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premier est Shanghai (600 millions de tonnes en 2011), auquel on peut ajouter son proche voisin de
Ningbo (350 millions de tonnes). Pour mémoire, le trafic de Marseille était de 88 millions de tonnes en
2011. Sur les dix premiers ports mondiaux en nombre de conteneurs, six sont chinois. Le premier est,
ici aussi, Shanghai (32 millions de conteneurs EVP [équivalent vingt pieds] en 2011), tandis que
Ningbo en traitait 15 millions. Le trafic du Havre était de 2 millions d'EVP pour la même période.
L'ensemble des ports chinois connut cette expansion et on peut les regrouper en trois
ensembles majeurs : au Sud, la rivière des Perles (Hong-Kong, Canton, Shenzhen) ; le delta du Yangzi
(Shanghai, Ningbo) ; au Nord le golfe de la Mer Jaune (Tianjin, Qinhuangdao, Dalian) sans omettre
des ports intermédiaires importants comme Qingdao. Tout un chapelet jalonne le littoral, de nombreux
ports secondaires relayant les grands ports à travers le feedering. Ce cabotage maritime est d'un
volume triple du trafic international et assure une part notoire de l'ensemble des transports intérieurs
chinois de fret.
Ce développement portuaire ne fut pourtant qu'une composante d'un développement urbain
bien plus large. Pour citer encore Shanghai, la création du nouveau port de Yangshan en pleine baie de
Hangzhou et relié au rivage par le pont de Donghai de 32 km est venue relayer la saturation du port
historique de Waigaoqiao. Mais simultanément, outre l'aéroport international (où DHL installe un hub
pour le fret aérien), la péninsule Pudong est devenue une vaste zone d'urbanisation multipliant les
quartiers nouveaux, les zones de logistique, de commerce, d'industrie. Elle n'est elle-même qu'une part
de la métropole où toutes les activités se développent en un système intégré : du transport et du
traitement des matières premières aux industries high tech, sans omettre l'immense gamme des
services, le négoce, l'industrie financière, les médias, la recherche et l'université, etc.
Le dynamisme de la métropole et a fortiori de la ville mondiale, sa capacité à polariser un
espace de plus en plus large, implique précisément le caractère intersectoriel de son développement.
Sans oublier que, outre l'économique, la métropole est un lieu de pouvoir politique, scientifique et
culturel, même dans les systèmes institutionnels dont elle ne serait pas le lieu central.
On sait que, parmi les attributs des villes mondiales, la fonction portuaire apparaît comme
presque nécessaire, Paris et Moscou étant parmi les rares exceptions. En tout cas, les plus grandes
villes chinoises, à rayonnement mondial, sont des villes portuaires : Canton, Shanghai et même Pékin
qui, naguère réputé continentale, a désormais son port avec la ville de Tianjin, distante de 130 km et
accessible par TGV, qui compte 13 millions d'habitants et traite 460 millions de tonnes et 12 millions
de conteneurs maritimes par an.
3. De la côte vers l'intérieur ?
Ce modèle a-t-il atteint ses limites ? La croissance des métropoles ne va pas sans
contradictions. La population de la Rivière des Perles atteint 60 millions d'habitants, celle de Shanghai
23 millions, celle de Pékin 20 millions. Riche en externalités positives de toutes sortes (effets
d'agglomération, économies d'échelle pour les équipements et services collectifs, etc.) la croissance
urbaine engendre aussi des dés-économies d'échelle, une baisse de la productivité sociale par
l'allongement des distances et des temps de déplacement malgré le développement des transports
collectifs, une élévation dangereuse de la congestion et de la pollution (rapportée par les médias
chinois eux-mêmes). Ce modèle de développement n'est pas très soutenable…
La hausse des prix de l'immobilier pèse sur les revenus, tout en laissant craindre l'éclatement
d'une bulle spéculative. La hausse des salaires, profitable à la main d'œuvre locale, affaiblit la
compétitivité des productions fondées sur le coût du travail qui tendent déjà à se déplacer vers des
régions chinoises de l'intérieur ou vers d'autres pays d'Asie (Vietnam, Indonésie, Bengladesh, etc.).
Loin de s'y opposer à la redistribution géographique de la croissance vers les régions de
l'intérieur, les autorités politiques centrales veulent maintenant la systématiser. Les raisons politiques
s'ajoutent aux raisons économiques pour réduire les écarts de développement et de revenus entre
provinces. Cette stratégie rappelle, toutes proportions gardées, la politique de "décentralisation
industrielle" mise en œuvre durant les Trente glorieuses par les politiques d'aménagement du territoire
en France. Investissements et croissance touchent désormais Nankin, Wuhan, Chongqing, etc. On note
que ces trois villes sont de grands ports fluviaux sur le Yangzi, avec respectivement des trafics de 151,