2/67. EDITO 26/08/02 14:36 D I É Page 67 T O R I A L Dépistage du cancer colorectal Pour accorder les instruments, il faut un chef d’orchestre ● M.A. Bigard E n quelques semaines, les médecins et les malades ont été submergés d’informations contradictoires au sujet du dépistage du cancer du côlon. Les informations auparavant réservées essentiellement au corps médical atteignent maintenant le grand public, quelquefois en premier lieu, mettant les médecins dans des situations difficiles quand ils doivent répondre aux questions de leurs patients. QUELLES SONT LES PRINCIPALES INFORMATIONS DE CES DERNIÈRES SEMAINES ? • Dans le cadre de la lutte contre le cancer, Madame la Secrétaire d’État à la Santé souhaite étudier les conditions de mise en œuvre du dépistage du cancer colorectal sans plus de précisions sur les moyens à mettre en œuvre et les dates. Parions sur la mise sur pied prochaine d’une nouvelle commission (la huitième depuis 15 ans !). • Un communiqué de la Société Française de Radiologie (SFR) précise que celle-ci “ne s’associe pas à la campagne actuellement menée pour généraliser la coloscopie virtuelle pour le dépistage des polypes du côlon”. Cette campagne avait cependant dû être discrète, ayant échappé à la plupart d’entre nous ! La coloscopie virtuelle venait par ailleurs de gagner ses lettres de noblesse par la publication d’un article scientifique important dans le New England Journal of Medicine. Dans une série de 100 patients à risque de cancer colique, la coloscopie virtuelle et la coloscopie classique avaient la même efficacité pour détecter des polypes de plus de 6 mm de diamètre (Fenlon H.M. et coll. New Engl J Med ; 341 : 1496-503). Les avantages de la coloscopie virtuelle sont bien sûr son coût réduit et son absence de risque, ses inconvénients étant la nécessité ultérieure d’une coloscopie pour la thérapeutique en cas de découverte d’un polype et, mais de façon momentanée, son accessibilité réduite. • On apprend ensuite qu’une société scientifique américaine recommande l’utilisation du lavement baryté en double contraste (LBDC) pour le dépistage du cancer colorectal. On peut d’ailleurs noter que la coloscopie virtuelle n’est qu’une version modernisée du lavement baryté en double contraste. Le LBDC a cependant l’inconvénient d’impliquer davantage le radiologue pour sa réalisation et de demander une bonne technique radiologique pour dégager les différents segments coliques ! La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue - n° 2 - vol. III - avril 2000 • Enfin, la SNFGE constatant que, plus de deux ans après la conférence de consensus sur le cancer du côlon, rien n’a bougé (comme le soulignait récemment J.P. Bader dans cette revue sous le titre “Palinodies”. La Lettre de L’Hépato-Gastroentérologue. 1999 ; 5 : 180-3) a décidé d’intervenir plus énergiquement par le biais d’une campagne de presse (conférence de presse, mercredi 15 mars 2000) visant à interpeller le Secrétariat d’État à la Santé. La SNFGE a pris position pour un dépistage généralisé du cancer colorectal chez les 12 millions de personnes âgées de 50 à 74 ans, par le test Hémoccult II®. Il s’agit en effet de la seule méthode dont il est prouvé qu’elle est capable de réduire la mortalité par cancer colo-rectal de 15 à 20 %. Ce dépistage pour être efficace doit porter sur plus de 50 % des sujets concernés, être organisé sur la base d’un cahier des charges avec une évaluation du fonctionnement. Le test Hémoccult II® doit être réalisé tous les deux ans (ce qui fait 12 tests en perspective pour les personnes de 50 ans !). On peut noter que la SNFGE se démarque nettement des conclusions du jury de la conférence de consensus organisée par ses soins, puisque le jury recommandait de mettre en place initialement ce dépistage “dans des départements aptes à respecter un cahier des charges précis, et de préférence là où il existe un registre du cancer”. Il est clair qu’une course de vitesse est maintenant engagée entre Hémoccult II® et coloscopie virtuelle. À noter qu’une étude multicentrique prospective comparant vidéocoloscopie et coloscopie virtuelle doit démarrer après l’été, grâce à un partenariat Société Française d’Endoscopie Digestive et Société Française de Radiologie (La lettre de la SFED, n° 9, mars 2000, p. 3), qui conduira peut-être la SFR à réviser sa position actuelle ! Dans l’hypothèse où le Secrétariat d’État à la Santé donnerait son feu vert au dépistage par Hémoccult II®, nul doute que sa mise sur pied à l’échelon de la France dans