CPAM8
Chaque CPAM instruit le dossier de déclaration des
MP, et pour les expositions, recueille l’avis écrit de l’em‐
ployeur, du patient, et adresse un enquêteur asser‐
menté dans l’entreprise. Or la CPAM d’un département
ne dispose pas d’enquêteur en entreprise. Elle se
contente des affirmations de l’employeur et du salarié.
Or ce dernier a beaucoup de difficultés à fournir des in‐
formations pertinentes sur ses expositions.
CARSAT9
Nous nous sommes adressés à l’échelon départe‐
mental et n’avons pu obtenir aucun renseignement
concernant des conditions de travail de plus de quatre
à cinq ans dans les entreprises. Leur approche de type
assurantielle ne les incite pas à intervenir en l’absence
de MP reconnues. Par contre l’échelon régional de Mar‐
seille dispose d’une base de données des interventions
en entreprise et l’avis de l’ingénieur conseil au CRRMP
est déterminant.
CRRMP10
Le CRRMP est chargé d’une expertise des dossiers de
MPI quand toutes les conditions d’un tableau ne sont
pas remplies (alinéa 3[11] ) ou quand il n’existe pas de
tableau et que l’incapacité prévisible est au moins de
25 % (alinéa 4).
Ce CRRMP est constitué de trois médecins(12) : un pra‐
ticien hospitalier, un médecin conseil régional, un mé‐
decin inspecteur régional du travail de la DIRECCTE. Ce
collège de médecins s’appuit sur l’enquête de l’orga‐
nisme de Sécurité sociale, sur l’avis de l’ingénieur
conseil de la CARSAT, ainsi que sur l’avis motivé du mé‐
decin du travail de l’entreprise où a travaillé le patient.
Or cet avis n’est pas toujours donné car les preuves
d’exposition pour des expositions anciennes sont diffi‐
ciles à retrouver et/ou pas toujours recherchées.
Deux faits sont à signaler concernant le CRRMP de Mar‐
seille (région PACA) :
L’absence de médecin inspecteur du travail de
janvier 2014 à mai 2016. Ce qui pourrait être à l’ori‐
gine de « perte de chance » pour les patients en
l’absence du seul médecin ayant une expérience des
milieux de travail. Cette carence pourrait être à l’ori‐
gine de recours de la part des patients.
Ce CRRMP est celui qui a, en France, le plus faible
taux de reconnaissance des Maladies profession‐
nelles relevant de l’alinéa 3 : en 2010 le taux était
de 27 % alors qu’à Rennes il était de 71 %. Ce qui si‐
gnifie que pour une même pathologie il y a 2,5 fois
moins de chance d’être reconnu à Marseille plutôt
qu’à Rennes. Comment expliquer cette différence ?
L’enjeu de la reconnaissance des maladies profession‐
nelles est la réparation du préjudice des victimes mais
également l’adaptation des programmes de prévention
nationaux en rapport avec les risques existants et
émergents. La reconnaissance de pathologies par le
CRRMP devrait permettre d’alimenter la réflexion en
vue de la révision des tableaux.
Nous avons considéré comme utile de conseiller des
déclarations de MPI même si toutes les conditions ne
répondaient pas aux tableaux, afin de mettre en visibi‐
lité les origines professionnelles probables de ces pa‐
thologies avec l’espoir de faire évoluer leur
reconnaissance.
SPÉCIFICITÉ DE LA RECHERCHE
PAR UN MÉDECIN DU TRAVAIL
D’EXPOSITIONS PROFESSIONNELLES
Il existe en France une dizaine de consultations sem‐
blables (hors consultations de pathologies profession‐
nelles) mais avec des enquêteurs non médecin du
travail. Citons celles avec qui nous sommes en relation :
GISCOP93(13) qui délègue à des sociologues les
enquêtes auprès des patients.
APCME(14) où la recherche des expositions est
collaborative avec des membres de CHSCT, des mé‐
decins généralistes et un animateur. Les résultats
sont exprimés sous forme de cartographie : cadastre
des postes de travail (voir www.apcme.net).
PRO‐POUMON du Centre Léon Bérard — Centre
de Recherche en Cancérologie Université Lyon 1, où
l’enquête est menée par un professeur en cancéro‐
logie et un médecin du travail d’une consultation de
pathologie professionnelle. http://www.cancer‐en‐
vironnement.fr/
8- CPAM : Caisse Primaire d’Assurance Maladie
9- CARSAT : Caisse d’Assurance Retraite et de la SAnté au Travail
disposent d’ingénieur de prévention en entreprise.
10- CRRMP : Comité Régional de Reconnaissance des Maladies
Professionnelles
11- Article D.461-25 du Code de la Sécurité sociale
12- Depuis le 7 juin 2016 un décret réduit à deux le nombre de mé-
decins nécessaires,
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT0000326694
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13- GISCOP93 : Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers
d’origine professionnelle en Seine-Saint-Deni4
14- APCME : Association pour la Prise en Charge des Maladies Éli-
minables Port de Bouc 13 Bouches du Rhône http://apcme.net /
LES CAHIERS S.M.T. N°31 -
OCTOBRE 2016
L
EMÉTIER DE MÉDECIN DU TRAVAIL, IDENTIFIER, INFORMER, CONSEILLER