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Le kyste hydatique du foie
Pr. Salah Berkane
I-Définition
Le kyste hydatique du foie est une localisation parasitaire du tænia échinococcus granulosus au
niveau de la glande hépatique. La forme larvaire du parasite est celle qui existe chez l’homme
qui en fait n’est qu’un hôte accidentel.
II- Intérêts de la question :
A- Fréquence : notre pays est une zone d’endémie de la maladie hydatique dont la
localisation hydatique représente le site le plus fréquent.
B- Gravité de la maladie : c’est une pathologie bénigne, mais peut, si elle est négligée ou
mal traitée, évoluer vers des complications graves.
C- Thérapeutique : elle est relativement simple et ne doit pas être complexe. Elle est
chirurgicale et les méthodes thérapeutiques vont de la simple ponction et drainage
jusqu’à la résection hépatique.
D- Son éradication passe par une éducation de la population et cette dernière passe par les
mesures d’hygiène simples.
III- Epidémiologie :
A- Age : l’âge moyen est de 40ans mais tous les âges peuvent être concernés.
B- Sexe : la femme est plus atteinte que l’homme avec sexe ratio de 1/3
C- Fréquence : c’est la localisation la plus fréquente du kyste hydatique. Elle représente 2,7fois
celle du kyste hydatique pulmonaire. La localisation hépatique est associée à une ou des
localisations extrahépatiques dans 5-20% des cas et notamment pulmonaire. Le kyste hydatique
est une maladie qui sévit à l’état d’endémie dans certaines régions du mode (bassin
méditerranéen, Moyen-Orient, Afrique, Amérique du sud et nouvelle Zélande).
D- Parasitologie: Cette maladie est causée par un tænia, échinococcus granulosus qui vit dans
l’intestin du chien qui est l’hôte définitif. Il est long de 2 à 7mm et est formé de 3 portions : une
tête, un cou et un corps formé de 3 à 6 anneaux seul le dernier contient des œufs. Arrivé à
maturité, cet anneau se détache et libère des embryophores. Ces derniers sont très résistants et
peuvent survivre dans des conditions défavorables (18 à 24mois). Le mouton hôte intermédiaire
s’infeste en ingérant du pâturage souillé par des œufs. Le chien s’infeste à nouveau en ingérant
les viscères malades du mouton. Ces viscères sont porteurs de kystes remplis de larves. Ces
dernières une fois ingérées par le chien vont donner lieu dans l’intestin de ce dernier à la forme
adulte du tænia et la boucle est bouclée. L’homme prend la place du mouton et s’infeste en
ingérant les embryophores (en jouant avec le chien ou en ingérant des aliments souillés. Sous
l’action des sucs digestifs, l’embryon libéré de son embryophore donne l’embryon hexacanthe.
Ce dernier se fixe grâce à ces 6 crochets sur la paroi intestinale pour la traverser par la suite.
Porté par le courant sanguin portal, il est arrivé par le premier filtre qu’est le foie. Dans 60% des
cas, l’embryon s’arrête à ce niveau. Passé le cap du foie, l’embryon est arrêté au niveau du
poumon et s’y développe. Après le filtre pulmonaire, l’embryon passe dans la circulation
générale et peut donner lieu à n’importe quel kyste dans l’organisme. Une fois au niveau du
viscère, l’embryon perd ses crochets et se vacuolise et développe une vésiculisation centrale qui
forme une hydatide ou kyste hydatique.
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IV- Anatomie-pathologie :
A- Le kyste :
1- La composition : le kyste est formé de 2 membranes entourant une partie liquidienne à
l’intérieur et une couche externe ou périkyste.
