
être adaptés à son âge. L’interprétation des méthodes d’autoé-
valuation recommandées par l’Anaes à partir de six ans doit
être prudente et tenir compte à la fois des antécédents de
l’enfant et de son niveau de compréhension. La tâche est
malaisée en raison de l’intrication des douleurs neuropathi-
ques et nociceptives. La douleur neuropathique est une dou-
leur perçue en dehors de toute stimulation ou après une sti-
mulation douce (allodynie). Elle est continue ou paroxystique
et peut être associée à une hyper- ou une hyposensibilité. Ces
douleurs sont habituellement traitées par de faibles doses
d’amitriptyline, de clonazépam ou encore la gabapentine. La
prise en charge de la douleur nociceptive repose sur l’utilisa-
tion des antalgiques des trois paliers de l’OMS. Il est souvent
préférable de mettre en route un traitement à faible dose, en
l’augmentant rapidement en fonction des besoins, plutôt que
d’instaurer un traitement lourd qui sera refusé en raison de
ses effets secondaires. Il faut rechercher et prévenir les effets
secondaires des morphiniques par une antagonisation de ses
effets périphériques, par exemple par la naloxone ou la nal-
buphine à petites doses, et éviter la somnolence [12].Une chi-
miothérapie efficace est un outil très puissant pour soulager
les douleurs liées à la maladie. Cependant le traitement spé-
cifique est lui-même responsable de douleurs. Les mucites et
les oesophagites, les douleurs abdominales et la diarrhée, les
atteintes anales et du siège sont des complications douloureu-
ses fréquentes de la chimiothérapie. Se surajoutent dépres-
sion et anxiété qui devront être recherchées systématique-
ment et traitées [12]. Dans tous les cas le traitement
médicamenteux de la douleur doit être associé à une prise en
charge psychologique.
4.1.2. Prise en charge et prévention des complications
liées à l’effet de masse tumoral
La localisation thoracique peut exposer à un risque vital
immédiat. Les tumeurs des côtes et de la plèvre se dévelop-
pent rapidement dans la cage thoracique comprimant l’appa-
reil respiratoire et circulatoire. Les pPNET du rachis peuvent
atteindre tous les niveaux et être responsables de tableaux
neurologiques variés. Face à une compression médullaire ou
un syndrome de la queue de cheval, la prise en charge neuro-
chirurgicale parait s’imposer. Mais la laminectomie, ou la
laminotomie qui expose à moins de complications, ne doi-
vent être réservées qu’aux cas de grande urgence neurologi-
que [13,14]. En effet, d’une part, l’abord chirurgical incom-
plet à proximité d’une tumeur maligne représente un risque
de dissémination, d’autre part, le bénéfice de l’abord chirur-
gical d’une compression tumorale est incertain. La chimio-
thérapie, débutée rapidement, est le traitement qui semble
actuellement le plus efficace sur les complications neurolo-
giques. Ces tableaux neurologiques peuvent être compliqués
par des troubles hémodynamiques nécessitant une prise en
charge en réanimation, des thromboses veineuses, des dou-
leurs, une vessie neurologique, des troubles de motricité intes-
tinale et des escarres, interférant avec le bon déroulement du
traitement du cancer. Ainsi, par exemple, la chimiothérapie
est particulièrement délicate à administrer en cas de troubles
urinaires : atteinte sphinctérienne neurologique ou compres-
sion directe de l’arbre urinaire peuvent compliquer sa mise
en route car les produits utilisés, en particulier le cyclophos-
phamide et ses analogues, ont une toxicité vésicale impor-
tante responsable de cystites hématuriques sévères. En cas
d’atteinte sphinctérienne, sonde à demeure ou sondages plu-
riquotidiens sont souvent nécessaires. Une compression
extrinsèque ou l’envahissement des voies urinaires par la
tumeur exposent de plus à l’insuffisance rénale, à la mau-
vaise élimination de médicaments et donc à une toxicité exces-
sive. Le recours, avant le début de la chimiothérapie, à la pose
de sonde double J ou plus rarement à la néphrostomie percu-
tanée, peut s’imposer mais ces manœuvres de vidange vési-
cale et de dérivation des urines exposent à un haut risque infec-
tieux pendant les périodes d’aplasie [15].
4.2. Principes du traitement
4.2.1. Facteurs pronostiques
Les stratégies thérapeutiques actuelles de la TE reposent
en premier lieu sur la répartition des patients dans des grou-
pes de pronostic homogène afin de leur proposer un traite-
ment d’intensité adaptée [16]. L’existence de métastases au
diagnostic est le facteur pronostique principal. Une tumeur
primitive de volume important expose à une évolution défa-
vorable. Cependant, de plus en plus d’études tendent à mon-
trer que, pour les tumeurs non métastatiques dont l’exérèse
est possible, c’est la réponse à la chimiothérapie initiale qui
est étroitement corrélée à la survie des patients [17].
4.2.2. Stratégies thérapeutiques
4.2.2.1. Historique. La radiosensibilité de la TE est connue
depuis les années 1940 [18]. Cependant, et parfois en dépit
d’une réponse locale complète, l’apparition quasi-
systématique d’une récidive menait le patient au décès en deux
à trois ans. Dans les années 1960, fut soulevée l’hypothèse
que, dans bien des cas de TE apparemment localisées, une
dissémination infraclinique de cellules tumorales existait déjà
[19]. Vint donc s’ajouter au traitement local, un traitement
général par une chimiothérapie adjuvante (postopératoire),
elle-même complétée au début des années 1980 d’une chi-
miothérapie néoadjuvante (préopératoire) afin d’enrayer plus
précocement la dissémination métastatique et de rendre le
traitement local plus efficace en réduisant préalablement la
taille de la tumeur [20].
4.2.2.2. Chimiothérapie néoadjuvante. Toutes les décisions
autour de la stratégie thérapeutique ne peuvent être prises que
dans le cadre d’une concertation multidisciplinaire en centre
spécialisé. La chimiothérapie d’induction, ou néoadjuvante,
est donnée dès le bilan diagnostique et d’extension réalisé.
Les protocoles actuels reposent sur des associations de deux
à six médicaments anticancéreux parmi la doxorubicine,
l’actinomycine D, le cyclophosphamide, l’ifosfamide, la vin-
cristine, l’étoposide, le busulfan, le melphalan et le carbopla-
1387M. Taylor et al. / Archives de pédiatrie 12 (2005) 1383–1391