué de proposer une prise de glucocorticoïdes le soir. 8,08 (N=79) D
Au cours de la polyarthrite rhumatoïde, lors du sevrage d’une corticothérapie instaurée
au long cours, il est indispensable d’informer le malade et le médecin traitant du risque
d’insufsance surrénalienne.
6,63 (N=79) D
Au cours de la polyarthrite rhumatoïde, lors du sevrage d’une corticothérapie instaurée
au long cours, le test au tétracosactide (Synacthène®) et/ou l’utilisation de l’hydrocortisone
peuvent être indiqués mais ne sont pas obligatoires.
6,44 (N=78) D
E. Dernis et al. / Revue du rhumatisme 75 (2008) S12-S19 S15
de fond…), en tenant compte du terrain.
Grade D ; Niveau d’accord = 7,44 (n = 79).
Cette recommandation est fondée sur les études comparant les
GC intraveineux (bolus) à un placebo en termes d’efcacité
symptomatique.
Hansen et al. [4] ont étudié 97 PR souffrant depuis
en moyenne 9 ans et ayant reçu pendant 6 mois soit de la
méthylprednisolone (MP) à la dose de 15 mg/kg/mois, soit
un placebo une fois par mois associé à un traitement par D
pénicillamine ou azathioprine. L’évaluation de l’efcacité
était réalisée à semaines (S) 0, S2, S4, S8, puis à 6 mois
et à 12 mois, selon les critères classiques de suivi [nombre
d’articulations douloureuses (NAD), nombre d’articulations
gonées (NAG), EVA globale du patient et du médecin]. Dans
cette étude, l’efcacité est comparable à 6 mois et 1 an dans
les deux groupes en intention de traiter ou per-protocole.
Liebling et al. [5] ont étudié 10 patients polyarthritiques,
en cross over, pendant 6 mois, les patients recevaient soit de
la MP IV 1 g/mois, soit un placebo. Cette étude a montré une
amélioration signicative du NAD, du dérouillage matinal
(DM) ainsi que du test de marche en faveur du groupe MP.
L’effet thérapeutique était maintenu pendant 3,5 mois pour
le nombre d’articulations douloureuses avec un effet clinique
global de 2,9 mois en moyenne.
Williams et al. [6] ont montré, dans une étude en double
aveugle, randomisée, chez 20 patients, recevant pendant
6 mois, soit de la MP 1 g pendant 3 jours consécutifs, soit
un traitement par placebo intraveineux, une amélioration à
6 semaines signicativement supérieure dans le groupe actif
pour le NAD, le DM et l’EVA douleur. La réponse au test
au tétracosactide était normale dans les 2 groupes à la n
de l’étude.
Van der Veen et al. [7] ont mené un essai comparatif
randomisé ouvert chez 30 patients atteints de PR, recevant soit
méthotrexate (MTX) po + placebo (A) soit MTX + predniso-
lone po 100 mg/j x3 pendant 5 jours (B) soit MTX + MP IV
1 000 mg/j x3 pendant 5 jours (C). Cette étude a montré :
- à 10 jours : une amélioration du NAD dans les 3 groupes
et une amélioration du NAG dans les groupes recevant des
GC (po et IV) ;
- à 12 semaines : une amélioration de la VS et de la CRP dans
le groupe A, mais pas d’amélioration dans le groupe B et
une amélioration du NAD et du NAG dans le groupe C. Il
n’existait pas de différence de tolérance entre les groupes.
En terme de toxicité, dans les trois études précédentes,
il n’est pas observé d’augmentation signicative du nombre
d’effets secondaires sévères liés aux GC IV. Cependant,
Hansen et al. [3] ont rapporté les effets secondaires suivants :
un ush (16 patients dans le groupe MP versus placebo), des
céphalées (26 patients versus 7), un goût amer (16 patients
versus 4), un désagrément lié à la perfusion (22 patients
versus 3) et une tachycardie (15 patients versus 6). Liebling
et al. [5] ont également rapporté une hypotension ou une
hypertension artérielle, des œdèmes transitoires, une poussée
inammatoire articulaire, une stimulation de l’appétit dans les
jours suivant le bolus. Par ailleurs, 6 infections non sévères
ont été observées : 4 dans le groupe placebo et 2 dans le
groupe MP pendant les 12 mois de suivi. Williams et al. [6]
ont rapporté des effets secondaires mineurs (ush, céphalées,
goût amer, malaise rapidement résolutif). Par ailleurs, des
poussées inammatoires articulaires dans les 2 à 3 jours
suivants le bolus ont également été rapportées.
Aucune de ces études contrôlées ne rapporte d’augmen-
tation du taux d’infection sévère, ni de mort subite.
