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LE DESEQUILIBRE NATUREL DU SYSTEME MUSCULAIRE
Par Georges A. HALATAS
Kinésithérapeute - Lyon
Seul le déséquilibre naturel du système musculaire sera abordé dans cette étude. Nous
insistons sur le terme « NATUREL », c’est-à-dire les méfaits du vieillissement.
Nous laissons de côté toutes les formes de déséquilibres dues à des traumatismes ou à des
pathologies intervenant sur l’harmonie du squelette.
Nous étudierons le schéma corporel le plus répandu (avec trois courbes antéropostérieures au
niveau de la colonne vertébrale, lombaire, dorsale et cervicale, et trois angulations au niveau
des membres inférieurs inguinaux, poplité et tibio-pédieuse et les variantes les plus fréquentes
sachant qu’il existe des différenciations morphologiques à l’infini avec des conséquences
spécifiques. Nous examinerons tour à tour les causes de ce déséquilibre, le mécanisme de ce
déséquilibre puis les conséquences et proposerons enfin les parades thérapeutiques.
Cette étude est essentiellement basée sur de longues et minutieuses observations du corps
humain et de son évolution avec le temps, le mouvement et face aux éléments naturels, entre
autre la pesanteur. Ces observations enrichies par de nombreuses lectures scientifiques, ont
permis de mettre en place une nouvelle approche thérapeutique qui apparaît probante au vu
des résultats obtenus.
I – LES CAUSES
Nous avons mis en évidence une liste des causes essentielles qui sont la nature de la
constitution du squelette, l’orientation du regard, les habitudes positionnelles, la pesanteur et
l’inégalité des systèmes musculaires. Mais il est évidemment admis que cette liste n’est pas
exhaustive.
A – NATURE DE LA CONSTITUTION DU SQUELETTE
Le squelette est fait de telle manière qu’il favorise une gestuelle antérieure. Il existe en
effet une succession de « charnières » dans le squelette dont l’ouverture et la fermeture
favorisent une mobilité orientée dans le sens antérieur. Et l’organisation du système
musculaire facilite cette dynamique vers l’avant beaucoup plus aisée que dans tous les
autres sens.
B – ORIENTATION DU REGARD
Ouvert à 180° vers l’avant, il favorise également une gestuelle antérieure qui sera
toujours prédominante et l’utilisation du système musculaire se fera, au quotidien,
dans des angles toujours identiques et de façon répétitive.
C – HABITUDES POSITIONNELLES
Ces facteurs favorisant le déséquilibre seront confortés par les habitudes
positionnelles professionnelles, sportives, de loisir ou par les habitudes positionnelles
liées au tempérament (par exemple l’attitude du timide qui adopte une position
craintive, le dos voûté, les épaules en avant etc…)
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Ces trois paramètres constituent en fait les premières sources du déséquilibre.
Deux autres éléments importants vont jouer un rôle actif dans le processus du
déséquilibre du système musculaire et vont, sous la dépendance des prédispositions
sus-citées, constituer les véritables causes déclenchantes de ce phénomène du
vieillissement : la pesanteur et le mouvement.
Leur implication sera primordiale dans le processus entraînant le déséquilibre
physiologique du système musculaire.
D –PESANTEUR
Cette fameuse pesanteur mise en évidence par Newton et dont on ignore encore
aujourd’hui l’origine, continue à nous écraser tous les jours. Nous luttons contre elle
toute la vie mais elle finit toujours par nous terrasser un jour. Les effets de la pesanteur
et du mouvement ont connu une tentative de mesure par une équipe du service
d’orthopédie de la clinique des Cèdres à Grenoble animée par le Docteur Jean-Claude
PANISSET et Jacques BOUTIN, Kinésithérapeute. Cette équipe a appliqué à 200
nouveau-nés des tests de raideurs (Lasègue). Les résultats sur 4 ans ont mis en
évidence plusieurs observations intéressantes :
1) Il existe 40° d’écart entre les bébés les plus souples et les bébés les plus
raides (ce qui démontre des inégalités d’origine génétique, entre les êtres à
la naissance.)
2) Les filles sont plus souples que les garçons (5 à 6° d’écart).
3) Entre la maternité et l’école maternelle (4ans), les mêmes bébés
s’enraidissent en moyenne de 14°. Cette période correspond à la
verticalisation progressive du bébé confronté à la pesanteur et à
l’intensification de l’activité physique.