les conditions souhaitées (cahier des charges précis et évaluation rigoureuse) représente un travail colossal, du fait de l’implication indispensable des généralistes. Ceux-ci doivent être formés (et rémunérés !) à convaincre des patients ne se plaignant d’aucun trouble digestif à faire des examens de selles tous les deux ans. Par ailleurs, si J. Faivre et son équipe ont bien montré qu’un dépistage par Hémoccult® était possible en Côte-d’Or, grâce à l’implication d’une équipe convaincue et convaincante, qu’en serat-il dans les grandes villes et notamment à Paris où la pratique de la médecine générale apparaît très différente de ce qu’elle est en Côte-d’Or ? N’oublions pas que plus de la moitié de la population visée habite dans des grandes agglomérations ! 67 2/67. EDITO É 26/08/02 14:36 D I Page 68 T O R I A Dans les prochaines années, on va probablement assister à un développement mal contrôlé de la coloscopie virtuelle, méthode qui paraît séduisante aux yeux de beaucoup de médecins et de malades inquiets sur l’état de leur côlon (avec en premier lieu les colopathes fonctionnels). La coloscopie virtuelle sera également promue par les radiologues, sevrés d’examens du tube digestif depuis de longues années, mais son efficacité dans le domaine de la prévention reste à évaluer. Nous sommes donc probablement à une croisée des chemins et il est souhaitable que la Secrétaire d’État à la Santé prenne une potion claire sur ce dépistage après consultation de la profession unie derrière la SNFGE. ■ L PS : Les biologistes aussi ! • Trois syndicats de directeurs de laboratoires d’analyses médicales ont écrit à la Secrétaire d’État à la Santé pour “être intégrés à l’action de dépistage du cancer colorectal” et pour souhaiter que soient proposés “les tests les plus performants en termes de spécificité et de sensibilité dans la détection de cette maladie”. • S’agit-il des tests immunologiques dont on sait qu’ils conduisent à un grand nombre de faux-positifs, inacceptables dans une campagne de dépistage ? ERRATUM Contrairement à ce que vous avez pu lire dans la fiche du n° 1 de l’année 2000, l’hôpital Laënnec ne déménage pas à Creil, mais à l’hôpital Européen Georges-Pompidou. Nous prions le Professeur Jean-Philippe Barbier d’accepter nos excuses pour cette erreur. Lab’infos Pariet® rabéprazole l’IPP selon Janssen-Cilag Commercialisé d’emblée sous deux dosages : 10 et 20 mg, le rabéprazole, principe actif de Pariet®, est un inhibiteur de la pompe à protons. Ses propriétés pharmacologiques font de cet IPP une nouvelle alternative thérapeutique. En effet, Pariet® provoque, in vitro, une inhibition rapide et importante des pompes à protons grâce à une forte concentration dans les canalicules sécrétoires des cellules pariétales, permettant ainsi son activation précoce. Ces propriétés pharmacologiques fondamentales se traduisent au niveau de la muqueuse de l’estomac par une inhibition de la sécrétion acide basale comme stimulée et une bonne couverture antisécrétoire des 24 heures à J1 comme à J8, en particulier sur les périodes postprandiales (après-midi) et nocturne (1). 68 Un large programme d’études a prouvé l’efficacité clinique de Pariet® 20 mg dans les œsophagites érosives ou ulcératives symptomatiques par RGO, les ulcères gastriques évolutifs bénins et les ulcères duodénaux évolutifs. Pariet® est le premier IPP à avoir obtenu l’indication “traitement d’entretien des œsophagites par RGO”, tous grades, pour ses deux dosages : 10 et 20 mg. Pariet® 10 mg ou 20 mg permet d’obtenir de bons résultats, en termes de rémission endoscopique à 12 mois (2). Le choix de la dose (10 ou 20 mg) se fera en fonction de la réponse du patient. Sa bonne tolérance (évaluée sur plus de 4 300 patients), son faible risque d’interactions médicamenteuses font de Pariet® un produit facile à manier. Son efficacité n’est pas influencée par la prise d’aliments. Aucun ajustement posologique n’est nécessaire chez le sujet âgé, chez l’insuffisant rénal ou l’insuffisant hépatique non sévère. 1.Williams M.P. et coll. A placebo controlled trial to assess the effects of 8 days of dosing with rabeprazole versus omeprazole on 24-hour intragastric acidity and plasma gastrin concentrations in young healthy male subjects. Aliment Pharmacol Ther 1998 ; 12 : 1079-89. 2. Rapport d’expert clinique, Dr J.J. Misiewicz. La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue - n° 2 - vol. III - avril 2000 2/67. EDITO 26/08/02 14:36 Page 69 PARIET 69 2/67. EDITO 26/08/02 14:36 Page 70 SMECTA 70