La revue de la littérature n’a pas trouvé d’étude prospective
rapportant la tolérance des bolus au cours de la PR. Chibane
et al. [8] ont étudié la tolérance des bolus de corticoïdes (MP
de 250 mg à 1 g/j X 3 jours consécutifs) utilisés pour des
pathologies oculaires : des effets secondaires mineurs ont été
rapportés chez 88 % des patients. Les effets indésirables graves
dans cette étude ouverte étaient les suivants : des accidents
coronariens aigus chez 2,3 % des patients, survenant chez des
patients coronariens connus, diabétiques ou hypertendus et des
troubles neuropsychiatriques graves dans 2 cas (agressivité et
agitation). Une augmentation d’environ 150 % de la glycémie
était observée chez tous les malades, avec un retour rapide aux
valeurs normales chez les non-diabétiques et un déséquilibre
du diabète chez les patients diabétiques.
À propos de la tolérance, l'étude rétrospectives de Baethge
et al. [9] a porté sur 84 patients souffrant de différentes affec-
tions rhumatismales. Dans cette étude, 86 % des patients ont
eu, après administration de bolus de GC, des effets indésirables
classiques (cf. supra) souvent résolutifs. De plus, les effets
secondaires sévères suivants ont été notés : hyperglycémie,
hypertension artérielle, infection, des convulsions survenant
exclusivement chez des patients souffrant de lupus érythémateux
disséminé, un hoquet incoercible et des lésions gastriques.
Il est à souligner que dans l’étude rétrospective de Baethge
et al. [9] ou dans l’étude prospective de Chibane et al. [8],
aucun décès n’a été noté. Mais, environ 16 cas cliniques
(niveau IV) de mort subite ou de collapsus ont été rapportés
dans la littérature, essentiellement chez des patients greffés,
insuffisants rénaux ou souffrant d’hémopathie [10]. Le
mécanisme de ces décès était essentiellement des troubles
du rythme, des infarctus du myocarde, ou des troubles de la
conduction.
Kumari et al. [10] ont effectué une revue des études
publiées concernant la toxicité cardiovasculaire des bolus.
Les facteurs favorisant les complications cardio-vasculaires
sont la pathologie cardiaque sous-jacente, la notion de
troubles électrolytiques, la co-prescription de médicaments
hypokaliémiants, une perfusion trop rapide et une dose de
GC supérieure à 250 mg par jour.
La question de la dose de GC à utiliser lors des bolus a
été soulevée par le comité scientique. L’étude de Ferras et
al. [11] a rapporté 139 patients recevant soit 5 mg/kg, soit
10 mg/kg de GC. L’évaluation à S0 puis à S6 n’a montré
aucune différence signicative en terme d’efcacité entre
les deux groupes.
Iglehard et al. [12] ont comparé les mini-bolus (MP 100 mg
par jour) chez 19 patients à des bolus de 1 g (17 patients).
Cette étude n’a pas montré de différence à 3 mois entre les
S16 E. Dernis et al. / Revue du rhumatisme 75 (2008) S12-S19
2 groupes. Les auteurs soulignaient la possibilité d’un manque
de puissance de leur étude.
Radia M. et al. [13] ont étudié 29 patients recevant soit
1 g, soit 320 mg de MP IV. À 6 semaines, aucune différence
signicative n’a été observée entre les 2 groupes.
À l’inverse, Shipely et al. [14] ont comparé 40 mg IV de
MP (24 patients) à 500 mg (22 patients) et 1 g (23 patients).
L’évaluation à 12 semaines a montré un nombre de sortie
prématurée d’étude pour inefcacité plus fréquent dans le
groupe traité à faibles doses par rapport au groupe forte dose.
Les résultats de cette étude sont, cependant, à interpréter
avec précaution en raison du nombre élevé de sorties d’étude
rendant difcile l’interprétation après 3 semaines.
En terme de toxicité, il n’a pas été noté d’effets secondaires
majeurs dans ces 3 études. Radia et al. [13] ont noté chez
11 patients des effets secondaires mineurs dans le groupe
forte dose versus aucun cas à la posologie de 320 mg. Dans
l’étude de Shipely [14] on notait également une augmentation
du nombre d’effets secondaires mineurs en fonction de la
dose administrée.
Recommandation 2 : Au cours de la polyarthrite
rhumatoïde, si l’on procède à des inltrations, il est
souhaitable d’utiliser l’hexacétonide de triamcinolone
plutôt qu’un autre glucocorticoïde, à condition d’être
certain que l’injection est réalisée en intra-articulaire
strict (épanchement ou imagerie de repérage).
Grade D ; Niveau d’accord = 6,34 (n = 80).
Recommandation 3 : Après inltration intra-articu-
laire par hexacétonide de triamcinolone d’une arthrite
rhumatoïde, il est souhaitable de mettre l’articulation au
repos pendant environ 24 heures.
