RESEAU DE NUTRITION DES PERSONNES AGEES EN LIMOUSIN
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4. Causes des troubles du goût
De très nombreuses situations peuvent provoquer des troubles du goût [1] :
- Des situations physiologiques comme le vieillissement, la grossesse ou la ménopause.
Les perturbations du goût survenant avec le vieillissement seraient fréquentes,
débutant vers l’âge de 60 ans [9], et touchant jusqu’à plus de 80% des personnes âgées
de plus de 80 ans, contre moins de 10% au dessous de 50 ans [10]. Elles sont
expliquées par une réduction du nombre des bourgeons du goût, une diminution des
connections, un ralentissement de la vitesse de renouvellement cellulaire, une possible
diminution du flux salivaire [10,11]. Chez la personne âgée, le goût salé serait le plus
altéré, suivi par le goût amer, puis acide et enfin sucré [11]. La grossesse est souvent
accompagnée d’une augmentation de la préférence aux aliments sucrés et salés [4].
Dans environ 2 à 5% des cas, la ménopause peut être suivie dans les 3 à 12 ans d’une
hypogueusie ou d’une dysgueusie (souvent perception d’un goût amer ou métallique),
accompagnée de sensations de brûlures de la langue, des lèvres ou du palais et d’une
sécheresse de bouche [4,6] Ces troubles sont décrits sous le nom de glossodynie ou
burning mouth syndrome [4].
- De multiples traitements, comme certains antibiotiques, opiacés, anesthésiques locaux,
antihypertenseurs, antirétroviraux, antiépileptiques, antidiabétiques, antihistaminiques,
analgésiques, antiinflammatoires, hypocholestérolémiants, antidépresseurs et
antiparkinsoniens [4,10,12,13]. Il est nécessaire de rechercher la liaison entre
apparition des troubles et mise en route du traitement. Les traitements du cancer sont
également souvent en cause [3,8,13] :
o radiothérapie de la tête et du cou, en fonction de la dose reçue, qui touche les
cellules spécifiques et altère la production salivaire [1,2,4,8]
o chimiothérapies, en particulier utilisant cisplatine, carboplatine,
cyclophosphamide, doxorubicine, 5-fluorouracile, vincristine, carmustine et
methotrexate [13,14], du fait de l’atteinte des cellules spécifiques à vie brève
[4,14]. Pour Sanchez-Lara et al., ce sont les saveurs sucrées et amères qui sont
principalement modifiées, avec une disparition dans 43% des cas, une
diminution dans 33% des cas, une sensation de mauvais goût dans la bouche
dans 57% des cas [14].
Les traitements lors du cancer peuvent aussi générer des troubles du goût par le biais
d’atteintes neuronales ou de mucites [8]. Au total, une revue récente de Hovan et al.
indique que la prévalence des dysgueusies va de 56 à 76% lors des radio ou
chimiothérapies [8].
- Une mauvaise hygiène dentaire (carie, atteinte parodontale, présence d’une prothèse
dentaire) [4,6]. Une colonisation bactérienne ou fungique des pores des bourgeons du
goût peut également altérer la sensation [2].
- Les carences en vitamines ou oligoéléments :
o Carences en vitamines : vitamine A, vitamine E, riboflavine (vitamine
B2), niacine (vitamine PP), acide pantothénique (vitamine B5), pyridoxine
(vitamine B6), acide folique (vitamine B9), cobalamine (vitamine B12) [3].
o Carences en oligoéléments : zinc en particulier [3,13], fer [3,4].
- La consommation chronique d’alcool ou de tabac, à l’origine d’une hypogueusie [4,6].
- Une altération du transport des molécules signal par la salive, en relation avec un
syndrome de Sjögren, une xérostomie [2,4,6,13,15].
- Des troubles psychiatriques tels qu’un état dépressif ou un trouble du comportement
alimentaire [4,6].