La Lettre du Sénologue 52 - avril-mai-juin 2011 | 7
DOSSIER THÉMATIQUE
Introduction
Introduction
J.R. Garbay*
P
résentée comme la mesure phare du Plan
Cancer 2003-2007, la réunion de concertation
pluridisciplinaire (RCP) est devenue depuis
l'outil incontournable pour tout nouveau cancer
pris en charge, et ce quel que soit l’établissement
de santé concerné.
Fort heureusement, bien des structures pratiquant
une cancérologie de qualité n’avaient pas attendu
cette loi de 2003 !
Sous des appellations diverses, la même réalité
pluridisciplinaire avait bel et bien été mise en
place dans ces établissements. Pour eux, la loi n’a
fait que formaliser ce qu’ils exerçaient déjà toutes
les semaines depuis longtemps. Pour les autres, il
est vrai que la mise en place des RCP a été un réel
changement des pratiques.
Il est évident que, dans un établissement où les
différents acteurs de la prise en charge travaillaient
déjà ensemble, souvent à plein temps, il a été aisé
d’organiser cette RCP. Et, dans les faits, elle y existait
déjà.
Alors que dans le cadre de micro-réseaux très person-
nalisés, les différents acteurs travaillaient de manière
très isolée, souvent dans des structures différentes
et sans aucune occasion naturelle de se rencontrer
régulièrement. Pour eux, un réel effort d’organisation
a été nécessaire.
La mesure 31 du Plan Cancer a donc favorisé la mise
en place générale de ces RCP, avec, pour les patients,
l'assurance qualité dans le cadre du programme
personnalisé de soins (PPS).
Avec l’aide des recommandations de pratique
clinique, nationales ou régionales, avec son insertion
fréquente dans un réseau, la RCP paraît souvent un
gage de qualité et d’objectivité absolue. C’est vrai
pour la qualité, mais moins pour l’objectivité. La
réalité du vécu sur le terrain nous montre bien que
les malades se suivent et ne se ressemblent pas,
et que les décisions thérapeutiques ne sont pas un
long fleuve tranquille…
On peut distinguer 3 grandes catégories de cas
cliniques :
Les cas évidents, qui ne nécessitent aucune
discussion. On a presque l’impression de perdre son
temps en les présentant, en se disant que l’applica-
tion du référentiel par n’importe quel intervenant
aboutirait à la même décision.
Les cas "intermédiaires", qui prêtent à discus-
sion, mais pour lesquels finalement une décision
consensuelle se prendra sans trop de difficulté.
Les cas difficiles, qui suscitent des opinions
divergentes et une vive discussion. Ces cas ne sont
naturellement jamais tranchés dans les référentiels
et autres thésaurus, les décisions à leur égard étant
régulièrement rédigées sous forme de 2 ou 3 options.
Il faut avouer que, dans ces cas, selon la personnalité
et la force de conviction des intervenants, selon
l’heure et le degré de forme des uns et des autres,
la décision sera empreinte de subjectivité. Mais elle
aura été aussi un puissant stimulant intellectuel
pour tous. C’est toujours infiniment mieux que de
laisser un spécialiste prendre la décision tout seul.
Cette procédure a, semble-t-il, encore un bel avenir
devant elle.
Avec l’ensemble de l’équipe de la rédaction, nous
avons souhaité souligner ces difficultés en vous plon-
geant dans des cas cliniques, réels ou fictifs, qui sont
autant de tranches de vie de notre quotidien.
Bonne lecture !
* Institut Gustave-Roussy, 94800
Villejuif.
Réunion de concertation pluridisciplinaire à travers des cas cliniques
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