Depuis plus de 50 ans, le tissu économique luxembourgeois et les

Traditionnellement le Luxembourg est très
dépendant (96%) de l’étranger pour ses
approvisionnements en produits énergétiques.
Derrière cette étonnante stabilité se cache pourtant
des modifications profondes de la structure
économique (disparition des hauts fourneaux,
importance grandissante des transports) et du mix
énergétique du pays (transition du charbon au
pétrole).
Les ressources naturelles énergétiques du Luxembourg
sont limitées et contraignent le pays à être dépendant
de ces importations. En 1960, le Luxembourg importait
96% de sa consommation brute. En 2010, cette
dépendance énergétique est toujours de 97%.
Le Luxembourg n’est pas pour autant spectateur dans
la production d’énergie. Le secteur de la transformation
d’énergie primaire en énergie secondaire est un
élément significatif du paysage économique
luxembourgeois.
Le secteur de l’énergie
La production d’électricité sur les 40 dernières années
du 20
ème
siècle fut partagée entre la production
hydroélectrique de la centrale de pompage de Vianden
et une valorisation des gaz de haut fourneau produits
par la sidérurgie.
En 1998, le choix des acteurs de la sidérurgie de
passer d’une technologie de production d’acier basée
sur la combustion de produits charbonniers à une
technologie basée sur l’électricité a privé le pays d’une
partie de sa sécurité énergétique. Le gouvernement fait
alors le choix de soutenir la création d’une centrale
thermique (turbine gaz-vapeur) qui dès l’année 2002
produit 85% de la production nationale (hors pompage)
et explique l’accroissement significatif des importations
en gaz naturel au cours de cette même année. La
précédente hausse de la consommation de gaz naturel
(de 1970 à 1980) se justifie par l’utilisation de ce produit
énergétique dans les aciéries luxembourgeoises qui
elles-mêmes étaient productrices d’électricité.
Dans la pratique, la production électrique de la centrale
de pompage est injectée dans le réseau électrique
allemand et la majorité de la production de la centrale
TGV est exportée vers la Belgique. Ces productions
sont s lors également observables sous les
statistiques des exportations.
Graphique 1 : Combustibles consommés (en TJ) pour la production électrique de 1980 à 2010
Quantités en TJ
Transition du gaz de hauts fourneaux au gaz naturel
30000
25000 Gaz de hauts
20000 fourneaux
Gaz naturel et
15000 Biogaz
Fuel-oil
10000 Autres (déchets,…)
5000
0 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009
Années
Source : STATEC, Direction de l’énergie
140
Depuis plus de 50 ans, le tissu économique luxembourgeois et les questions de politiques internationales façonnent le mix énergétique du pays
Le recours aux énergies renouvelables
productions sont sans commune mesure à
celles des centrales nouvellement construites à
Esch-sur-Sûre, Rosport ou encore
Le secteur énergétique luxembourgeois dispose Grevenmacher.
également d’une production d’électricité issue des
énergies renouvelables. Le veloppement de cette
production s’est opéré en deux étapes : ° A la fin des années 90, le gouvernement lance
une phase de diversification de l’exploitation
des énergies renouvelables et soutient le
° Au début des années 60, le gouvernement opte développement des centrales éoliennes, des
pour l’exploitation de l’énergie hydraulique à centrales de cogénération à partir de biogaz et
grande échelle. Les principales centrales un peu plus tard des installations
hydro-électriques sur la Sûre et la Moselle sont photovoltaïques. L’essor de ces dernières ne
construites. Des petites centrales privées sera que momentané : un pallier de production
existaient déjà depuis de nombreuses années étant observé depuis 2006.
sur la majorité des rivières du pays, mais leurs
Graphique 2 : Production électrique (en GWh) à partir d’énergies renouvelables de 1963 à 2010
L'émergence des énergies renouvelables
Quantités produites en GWh
120
Centrales Moselle - Sûre
100
Éolienne
80
Cogénération (Biogaz)
60
Photovoltaïque
40
Petites centrales privées
20
0
1963
1966
1969
1972
1975
1978
1981
1984
1987
1990
1993
1996
1999
2002
2005
2008
Années
Source : Institut Luxembourgeois de Régulation
Les modifications sectorielles
Les modifications du mix énergétique sur ce demi-
siècle accompagnèrent tout d’abord les choix
technologiques du secteur de la sidérurgie, puis de la
tertiarisation de l’économie luxembourgeoise.
L’évolution temporelle des produits énergétiques traduit
également les politiques gouvernementales quant à la
fiscalité et la sécurité énergétique du pays.
En 1960, la consommation énergétique du pays était
dominée à 88% par les besoins de l’industrie et plus
particulièrement de la sidérurgie. Ce secteur s’était
principalement développé entre les années 40 à 60
pour atteindre son maximum de consommation
énergétique en 1960. S’ensuivit une décroissance au
80% Industrie
60% Transports
40%
20% Autres (ménages,
tertiaire,agriculture)
0% 1960 1995 2010
Années
cours des quarante années suivantes.
Source : STATEC, Direction de l’énergie
Pour autant la consommation totale énergétique
luxembourgeoise n’a pas suivi la même tendance car
dès 1963 les transports réalisent une progression
croissante et continue qui ne se stabilisera qu’à partir
de l’année 2005. La politique fiscale sur les carburants
et la situation privilégiée du pays aux intersections de
plusieurs voies de déplacement expliquent cette
évolution. En 2010, les transports absorbent 60% de la
consommation finale d’énergie contre seulement 4% en
1960.