E –INEGALITE DES SYSTEMES MUSCULAIRES
Elle est surtout évidente entre la chaîne antérieure et postérieure. En effet, ces deux
chaînes musculaires sont totalement différentes tant sur un plan physiologique que sur
un plan structurel.
- Sur le plan physiologique, les chaînes antérieures sont beaucoup plus riches en
« fibres rapides » à contraction dynamique, c’est-à-dire celles qui nous propulsent
vers l’avant tandis que les chaînes postérieures possèdent un pourcentage plus
élevé de « fibres lentes » à contraction statique c’est-à-dire celles qui luttent contre
la pesanteur et jouent un rôle de maintien de la statique du squelette. Les chaînes
riches en fibres « dynamiques » favorisent le mouvement, l’impulsion. Elles sont
plus rapidement fatigables que les fibres lentes. Les chaînes pourvues d’une
majorité de fibres « statiques » s’opposent à l’action de leurs antagonistes afin de
contrôler et de maintenir une distance égale entre elles et le centre de gravité. Cette
opposition entre ces différents types de fibres constitue le garant de l’équilibre du
corps.
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- Sur le plan structurel, c’est surtout au
niveau du tronc que l’on trouve la plus
grande différence entre les deux chaînes
antérieures et postérieures car au niveau des
membres inférieurs, la symétrie est parfaite,
les muscles ont les même points d’ancrage
osseux au niveau du fémur, au niveau des
tibias et au niveau des os pédieux. Au niveau
du tronc, si l’on suit le contour du profil
d’un squelette, on observe que les muscles
postérieurs ont des points d’ancrage tout le
long de leur trajet. En partant du haut, on
note des attaches sur le crâne, sur la colonne
cervicale, sur les côtes, sur les vertèbres
dorsales, sur les omoplates, sur les vertèbres
lombaires, sur le bassin. Lorsque l’on suit le
trajet des chaînes antérieures, celles-ci ont
des points d’ancrage symétriques au niveau
de la face, de la colonne cervicale, puis sur
le grill costal jusqu’aux dernières côtes et
l’appendice xiphoïde. Ensuite, on découvre
une solution de continuité du squelette depuis la base du grill costal jusqu’aux
branches pubiennes. Sur tout ce trajet, les muscles n’ont plus aucun point
d’ancrage.
II – MECANISMES DU DESEQUILIBRE
A – DESEQUILIBRE ANTERO POSTERIEUR
Cette solution de continuité du squelette antérieur du tronc va jouer un rôle essentiel
dans ce déséquilibre car cette longue bande que constitue la sangle abdominale va
présenter un état de faiblesse du fait de sa longueur, du fait de son manque de points
d’ancrage et du fait, également, de sa physiologie inachevée. En effet, il n’y a pas si
longtemps, l’homme marchait à quatre pattes. Depuis qu’il a décidé d’adopter la
bipédie, la nature a pensé qu’il serait utile de remplacer le tissu de soutien de
l’abdomen par un muscle actif pour équilibrer le tronc. Elle a commencé la
construction de ce nouveau muscle au niveau du grill costal. Au XXIème siècle, elle en
est au nombril environ. En effet, lorsque l’on ouvre l’abdomen et que l’on découvre
les muscles, ceux- ci sont rouges et qualitatifs dans leur moitié supérieure. Ils changent
de couleur et deviennent grisâtres plus près de l’aspect d’un tissu téno-aponévrotique
dans leur partie inférieure D’où la sensation lors d’exercices physiques avec les
abdominaux que l’effort n’est ressenti que dans la partie supérieure. Celle-ci est
beaucoup plus riche en capteurs sensitifs. De même, chez les athlètes cultivant leurs
abdominaux, l’aspect de « tablettes de chocolat » n’apparaît que dans la moitié
supérieure, ils sont totalement absents sous le nombril. Il nous faudra bien encore
quelques millénaires pour que soit achevée cette sangle abdominale et qu’elle
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développe ses qualités dynamiques sur tout son trajet et réduire ainsi partiellement le
déséquilibre.
Donc, du fait de ces différents facteurs : longueur, absence de points d’ancrages
osseux sur son trajet, physiologie inachevée, cette longue bande musculaire aura une
résistance limitée.
Or, depuis l’époque du squelette érigé,
elle s’est vue attribuer un rôle
important puisqu’on lui demande de
participer à l’équilibre horizontal du
bassin en soutenant sa partie antérieure
par ses fixations pubiennes.
