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DOSSIER - À L’ORIGINE : UNE CRISE FINANCIÈRE SUIVIE D’UNE RÉCESSION
CAHIERS FRANÇAIS N° 366 3
En réponse à cette crise, les autorités monétaires et
budgétaires ont réagi de façon vigoureuse en utilisant
les outils traditionnels de la politique économique. Les
États et les banques centrales ont aidé massivement
les systèmes bancaires pour éviter les faillites et les
crises systémiques.
On estime que sur la période 2007-2010, plus de
14000 milliards de dollars de garanties ont été apportés
aux banques, aux États-Unis et en Europe. Les inter-
ventions publiques ont cherché à maintenir la conance
dans le système bancaire et à éviter un effondrement
de l’offre de crédit (credit crunch). Face à la crise éco-
nomique la plus grave depuis la Grande Dépression,
les pouvoirs publics ont également mis en place des
politiques de relance.
La conjonction des programmes de relance bud-
gétaire, des plans de sauvetage nancier et la baisse
des recettes scales ont entraîné une détérioration
spectaculaire de la situation budgétaire et des ratios
d’endettement public sans précédent en période de paix
dans les pays industrialisés. La crise économique s’est
transformée à son tour en crise des dettes souveraines
2
.
L’impact de la crise
sur les déficits publics
Des déficits publics permanents
depuis 1975
Depuis 1975, les décits publics ont presque tou-
jours été supérieurs à 3% du PIB, que ce soit en Europe
ou aux États-Unis. En Europe, ils ont tendanciellement
augmenté. En moyenne, ils représentaient 0,4% du PIB
entre 1961 et 1973, 3,9% sur la période 1974-1984
(3 % aux États-Unis), 5,1% entre 1985 et 1994 (4,3 %
aux États-Unis).
À partir de 1995, et jusqu’en 2007, la situation
budgétaire s’améliore, que ce soit en Europe ou aux
États-Unis, en raison d’une conjoncture économique
favorable, de la décrue des taux d’intérêt et, dans le
cas européen, des règles budgétaires liées à l’adoption
de la monnaie unique.
DÉFINITIONS
Dette publique: somme des dettes
des administrations centrales,
locales et de sécurité sociale. On
donne généralement le chiffre de
la dette publique brute (sans tenir
compte des actifs détenus par les
administrations). La dette publique
nette tient compte de la valeur de
ces actifs.
Mesures discrétionnaires: les
mesures discrétionnaires, dans
le domaine de la politique éco-
nomique, sont celles qui sont
décidées au fil du temps par les
gouvernements selon le contexte,
par opposition à celles qui
découlent de règles, (cible d’in-
flation pour la Banque centrale
européenne, règles de finances
publiques limitant les déficits…).
Solde budgétaire: différence entre
les recettes et les dépenses de
l’État (sans tenir compte des admi-
nistrations locales ni des admi-
nistrations de sécurité sociale).
Le déficit budgétaire ne doit donc
pas être confondu avec le défi-
cit public: il s’agit du seul défi-
cit de l’État (82 % du déficit public
en 2010).
Solde conjoncturel/solde structu-
rel: le solde public peut se décom-
poser en deux parties: le solde
conjoncturel découle des varia-
tions de l’activité, qui modifient
automatiquement les recettes et
les dépenses, même si les poli-
tiques publiques ne changent pas ;
le solde structurel résulte de la
politique du gouvernement (règles
de fiscalité, politiques sociales,
etc.). Le solde structurel peut être
défini comme le solde public cor-
rigé des aléas conjoncturels. Le
solde conjoncturel est au contraire
celui qu’on observerait en neutrali-
sant l’action du gouvernement.
Solde primaire: le solde primaire
est le solde public hors intérêts sur
la dette (charge ou service de la
dette).
Solde public: différence entre
les recettes et les dépenses
de l’ensemble des administra-
tions publiques (administrations
centrales, locales et de sécu-
rité sociale). On parle d’excédent
public lorsque les recettes excè-
dent les dépenses et de déficit
public lorsque les recettes sont
inférieures aux dépenses.
Stabilisateurs automatiques: en
période de ralentissement et plus
encore de récession, le solde
public se dégrade automatique-
ment sous l’effet conjugué de la
baisse des recettes fiscales et de
la hausse des dépenses sociales.
C’est l’inverse en période de boom.
Ce mécanisme est stabilisateur
(car à court terme, un déficit public
accentue la croissance tandis
qu’un excédent la freine), d’où l’ex-
pression de « stabilisateurs auto-
matiques ».
2 L’histoire des crises bancaires révèle qu’elles provoquent en
moyenne, dans les trois ans qui suivent, une hausse de 86 % de la
dette publique (v. Reinhart C. et. Rogoff K. (2010), «Cette fois,
c’est différent. Huit siècles de folie nancière », Paris, Pearson).