Graphique 3 : Part relative des différents secteurs au sein de la
consommation finale du pays (1960, 1995 et 2010)
Evolution de la structure économique du pays
en termes de consommation énergétique
100%
Part relative au sein la
consommation finale
nationale
Quantités en TJ
120 000
100 000
80 000
60 000
40 000
20 000
0
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
Gaz naturel
(en PCS)
Énergie
électrique
Combustibles
solides
Gazrivés
Années
Source : STATEC, Direction de l’énergie
Le mix énergétique
En termes de mix énergétique, les années 60 furent Si bien qu’en 1972, les importations de gaz de ville
dominées par la consommation de combustibles solides furent arrêtées et la fermeture des dernières usines à
(lignites et cokes) utiles au secteur de la sidérurgie. gaz de ville luxembourgeoises (construites pour la
Mais à partir des années 1985, ce sont les produits plupart au début des années 1900) fut actée.
pétroliers qui influencèrent majoritairement la
consommation finale du pays. Après un court déclin au début des années 1980
(s’expliquant par la crise économique qui suivit le
Le gaz naturel est apparu au Luxembourg en 1970 et deuxième choc pétrolier de 1979), la consommation de
connut directement un vif succès
1
. Son pouvoir gaz naturel n’a cessé de croître à un rythme similaire à
calorifique étant supérieur à celui du gaz de ville
2
, il le celui de la consommation d’électricité.
remplaça très rapidement.
Graphique 5 : Consommation finale par type de produits énergétiques de 1960 à 2010
Evolution du mix énergétique: le trole remplace le charbon
200 000
180 000 Total
160 000 Produits
140 000 pétroliers
Quantités en TJ
1960
1963
1966
1969
1972
1975
1978
1981
1984
1987
1990
1993
1996
1999
2002
2005
2008
Déclin de l'industrie et avènement du transport
200 000
180 000
160 000 Total
120 000
140 000
Transports
100 000 Autres (ménages,
80 000 tertiaire,agriculture)
60 000 Industrie
40 000
20 000
0
Depuis plus de 50 ans, le tissu économique luxembourgeois et les questions de politiques internationales façonnent le mix énergétique du pays
Graphique 4 : Consommation énergétique (en TJ) par secteur de 1960 à 2010
Années
Source : STATEC, Direction de l’énergie
1
Notamment au niveau des aciéries qui cherchaient à optimiser leur mix
Energétique.
2
Le gaz de ville est un des produits de l’activité des cokeries.
1960
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
Depuis plus de 50 ans, le tissu économique luxembourgeois et les questions de politiques internationales façonnent le mix énergétique du pays
L’évolution de la consommation de produits pétroliers
Graphique 6 : Comparaison des prix du diesel routier pratiqués
au Luxembourg et dans les pays limitrophes de 1999 à 2010
traduit, quant à elle, les fondamentaux des fluctuations
de l’économie politique mondiale et nationale :
La politique claire des prix du diesel routier au Luxembourg
1.600
° en 1973, 1er choc pétrolier
° en 1979, 2ème choc pétrolier
° en 1985, contre-choc pétrolier
° en 1994, réduction de l’activité industrielle au
prix à la pompe en EUR/l
1.400
1.200 DE
1.000 FR
0.800 BE
0.600 LU
0.400
0.200
Luxembourg
0.000
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
° entre 2005 et 2007, impact des politiques
fiscales sur les carburants
° en 2009, réduction de l’activité liée à la crise
économique et financière mondiale
La politique fiscale sur les carburants
Les prix du pétrole brut et des produits raffinés (avant
taxation) ne sont certes pas influencés par la demande
luxembourgeoise. Mais la politique fiscale sur les
carburants a permis au gouvernement de tirer parti de
la position centrale du pays au croisement de plusieurs
voies de déplacement pour attirer sur le territoire
camionneurs et « touristes à la pompe » via des taxes
inférieures à celles pratiquées par les pays voisins.
Les ventes de carburants aux non-résidents sont
estimées, en 2010, à 78% des ventes totales sur le
territoire : dont 45% à destination des camionneurs
étrangers et 25% aux frontaliers.
Années
Source : Eurostat
En guise de conclusion
Au cours des 50 dernières années, le secteur de
l’énergie a subi d’importantes modifications.
Ces modifications lui furent dans un premier temps
imposées par l’évolution du tissu économique
luxembourgeois : le déclin de l’industrie sidérurgique et
son remplacement par une économie de services.
Par la suite, ces modifications traduisent la prise en
considération des questions énergétiques telles que la
sécurité énergétique rencontrées par la construction de
la centrale turbine gaz-vapeur, ou encore l’impact de la
combustion énergétique sur le climat via le
développement de la production énergétique issue des
énergies renouvelables.
Nul doute que ces préoccupations seront toujours
d’actualité dans les années à venir et même amplifiées
par l’importance croissante de la géopolitique
énergétique mondiale dont le Luxembourg est tributaire
de par son niveau élevé de dépendance énergétique.
Institut national de la statistique
et des études économiques
Tél.: 247-84219
www.statistiques.lu
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