■ L’ActuALité Poitou-chArentes ■ n° 85 ■5454
espèces au niveau européen. Cette tortue d’eau douce
pâtit de la diminution des espaces naturels humides,
drainés pour l’agriculture ou l’habitat. Dans le marais
de Brouage, en Charente-Maritime, qui abrite la plus
grosse colonie régionale, les observateurs recensent
principalement des individus adultes. «On trouve peu
de jeunes», s’inquiètent Sandra Laborde et Thomas
Dupeyron, de Nature et Environnement 17. Les lieux
de pontes, sur les coteaux, sont moins nombreux et très
vulnérables. Entretenus en prairies, ils sont favorables
au dépôt des œufs. Mais s’ils sont abandonnés par
l’homme, ils se transforment en zones boisées et les
cistudes n’y mettent plus les pattes.
La tortue bénécie pourtant, contrairement au serpent,
d’un gros capital sympathie. «Les gens la prennent
pour Caroline, la tortue de la BD Boule et Bill,
constate Thomas Dupeyron. A tel point que parfois,
En entrant dans un hôpital, des années
1940 à 1960, il était courant de se
retrouver nez à nez avec un aquarium
contenant non pas des petits poissons
rouges mais de bien grosses grenouilles
femelles. Phénomène de mode ? Non !
Cette espèce d’amphibien, répondant au
doux nom de Xenopus l aevis ét ait ut i l is é e
comme test de grossesse !
C e t e s t i n s o l i t e e s t m i s a u p o i n t e n 1 9 3 0 p a r
Lancelot Hogben, zoologiste et généticien
britannique. A la manière d’un test de
grossesse actuel, l’urine de la femme est
utilisée. Elle est injectée dans le cloaque,
Un test de grossesse insolite
ils en voient une sur la route et l’embarquent dans
leur coffre. Or si vous la transportez chez vous, elle
ne pourra plus se reproduire, et n’aura probablement
pas de bonnes conditions de vie. C’est une tortue
aquatique et carnivore, elle ne se plaît pas dans un
jardin, et inutile de lui donner de la salade…»
UN QUART DES MARES RAYÉES
DE LA CARTE
Comme la cistude, les amphibiens souffrent de la des-
truction et du morcellement des zones humides. «On
estime que 26 % des mares du Poitou-Charentes ont
disparu en vingt ans, souligne Miguel Gailledrat. Et
dans celles qui subsistent, on note des chutes de densité
inquiétante. Sur un site où on observait une centaine
de tritons palmés il y a quelques années, on ne va plus
en trouver que quatre ou cinq…» Les amphibiens (22
espèces dans la région) ont besoin non seulement d’une
mare mais d’un ensemble de points d’eau entouré d’un
milieu propice (bocage, prairies…) pour proliférer, et
ces conditions sont de moins en moins réunies.
Les spécialistes constatent donc une régression géné-
rale. Même le crapaud commun se fait plus discret.
D’autres espèces sont carrément menacées de dis-
parition à courte échéance dans la région, comme le
triton crêté, le pélobate cultripède – un crapaud des
milieux dunaires – ou le sonneur à ventre jaune. Le
triton alpestre a même été éradiqué de nos contrées
au début des années 2000. L’espoir des associations
de protection de la nature réside dans les promesses
du Grenelle de l’Environnement, notamment celle de
créer des «corridors écologiques», des zones protégées
permettant aux populations d’amphibiens de se dépla-
cer. Mais cela n’est, pour l’instant, qu’une promesse.
Les mesures concrètes, elles, avancent au rythme d’une
cistude au galop. n
www.vienne-nature.asso.fr/
www.nature-environnement17.org/
www.serpentsdefrance.fr/
orice intestinal de l’amphibien. Si la
femme est enceinte, la femelle Xenope
pond ses œufs. Solidarité féminine ?
Que nenni !
Une hormone synthétisée par certains
mammifères, la gonadotrophine, se re-
trouve dans l’urine de la femme enceinte
tout simplement car elle est sécrétée par
l’embryon durant la grossesse. La femelle
Xénope, quant à elle, fabrique des œufs
toute l’année. La gonadotrophine va
stimuler la ponte ; elle peut pondre de
300 à 1 000 œufs en 24 h ! Cette espèce
originaire de certains pays sud-africains
a été introduite par inadvertance dans le
nord des Deux-Sèvres.
La pauvre grenouille, qui croit encore
aux contes de fée dans lesquels une
jolie princesse vient l’embrasser, n’a
pas ni d’en baver. En effet bien que
les chercheurs, grâce à leurs avancées
en biologie moléculaire, aient mis au
point des tests de grossesse plus ables,
elle reste aujourd’hui un modèle idéal
de compréhension des gènes et des
différentes étapes du développement
embryonnaire.
Elsa Dorey
Michel Bramard
Une tortue cistude
sur les bords du
Clain à Saint-Benoît.