Grade D ; Niveau d’accord = 8,62 (n = 78).
Recommandation 4 : Après inltration intra-articulaire
d’un genou rhumatoïde par hexacétonide de triamcinolone,
il est souhaitable d’immobiliser l’articulation pendant
environ 24 heures.
Grade D ; Niveau d’accord = 5,13 (n = 76).
Les GC intra-articulaires (IA) sont de plusieurs types :
produits hydrosolubles (diffusant rapidement dans les
tissus), suspensions aqueuses et suspensions microcristallines.
L’administration des GC doit être réalisée en conformité
avec les Résumés des Caractéristiques des Produits (RCP),
en particulier lorsqu’il existe des limitations d’utilisation
comme, par exemple, l’hexacétonide de triamcinolone dont
l’injection doit être intra-articulaire stricte.
Il n’a pas été trouvé d’étude prouvant l’effet structural
de l’injection locale de GC au cours de la PR. Le groupe
OMERACT (Outcomes Measures Arthritis Clinical Trials) a
effectué une revue systématique de la littérature pour identier
les meilleurs critères d’évaluation des atteintes clinique,
fonctionnelle et structurale d’une « seule articulation » [15].
Au cours de l’arthrite, l’atteinte pathologique pertinente
est l’hypertrophie synoviale qui est mieux évaluée par les
ultrasons ou l’IRM que par l’examen clinique ou radiogra-
phique. L’atteinte structurale est, quant à elle, mieux évaluée
par l’IRM notamment après injection. De plus, l’IRM est
reproductible et sensible au changement.
Nous avons trouvé une étude de niveau 1 correspondant à
une méta-analyse de la Cochrane Library de 2007 [16]. Cette
métanalyse des essais contrôlés entre 1966 et 2004, sélectionnés
selon les critères de qualités de la Cochrane collaboration a
revu l’efcacité des injections intra-articulaires de GC ainsi
que l’efcacité de l’immobilisation post-inltration.
Cette méta-analyse conclut à une efcacité des injections
intra-articulaires de GC versus placebo au niveau du genou
[16]. En effet, les 5 études contrôlées sélectionnées montrent
une amélioration signicative de la douleur, de la mobilité, du
périmètre de marche, du dérouillage matinal, après injection
de GC dans le genou. Pour les autres articulations, il n’existe
pas de données sufsantes.
Blyth et al. [17] ont étud, au cours d’un essai comparatif
de 300 patients souffrant de PR avec une synovite du genou ;
trois modalités d’injection IA de GC : hydrocortisone (HC)
100 mg (n = 30), triamcinolone acétate 40 mg (Kenacort®)
(n = 150) et hexacétonide de triamcinolone 20 mg (Hexatrione®)
(n = 120). Les malades étaient évalués toutes les semaines pendant
12 semaines selon les critères classiques (NAD, NAG, EVA
douleur). Les auteurs ont noté une amélioration de la douleur
à tous les temps en faveur de la triamcinolone, avec une due
d’efcacité de 13 semaines pour hexacétonide de triamcinolone
et de 9,5 semaines pour le groupe triamcinolone acetate.
En ce qui concerne l’efcacité du repos ou de l’immobi-
lisation après injection IA de GC, 2 études ont été retenues
selon les critères de la Cochrane.
Une première étude de Weitof et al. en 2003 [18] a comparé
l’efcacité du repos versus absence de repos ou d’immobi-
lisation après inltration de GC 10 mg dans le poignet. Le
poignet était immobilisé par une orthèse Elcross Carpus Flexi.
Il n’a pas été montré de différence dans les deux groupes en
terme d’efcacité, mais avec une tendance à des récidives plus
fréquentes de l’arthrite dans le groupe immobilisé [18].
Dans la seconde étude, Chakravarty et al. [19] ont évalué
l’immobilisation après inltration IA. 91 malades polyarthri-
tiques présentant une « arthrite du genou persistante » ont eu
une ponction évacuatrice puis une injection d’hexacétonide
de triamcinolone 40 mg. Puis, ils étaient randomisés en deux
groupes : repos strict au lit de 24 heures (hospitalisation) versus
absence de repos (patient ambulatoire). Ils ont été évalués
régulièrement (S0, S3, S6 et S12 : EVA douleur, test de marche,
circonférence du genou, DM, VS et CRP). Une amélioration
signicative dans le groupe repos a été notée à 12 semaines
concernant la douleur, la DM, et la circonférence du genou.
Recommandation 5 : Au cours de la polyarthrite
rhumatoïde, si l’on recourt à une corticothérapie orale,
il est nécessaire d’utiliser un produit de demi-vie courte
(prednisone ou prednisolone), de préférence en prise
unique.
Grade D ; Niveau d’accord = 7,56 (n = 79).
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