axe, des sécrétomes de champignons sélectionnés sont produits sur molécules inductrices de
cellulases et hémicellulases et le surnageant de culture ajouté au cocktail enzymatique de T.
reesei. En cas d'une meilleure activité hydrolytique sur paille de blé, le surnageant est
fractionné et la ou les protéines conférant une meilleure efficacité d'hydrolyse sont isolées.
Concernant le premier axe, les recherches d'enzymes sont basées sur la base de
données CAZy qui regroupe toutes les enzymes activent sur les carbohydrates. Ce système de
classification est basé sur une corrélation entre structure tridimensionnelle et mécanisme
catalytique. Une étude de génomique comparative, menée dans le cadre de cette thèse avec le
Laboratoire de l'Architecture et Fonction des Macromolécules Biologiques (AFMB) de
Marseille qui a créé et entretient cette base a permis de révéler des gènes candidats
potentiellement intéressants pour une complémentation de T. reesei.
Une première enzyme retenue est la cinnamoyl estérase de Piromyces equi, un
champignon anaérobie du rumen. En effet, les hydrolases fongiques des champignons
anaérobie ont fait l'objet de plusieurs études montrant souvent une meilleure activité
spécifique que les hydrolases de T. reesei. Le génome de T. reesei ne présente aucun gène
codant une cinnamoyl estérase, enzyme qui permet de libérer l’accès aux chaînes principales
d’hémicellulose, en les décondensant. Par conséquence, cette enzyme "auxiliaire" constitue un
candidat intéressant pour la complémentation du cocktail cellulolytique de T. reesei.
Un gène synthétique codant pour la cinnamoyl estérase EstA de P. equi a été introduit
dans T. reesei. Un transformant possédant une activité estérase a été sélectionné pour la
caractérisation de l'enzyme. Dans les conditions testées, l'enzyme EstA recombinante montre
une activité estérase 2 et 3 fois plus élevée sur son de maïs que la FaeA et la FaeB de
Aspergillus niger, respectivement. Sur pulpe de betterave, substrat préféré de FaeB et riche
en pectines, l'activité de EstA est tout de même 2 fois supérieure à celle de FaeB. La taille
plus petite de EstA comparé à FaeB pourrait lui permettre une meilleure diffusion à l'intérieur
du substrat. Néanmoins, quand EstA a été rajoutée au mélange enzymatique de T. reesei,
aucune augmentation en glucose libéré à partir de la paille de blé micronisée n'a pu être
constatée. Ce résultat peut être dû au fait que le pH optimal de EstA est peu compatible avec
les conditions d'hydrolyse qui se déroule généralement autour de pH 5, où l'activité de EstA
est deux fois moindre qu'à son optimum. Les caractéristiques biochimiques de EstA la
prédispose plutôt pour l’étape d'un prétraitement enzymatique si celle-ci était retenue dans le
procédé de fabrication du bioéthanol.
Les études de génomique comparative ont mis en évidence l'intérêt des enzymes
saccharolytiques d'un autre champignon : Podospora anserina. Cet ascomycète se développe
sur des excréments d’herbivore et apparaît en dernier lieu, après la digestion des végétaux
dans le rumen de l’animal puis le passage de plusieurs autres espèces fongiques. Il arrive donc
probablement à se nourrir de substrats récalcitrants, les substances carbonées facilement
accessibles ayant été consommées auparavant. De plus, l’analyse de son génome et
notamment l’entrée des nouvelles séquences dans la base de données CAZy, a révélé une
importante machinerie (hémi)cellulolytique. Ce champignon saprophyte se classe parmi les
trois plus grands CAZomes (ensemble de gènes codant les CAZymes), de tous les génomes
fongiques séquencés actuellement. Le choix des gènes à cloner repose sur des analyses
bioinformatiques par Blast, en ciblant des gènes orthologues les plus éloignés de ceux de T.
reesei afin d'apporter des activités complémentaires aux enzymes existantes. A titre
d'exemple, T. reesei possède une seule endoglucanase de famille 45 avec une faible activité
spécifique. Deux endoglucanases de P. anserina de famille 45 ont donc été choisies pour
complémenter les enzymes de T. reesei. Des représentants de deux autres familles dont P.
anserina possède plusieurs gènes et qui pourraient présenter une forte action synergique vont