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Le champ des troubles psychiques conserve, au sein de la médecine,
une forte spécificité. Plus que tous autres, il renvoie à une multiplicité de facteurs.
L’absence de conscience du trouble, les difficultés à établir une alliance
thérapeutique, l’altération du « libre arbitre » y sont très fréquents. Le retard ou
l’absence de soins aggrave les pathologies mais retentissent également sur
l’entourage proche et plus largement social en soulevant la question, chez les
patients non traités, des risques qu’eux-mêmes et leur entourage peuvent courir.
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Le « plan de Santé Mentale », qui avait balisé pour quatre ans les projets
des pouvoirs publics pour le système de soins psychiatriques, est arrivé à
échéance à la fin de l’année 2008. En 2012 les professionnels, comme les
usagers, attendent qu’un nouvel élan soit impulsé. Au delà du Plan de Santé
Mentale aujourd’hui proposé, les signataires de ce Livre Blanc souhaitent
qu’un cadre législatif rénové redonne à la psychiatrie française des objectifs
clairs et des perspectives de progrès.
Dans le débat de société récent centré sur la question de la dangerosité, la
psychiatrie a perdu une partie de ses repères. Un discours public, relayé par certains
media, a laissé fallacieusement s’installer l’idée que la mission essentielle de la
psychiatrie était de prévenir la violence, et pour cela d’identifier parmi les personnes
souffrant de troubles psychiques ses auteurs potentiels. La crise de la démographie
des psychiatres, les contraintes budgétaires qui frappent le système de santé, la
réforme hospitalière, l’application de la nouvelle gouvernance et les cadres
territoriaux tels que définis par la loi Hôpital, Patients, Santé Territoires, ont laissé
sans réponse la question de l’organisation des soins psychiatriques, et participé au
désenchantement des professionnels.
Les usagers de la psychiatrie, les acteurs du soin et leurs partenaires
méritent une meilleure considération et la prise en compte effective des réalités qu’ils
affrontent.
Le présent « Livre Blanc » a pour objet de rassembler les conceptions et
propositions des professionnels et des usagers du système de soins psychiatriques,
et d’en proposer clairement l’adoption aux pouvoirs publics pour en inspirer la
politique pour les prochaines années. Il a l’ambition, dans une logique de santé
publique, de participer à la redéfinition :
- du rôle de la psychiatrie pour notre société française, et du système de
soins pour ses usagers,
- du cadre juridique et réglementaire dans lequel elle devrait s’inscrire,
- des objectifs de santé que notre pays pourrait choisir de se fixer dans le
domaine de la santé mentale,