IGAS, RAPPORT N°2014-010R 5
[16] La mission a également inscrit un principe, celui de confier au médecin de premier recours,
et à lui seul, la décision du déclenchement de la coordination, au cas par cas. Ceci permet au
médecin, qui joue un rôle pivot dans la prise en charge des patients, d'assurer la cohérence de la
coordination. Ce rôle ne doit pas être confié au patient ou à d’autres professionnels, car la
multiplicité de décideurs nuirait à l’efficacité du dispositif. En outre, si le patient décidait de sa
propre coordination, son objet pourrait être élargi à l'excès, au-delà de la stricte incidence sur son
état de santé.
[17] Enfin, au nombre des éléments structurants, la mission propose de définir les trois fonctions
principales à confier à la coordination elle-même : l'évaluation des besoins du patient et
l'élaboration des réponses, l'accompagnement des patients et le suivi des interventions pouvant
déboucher sur une réévaluation des réponses. Elle propose également de définir les fonctions
relevant de l'autorité publique en région en tant que fonctions transversales d'organisation
(protocoliser les relations entre la ville et l'hôpital, notamment en ce qui concerne les entrées et les
sorties, organiser la concertation avec les partenaires de l'Etat afin de garantir leur mobilisation,
élaborer des répertoires des ressources mobilisables, au-delà des fonctions déjà assurées par les
plateformes d'appui aux professionnels de santé -PAPS- ).
[18] Dans une troisième partie du rapport, la mission a analysé les conditions de réussite de la
coordination territoriale d’appui. En matière d’organisation, la coordination d’appui devrait être
organisée au plus près des médecins de premier recours pour en faire un des outils de leur pratique :
quel que soit leur mode d’exercice, individuel ou regroupé, la prestation de coordination d’appui
pourrait être sollicitée auprès de tout professionnel ou toute structure offrant cette prestation : des
structures collectives de soins (cabinet de groupe, maisons ou pôles ou centres de santé), des
structures de coordination déjà existantes (réseaux de santé, CLIC, MAIA, services sociaux divers),
d’autres groupements de professionnels constitués par exemple sous forme associative. Et il serait
possible que le médecin confie la coordination à un professionnel (social ou de santé) en l’intégrant
dans l'’équipe de soins, notion figurant dans l’article 25 du projet de loi santé et définie comme
« un ensemble de professionnels qui participent directement au profit d'un même patient à la
réalisation d'un acte diagnostique thérapeutique de compensation du handicap ou de prévention de
perte d'autonomie ou aux actions nécessaires à leur coordination. » L’ARS quant à elle serait
chargée d’organiser l’offre de coordination, en définissant une stratégie de développement des
coordinations d’appui sur le territoire régional, et en attachant à ce développement une offre de
services, en matière d’information des médecins ou de mesures incitatives à la coordination.
[19] En matière de financement, la mission recommande de mettre fin au financement actuel par
subvention aux structures en construisant un modèle de financement nouveau, axé sur la prestation
de coordination, incitatif à la coordination et à sa performance. Ceci suppose de définir une
tarification, permettant de distinguer, en nombre limité, quelques niveaux de complexité de la prise
en charge. Le rapport évalue le coût total de la coordination territoriale d’appui entre 350 et 400
millions d’euros. Ce coût est un coût brut car la rémunération à la prestation devrait se substituer
progressivement aux subventions attribuées aux structures offrant d’ores et déjà une prestation de
coordination. Il faut donc en déduire le montant équivalent, que la mission n’a pu déterminer tant
les fonctions assurées par ces structures sont hétérogènes, pour déterminer le coût net. Quoi qu’il
en soit, pour s’assurer notamment que les dépenses ne seront pas redondantes, l’ARS doit pouvoir,
dans le cadre d’une tarification nationale de la prestation, mobiliser l’ensemble des financements
dédiés à la coordination, soit par le biais du fonds d’intervention régional (FIR), soit dans le cadre
des futurs contrats territoriaux de santé afin d’associer les collectivités territoriales.
[20] Pour les ressources humaines, la mission recommande la définition d’un socle professionnel
de compétences/connaissances pour les coordonnateurs, qui pourrait compléter un cursus initial,
qu’il soit social ou sanitaire. Les différentes formations proposées devraient déboucher sur un
diplôme afin de structurer l’émergence de ces nouvelles compétences et assurer la mobilité
professionnelle.