2- Le périkyste : c’est une couche formée à partir du parenchyme hépatique laminé et
fibrosé. Au début il est mince (1 à 2mm) et souple et avec le temps son épaisseur
augmente et il devient dur jusqufinir calcifié. Cette couche est directement au contact
du parenchyme sain.
a- La cuticule : située en dedans du périkyste, elle anhiste de couleur ivoire, mince (1 à
2mm) elle se comporte comme une membrane d’échange avec l’hôte.
b- La membrane proligère ou germinative : c’est une membrane très mince (20um), blanche
et collée à la cuticule. Elle produit des scolex en permanence.
c- Les vésicule-filles : elles dérivent des protoscolex. Elles sont formées à leur tour de 2
membranes et de liquide. Dans certains cas, des petites vésicules-filles peuvent perforer
le périkyste et se nicher à l’extérieur de ce dernier et constituer ainsi des vésicules-filles
exogènes facteur de récidive en cas de traitement conservateur.
d- Le liquide hydatique : il est clair au début puis avec la communication bilio-kystique, et
l’infection, il devient bilieux, purulent et carrément mastic.
Fig. n°1 : Protoscolex
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Fig. n°2 : Cycle du parasite et la place de l’homme dans ce cycle.
L’homme est un hôte accidentel.
B- La glande hépatique :
1- Le siège du kyste : il peut siéger sur n’importe quel segment hépatique.
2- Le nombre : le kyste unique est le plus fréquent (en moyenne 70%). Dans 30% des cas, il
est multiple compliquant la prise en charge.
3- Le parenchyme hépatique : aux alentour du kyste la glande est de morphologie normale.
En cas de cholestase le parenchyme hépatique, présentera l’aspect habituel et non
spécifique de la rétention biliaire
4- Les voies biliaires : ces dernières vont avoir le maximum de changements. Le début est
une fissure d’un canal avec possibilité de passage de bile dans le liquide hydatique
jusqu’à la fistule vrai (supérieure à 5mm de diamètre). Le kyste peut laisser passer tout
son contenu à travers la fistule bilio-kystique large (rupture dans les voies biliaires).
Ainsi, ces dernières vont s’enflammer, se dilater, s’infecter et s’épaissir.
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5- Les vaisseaux
a- Le système porte : le plus souvent, il peut y avoir une compression du système
porte et création d’une hypertension portale.
b- Le système artériel : une conséquence sur le système artériel est rarement vue. Du
fait de sa pression, ce dernier résiste probablement mieux.
c- Le système veineux sus-hépatique : rarement intéressé, il peut être comprimé et
cela constitue un bloc sus-hépatique aigu assez grave.
C- les autres organes intra-abdominaux
D- Les lésions associées à distance :
1- Les poumons
2- Rate, reins,……
3- Estomac, duodénum, colon grêle, rectum, diaphragme, péritoine,……
E- Physiopathologie : le kyste en évoluant dans la glande hépatique va augmenter de
volume, rencontrer les éléments vasculobiliaires et notamment le système canalaire, pour
le fissurer en premier. Après érosion de ces canaux, la bile va passer dans le kyste et en
association avec la stase (l’infection) et les mauvais échanges entre kyste et parenchyme,
le liquide hydatique s’infecte et devient plus épais. Les membranes vont se décoller et le
continu peut passer dans les voies si la fistule à un diamètre suffisant (supérieur à 5mm
en général ou communication large avec un canal segmentaire, sectoriel ou canalaire). En
fait, c’est parmi les complications du kyste hydatique, celle qui est la signature du kyste.
Toutes les autres complications, relèvent pratiquement du même mécanisme c’est-à-dire
lorsque le kyste grandit et rencontre au cours de sa croissance des éléments de voisinage.
A un stade très tardif, le kyste se calcifie (périkyste), se solidifie et meurt (sérologie
négative).
V- Clinique :
Un kyste hydatique du foie est en général silencieux avant le stade des complications. Cette
dernière commence par les remaniements produits par les réactions de l’hôte vis-à-vis du
parasite (réaction inflammatoire autour du parasite). Le kyste va comprimer, éroder, se
fissurer et finalement se rompre dans les structures de voisinage et occasionner des désordres
mécaniques, infectieux, immunitaires des plus simples au plus compliqués.
