La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 10 - novembre 2013 | 411
Résumé
La prise en charge d’un patient âgé atteint de cancer est nécessairement personnalisée. Elle comprend,
idéalement, une évaluation gériatrique avant la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP), permettant
l’appréciation des comorbidités, et une discussion de la décision thérapeutique en RCP. Tous les patients
âgés atteints de cancers n’ont pas accès à ces 2 prérequis, principalement du fait que les professionnels
connaissent peu la médecine gériatrique et en raison du manque d’interactions entre les différentes disci-
plines concernées. Certains patients n’ont ainsi pas accès au soin personnalisé qui leur est dû.
Mots-clés
Cancer
Âge
Accès au soin
Summary
The care of elderly patients with
cancer is dedicated. It includes,
at best, a geriatric assessment,
to appreciate comorbidities,
and a joint discussion of the
therapeutic decision during a
multidisciplinary meeting. All
elderly patients with cancer do
not have access to this, most of
the time due to professionals’
lack of knowledge of geriatric
medicine and lack of interac-
tions between the relevant
specialties. Thus some patients
do not have access to the care
they deserve.
Keywords
Cancer
Elderly
Care access
dités sont majeures et risquent de grever sa survie
à court terme, un traitement de confort semble
alors raisonnable ; ou si une évaluation plus appro-
fondie avec une discussion interprofessionnelle est
incontournable pour évaluer la balance bénéfi ce/
risque, avec la nécessité probable d’adapter les
thérapeutiques. Cet outil est très utile, même s’il
est nécessaire de l’adapter aux différentes situations
cliniques rencontrées.
Réunions de concertation
pluridisciplinaire,
jeux d’infl uences
Selon les recommandations de l’Institut national du
cancer (INCa), tous les dossiers de patients ayant
un cancer, y compris les patients âgés, doivent être
présentés en réunion de concertation pluridiscipli-
naire (RCP). Beaucoup de prises en charge de patients
âgés n’arrivent pas jusqu’à la RCP, la plupart du
temps parce que les professionnels qui ont posé le
diagnostic ont jugé que “ça n’en valait pas la peine”.
Une fois le dossier arrivé en RCP, la considération
qui lui est accordée dépendra beaucoup de qui le
présente (un gériatre connu des spécialistes, un
médecin non connu, un spécialiste de l’équipe de
la RCP, etc.) et de l’ardeur qu’il déploie à le faire. De
fait, l’accès au soin de ces patients, déjà très fragile,
est souvent tributaire de l’éloquence du présenta-
teur. L’apport indéniable de la réfl exion commune
en RCP en est affaibli.
Pour les patients âgés accédant à la RCP, il est
important d’avoir eu un avis gériatrique, idéale-
ment par un gériatre formé à l’oncogériatrie et
avant la RCP. Cela permet d’avoir une discussion
concertée consensuelle unique, plutôt que des
réévaluations et, donc, de nouvelles discussions
incessantes de la décision initiale, qui conduisent
le plus souvent à une perte de chances pour le
patient.
Démarche éthique
et oncogériatrie
Le malade âgé est souvent fragile et polypatho-
logique. L’âge, le cancer, les potentiels troubles
cognitifs sont des stigmatisations qui s’additionnent,
voire se potentialisent, favorisant la vulnérabilité.
Ses réserves sont souvent déjà amoindries. La dépen-
dance fonctionnelle est plus fréquente que chez les
personnes plus jeunes. En cas de troubles cognitifs,
la question se pose de la capacité du malade à bien
comprendre sa maladie et le traitement proposé.
Le cancer est une nouvelle maladie parmi d’autres,
chroniques et potentiellement invalidantes.
Les débats sont fréquents tout au long de la maladie,
qu’il s’agisse du choix des examens à proposer pour
établir le diagnostic, des modalités de l’annonce de
celui-ci, du choix des traitements ou de leur arrêt, de
la mise en place de soins palliatifs. Il n’existe pas de
solution toute faite, l’approche est donc nécessaire-
ment personnalisée. Le patient doit rester au centre de
la démarche de soin. Son avis doit être régulièrement
recherché, en particulier quant à son appréciation de sa
qualité de vie. Cette dernière est souvent évaluée par
les familles et les professionnels suivant leurs propres
critères. Le soutien d’une personne de confiance,
choisie librement par le patient, est un apport certain
tout au long de son parcours de soin. Le cas échéant,
elle pourra permettre au patient de mettre sa parole
en avant même s’il est affaibli ou incapable de parler.
Conclusion
La prise en charge d’un patient âgé atteint de cancer
est nécessairement personnalisée. Elle comprend,
idéalement, une évaluation gériatrique et une discus-
sion de la décision thérapeutique en RCP. Elle est
parfois très aléatoire, principalement du fait que les
professionnels connaissent peu la médecine géria-
trique et en raison du manque d’interactions entre
les différentes disciplines concernées. ■
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Références bibliographiques
T. Cudennec déclare ne pas avoir
de liens d’intérêts.
Les autres auteurs n’ont pas déclaré
leurs éventuels liens d’intérêts.