DES DÉBUTS DE LA GÉNÉTIQUE AUX … 7 La transgénèse Le génie génétique a permis des avancées considérables notamment dans le clonage de gène, leur séquençage et leur insertion dans des génomes étrangers. Ces avancées permettent la création d’OGM. Comment obtient-on des OGM ? Quels sont les problèmes posés par ces OGM ? Antrés Gène d’intérêt Transfert de gène chez les plantes. Dans la nature, le plasmide Ti (pour tumor-inducing) d’Agrobacterium tumefaciens pénètre dans la plante et s’insère dans l’ADN de la plante par sa région VIR (virulence). La région T du plasmide entraîne une prolifération cellulaire anormale (galle). La technologie de l’ADN recombinant permet d’insérer un gène étranger préalablement isolé et cloné (utilisation d’enzymes de restriction) à la place du gène T du plasmide Ti, détruisant de ce fait son pouvoir tumorigène. Les bactéries transformées sont sélectionnées car elles sont résistantes à un antibiotique. On utilise une cellule d’A. tumefaciens portant un plasmide recombiné pour introduire le nouveau gène étudié dans l’ADN de la plante. On obtient des cals de cellules transformées qui vont donner de nouvelles plantes. En utilisant un gène de sélection, ici un gène qui rend la plante résistante à un herbicide (herbrés), on parvient à sélectionner les cellules recombinantes. Doc1. Le principe de la transgénèse végétale. Application : le maïs Bt qui est résistant à la pyrale du maïs dont la larve provoque des dégâts considérables sur les plants de maïs. On intègre le gène codant la protéine toxique de Bacillus thuringiensis dans le plasmide Ti. Une récente étude américaine montrait que le pollen des maïs transgéniques Bt était toxique pour le papillon monarque. « La bactérie parasite des insectes Bacillus thuringiensis a été le premier microorganisme homologué commercialement comme biopesticide, au début des années 1960 aux Etats-Unis. (…). B. thuringiensis (Bt) synthétise des cristaux protéiques (…). L’action de Bt est liée à la présence de toxines (dont la protéine CRY) dans ces cristaux. Celles-ci y demeurent sous forme inactive. Mais une fois ingérées par l’insecte, elles sont dégradées par les protéases digestives et transformées en toxines actives, qui se fixent sur des récepteurs spécifiques situés sur les cellules de l’épithélium intestinal. L’intoxication se manifeste très rapidement par d’importantes lésions au niveau de l’intestin et par une paralysie du tube digestif, entraînant un arrêt immédiat de l’alimentation. La mort de l’insecte intervient 24 à 48 heures après l’ingestion de cristaux. » C. Sily et G. Riba, « les biopesticides : une grande famille », Biofutur janvier 2001. Docs2. Un pesticide fabriqué à partir d’une toxine bactérienne. http://www.lewebpedagogique.com/bouchaud Le choléra est une maladie mortelle pour l’homme, causée par une toxine (CTB = Cholera Toxin B) produite par une bactérie, Vibrio cholerae. Elle se caractérise par de très fortes diarrhées qui entraînent une déshydratation importante. La vaccination orale par administration de la toxine CTB bactérienne atténuée reste d’un coût élevé et de distribution difficile dans les pays touchés. Aussi, d’autres stratégies vaccinales ont été élaborées, qui évitent l’extraction et la purification de la molécule vaccinante. L’expérience. Des pommes de terre transgéniques, transcrivant le gène bactérien codant la toxine CTB ont été construites. Leur efficacité vaccinale a été testée, en nourrissant des souris avec des tubercules de pommes de terre transgéniques. Le dosage des anticorps a été effectué 35 ou 70 jours après nutrition des souris par des tubercules de pommes de terre transformés (B : 1 g de pomme de terre transgénique, C : 3 g de pomme de terre transgénique) ou après administration orale directe de la toxine bactérienne CTB atténuée (A). Chez des souris nourries avec des pommes de terre sauvages, on ne détecte aucun anticorps dans le sérum. Doc3a. Dosage d’anticorps dans les sérums de souris. % de diminution de volume par rapport aux souris témoins. L’expérience. La toxine cholérique agit sur les cellules de l’intestin. Elle provoque une sécrétion abondante de liquide, à l’origine de diarrhées. a. Pour évaluer l’efficacité de la protection vaccinale, on compare la réponse à l’injection de toxine CTB d’une portion d’intestin prélevée chez : 1. des souris normales (témoin) ; 2. des souris ayant été vaccinées avec la toxine CTB atténuée ; 3. des souris ayant absorbé des pommes de terre transgéniques. b. Pour évaluer la réponse de l’intestin à l’injection de la toxine, dans les trois cas évoqués, on mesure le volume de liquide rejeté par les cellules intestinales dans la lumière de l’intestin. 1. Portion d’intestin de souris témoin. 2. Portion d’intestin de souris immunisée par la toxine cholérique atténuée. 3. Portion d’intestin de souris nourrie aux PGM. Doc3b. Résultats d’expériences avec la toxine CTB. Seules quelques plantes ont été à ce jour modifiées : maïs, colza, soja, tomate, tabac, coton… A. Les potentialités positives. a. La protection des cultures : résistance aux insectes ; tolérance à des herbicides ; résistances aux maladies (virus, champignons, bactéries…) ; résistance aux conditions climatiques extrêmes (sécheresse, salinité…). b. Amélioration des conditions d’élevage : amélioration de la santé animale (mise au point d’anticorps ou de vaccins recombinants produits par les aliments du bétail ; meilleure nutrition animale). c. OGM et alimentation humaine : amélioration de la qualité des aliments (modification de la teneur en certains nutriments ; amélioration de la conservation des produits ; amélioration du goût, de l’odeur, de la couleur, de la consistance…). B. Les risques potentiels. a. Les flux de gènes et la dissémination des gènes de tolérance aux herbicides : certains gènes introduits par transgénèse peuvent être disséminés, en particulier par le pollen, et transmis à des espèces sauvages apparentées aux espèces transformées (Colza par exemple qui peut s’hybrider à la moutarde des champs, la ravenelle…). b. L’apparition d’insectes résistants aux herbicides. c. L’impact possible sur des insectes utiles comme l’abeille. d. Les risques de réduction de la biodiversité. e. Le risque alimentaire : toxicité, déclenchement d’allergies, transfert de gènes de résistance aux antibiotiques aux micro-organismes du tube digestif. C. Les risques politico-économiques. Certains grands groupes industriels agroalimentaires cherchent à mettre au point des techniques ayant pour but de rendre l’agriculteur dépendant. Pour cela, ils cherchent à créer des plantes transformées stériles ou empêchent la transmission du gène d’intérêt à la descendance des plantes transformées (ainsi le maïs Bt, résistant à la Pyrale, donne des grains stériles). Dans tous les cas, le résultat est le même : l’agriculteur doit acheter chaque année des semences aux conditions du fabricant qui, de plus en plus, par le jeu des regroupements d’entreprises est en situation de quasi-monopole. Doc4. Des pistes pour un débat « pour ou contre les OGM ». Documents. 1 © Biologie moléculaire de la cellule, De Boeck université, modifié ; 2, 3a, 3b © Belin TS2002 ; 4 © Hatier TS 2002 http://www.lewebpedagogique.com/bouchaud