A- Circonstances découverte :
La douleur : elle peut avoir n’importe quel caractère et il n’y a aucun type de douleur
spécifique. Lorsqu’elle est due à une rupture dans les voies elle a les caractères d’une douleur
biliaire par mise sous tension des voies biliaires.
1- L’ictère : il est de type obstructif avec selles décolorées et urines foncées. Le mécanisme
est soit une compression soit plus grave une rupture dans les voies biliaires qui est une des
plus sérieuses complications du kyste hydatique du foie.
3- La fièvre : elle peut être entre 38 à 40°C selon la cause. Lorsqu’elle existe, elle annonce
soit une infection du kyste soit une rupture de ce dernier dans les voies biliaires. Dans
certains cas, elle existe dans le cadre d’une infection péritonéale après rupture dans cette
dernière. Elle peut être associée à d’autres signes et former dans certain cas la triade de
Charcot évocatrice d’une angiocholite.
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4- La masse palpable : elle existe chez beaucoup de patients. Elle a le plus souvent une
consistance élastique ou ferme, mate à la palpation, régulière et indolore (en dehors d’une
infection). Son siège dépend du siège du kyste au niveau du foie, selon qu’elle soit isolée
ou associée à d’autres signes …..
5- La vomique hydatique : c’est une circonstance assez grave qui signe la rupture du kyste
dans les bronches. Elle est faite de l’élimination à travers les voies aériennes
(expectoration) des débris et liquide hydatique : c’est la classique vomique hydatique.
Sa gravité tient dans le grand risque d’asphyxie du patient par le liquide et les débris
hydatiques qui inondent les voies aériennes.
6- Tableau de péritonite aigue : c’est une situation rare mais grave. Le patient va consulter
pour un syndrome abdominal aigu dont la caractéristique principale est la contracture ou
ventre de bois. C’est une situation secondaire à une rupture dans la cavité péritonéale.
Telles sont les situations les plus fréquentes à travers lesquelles un kyste hydatique se
manifeste. Les examens complémentaires vont eux étayer le diagnostic suspecté ou non. A
l’heure actuelle le diagnostic est facilement fait et ce dans la majorité des cas par l’examen
échotomographique. Les autres examens morphologiques tels que la tomodensitométrie et
l’imagerie par résonance magnétique bien que démonstratifs n’apportent pas beaucoup plus
que l’échotomographie sauf dans certains cas difficiles. Les examens biologiques n’ont pas
un apport important dans le diagnostic. La sérologie hydatique n’est qu’un apport secondaire
après l’apport décisif de l’examen morphologique.
VI- Les examens complémentaires :
A- L’échotomographie hépatobiliaire (ECT): elle permet de mettre en évidence une image
liquidienne le plus souvent avec une paroi plus ou moins fine. Ce kyste peut contenir du
matériel solide tel que les vésicules-filles ou membranes proligères décollées. Gharbi a établi
une classification qui a été adoptée par la majorité des auteurs (Tableau n°1 : Classification
de Gharbi). L’échotomographie permet d’analyser les voies biliaires (vésicule et surtout les
voies biliaires intrahépatique et extrahépatiques) tant pour leur diamètre et que leur contenu.
Toute la glande hépatique est explorée et un comptage de tous les kystes est fait s’ils sont
plusieurs. Une exploration de toute la cavité péritonéale est réalisée par cet examen car
d’autres localisations hydatiques peuvent exister (reins, rate, péritoine,…)
Stade
Type d’image
I
Uniloculaire
II
Multiloculaire
III
Membrane flottante
IV
Pseudo-tumorale
V
Calcifié
Tableau n°1 : Classification de Gharbi
CL
Lésion kystique sans paroi nette
CE1
Kyste uniloculaire
CE2
Kyste multiloculaire
CE3
Kyste avec décollement de la membrane
CE4
Contenu solide prédominant ou
pseudo-tumoral
CE5
Kyste calcifié
Tableau n°2 : Classification de la WHO-IWGE
(World Health Organization and Informal Work Group on Echinococcosis)
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