Nourrir l`appétit de la Chine - Groupe Export agroalimentaire

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2 LA
PRESSE AFFAIRES
LA PRESSE MONTRÉAL JEUDI 15 DÉCEMBRE 2011
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EXPORTATIONS AGROALIMENTAIRES
PHOTO WANG JUNHUI, COLLABORATION SPÉCIALE
NOURRIR L’APPÉTIT
DE LA CHINE
La Chine – qui
compte 1,3 milliard
de bouches à nourrir –
sera bientôt le premier
importateur mondial
d’aliments. Le Québec,
dont les exportations
agroalimentaires en
Chine ont bondi de
300% en trois ans,
doit en profiter pour
assurer sa croissance.
Mais les écueils sont
nombreux avant de
faire fortune dans
l’empire du Milieu,
a constaté La Presse.
Ces bouteilles de sirop d’érable sont
vendues à Pékin. Le Québec a exporté
pour 200 000$ de produits de l’érable en
Chine en 2010, cinq fois plus qu’en 2007.
PHOTO WANG JUNHUI, COLLABORATION SPÉCIALE
peine 112 millions de dollars de produits agroalimentaires de chez nous
ont été expédiés en Chine en 2010.
Mais là aussi, la hausse est impressionnante : 300 % en trois ans.
MARIE ALLARD
ENVOYÉE SPÉCIALE
CHINE
SHANGHAI — « La Chine n’est plus
le pays qui produit pendant que le
monde consomme, lance avec assurance Michael Zhu, président du
supermarché Ja-e de Shanghai. La
Chine va devenir le plus important
consommateur de la planète. »
Après avoir fait fortune en exportant du mobilier de jardin fabriqué
dans les usines de son pays, M. Zhu
veut profiter du nouvel appétit de
ses concitoyens. L’homme d’affaires importe des aliments et biens
du monde entier, en Chine. « Nous
voulons du volume, du volume et du
volume, explique-t-il aux entrepreneurs canadiens venus le rencontrer,
par un beau matin de novembre.
La classe moyenne en Chine comptera bientôt plus de personnes que
la population américaine dans son
ensemble. »
Deuxième économie du monde,
la Chine est le pays le plus peuplé,
avec 1,3 milliard de bouches à nourrir quotidiennement. « Seulement à
Shanghai, il y a 23 millions de personnes, souligne Henry Deng, délégué commercial au consulat général
du Canada à Shanghai, dans un bus
qui traverse la capitale économique
chinoise. Nous avons une grande
occasion, celle de leur fournir de la
nourriture canadienne. »
Déjà, les exportations agroalimentaires du Canada en Chine ont atteint
une valeur de 2,7 milliards en 2010.
C’est quatre fois plus qu’il y a quatre
ans. Mais c’est une portion minuscule
(4,18 %) de toutes les importations de
nourriture de la Chine, qu’Ottawa
veut voir augmenter. « En tant que
pays nord-a méricain, le Ca nada
pourrait devenir un important fournisseur de produits alimentaires
de la Chine », estime Agriculture et
Agroalimentaire Canada dans une
étude parue en juillet.
Le Québec veut aussi sa part du
gâteau. « Le secteur de l’agroalimentaire en Chine fait l’objet de priorités
pour nous », indique Daniel Dignard,
directeur du bureau du Québec à
Pékin. La province part de loin : à
Intérêt accru au Québec
Déjà, «les exportations agroalimentaires du Québec atteignent de 150
à 200 millions pour les 10 premiers
mois de 2011, dit M. Dignard. Pour
les entreprises du Québec, la Chine
devient incontournable. Il faut qu’elles
soient là, maintenant. C’est un marché
qui est en forte croissance. On sent
qu’on vit un moment historique.»
61
%
Duo Li, professeur au département
des sciences de l’alimentation et de la
nutrition de la réputée Université du
Zhejiang, n’en est pas convaincu. « La
Chine est autosuffisante, assure-t-il.
Nous pouvons nourrir 1,4 milliard
de personnes sans problème. » C’est
d’abord pour cultiver de bonnes
relations avec les autres pays que la
Chine importe des denrées agroalimentaires, selon lui.
Les Chinois veulent profiter
de nos ressources
Gros avantage des aliments de
chez nous : ce n’est pas de la simple
Pourcentage des Chinois
urbains qui font fréquemment
leur épicerie sur l’internet
« Il y a eu beaucoup d’intérêt pour
la Chine quand on l’a vue s’ouvrir,
rappelle Stéphane Legros, coordonnateur aux marchés extérieurs chez
Transformation alimentaire Québec
(TRANSAQ). Puis le secteur s’est
un peu refroidi, constatant que la
législation, la culture d’affaires et les
réseaux n’étaient pas encore nécessairement développés à l’époque. On
sent une recrudescence de l’intérêt
depuis quelques mois, peut-être un
an et demi. »
Garnis de lait néo-zélandais, de
biscuits américains et de confitures
françaises, les supermarchés chic
de Shanghai et Pékin laissent voir
que d’autres ont été plus rapides.
« Incontestablement, il est temps
pour nos entreprises agro-alimentaires canadiennes et québécoises de
penser comment exploiter le marché
chinois, observe Zhan Su, titulaire
de la chaire Stephen A. Jarislowsky
en gestion des affaires internationales
de l’Université Laval. Au cours des
10 dernières années, la valeur de la
production de l’industrie agroalimentaire en Chine a connu un taux de
croissance de plus de 20 % par an.
Mais les besoins demeurent encore
énormes, et ce, surtout pour les produits occidentaux. »
bouffe. C’est du « Western Food »,
très prisé dans les villes chinoises, où
les Kentucky Fried Chicken et Pizza
Hut sont omniprésents. « La classe
moyenne devient de plus en plus riche
et elle a un engouement pour les produits occidentaux, confirme Nicolas
Moisan, conseiller à l’exportation
au Groupe export agroalimentaire
Québec-Canada, qui a récemment
mené une délégation québécoise en
Chine. Surtout qu’il y a eu plusieurs
scandales concernant les aliments
chinois, que de plus en plus de gens
ne veulent plus manger. Tout ça nous
ouvre beaucoup de portes. »
« J’aime la nourriture étrangère
parce qu’elle est moins polluée, a dit
à La Presse Qing Fang Zhu, retraitée rencontrée à la foire alimentaire
FHC China de Shanghai. Je fais plus
ou moins confiance aux aliments
chinois. »
Avoir accès à de bons aliments est
un droit, réalisent de plus en plus de
Chinois. « Le Canada a beaucoup de
ressources, souligne Wang Yuzhou,
président de Z hejia ng Newla nd
Foods co, important exportateur et
importateur d’aliments à Hangzhou,
ville de 8 millions d’habitants. Les
gens en Chine doivent aussi pouvoir
en profiter. »
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