Mais ce même bassin est sous-tendu
dans sa partie antéro-inférieure par le
muscle le plus puissant du corps
humain, le quadriceps aidé par
l’ensemble des muscles antéverseurs :
l’iliaque, le couturier et les différents
adducteurs.
Ce rapport de force sera largement en
faveur des muscles inférieurs plus
nombreux et plus puissants.
De plus, et c’est là où le mouvement et ses effets
prennent toute leur valeur, il existe une loi de la
physique musculaire qui énonce qu’un
muscle qui travaille se raccourcit. Or les
muscles des membres inférieurs sont plus
souvent sollicités que les abdominaux, même
chez les personnes sédentaires qui se servent
essentiellement de ces muscles inférieurs ne
serait-ce que pour marcher ou s’asseoir et se
relever d’un siège.
Chez le sportif, la sollicitation sera évidemment
beaucoup plus importante et les conséquences
beaucoup plus présentes.
Résultat : les muscles inférieurs et en premier
lieu les starters de la marche, muscle iliaque et
droit antérieur, vont répondre les premiers à cette loi du raccourcissement et vont
attirer au fur et à mesure du temps les fosses iliaques antérieures et les branches
pubiennes vers l’avant et le bas et imposer un mouvement de pivot autour d’un axe qui
passerait par le centre des têtes fémorales provoquant consécutivement, outre
l’abaissement du pubis, l’élévation des ischions et l’horizontalisation réactionnelle du
sacrum.
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Cette antéversion du bassin qui résulte de la conséquence directe de toutes les causes
précédemment énumérées, va entraîner toute une série de réactions plurifactorielles de
l’ensemble du squelette.
Elle provoque tout d’abord un déplacement du corps en avant du centre de gravité. Il
se produit donc un retrait réactionnel du tronc pour compenser, d’où une lordose
accentuée.
Puis, toujours dans le respect du centre de gravité, on assiste à l’étage dorsal au même
mécanisme et le segment dorsal supérieur s’infléchit en avant au niveau de la septième
ou huitième dorsale et constitue le sommet de la cyphose.
Au niveau cervical, le segment supérieur de la colonne
cervicale opère un retrait identique à la recherche du centre
de gravité à partir de la cinquième ou de la sixième cervicale.
La colonne vertébrale va donc présenter soit une
accentuation des courbes, soit, au contraire, une diminution
de celles-ci et une rigidification des segments vertébraux. Le
premier cas se rencontre chez le sujet ne présentant pas de
résistance musculaire importante, par exemple chez les
hypotoniques. Leur cypho-lordose s’accentuera avec l’âge.
Le second cas s’observe lorsqu’il existe une réaction
musculaire, comme notamment chez le sportif, entraînant
une modification des courbes qui se transforment
progressivement en « cassures » avec des angulations de plus
en plus nettes. Ce sont des zones qui deviennent de plus en
plus fragiles, notamment au niveau de L5-S1,D7-D8, C5-C6.
Ce dernier cas de figure entraîne plus de phénomènes
douloureux que le précédent du fait de l’hyper pression
articulaire ou discale au niveau de ces « cassures ».
En effet, lorsque l’on dispose d’une bonne courbe lombaire, même accentuée, les
charges imposées par la pesanteur et/ou le surpoids, se répartissent sur chaque vertèbre
qui ne reçoit chacune qu’une fraction des charges. Inversement, dans le cas de
« cassures » où la courbe lombaire est absente, les charges, au lieu de se répartir,
s’additionnent et ce sont les derniers disques intervertébraux et les dernières
articulaires postérieures qui subissent la totalité des contraintes.
Il existe des phénomènes identiques en dessous du bassin
imposés par le même mécanisme. On assiste ainsi à une
augmentation des flexums des hanches, des genoux et des
chevilles. Ces différentes perturbations provoquent donc une
fragilisation de toutes les zones charnières du squelette qui
réagiront de manière circonstancielle. Nous assistons donc
au phénomène du vieillissement et trouvons l’explication de
la perte de l’altitude en prenant de l’âge.
Il existe une grande variété de morpho-types présentant des
courbes diverses allant jusqu’à l’inversion de courbures. Le
plus fréquent se rencontre chez l’hypotonique où une
antéversion du bassin va entraîner une longue courbe peu
marquée qui est une lordose lombo-dorsale qui se termine
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