02 /2015
Shanghai l’inconnue – elle doit fi gurer dans la
stratégie de toute PME
«Doing Business in Shanghai» – découvrir sur place un monde des af-
faires totalement diff érent et apprendre dans les universités à mieux le
connaître
H
eiko Barth, Regional
Director Asia/Pacific chez
Weleda SA, fabricant
de cosmétiques bio basé à
Arlesheim, n’en revenait pas:
strictement interdite pour
les produits cosmétiques
dans le monde occidental,
l’expérimentation animale
est non seulement autorisée
en Chine, deuxième marc
mondial en la matière, mais
obligatoire.
Michael Brüderli, CEO de
Suteria Chocolata AG à Soleure,
n’a pas été moins étonné. Son
entreprise avait pris le soin de
faire traduire en chinois textes
et notices de ses emballages
de chocolat suisse. Or celui-ci
n’a commencé à se vendre
qu’une fois tout indiqué en
anglais ou en allemand. Les
Chinois, il faut le savoir, font
bien davantage confiance
aux produits non chinois.
PME: la meilleure carte à jouer
en Chine est la niche
Les deux exemples ci-dessus
le montrent: mieux vaut se
préparer à prendre pied sur le
marché chinois. Que les PME
se le disent, leur opportunité
par excellence est la niche, le
produit tendance, s’adressant
à une classe moyenne prospère
et grandissante, de plus en
plus sensible au made in
Switzerland.
Pour l’entrepreneur suisse,
la Chine est souvent la
rencontre avec des règles
déconcertantes, qu’il faut
commencer par apprendre, ce
que montre de façon exemp-
laire une formation intitulée
«Doing Business in China»,
proposée par le Centre de
management de la Haute
école spécialisée bernoise.
«Culturellement, la Chine est
un tout autre monde», explique
le professeur Christoph
Gloor, directeur du Centre
de management bernois, un
monde aux habitudes duquel il
faut se plier pour réussir sur ce
marché, sans quoi on s’expose
à bien des déconvenues.»
C’est un sacré défi mais aussi
une chance. Paul Ammann, qui
dirige la formation: «La Chine
doit faire partie de la stratégie
de toutes les PME, car elle sera
longtemps un moteur de crois-
sance pour l’économie suisse»
L’objectif du cours est
l’Executive Master of Business
Administration (MBA), que les
étudiants décrochent au terme
de cinq semestres et 1800
heures de cours, pour un coût
d’environ 30 000 francs. Des
étudiants qui sont essentiel-
lement des dirigeants de PME
Formation continue
LE MAGAZINE EN LIGNE POUR LES CLIENTS ENTREPRISES
02 /2015
des branches de l’ingénierie et
de l’informatique.
Le module le plus intéressant
de «Doing Business in China»
inclut un séjour de deux
semaines à Shanghai. Au
programme: des conférences à
l’Université Fudan et des visites
d’entreprises chinoises et
suisses, en particulier dans les
nouveaux parcs industriels et
high-tech. La société d’études
de marché CBC de Charles
Merkle, expert bernois de la
Chine, offre, elle, aux quelque
150 participants d’importants
contacts. Des contacts suscep-
tibles de déboucher plus tard
sur des relations d’affaires.
Après la visite de Shanghai,
les étudiants mettent le cap sur
Hong Kong, où ils découvrent
une ville aux priorités comp-
tement différentes en matière
de formation et d’activité
économique et touchent du
doigt cette diversité qui fait la
force de la Chine.
La Haute école spécialisée
bernoise n’est évidemment
pas la seule à former les jeunes
managers aux tâches qui les
attendent en Chine.
La Fachhochschule Nordwest-
schweiz (FHNW) aborde le
sujet dans un cycle de cours
intitulé «Management interna-
tional», donné dans le cadre
d’un Bachelor. «Insight China
Project» inclut un séminaire
de préparation à Olten et un
voyage en Chine. Les étudiants
ont ainsi la possibilité de se
créer sur place leur propre
réseau. Des forums pour PME
sur la Chine leur ouvrent en
outre les yeux sur les opportu-
nités, les risques, la diversité
et les contradictions du monde
économique chinois.
L’Université de St-Gall, pour sa
part, a créé une chaire intitulée
«Culture et société chinoises»,
dans le cadre de laquelle le
prof. Daria Berg présente des
conférences sur des thèmes
tels que «The Chinese Dream:
Twenty-first Century Super-
power», «China’s New World
Cities: A Cultural Journey» ou
encore «Superpower China:
Economic Imbalances and
Cultural Shifts».
Savoir dire «bonjour» en
chinois ne suffit pas
Les différences culturelles entre
la Chine et la Suisse consti-
tuent souvent un obstacle de
taille à la mise en place de
nouvelles relations d’affaires.
Les contacts avec des parte-
naires chinois passent avant
tout par une confiance se muant
rapidement en une relation
amicale, presque familière. Il
ne suffit donc pas de savoir
que «bonjour» se dit «nin hao»
en chinois et que les cartes de
visite s’échangent toujours des
deux mains.
Des cours tels que «Doing
Business in China» n’ont donc
pas réponse à tout. A leur retour
de Shanghai, certains étudiants
jettent l’éponge, n’y voyant
pas vraiment d’opportunités
pour eux-mêmes et pour
l’entreprise. «Un constat, lance
le prof. Gloor, qui n’est pas non
plus dénué d’intérêt.» L’idéal
serait évidemment que des
relations d’affaires prospères
contribuent à rapprocher les
cultures.
Josef Nyary
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