tulisante ou non, sévère et réfractaire aux traitements usuels
(4, 5)
. Depuis 2003, l’infliximab est également indiqué en
traitement d’entretien par perfusions répétées toutes les huit
semaines ou à la demande en fonction des rechutes sympto-
matiques des patients
(6)
. Il permet d’obtenir une rémission
de la maladie ou une fermeture des fistules dans deux tiers des
cas pour une durée limitée dans le temps. Sa tolérance est
bonne avec, toutefois, une augmentation du risque d’infection
opportuniste, et notamment de tuberculose. L’existence ou la
suspicion d’une tuberculose doivent faire différer le traite-
ment par infliximab après confirmation et traitement éventuel
antituberculeux. Par ailleurs, il existe un risque d’immunisa-
tion anti-infliximab majoré par l’absence de prise concomi-
tante d’immunosuppresseurs classiques. Cette immunisation
est à l’origine d’une diminution progressive de l’efficacité de
l’anticorps, d’un raccourcissement de sa durée d’action,
d’une augmentation de ses effets indésirables et d’une moins
bonne tolérance. Pour ces raisons, de nouveaux anticorps
humanisés ont été déve l o p p é s , comme le CDP571, l e
CDP870 et l’adalimumab.
Le CDP571 est un anticorps monoclonal anti-TNFαhumani-
sé à 95 % permettant de diminuer le risque théorique d’im-
munisation. En revanche, il s’agit d’un anticorps de type IgG4
n’entraînant pas de cytotoxicité anticorps-dépendante,et pro-
bablement pas d’apoptose des lymphocytes activés de type
Th1. L’efficacité du CDP571 a été évaluée dans quatre essais
contrôlés chez des patients atteints de MC légère à modérée,
modérée à sévère et cortico-dépendants. Globalement, le
CDP571 permettait d’obtenir une réponse objective avec une
diminution de l’activité de la maladie,mais sans plus de
rémission que le placebo. Le CDP571 était bien toléré, y
compris chez les patients ayant eu des effets indésirables ou
une réaction d’hypersensibilité retardée à l’infliximab
(7)
.
L’efficacité insuffisante du CDP571 a motivé l’arrêt du déve-
loppement de cette molécule par Celltech (Slough, Grande-
Bretagne) dans les MICI. Le même laboratoire s’est concen-
tré sur un second anticorps anti-TNF :le CDP870, qui cor-
respond à un fragment Fab d’un anticorps monoclonal anti-
TNFαhumanisé lié à une molécule de polyéthylène glycol,
ce qui permet d’augmenter sa biodisponibilité et sa durée de
demi-vie. Un essai contrôlé contre placebo de phase II a mon-
tré une efficacité du CDP870 par voie sous-cutanée pour l’in-
duction d’une réponse et d’une rémission chez des patients
atteints de MC active et ayant une protéine C réactive supé-
rieure à la normale
(8)
. Plusieurs essais de phase III sont
actuellement en cours pour évaluer l’efficacité du CDP870 en
traitement d’induction et d’entretien chez des patients atteints
de MC modérée à sévère.
L’adalimumab est un anticorps monoclonal totalement huma-
nisé éliminant ainsi le risque d’immu n i s ation. Il s’agi t ,
comme l’infliximab, d’une IgG1se fixant sur le TNFαcircu-
lant ou transmembranaire, fixant le complément et capable
d’induire une cytotoxicité anticorps-dépendante. Il induit, par
ailleurs l’apoptose des lymphocytes T CD4+ activés
(9)
. Les
premiers résultats des essais de l’adalimumab dans la MC ont
montré qu’il était bien toléré et efficace chez les patients into-
lérants à l’infliximab ou ayant développé une résistance
secondaire
(10)
.
Le TNFαse fixe sur deux récepteurs transmembranaires p55
et p75. La fraction soluble des protéines, en liant le TNFαcir-
culant, permet de diminuer l’effet du TNFαvia son interac-
tion avec ses récepteurs. L’étanercept est un anticorps liant
deux protéines p75 et l’onercept correspond à la fraction
soluble de p55. Contrairement à la polyarthrite rhumatoïde,
l’étanercept n’était pas plus efficace qu’un placebo dans la
MC active, ni pour induire une rémission clinique des pous-
s é e s , ni pour diminuer l’activité de la maladie
( 1 1 )
.
Cependant, les résultats de cet essai sont difficiles à interpré-
ter en raison de l’effet considérable du placebo. L’onercept a
fait l’objet d’un essai ouvert chez seulement 12 patients
atteints de MC. Dans cette étude,la tolérance était bonne, et
l’onercept induisait une réponse objective avec une diminu-
tion de l’intensité des poussées chez 7 patients
(12)
. Les don-
nées sont insuffisantes pour conclure à un effet de cette molé-
cule dans la MC.
Les strat é gie s anti-TNF dans les essais cliniques ont été essen-
tiellement développées dans la MC, a l o r s que l’infl a m m at i o n
ch ronique entraîne également une production accrue de T N F
dans la muqueuse colique des patients atteints de RCH. En ra i-
son de l’efficacité de l’infl i x i m ab dans la MC, de nombre u x
groupes ont publié les résultats d’essais non contrôlés chez des
p atients atteints de RCH sévères corticorésistantes ou non. Les
r é s u l t ats contra d i c t o i res ne permettent pas de dégager d’indi-
c ation précise de l’infl i x i m ab dans la RCH, d’autant que le
seul essai contrôlé publié n’a pas montré de bénéfice chez les
p atients atteints de RCH corticorésistante
( 1 3 )
.
Ces dern i è res années, p l u s i e u r s équipes ont étudié les
séquences peptidiques des molécules du HLA de classe I
impliquées dans la liaison et dans la présentation des anti-
gènes à des lymphocytes T cytotoxiques. Il a été démontré
que les peptides dérivés de la région conservée et fonction-
nelle située entre les acides aminés 75-84 de la chaîne α1 de
la molécule HLA de classe I possédaient des propriétés
immunomodulatrices. Le peptide RDP58 dérive lui-même de
ces peptides par la substitution d’acides aminés en fonction
d’une stratégie de recherche assistée par ordinateur
(Rational
Design) (14)
. Il ne semble pas être immunogène,et n’est pas
dégradé après administration par voie orale. Les mécanismes
d’action du RDP58 ne sont pas complètement élucidés, mais
peuvent être séparés en deux catégories, d’une part l’inhibi-
tion de synthèse du TNF et, d’autre part, l’augmentation de
l’activité enzymatique de l’hème oxygénase de type 1 (HO-1)
(15)
. Le RDP58 a été évalué chez des patients atteints de
RCH. L’administration orale de 200 et 300 mg de RDP58
La Lettre du Pharmacologue - Volume 18 - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2004
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H É R A P E U T I Q U E